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2 Corpus d'observatoires Catalyse

2.5 Un système d'information multimédia au service des acteurs : l'exemple du projet Eugénia

2.5.4 Situation du projet en fin de période

2.5.4.1 Accompagnement des observatoires locaux au sein du réseau Eugénia

L'année 2002 a vu se mettre réellement en place sur les divers territoires les traitements et analyses des diagnostics initiés en 2001 ou aux débuts de 2002.

L'intervention du centre MTI@SHS a donc été très fortement orientée sur l'accompagnement méthodologique et technologique de ces diagnostics, en grande partie à distance, renforcé par les réunions spécifiques effectuées lors des rencontres interrégionales (GTI, CPI…). Les analyses ont été réalisées dans les locaux du centre MTI@SHS à Besançon, afin d'en garantir la qualité : outils informatiques spécialisés accessibles sur plusieurs postes, équipe compétente disponible (informaticien, statisticien, graphiste…), matériel pédagogique nécessaire, et disponibilité des partenaires "dédiés" à ce travail sans autre interruption. Cette phase de transfert est cruciale dans l'évolution d'un observatoire, il était donc indispensable qu'elle se déroule dans les meilleures conditions possibles.

En vue du travail effectué en 2001, il s'agissait en 2002 de poursuivre plusieurs objectifs :

• poursuivre le développement des observatoires en devenir

• consolider l'appropriation par les équipes de terrain des méthodes et outils • mener à bien les tâches de diagnostic territorial dans le premier semestre 2002 • finaliser ainsi les analyses quantitatives et qualitatives, afin d'en tirer de premiers

enseignements à présenter publiquement lors des séminaires de Charleroi (fin mai - début juin) et d'Alba Iulia (octobre)

• analyser, puis interpréter les résultats obtenus afin d'élaborer sur le terrain des projets d'actions.

Le centre MTI@SHS s'est chargé de l'organisation du suivi (accompagnement, formation, analyses, rédaction etc), ainsi que du pilotage des divers observatoires, à distance et sur place. Le séminaire de Charleroi a marqué pour les PP1 et PP2 la fin du programme Eugénia. Il est donc logique d'avoir commencé les travaux par les territoires terminant les premiers. La succession des tâches techniques est sensiblement la même pour les diverses

expérimentations ; nous allons cependant ici relater les travaux effectués territoire par territoire. Notons préalablement que tous les partenaires ont assisté à l’ensemble des séances de formations concernant la méthode Catalyse, mais que le PP2 n’a pas lancé d'actions utilisant cette méthode et ses outils.

2.5.4.2 PP1, Wallonie, Froidchapelle

La mise en place de l’observatoire de Froidchapelle en 2002 a débuté par un diagnostic territorial susceptible d’être reconduit chaque année. Le premier semestre a été entièrement absorbé par la phase de collecte, de traitement, et d'interprétation des informations territoriales nécessaires à l'action en cours.

Nous avons effectué un suivi de la collecte des informations, ainsi que la

formation à l'utilisation des outils de technique d'enquête et statistiques (Pragma,

Excel…). Nous avons établi conjointement la programmation des activités jusqu'au séminaire de Charleroi. Cet accompagnement a eu lieu à la fois lors de rencontres (réunions de coordination type GTI et RCI, etc), mais aussi lors de nombreux échanges par compresseur et par téléphone. Il était nécessaire, considérant l'isolement géographique et institutionnel de la personne chargée du projet, de mettre en place un suivi très régulier qui lui a permis de travailler au quotidien de façon autonome avec un investissement personnel dont l’importance et la qualité doivent être soulignées.

La phase de traitement et d’analyse des informations a été engagée début mars 2002. La préparation des données ayant été menée à bien dans le cadre d’échanges réguliers, nous avons pu réaliser l’ensemble des opérations statistiques nécessaires en deux jours au centre MTI@SHS :

• élaboration du bilan global, et contrôles • édition des tris croisés et bilans spécifiques

• détermination des caractères statistiquement révélateurs et significatifs • élaboration de l'analyse factorielle des correspondances (AFC)

• détermination des groupes de besoins et d'individus par une classification ascendante hiérarchique (CAH)

• formation à la lecture des résultats et à l'accompagnement à l'interprétation • formation à la constitution des divers bilans et tris croisés sous Pragma

Nous avons ensuite accompagné les analyses complémentaires et les

interprétations nécessaires à la réalisation de documents de présentation des

résultats, tant pour les acteurs de terrain que pour les partenaires du programme Eugénia. Parallèlement, nous avons continué à travailler sur les données contextuelles, en aidant notre collègue à la construction d'un Système d'Information Territorialisée (points techniques, conseils ergonomiques,…).

Cet observatoire a reçu un bon accueil des acteurs du territoire, qui sont prêts à le développer si les circonstances matérielles le permettent. L'intérêt de cet observatoire réside dans le fait qu'il combine à la fois les méthodologies Catalyse et PCDR, selon des modalités qui restent à définir, afin de renforcer en particulier l'accompagnement de proximité.

2.5.4.3 PP1, Wallonie, Parc Naturel des Plaines de l'Escaut - PNPE

Pour rappel, sur le territoire du PNPE, ont été menées deux études susceptibles de déboucher sur la mise en place d'un observatoire de type Catalyse :

- un questionnaire destiné aux producteurs du territoire a été élaboré par l'équipe du PNPE

- dans le même temps, un autre questionnaire, destiné aux agriculteurs du territoire, a été élaboré par l'équipe du PNPE

En 2001, le centre MTI@SHS a numérisé ces deux questionnaires et a paramétré le logiciel Pragma pour l’exploitation des deux enquêtes. Les données ont été ensuite saisies par le PNPE.

Dans les deux cas, il s'agissait donc en 2002 de passer à la phase d'analyse et d'interprétation.

Pour des raison d’économies, ces travaux ont été effectués conjointement pour les deux actions, lors d'un même déplacement de notre correspondante du PNPE. Le

traitement et l’analyse des informations concernant les producteurs ont été

réalisés complètement afin de mettre en place un "Espace saveur". L'autre questionnaire a seulement fait l’objet d’un bilan quantitatif.

Les travaux ayant été préparés lors d'un précédent déplacement, nous avons pu réaliser l'ensemble des tâches effectuées nécessaires (cf. liste présentée ci-dessus). Par manque de temps, notre collègue n'a pas pu être formée de manière efficace à la constitution des divers bilans et tris croisés sous Pragma. En effet, nous avons dû effectuer prioritairement les bilans et les contrôles, qui constituent les deux premières étapes des traitements, pour deux enquêtes au lieu d'une seule. Nous l'avons cependant conseillée pour l'exploitation des résultats qualitatifs avec ses partenaires locaux. Enfin, le centre MTI@SHS a accompagné cette collègue à la réalisation des outils de présentation de résultats obtenus, comme souvent, par mail, et lors des rencontres interrégionales.

Le travail mené sur le territoire du PNPE a été l'occasion de se confronter aux obstacles institutionnels au transfert : lourdeurs et lenteurs administratives, qui pénalisent l'information interne, la non-implication des divers niveaux hiérarchiques dans une démarche de projet qui pourtant leur appartient, freins inhérents au changement… Le succès d'un travail collaboratif (outil indispensable au développement territorial) passe par l'implication constante des partenaires à la co-construction des outils et actions. La prise en compte de cette démarche dans le plan de communication général de chaque partenaire est aussi un gage d'implication. Autant d'éléments qui ont fait défaut dans cette expérience, et qui m'ont amené à les positionner comme incontournables dans la procédure de transfert méthodologique et technologique, et non plus comme factuels.

2.5.4.4 PP3, Roumanie, Alba Iulia

Les travaux débutés sur les thèmes 3 (Développement de nouvelles filières) et 4 (Protection par la valorisation) ont abouti en 2002. Sur le thème 1 (Outils et méthodes de diagnostic et d’action territoriale), des contacts avaient été pris en 2001 avec des représentants de l'Institut de Géographie de l'Université de Bucarest.

La distance à la fois géographique et culturelle suppose d'utiliser plus souvent et plus efficacement les supports liés à internet (mail, échange fichiers principalement) afin de

pouvoir préparer les étapes statistiques vues précédemment, qui elles ont été réalisées à Besançon pour les mêmes raisons opératoires de formation.

La phase de restitution sur le terrain, aux citoyens concernés par les travaux, n'a finalement pas posé trop de problèmes politiques, les universitaires locaux connaissant les rouages communicationnels (de type lobbying) à utiliser. La préparation des interventions de terrain a demandé une analyse des publics, et de l'organisation même des prises de parole et des contenus : restitution des résultats aux citoyens, interprétations collectives, commentaires, discussions sur des actions à organiser…

En juillet 2002, nous avons donc organisé ces travaux de terrain sur les territoires concernés : rencontre des maires et adjoints, visites des villages concernés, rencontres avec les habitants, restitution et discussions. Ces moments nous ont permis :

• de mieux appréhender la réalité contextuelle de la vie quotidienne dans ces zones • d'évoquer des pistes d'actions en relation avec les analyses menées

• d'instaurer de nouveaux modes de communication entre citoyens, élus, universitaires, et étrangers

• de resserrer les liens scientifiques et opérationnels entre les équipes • de préparer activement les contenus du séminaire d'Alba-Iulia

• d'imaginer des modélisations d'expériences, à des fins de reproductibilité, mais aussi de pérennisation

• d'améliorer nos pratiques collectives (entre partenaires) d'intervention de terrain • de prendre de nouveaux contacts, en particulier universitaires, en prévision de la

suite d'Eugénia

Malgré certains flous sur les formes de présentation de ces moments dits de «restitution», les partenaires roumains ont su concilier le contexte qui leur est familier, à une nouvelle méthodologie d'intervention participative. Le déroulement des visites de terrain ont montré qu'il était en revanche plus difficile de s'adapter au contexte, même si l'on maîtrise parfaitement la méthode : l'analyse de l'espace de communication demande plus de temps à une personne totalement étrangère à la culture.

2.5.4.5 PP4, Hongrie, OFT

Le réseau territorial a été consolidé en 2002 par de nombreuses actions conjointes. Le système expert d'automatisation et de sécurisation des traitements statistiques de l'information a été finalisé et transféré par le centre MTI@SHS. Les opérateurs ont décidé d'instaurer localement une habitude d'observation permanente, en combinant Catalyse avec des méthodologies classiques (consultations citoyennes, SWOT, etc). l'association OFT et ses partenaires Cielo et l'université de Pécs, nous ont donc contacté afin de mener à bien un diagnostic territorial selon la méthode Catalyse (expression des besoins des populations et non simple confrontation de données contextuelles).

Nous avons donc ensemble réalisé pendant cette année 2002 les opérations de diagnostic nécessaires, décrites dans les précédentes pages, et qui seront largement commentées au chapitre suivant., y compris les formations méthodologiques et technologiques.

Contrairement à d'autres expériences, je n'ai pas personnellement participé aux restitutions de terrain, qui ont été effectués directement par l'équipe de l'OFT, mais nous avons activement collaboré à la préparation des éléments de présentation.

2.5.4.6 Evaluation

Les travaux ci-dessus décrits montrent l'intérêt des partenaires à mettre en place de tels procédés. Eugénia leur a en plus apporté la possibilité de profiter d'un accompagnement spécialisé, ainsi que d'échanger entre acteurs de terrain (première ligne et intermédiaires, notamment universités) des pratiques et surtout des adaptations contextuelles nécessaires.

Nous pouvons cependant regretter la lenteur de mise en place de ces actions. On peut considérer que 2000 a été un long tour de chauffe ; 2001 a permis de réellement convaincre et mobiliser individuellement certains acteurs, qui sont alors devenus moteurs sur leurs territoires respectifs ; 2002 aura alors vu l'aboutissement de la plupart des actions de ce type. Il est regrettable qu’une année au moins ait été perdue suite à la mise en cause de la stratégie initiale, bien que celle-ci ait fait l’objet d’un choix longuement réfléchi. Le souci de permettre une meilleure appropriation des méthodes par les acteurs locaux ne constituait pas une bonne raison. L’intérêt de la méthode Catalyse résulte justement dans l’attention portée à l’appropriation des méthodes et des outils par les acteurs. Toutefois, elle est

réellement possible parce que les technologies utilisées dans Catalyse ont été spécialement adaptées et que leur transfert fait l’objet d’une pédagogie et d’un accompagnement spécifique. La programmation prévue constituant déjà une gageure, il était illusoire de penser que des méthodes scientifiques usuellement utilisées par des experts - au terme d’une formation longue et exigeante - pourraient être utilisées en l’état par les acteurs locaux, surtout si l’on tient compte des différences de langue et de cultures propres au programme Eugénia. Si la méthode Catalyse a donné des résultats concrets, qui auraient pu être mieux aboutis, ce n’est pas le cas des méthodes de diagnostic que l’on a ajouté à l’expérimentation initialement prévue, dont on n’a souvent pas vu les contenus ni les effets localement et qui n’ont pas fait l’objet d’échanges transnationaux.

Par ailleurs, l'intérêt principal étant de lancer un processus qui ne s'arrête pas à la fin du programme Eugénia, il est nécessaire de conserver des liens entre les partenaires. C'est dans cette optique que le centre MTI@SHS coordonne le montage du Réseau Européen d’Intelligence Territoriale qui intéresse les universités hongroise et roumaine, ainsi que leurs partenaires locaux.