• Aucun résultat trouvé

2 Corpus d'observatoires Catalyse

2.3 Observatoire Odin@, Accem, Asturias, Espagne

2.3.3 État des lieu

Après une première année de fonctionnement, le groupe de travail a identifié trois axes de réflexion et d'actions à définir, structurés en trois ateliers, qui fonctionnent à présent, et sont actuellement dans la phase de mise en œuvre d'actions de terrain :

• Précarité et exclusion

• Accompagnement socio-économique (formation et emploi)

• Education (en fort lien avec le Ministère de l'Education des Asturies).

Un partenariat fort a donc été mis en place, ou plus exactement consolidé, sur la base de relations préexistantes : une partie de ces partenaires se rencontrait déjà régulièrement (tous les deux mois) afin de mettre en commun leurs expériences respectives face aux problèmes des populations d'immigrants. Le nombre de structures a augmenté, la zone d'intervention couverte également. Les partenaires ressentent maintenant le besoin de s'ouvrir à d'autres organismes représentant des spécialités pour l'instant absentes du processus : professionnels de l'emploi, de la formation pour adultes, du logement, et des questions liées aux collectivités territoriales (limites des responsabilités, répartition des compétences, demandes de subventions…).

Ces ateliers ont été confirmés lors des analyses de données suivantes. Le développement de l'observatoire a connu un déroulement classique :

- expansion pendant les deux premières années : augmentation du nombre de partenaires, adhésion de politiques, de cadres aux situations stratégiques, premières informations grand public médiatisées

- stabilisation : le groupe des partenaires cesse de s'accroître rapidement, on consolide les assises, on continue à informer le public et les politiques

- développement de la richesse informationnelle : on constitue alors les outils qui ont été un peu délaissés les deux premières années, en particulier les cartes contextuelles, et on "rénove" le répertoire des acteurs.

C'est alors le bon moment pour mettre en place une nouvelle réflexion sur le système d'information nécessaire, et pour organiser les formations nécessaires au maniement de ce

qui existe, dans un premier temps, puis à la conception de ce que l'on va développer ensuite. Dans cette optique, nous avons commencé par former l'équipe porteuse du projet, dans nos locaux, sur la méthode et les outils. C'est une opération que nous avons organisée de différentes manières, selon une démarche empirique. Le plus efficace, à l'heure actuelle, nous semble être un mode de formation – action, où les acteurs opèrent par eux-mêmes les tâches nécessaires, avec un accompagnement rapproché comme un enseignant en travaux dirigés. Déformation professionnelle, peut-être (et évidemment !), c'est la méthode qui me semble la plus efficace, et qui permet d'atteindre deux objectifs à la fois : les analyses sont faites, et les moyens d'y arriver sont intégrés.

La permanence d'un observatoire suppose que chaque année permet à ce genre d'activités de recommencer. L'apprentissage est donc bien réel : il ne s'agit pas de réaliser une tâche unique, et une seule fois seulement dans sa vie professionnelle. L'objectif est bien de perdurer, d'apprendre à manier des concepts et des outils afin de gagner en autonomie. Au fur et à mesure, l'accompagnement didactique se fait plus léger ; on parvient même à laisser des modules entiers de procédures en charge aux équipes porteuses de projet, moyennant un contrôle assidu dit de validation. C'est une organisation importante afin de ne pas compromettre la qualité des travaux effectués, et donc de ne pas perdre de temps en démarrant une étape sur de mauvaises bases. C'est ainsi par exemple que cette équipe d'Asturias possède dorénavant un niveau technique certain, qui lui donne la possibilité d'effectuer par elle-même la constitution de la base de données générales, son contrôle, ainsi que le choix des caractères à utiliser ensuite lors de la phase d'AFC. Il est nécessaire de constamment évaluer les modules méthodologiques comme technologiques acquis, afin de réestimer régulièrement, comme dans une séquence pédagogique, les points à reformuler, ceux qui sont acquis, ceux qui restent à découvrir.

Ces évaluations, comme ces formations complémentaires, s'organisent également dans le temps, à différents moments de développement, mais aussi dans l'espace : il est parfois utile d'opérer sur place, dans leur contexte précis, afin de manœuvrer également le niveau technique qui est disponible, et donc l'évaluer au passage.

Enfin, une étape importante, franchie aujourd'hui dans cet observatoire (qui sera franchi à Seraing à son tour en 2005) est celle de la formation des partenaires. Il devient en effet primordial, pour l'équipe porteuse comme pour nous, que les acteurs participant au programme s'emparent d'un certain nombre de concepts, et d'outils. Le logiciel qu'ils utilisent tous les jours pour saisir les données, Pragma, permet d'effectuer des traitements

quantitatifs classiques, qui sont utiles au quotidien : bilan général, bilans spécifiques (sur sélection de critères et d'individus), tris croisés, index, en particulier. La plupart des structures concernées doit répondre à des demandes de statistiques quantitatives sur les individus suivis, souvent de même nature, de même ordre. Le travail fourni doit donc leur permettre également de répondre à ces exigences. Encore faut-il pour cela savoir manier les outils à leur disposition.

J'ai donc mis en place un programme de formation condensé, en une journée, partant du pré-requis que les acteurs manient déjà Pragma en saisie, donc par nécessité un minimum de bureautique (gestion des fichiers en particulier). Ce point sera développé dans la dernière partie plus en détail ; il s'agit principalement de savoir comment lancer quelques opérations statistiques de base dans Pragma, savoir les travailler sous un tableur (calculs spécifiques, graphiques), savoir les mettre en page, savoir les lire et interpréter.

A ce niveau-là, je me suis aperçu lors de la première expérience réalisée il y a deux ans maintenant qu'il était dangereux de donner ce type de formation "technique" (manipuler ce logiciel n'est pas très compliqué) sans aucun accompagnement méthodologique, tant au niveau statistique, qu'au niveau communicationnel.

En effet, d'un point de vue statistique, il est facile d'effectuer par exemple des tris croisés n'ayant aucun sens, ou encore, erreur classique, de réaliser un grand nombre de tableaux et de graphiques sur des groupes d'individus différents à chaque fois, sans aucune explication (simplement parce que tout le monde ne répond pas à toutes les questions, par exemple, et on se retrouve alors à chaque fois avec un groupe de référence distinct). Il est donc important d'enseigner ici les bases des techniques d'enquête nécessaires à la réalisation de ce genre de traitements. Ensuite, intervient la question de l'utilisation des informations produites : quelle mise en forme, avec quels commentaires, quelles interprétations, et quel plan de communication… ? Les collègues géographes utilisent déjà des principes de sémiologie (de l'image) pour réaliser et conseiller la réalisation de cartes et légendes, incluant ou non des graphiques, mais dans tous les cas préconisant les éléments indispensables à ce type d'outils (titre, cartouche de méta-données etc.). L'utilisation des résultats des travaux menés dans Catalyse posent les mêmes questions d'ordonnancement communicationnel : quelles sont les intentions de communication, où sont les limites entre information et communication, l'intérêt structurel dans la communication généralisée est-il

perceptible, les actions de communication peuvent-elles se retourner contre l'émetteur, et si oui quelles contremarques peut-on prévoir…

J'ai donc inclus dans ces formations un temps de sensibilisation aux principes de base de la communication, orientée sur les productions construites dans un observatoire Catalyse comme les analyses quantitatives et qualitatives, les cartes contextuelles, et le système d'information multimédia, qui a pour vocation d'organiser à la fois la conception, la réalisation et la diffusion en ligne de ces éléments. Le détail des ajouts sera développé dans le dernier chapitre, l'expérience d'Odina ayant contribué avec les autres à les modéliser.