Accem : historique rapide des modalités de collaboration

ous travaillons depuis 1996 avec l'Accem (Asociación Comisión Católica Española de Migración10_{) dont le siège est situé à Madrid, et qui structure à}

l'heure actuelle une dizaine de centres d'accueil régionaux répartis dans toute l'Espagne11_{. Le}

besoin de faire appel à notre savoir-faire est né d'un constat pragmatique : durant ces 20 dernières années, l’Espagne s’est transformée en un pays de refuge et d’immigration. En 1997, résidaient en Espagne 499773 étrangers. Entre 1988 et 1995, 67371 personnes ont demandé l’asile en Espagne. On compte que chaque année, entrent en Espagne 20000 nouveaux immigrés économiques et 5000 nouveaux demandeurs d’asile. Assumer cette vague démographique est en réalité difficile pour un pays qui, d’une part, maintient son taux d’inactivité (20% de la population active) et d’autre part rejette des emplois dans l’agriculture, la construction, les services domestiques, les activités extractives et les services.Les intervenants de cette structure ont besoin d'améliorer leurs procédures et actions pour l’accueil et l’insertion sociale des demandeurs d’asile, des réfugiés et déplacés. En premier lieu, ils ont besoin de connaître ces usagers… Or aucun système d'information favorisant une approche globale des besoins n'était disponible. Une rencontre européenne au sein d'un autre programme ("Pauvreté 3") nous a permis d'exposer la méthode Catalyse, et d'envisager une coopération sur une thématique qui ne nous était pas complètement

10 _{Association Commission Catholique Espagnole de Migration}

étrangère dans la mesure où nous étions impliqué dans le développement d'un observatoire à Charleroi (Belgique) avec le Centre Régional pour l'Immigration de Charleroi (CRIC).

Il a donc été convenu de mener ensemble un travail approfondi sur la conception et la réalisation d'un outil permettant de connaître les profils individuels et les typologies des usagers de la structure, pierre angulaire de Catalyse, avant de chercher à mettre en œuvre les autres outils.

L’objectif de ce travail a été de développer des instruments peu coûteux et simples dans un milieu professionnel où l’usage de l’ordinateur reste marginal. Ainsi, un programme12 a été conçu pour être utilisé de manière autonome dans une action d’insertion, un service social ou une association. Un acteur qui débute peut apprendre à utiliser les documents d’évaluation et la manipulation de l'outil informatique rapidement. Le programme effectue automatiquement le traitement de données (bilans quantitatifs) et permet d’utiliser les résultats statistiques postérieurement, lors de la rédaction de rapport d’activités avec l’aide d’un traitement de texte par exemple.

Lors de cette collaboration avec Accem, nous avons été amenés à rencontrer plus particulièrement certains centres, où nous avons développé des observatoires ; c'est le cas de la région des Asturies (Asturias) : nous avons lancé une première série d'études en 1999, puis un véritable observatoire qui a vu le jour en 2000. Jusqu'alors, nous collaborions avec le directeur et l'équipe de la structure locale dans le cadre d'un projet plus général mené au niveau de l'association dans son ensemble : la conception et la réalisation d'un système d'information partagé, pour assurer le suivi et l'accompagnement des usagers de la structure. Ce projet en est à sa sixième année de fonctionnement, et nous sommes à l'heure actuelle dans une phase de refonte des outils grâce à la récente baisse des coûts liés à l'utilisation des nouvelles possibilités technologiques en ligne.Il ne s'agit pour l'instant pas d'un observatoire de type Catalyse, dans la mesure où seule l'une des trois facettes de l'observation est acquise et en amélioration, celle de l'analyse du besoin des publics concernés. Le territoire à couvrir étant la nation espagnole dans sa globalité, les acteurs concernés se chiffrant à plus de 500 personnes encadrant plus de 8000 migrants par an, on peut aisément imaginer les difficultés

12 _{Nommé Gorion ("gorrion" avec deux "r" signifie moineau, mais l'informatique nous a imposé l'usage de six}

lettres seulement, ce qui fait dire aux utilisateurs espagnols qu'il n'a qu'une aile, mais qu'il vole loin !). On pourra trouver des photos d'écran de ce logiciel en annexes.

à instaurer une logique d'observation et d'évaluation, et à s'approprier les TIC dans ces conditions professionnelles, politiques, et matérielles.

Cependant, avec les dirigeants et experts accompagnant cette structure13_{, une}

réflexion a été menée pour tenter d'adapter la démarche Catalyse non pas à la globalité de la structure mais à certaines composantes. Le pari une fois lancé, les budgets trouvés (ce qui demande toujours beaucoup de temps et d'énergie), il a été possible de démarrer un observatoire sur la commune rurale de Siguenza en Espagne (fin 1999), puis ensuite en Asturias. Nous allons ici nous pencher plus particulièrement sur le cas de celui d'Asturias, dénommé Odina (Observatorio Dinamicó de la Inmigración de Asturias14_{), parce que sa}

structuration assez rapide s'est déroulée sans pressions politiques trop lourdes, certes non sans enjeux locaux tant au niveau de la municipalité qu'à celui de la principauté d'Asturias (traduction littérale de "Principado de Asturias", nom officiel de la communauté autonome des Asturies et de son gouvernement). Le projet bénéficiant d'une subvention spécifique venant du Ministère des Affaires Sociales du gouvernement autonome, il est évident qu'un poids politique non négligeable est tangible dans les orientations et volontés diverses à réaliser ce genre d'activités. Cependant, plus les lieux de décisions sont éloignés des acteurs de terrain, plus une certaine liberté d'action semble garantie. Le déroulement de ce projet a montré effectivement une indépendance relative qui a permis au groupe des partenaires de mener son observatoire dans une direction qui a convenu à tous, acteurs, bénéficiaires, et pouvoirs subsidiants.