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2 Corpus d'observatoires Catalyse

2.3 Observatoire Odin@, Accem, Asturias, Espagne

2.3.2 Présentation d'Odina

ODINA est un groupe constitué de diverses entités ou institutions (publiques, privées, ONGs, syndicats, associations) qui interviennent de manière directe et transversale auprès du collectif des immigrants, sur les aspects liés à l'intégration et à la promotion sociale, en Asturies (emploi, éducation, formation, santé, logement, autonomie, etc.).

Un des principaux objectifs que poursuit Odina est d'analyser et d'évaluer de manière dynamique le contexte socio-économique dans lequel vivent les immigrés en Asturies. Ce

groupe s'est chargé de mettre en marche et de développer un observatoire permanent de l'immigration en Asturies, fondé sur la méthodologie Catalyse, utilisant un diagnostic territorial, des indicateurs territoriaux, et un répertoire d'acteurs et d'actions. Il est donc principalement orienté par les principes de l'intelligence territoriale :

• Participation des usagers • Approche globale du territoire • Partenariat des acteurs locaux

• Technologies de la Société de l'Information • Accessibilité de l'information

• Qualité de l'information

Ce projet implique deux passages complémentaires et indispensables : le partenariat (intersectoriel, interdisciplinaire et inter-idéologique) et la participation. Le défi lancé est de considérer qu’il n’y aura pas de création d’emplois pour les réfugiés (et la population défavorisée) s’il n’y a pas construction d’un tissu social qui donne naissance à une nouvelle forme de production économique et sociale dans la zone. Il s’agit d’expérimenter quelles possibilités il existe de réaliser de nouvelles transactions entre les membres et les acteurs d’une communauté locale, de construire l’équilibre entre les moyens et les dispositifs d’intégration et les comportements qui construisent et consolident la cohésion entre les différents acteurs sociaux impliqués. Le projet centre essentiellement son action sur la solution des problèmes de manque d’emplois pour la population qualifiée de "moyenne" ou "défavorisée" d'un point de vue économique et dans un cadre territorial où l’on tente de profiter au maximum des bases de la proximité et de la réciprocité.

Notre rôle a été d'accompagner la naissance de cet observatoire depuis son idée même, en passant par toutes les étapes indispensables, décrites dans la partie consacrée à Catalyse. Même si ici le propos n'est pas de nous appesantir sur le management de projet, nous aurons besoin d'y faire constamment référence afin d'illustrer le besoin intrinsèque de perméabilité dans les différentes tâches nécessaires tant à la conception qu'à la production d'un système d'informations multimédia. En effet, la méthodologie elle-même est un

argument fort pour convaincre d'éventuels financeurs de la solidité du projet et de son sérieux. Il est alors essentiel que nous intervenions dans la rédaction de la conception du projet, au départ pour expliciter la méthode Catalyse (concepts, phases et outils), ensuite pour valider la présentation faite par les chefs de projets eux-mêmes. Ce schéma a été mis en place dans le cadre du projet Odina : dès le mois de mai 2000, nous avons élaboré le document de soumission du projet au ministère des affaires sociales des Asturies, Javier Mahia, directeur du centre d'accueil régional Accem à Gijon, et moi-même. Le dossier, déposé en automne, a été rapidement accepté. La période jusqu'à Noël a permis de construire le partenariat : contacts, explications, présentations de la méthode appuyées des résultats d'autres expériences en Europe, constitution d'un groupe de travail et d'un calendrier des tâches à effectuer.

Les six premiers mois de 2001 ont été ensuite nécessaires pour développer ensemble (groupe des partenaires, chef de projet et son équipe, et moi-même, en tant qu'expert accompagnant le projet au titre du MTI@SHS), de manière coopérative, les formulaires pour la collecte des données concernant les usagers d'une part, et les ressources disponibles sur le territoire de l'autre. Cela peut sembler long, six mois ; c'est cependant le temps utile à l'appropriation intellectuelle de la méthode, puisque les acteurs sont confrontés à de nouvelles approches professionnelles, de nouvelles cultures. On propose ici de travailler différemment d'un point de vue :

• formel : on brise la solitude du quotidien par un projet développé en partenariat

• sectoriel : ce partenariat est de plus pluridisciplinaire, on doit ainsi apprendre d'autres langages techniques, d'autres approches, d'autres besoins

• logique : on ne cherche pas ici à répondre tout de suite à un besoin intuitivement décelé, on change de logique d'approche en privilégiant l'analyse de la situation et du besoin, avant l'action

• institutionnel : chaque structure a ses us et coutumes, sa propre méthode de travail ; vouloir en développer une, de manière commune, c'est se positionner en rupture d'une tradition institutionnelle, d'où un stress non négligeable à prendre en compte (la structure va-t-elle accepter ? freiner ?)

• personnel : une nouvelle approche demande un effort intellectuel inhabituel au sens propre du terme : on sort d'une routine établie, donc de schémas de

représentations ancrés. En résulte une remise en question, étape primordiale que chacun à son rythme doit franchir.

Dans le même temps, nous avons sélectionné un ensemble d'indicateurs contextuels afin d'élaborer des cartes représentatives de données statistiques concernant le territoire :

• densité de population

• densité de population immigrante

• densité de population immigrante par âges • totalité des ressources économiques du ménage • situation socioprofessionnelle

• taux de chômage • niveau d'éducation

Le tout étant croisé par sexe, et par âge.

Cette étape suppose un gros travail de recherche documentaire, afin d'établir les sources d'informations potentielles sur le territoire concerné, dans un premier temps, puis dans un second d'en évaluer la qualité, et la pertinence (mises à jour, fiabilité statistique, lien thématique et/ou conceptuel). Le transfert de ce point particulier n'est a priori pas le plus facile à opérer : peu d'outils peuvent y aider, alors que l'expérience joue un grand rôle facilitateur. De plus, personne ne s'improvise technicien statisticien, c'est un métier qui s'apprend et se pratique. L'aura certainement galvaudée dont bénéficient les statistiques dans notre société rend nerveux les chefs de projet qui ne sont pas de la profession : ils ont peur d'être attaqués là où ils savent être faibles. Forts de ces a priori, nous avons alors des difficultés à répartir les tâches entre ce qui relève de la méthodologie (lien avec la thématique, le territoire, les objectifs fixés, le groupe de travail, les partenaires institutionnels…) et ce qui est finalement purement technique (recevoir un fichier de données, en contrôler le contenu, le valider, le qualifier, le traiter, en tirer des informations utilisables et pertinentes en respectant un cahier des charges pré-établi par le projet).