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Sentir sa place dans le monde : l’Émile

B - Sentir son individualité dans le monde : Rousseau

2) Sentir sa place dans le monde : l’Émile

L’Émile déploie la trame par laquelle l’homme doit apprendre à vivre en homme libre et heureux. Cette trame consiste à placer l’enfant dans des circonstances telles qu’il puisse de lui-même expérimenter l’organisation du monde, ou plus précisément les rapports qui le structurent3 :

L’étude convenable à l’homme est celle de ses rapports. Tant qu’il ne se connaît que par son être physique, il doit s’étudier par ses rapports avec les choses : c’est l’emploi de son enfance ; quand il commence à sentir son être moral, il doit s’étudier par ses rapports avec les hommes : c’est l’emploi de sa vie entière4.

Les rapports à étudier sont physiques, moraux et civils et ce n’est que dans son rapport à lui-même qu’ils deviennent lisibles pour Émile. En retour, l’enfant apprend à se connaître dans le mouvement même par lequel il appréhende ces différents ordres. Ainsi, nous allons

1 A ce titre, nous ne pensons pas comme P. Audi que « La vérité, c’est que le sentiment de l’existence explique l’être donné de la sensation, et non l’inverse », op. cit., p. 69. Le sentiment d’existence n’est pas un donné primordial.

2 Émile, IV, OC IV, p. 570.

3 « Après s’être considéré par ses rapports physiques avec les autres êtres, par ses rapports moraux avec les autres hommes, il lui reste à se considérer par ses rapports civils avec ses concitoyens », ibid., V, p. 833.

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voir que l’histoire naturelle de l’homme subordonne la connaissance de soi à la découverte du monde. Nous voulons faire apparaître que Rousseau fonde cette étude sur l’instance qui, déjà chez Malebranche, était en charge de révéler à l’homme quels liens l’unissent avec les autres êtres et quelles dépendances structurent son existence ; chez Rousseau, le sentiment des rapports, en révélant les dépendances naturelles de l’homme, doit lui assigner la place qui lui revient dans cet ordre. Toutefois, alors que chez l’oratorien, le sentiment des deux unions ne se manifestait que comme une modification en l’âme, lui faisant uniquement connaître son affection pour les corps d’une part ou pour Dieu d’autre part, le sentiment des rapports, chez Rousseau, doit fournir à l’individu une première compréhension du monde et de la place qu’il y occupe1.

a) Sa place dans le monde physique.

Comme nous l’avons déjà relevé, Émile, à la fin du livre I du traité d’éducation, est « vivant, mais sans conscience de sa propre vie2 ». C’est au début du livre II qu’émerge la conscience de cette vie ou existence, qui est immédiatement mêlée à la conscience, pour l’enfant, de son individu :

Avec leur force se développe la connaissance qui les met en état de la diriger. C’est à ce second degré que commence proprement la vie de l’individu ; c’est alors qu’il prend la conscience de lui-même. La mémoire étend le sentiment de l’identité sur tous les moments de son existence ; il devient véritablement un, le même, et par conséquent déjà capable de bonheur ou de misère. Il importe donc de commencer à le considérer ici comme un être moral3.

Ce passage a fait l’objet de nombreux commentaires4 ; ceux-ci ont mis en avant la subordination de la conscience de soi au développement physique de l’enfant, le rapport de cette conscience de soi avec le bonheur ou le malheur de l’individu, rendu possible par le développement de la mémoire et l’extension du sentiment d’existence au passé, mais aussi les moyens d’accéder au bonheur déployés dans ce livre, i.e. le développement des forces et l’expérience de la nécessité physique. C’est la liberté naturelle, la puissance de faire ce que l’on veut, qui est en jeu dans l’étape de l’éducation décrite au livre II, et non pas encore la

1 Alain Grosrichard, dans son article « Où suis-je ?, Que suis-je ?, Réflexions sur la question de la place dans l’œuvre de J-J Rousseau, à partir d’un texte des Rêveries », dégage bien l’enjeu qu’il y a à répondre à la question « où suis-je ? » chez Rousseau, pour savoir qui l’on est. Mais selon lui, la réponse de Rousseau renvoie à la duplicité du sujet et finalement à la question « suis-je un ? ». Nous ne suivrons pas sa tentative de lecture psychanalytique ; cf. Rêveries sans fin, Autour des Rêveries du promeneur solitaire, Orléans, Paradigme, 1997, p. 29-47.

2 Émile, I, OC IV, p. 298.

3 Ibid., II, p. 301.

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liberté morale1. C’est le moment dans lequel Émile ne se connaît que par « son être physique » et doit s’étudier « dans son rapport avec les choses2 ». Or, à ce stade, ce n’est qu’en sentant que l’enfant perçoit ses rapports avec les autres choses. Dans la mesure où le matériau auquel doit s’appliquer la raison, à savoir les idées abstraites, n’est pas encore à sa disposition, celle-ci ne s’exerce pas encore chez l’enfant. Le gouverneur préconise ainsi de « [faire] que tant qu’il n’est frappé que des choses sensibles, toutes ses idées s’arrêtent aux sensations ; (…) que de toutes parts il n’aperçoive autour de lui que le monde physique3 ». Sentir la résistance du monde extérieur doit permettre à l’enfant de ne pas développer d’idées fausses concernant les rapports qu’il entretient avec ce monde, comme celles de son empire sur lui. C’est donc la sensibilité physique qui est en jeu dans le livre II, celle qui dérive de l’impression que les objets extérieurs font sur les organes des sens.

Ce point appelle deux remarques essentielles pour notre sujet. Premièrement, il convient de rappeler qu’à ce moment de son développement, l’enfant n’est encore capable d’aucun jugement, ce qui, dans l’anthropologie rousseauiste, signifie qu’il n’est pas encore en mesure de dégager de rapport entre ses sensations. Pourtant, nous allons voir qu’Émile, au cours du livre II, ne cesse de sentir des rapports, ceux, précisément, qu’il entretient avec les objets physiques et qui lui indiquent sa faiblesse ou sa force. En effet, « Quand on dit que l’homme est faible, que veut-on dire ? Ce mot de faiblesse indique un rapport. Un rapport de l’être auquel on l’applique4 ». Le sentiment qu’Émile a de sa faiblesse ou de sa force, qui est omniprésent à ce moment de son éducation, résulte pour lui de l’estimation du rapport qu’entretiennent ses besoins avec ses forces. Même s’il est loin d’être un jugement objectif – l’enfant étant impliqué dans les termes du rapport –, le sentiment – dont il nous reviendra de préciser le sens – assure déjà une première mesure en l’absence de jugement chez l’enfant. Deuxièmement, si Émile n’a pas d’idées – lesquelles dépendent de l’exercice du jugement –, il n’a pas même, au début du livre II, de sensations représentatives. Ses sensations sont encore purement affectives, réduites au plaisir et à la douleur. La conscience de l’existence des corps extérieurs qu’Émile commence à acquérir avec le déploiement de ses forces physiques est encore confuse ; ses sensations s’affineront au fur et à mesure de l’éducation spécifique des différents sens :

1 « Souffrons qu’un moment de la vie soit exempt de ce joug que la nature ne nous a pas imposé, et laissons à l’enfance l’exercice de la liberté naturelle, qui l’éloigne au moins pour un temps des vices que l’on contracte dans l’esclavage », Émile, II, OC IV, p. 316.

2 Ibid., IV, p. 493

3 Ibid., II, p. 317. Voir aussi : « Employer la force avec les enfants et la raison avec les hommes ; tel est

l’ordre naturel ; le sage n’a pas besoin de lois », ibid., p. 320.

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Les premiers mouvements naturels de l’homme étant donc de se mesurer avec tout ce qui l’environne, et d’éprouver dans chaque objet qu’il aperçoit toutes les qualités sensibles qui peuvent se rapporter à lui, sa première étude est une sorte de physique expérimentale relative à sa propre conservation, et dont on le détourne par des études spéculatives avant qu’il ait reconnu sa place ici-bas1.

Le premier temps du livre II est ainsi consacré à la description du développement des forces de l’enfant auquel est étroitement lié l’éveil de la conscience de soi. À partir de là, il faut bien voir que le sentiment qui est en jeu dans toute cette première étape, et qui doit faire reconnaître à Émile sa place ici-bas, est antérieur à l’acquisition des perceptions distinctes relatives aux différents sens ; il renvoie à une sensibilité physique irréductible à l’exercice séparé des sens. Le rapport de l’ordre des choses à Émile n’est pas l’objet de sensations particulières ; il se sent dans l’impression plus générale par laquelle le monde l’affecte. En l’absence de sensations distinctes, d’où peut dériver cette impression ? Elle doit résulter des sensations de plaisir et de douleur que Rousseau identifie à ce stade comme étant les motifs uniques de l’apprentissage d’Émile2. Voilà pourquoi « souffrir est la première chose qu’il doit apprendre, et celle qu’il aura le plus grand besoin de savoir3 ». Les douleurs occasionnées par les chutes et chocs divers de l’enfant se constituent en expérience, lui permettant de sentir un certain ordre de choses relevant de la nécessité physique et dépassant sa petite personne : elles donnent lieu à une impression générale de dépendance qui se décline en plusieurs sentiments stabilisés. Ces sentiments, on l’a compris, ne sont ni moraux, ni réfléchis ; ils ne sont pas des sensations représentatives, ni même de simples douleurs ou plaisirs. L’éducation s’appuie alors sur l’émergence d’une espèce inédite de sentiments : on peut relever celui de la dépendance de l’enfant à l’égard des hommes ou de sa faiblesse, qui en est le corrélat :

Ainsi de leur propre faiblesse, d’où vient d’abord le sentiment de leur dépendance, naît ensuite l’idée de l’empire et de la domination4.

Cependant, il commence à sentir sa faiblesse ; il comprend qu’il se va trouver seul au milieu de gens qui ne le connaissent pas ; il voit d’avance les risques qu’il va courir5 (…).

Celui de la résistance de la nature :

(…) qu’il sente de bonne heure sur sa tête altière le dur joug que la nature impose à l’homme6.

1 Ibid., p. 369-370.

2 « S’il l’on ne doit rien exiger des enfants par obéissance, il s’ensuit qu’ils ne peuvent rien apprendre dont ils ne sentent l’avantage actuel et présent, soit d’agrément, soit d’utilité ; autrement quel motif les porterait à l’apprendre ? », ibid., p. 357.

3 Ibid. p. 300.

4 Ibid., I, p. 287 ; « Celui qui sent le besoin qu’il a du secours des autres, et qui ne cesse d’éprouver leur bienveillance, n’a nul intérêt de les tromper », Ibid., II, p. 335.

5 Ibid., p. 367.

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Celui qu’éprouve l’enfant devant un homme malade qui crie :

Vous pouvez de là tirer occasion de lui donner, mais en peu de mots, une idée des maladies et de leurs effets ; car cela aussi est de la nature, et c’est un des liens de la nécessité auxquels il se doit sentir assujetti1.

Mais aussi celui de sa liberté de mouvement :

Qu’il sente également sa liberté dans ses actions et dans les vôtres2.

Ces différentes expériences répondent au principe plus général d’après lequel « il faut qu’il sente sa faiblesse et non qu’il en souffre3 ». Cette connaissance sensible de la nécessité sera complétée pendant le temps de l’instruction, décrit au livre III, au cours duquel il fera l’acquisition de véritables idées sur les rapports des phénomènes, par le truchement du jugement et des sciences naturelles4. À la fin du livre III, le gouverneur pourra dresser ce tableau d’Émile :

Voilà notre enfant prêt à cesser de l’être, rentré dans son individu. Le voilà sentant plus que jamais la nécessité qui l’attache aux choses5.

Ainsi, le sentiment de sa dépendance au monde physique contribue à former en Émile celui de son individu, réduit, pour l’instant, à un sentiment purement physique et irréfléchi. Dans le mouvement même par lequel il s’est mesuré à son environnement, il a reconnu qu’il existait.

Insistons sur l’originalité de la conception rousseauiste du sentiment de l’existence tel qu’il est conquis dans les premiers livres du traité d’éducation. D’une part, ce sentiment n’est pas indéterminé et général ; par lui, Émile n’appréhende pas l’être d’une substance abstraite mais sa vie propre, telle qu’elle est située dans la nature. Qu’il sente ses rapports avec l’ordre physique signifie qu’il ne connaît ce dernier que par l’effet qu’il fait sur lui : cet ordre est perçu concrètement – et non de façon abstraite, i.e. par des idées générales, ce qui sera le travail spécifique de la raison –, tout comme lui, qui est l’autre terme de cette expérience

1 Ibid., p. 328.

2 Ibid., p. 311.

3 Ibid., p. 310 ; voir aussi « Si vous laissez pâtir les enfants, vous exposez leur santé, leur vie ; vous les

rendez actuellement misérables ; si vous leur épargnez avec trop de soin toute espèce de mal-être, vous leur préparez de grandes misères ; vous les rendez délicats, sensibles ; vous les sortez de leur état d’hommes dans lequel ils rentreront un jour malgré vous », ibid., p. 313.

4 A la fin du livre III, consacré au temps de l’instruction et de la formation du jugement, Rousseau écrit qu’« Émile n’a que des connaissances naturelles et purement physiques (…). Il connaît les rapports essentiels de l’homme aux choses, mais nul des rapports moraux de l’homme à l’homme », ibid., III, p. 487.

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sensible. Cela explique qu’Émile, en même temps qu’il apprend à sentir l’ordre de la nature, sente sa place dans cet ordre :

Il ne connaît d’être humain que lui seul, et même il est bien éloigné de se connaître ; mais s’il porte peu de jugements sur sa personne, au moins il n’en porte que de justes. Il ignore quelle est la place des autres, mais il sent la sienne et s’y tient. Au lieu des lois sociales qu’il ne peut connaître, nous l’avons lié des chaînes de la nécessité. Il n’est presque encore qu’un être physique, continuons de le traiter comme tel1.

La connaissance de soi, dans l’Émile, est donc médiatisée par la connaissance des lois de la nature – comprises encore de façon très générale et affective. D’autre part, comme Rousseau le signale dans ces lignes, le sentiment qu’Émile a de son existence, s’il est individualisé, n’est pas pour autant distinct. En l’absence de réflexion, Émile est encore « bien éloigné de se connaître » : il ne s’est pas encore pris comme objet d’étude et ne détient aucune connaissance morale ou psychologique de lui-même. Celle-ci résulterait de l’attention à ses sentiments et à ses passions que, de toute façon, il n’a pas encore. Ce qui importe seulement à ce stade de sa vie est qu’il assigne des limites évidentes et concrètes à son existence et à son individu, le malheur des hommes venant en grande partie de leur tendance à étendre leur être hors d’eux-mêmes2. Le sage est justement celui qui « sait rester à sa place », alors que « l’enfant qui ne connaît pas la sienne ne saurait s’y maintenir3 ». Ainsi, Rousseau préconise déjà dans l’Émile ce qu’il sera forcé d’accomplir dans les Rêveries :

O homme ! Resserre ton existence au-dedans de toi, et tu ne seras plus misérable. Reste à la place que la nature t’assigne dans la chaîne des êtres, rien ne t’en pourra faire sortir : ne regimbe point contre la dure loi de la nécessité4 (…).

Toutefois, on a vu que dans l’Émile, trouver sa place résulte du fait, pour l’individu, de sentir les liaisons qu’il entretient avec le monde5. La place à laquelle il convient de rester est une place dans le monde, alors que Jean-Jacques, dans les Rêveries, sera en situation de proscription. Dès lors, selon le point de vue de l’analyse, la connaissance de soi se résume au départ à la connaissance de sa situation dans la chaîne des êtres. De façon inédite, la connaissance de soi par sentiment est indissociablement une appréhension du monde physique ; chez Condillac, qui avait aussi pris au sérieux la sensibilité purement affective dans l’éveil de la conscience de soi, cette dernière n’avait besoin que de la succession des affections pour apparaître, et nullement de la perception du monde extérieur. Le livre II de

1 Ibid., p. 458.

2 « Nous n’existons plus où nous sommes, nous n’existons qu’où nous ne sommes pas », ibid., II, p. 308.

3 Ibid., p. 310.

4 Ibid., p. 308.

5 P. Audi souligne l’importance que revêt le problème de la position aux yeux de Rousseau, mais il nous semble réducteur de comprendre le fait de tenir sa place comme s’accompagnant d’un refus de l’extériorité ; si cela semble se vérifier dans les Rêveries, ce n’est pas le cas dans l’Émile. Cf. P. Audi, op. cit., p. 200.

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l’Émile décrit donc l’émergence d’une connaissance par sentiment de l’ordre de la nature, indissociable de celle de la place d’Émile dans cet ordre. Le sentiment apparaît ici dans sa spécificité comme impression générale et confuse par laquelle le monde affecte l’individu qui ne réfléchit pas encore sur lui-même. Comme chez Buffon, cette affection par laquelle Émile se connaît touche l’ensemble de son être, et pas seulement une de ses parties, et la connaissance de soi comme individu se conquiert dans la passivité du sentiment. Toutefois, dès ce niveau, Rousseau élabore ce qui fait la spécificité de la sensibilité humaine par rapport à celle de l’animal : l’impression générale du sentiment n’instruit pas seulement l’individu de ce qui est utile à sa conservation mais dépasse les strictes affections de plaisir et de peine. Elle ne s’en tient pas à informer l’individu de son existence individuelle mais le fait accéder à une première compréhension de l’ordre du monde. Par là, ce que Rousseau nomme « la raison sensitive », semble apparaître avant même les premières images ou représentations, dès les premiers sentiments confus de la nécessité.

Cependant, le sentiment de ses rapports avec le monde physique n’a de sens pour Émile qu’en vue du monde moral dans lequel il est appelé à vivre, pour une raison qui est d’abord positive : sentir sa soumission à la nécessité naturelle et aux maux qui incombent à l’espèce humaine prépare le cœur d’Émile aux sentiments moraux à venir1. À cela s’ajoute une raison négative : la résistance des autres êtres se fera sentir davantage encore dans le monde humain2. La société civile, si elle est régie par la force plutôt que par le droit, exerce sur les hommes la même impression que celle de la nécessité physique3.

b) Sa place dans le monde moral.

Quand s’éveille sa sensibilité morale au livre IV, Émile doit « s’étudier dans son rapport avec les autres hommes4 ». La grande nouveauté de cette étape est que le jeune

1 « Concevez-vous quelque vrai bonheur possible pour aucun être hors de sa constitution ? et n’est-ce pas sortir l’homme de sa constitution, que de vouloir l’exempter également de tous les maux de son espèce ? Oui, je le soutiens : pour sentir les grands biens, il faut qu’il connaisse les petits maux ; telle est sa nature. Si le physique va trop bien, le moral se corrompt. L’homme qui ne connaîtrait pas la douleur, ne connaîtrait ni l’attendrissement de l’humanité, ni la douceur de la commisération ; son cœur ne serait ému de rien, il ne serait pas sociable, il