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Des sentiments intérieurs à la Voix de la raison

A - Malebranche et les reproches secrets de la raison

3) Des sentiments intérieurs à la Voix de la raison

a) Enjeux d’une connaissance de l’ordre par sentiment. Il est certain qu’en postulant une telle conscience affective du Bien, Malebranche se donne en tout cas le moyen de résoudre le problème de l’amour de l’ordre, auquel le Traité de

morale est d’ailleurs consacré. Certes, pour demeurer dans le sens de ce qui a été dit jusqu’ici,

on doit reconnaître que Malebranche, dans le mouvement même par lequel il résout ce problème, tend à confondre le sentiment du mouvement d’amour que Dieu imprime en nous avec une forme de connaissance indirecte de l’ordre :

Parce que Dieu aimant l’Ordre, et nous imprimant sans cesse un amour, un mouvement pareil au sien ; il est nécessaire que nous soyons instruits par la voie courte et sûre du sentiment, quand nous suivons ou abandonnons l’Ordre immuable1.

Comme le rappelle F. Alquié qui met en garde contre la tentation de faire de Malebranche le fondateur des morales du sentiment2, l’ordre ne peut être véritablement aperçu que par idées claires, et ce d’autant plus que depuis le péché, les reproches secrets de la raison sont confondus avec les sentiments issus de la concupiscence :

Rien n’est donc plus sûr que la lumière : on ne peut trop s’arrêter aux idées claires ; et quoiqu’on puisse se laisser animer par le sentiment, il ne faut jamais s’y laisser conduire. Il faut contempler l’Ordre en lui-même, et souffrir seulement que le sentiment soutienne notre attention par le mouvement qu’il excite en nous3.

1 TM, I, V, XIX, OC II, p. 470.

2 F. Alquié, op. cit., p. 321-322.

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Ces lignes du Traité de morale redonnent au sentiment la fonction légitime et première qu’il avait reçu dans les premiers textes, celle d’animer l’individu, de soutenir l’effort cognitif de l’attention par un mouvement de désir pour l’ordre. Le passage du livre III de la Recherche et le paragraphe XIX du chapitre V du premier livre du Traité de morale, qui font la part belle au sentiment dans la connaissance de l’ordre et constituent une ouverture certaine vers une connaissance par sentiment, font plus figure d’exception dans la pensée de l’oratorien.

Néanmoins, Malebranche aurait pu se contenter de dire que le pécheur garde toujours en lui un sentiment de l’ordre, au sens d’un amour, d’une inclination pour l’ordre, sans aller jusqu’à dire que le pécheur a, dans le sentiment, une forme de connaissance de l’ordre : ce désir de l’ordre suffirait en effet à le faire agir conformément à l’ordre. Pourquoi Malebranche a-t-il besoin de parler de « connaissance de l’ordre1 » à propos de cette façon qu’ont les ignorants et les enfants de bien agir sans pouvoir en rendre raison2 ? Pourquoi élève-t-il à un savoir des actions orientées par un simple sentiment moral, alors même qu’il est si suspicieux à l’égard de la forme affective que prennent les reproches secrets de la raison ? Pour mieux le comprendre, il convient de rapporter ces affirmations à deux exigences malebranchistes formulées dans le Traité de morale. Premièrement, Malebranche refuse absolument que certains hommes puissent être définitivement incorrigibles, « car dans les plus grands pécheurs, il y a toujours quelque disposition à aimer l’ordre3 ». Dieu imprime toujours en tout homme le mouvement d’inclination vers le bien4. Mais le problème est que l’homme n’est pas par là sauvé, dans la mesure où la vertu justifiante suppose l’amour explicite et réfléchi de l’ordre immuable5. L’exigence d’universalité du salut est ainsi amendée par la deuxième exigence formulée par le Traité, celle qui conduit à la vertu : si l’inclination universelle de l’homme au bien explique que les hommes agissent par devoir alors même qu’ils ignorent l’ordre, elle ne suffit pas à ce que tout homme soit vertueux. Malebranche a en effet distingué le devoir, qui est l’action conforme à l’ordre soutenue par l’inclination naturelle de tout homme pour le bien, et la vertu, qui n’est rien d’autre que l’amour de l’ordre immuable6 et qui seule justifie l’homme devant Dieu. L’homme ne devient vertueux qu’à condition de rapporter son inclination à faire le bien à l’amour de l’ordre, qu’il identifie comme son principe et sa

1 Ibid., I, V, XIX, p. 469.

2 « Les enfants et les ignorants savent bien quand ils font mal », ibid.

3 Ibid., I, IV, VII, p. 457.

4 Ibid., I, III, XIV, p. 449.

5 « Mais, pour posséder la vertu, il ne suffit pas d’aimer l’Ordre d’un amour naturel, il faut encore l’aimer d’un amour libre, éclairé, raisonnable. », ibid., I, III, XVI, p. 451.

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fin. Ainsi, esquisser la possibilité d’une connaissance dans le sentiment (et ne pas se contenter de dire que le pécheur a naturellement en lui un amour pour l’ordre) permet à Malebranche de maintenir, même pour l’homme pris dans les ténèbres, une voie d’accès à la vertu et au salut. Si le sentiment suffit à faire accéder à une forme de connaissance de l’ordre, le pécheur n’est pas condamné à ignorer ad vitam l’objet ou le principe de l’amour qu’il sent travailler en lui.

Ainsi, la connaissance de l’ordre par sentiment, en plus de susciter chez les ignorants et les enfants le sens actif du devoir, leur fournit la conscience que leurs actions ne sont pas toujours déterminées par leurs critères subjectifs, mais aussi par des critères transcendants, qui, lorsqu’ils les bafouent, provoquent en eux ces reproches secrets de la raison. Certes, comme l’écrit G. Rodis-Lewis, « Tout homme, même païen ou ignorant, a du moins quelque idée de l’ordre ou de son devoir, quoique souvent il n’y pense pas1 ». Mais il faut aller plus loin : la possession d’une telle prénotion de l’ordre dans son esprit doit donner à chaque homme le pouvoir de devenir véritablement vertueux. Ainsi, la connaissance de l’ordre par sentiments intérieurs n’est pas une simple manière pour Malebranche de rendre raison de l’action droite des ignorants et le sentiment du remords n’a pas seulement pour fonction de rectifier la conduite de l’homme à la manière d’un dressage2. Loin que Malebranche se contente d’une action aveugle mais droite, il veut que chacun puisse s’élever à la connaissance explicite de l’ordre pour être sauvé.

b) Retrouver la voix de la raison.

Le sentiment du remords a ceci de particulier qu’en lui, une modification de l’âme se fait sentir qui n’indique pas seulement l’existence d’un objet extérieur, ce que fait tout sentiment, mais offre un savoir minimum sur le contenu de cet objet – même si ce savoir élémentaire appelle son dépassement dans une connaissance lumineuse3. D’un côté, il faut ainsi prendre au sérieux l’effectivité de cette connaissance fournie par le sentiment. De même que le sentiment intérieur est une connaissance de notre âme imparfaite mais vraie, le XIIIe Éclaircissement indique que :

Quoique nous fermions les oreilles le plus exactement que nous pouvons à la voix de la vérité intérieure, nous sentons assez par les reproches que cette souveraine Vérité nous fait en nous abandonnant à nous-mêmes, qu’elle éclaire nos ténèbres, et qu’elle découvre toutes les souplesses de notre amour-propre4.

1 Voir MCM, XIII, XVIII; TM, I, II, XII ; I, III, XVI ; EMR, XIV, XII.

2 Comme les bêtes qui retiennent l’association d’une action et d’une douleur et apprennent petit à petit à éviter cette action pour éviter la douleur.

3 F. Alquié fait de la connaissance à venir de l’ordre le critère permettant de distinguer les sentiments moraux des jugements naturels, dans lesquels toute connaissance de la géométrie naturelle est refusée à l’homme,

op. cit., p. 322..

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Les reproches secrets de la raison révèlent l’existence en nous d’une Vérité dont les effets se font sentir certainement. Mais encore une fois, ce sentiment, conformément à sa nature, nous éclaire sur nous-mêmes, sur notre position relativement à l’ordre, sur l’orientation que nous donnons au mouvement de l’amour et non sur l’ordre en lui-même. La notion minimale du devoir qu’apporte le sentiment reste une connaissance enveloppée dans le remords de l’esprit ; c’est seulement dans cette espèce de tristesse qu’est le remords que se trouve esquissé le devoir que nous n’avons pas rempli. Révélée par le sentiment, la loi morale demeure tributaire de l’expérience de l’homme : elle se manifeste relativement au sujet de l’action et aux circonstances particulières de cette dernière. Le sentiment, que ce soit pour connaître son âme ou pour connaître l’ordre, ne donne accès qu’à une connaissance expérimentale. Plus encore, comme cela apparaît clairement dans le Traité de morale, la connaissance de la loi morale, loin d’être de nature représentative, est analogue au mouvement confus des passions.

D’un autre côté, à la différence de la connaissance de l’âme par sentiment intérieur, la connaissance de l’ordre par sentiment n’est pas la seule possible en cette vie : la connaissance de l’ordre a priori, par idées, dont on a compris qu’elle était de loin préférable au sentiment de l’ordre, est déjà à la portée de l’homme. Certes, dans le chapitre V du Traité de morale, l’injonction de Malebranche à connaître l’ordre par idées résonne plutôt comme un vœu désespéré, d’autant plus qu’elle est soutenue par la concession suivant laquelle :

Il est vrai que lorsque le cœur est corrompu, on n’est guère en état de contempler l’Ordre en lui-même1.

Cela manifeste une évolution quelque peu pessimiste de la pensée de Malebranche, dans la mesure où le XIIIe Éclaircissement énonce positivement, six ans auparavant, que l’homme a le pouvoir effectif de connaître l’ordre en lui-même par idées claires. Cet éclaircissement, plutôt que de justifier l’usage du sentiment en morale comme le suggère la lecture de G. Rodis-Lewis, fonde l’autonomie morale de l’homme sur sa capacité à se rendre attentif à la voix de la raison en lui :

Voulons-nous savoir, si nous irons au bal et à la comédie ; si nous pouvons en conscience passer une grande partie du jour au jeu et à des entretiens inutiles (…) ? Rentrons en nous-mêmes ; faisons taire nos sens et nos passions, et voyons à la lumière de Dieu, si nous pouvons faire pour lui une telle action. (…) Mais si après avoir examiné avec soin nos obligations essentielles, nous reconnaissons clairement que notre être ni sa durée ne sont point à nous, et que nous faisons une injustice, que Dieu ne peut s’empêcher de punir, lorsque nous ne travaillons qu’à passer le temps agréablement ; si notre Maître et notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a acquis par son sang, nous reproche d’une manière très claire et très intelligible notre

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infidélité et notre ingratitude, (…) ; rendons-nous à sa voix ; n’endurcissons point nos cœurs ; ne cherchons point de directeurs qui nous consolent de ces reproches, qui nous assurent contre ces menaces, et qui couvrent de nuages agréables cette lumière qui nous blesse et nous pénètre1.

Rappelons que cet éclaircissement a pour but de déterminer l’utilité des directeurs de conscience. Tant que nous parvenons à écouter cette voix intérieure qui parle dans le plus secret de notre raison, ceux-ci ne sont pas nécessaires, ils sont même dangereux. Dans ces lignes, le problème moral est posé à l’occasion d’un événement particulier (l’invitation à un bal ou à une comédie) et il est ensuite résolu dans une méditation mobilisant l’ordre en lui-même. Il est ici clair que la conscience pour Malebranche n’est pas un sentiment moral2 mais relève de l’examen rationnel et du jugement, au sens thomiste de mise en rapport du cas particulier avec une loi générale. La réponse de la raison à la question de savoir si l’on peut aller au bal ou à la comédie, et au cas de conscience en général, se manifeste en effet dans un reproche qualifié de « clair et intelligible » et non de secret comme dans le cas des reproches secrets de la raison. La métaphore de la voix, que nous avons déjà identifiée dans d’autres passages, ne doit pas induire en erreur : le reproche a bien une source rationnelle ; mais il est étonnant, après ce qu’on a dit, que ce dernier se manifeste de façon si claire dans ce passage. L’origine rationnelle des reproches divins ne suffisait pas à les rendre lumineux dans les passages précédemment cités.

Une lecture attentive révèle que Malebranche adopte ici un autre point de vue : non plus celui qui suit l’action, où la raison parle de façon sensible dans l’expérience du remords que nous avons rencontrée plus haut, mais celui qui la précède. Ici, la voix divine se fait entendre

avant l’action, où elle est encore lumineuse et intelligible. Lorsqu’il n’est pas encore engagé

dans l’action et pris dans la mécanique passionnelle, l’homme garde le pouvoir de se rendre attentif à la voix du Maître intérieur. S’il peut de lui-même et sans directeur résoudre ses dilemmes moraux, c’est parce ce que sa conscience n’est pas réduite au sentiment3 – lequel court toujours le risque d’être confondu avec les sentiments des passions4. La conscience peut et même doit être illuminée par la lumière divine. Le XIIIe Éclaircissement fait ainsi preuve

1 RV, Écl. XIII, OC I, p. 960-961.

2 Contrairement à ce que suggère G. Rodis-Lewis dans son Malebranche, op. cit., p. 256.

3 Voir aussi ce passage dans lequel Malebranche concède que dans les raisonnements de morale il n’est pas facile de conserver la même évidence et exactitude que dans les autres sciences. Il explique alors que les hommes « se lassent d’interroger le maître qui nous enseigne intérieurement ses propres volontés, lesquelles sont les lois immuables et éternelles, et les vrais principes de la morale. Ils n’écoutent point avec plaisir celui qui ne parle point à leurs sens etc. Ils n’ont aucun respect pour des paroles qui se prononcent sans bruit, et que l’on n’entend jamais clairement que dans le silence des créatures. » RV, VI, II, VI, OC I, p. 704.

4 « Il est vrai qu’il y a de la difficulté à rentrer en soi-même, à faire taire ses sens et ses passions, à discerner quand c’est Dieu ou notre corps qui nous parle, car l’on prend très souvent des preuves de sentiment pour des raisons évidentes, et c’est pour cela qu’il est souvent nécessaire de consulter des directeurs. » RV, Écl. XIII, OC I, p. 961.

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d’optimisme concernant la capacité de l’homme pécheur à se tourner de lui-même vers Dieu, qui laissera place, dans le Traité de morale à une forme de résignation, expliquant la concession faite au sentiment.

Pour conclure, les reproches secrets de la raison manifestent une première dimension du rapport affectif que l’homme peut avoir à l’ordre, qui lui donne une connaissance négative et relative des lois morales. Cette concession à une forme de connaissance affective de l’ordre répond à la possibilité que tout homme ait les capacités de devenir vertueux. Toutefois, il ne faut pas les confondre avec la parole du Maître intérieur telle qu’elle se fait entendre à l’homme qui se concentre en lui-même et par laquelle il connaît clairement son devoir. Le langage imagé de Malebranche favorise la confusion entre les deux voies de la connaissance morale et explique que certains commentateurs aient considéré que Malebranche limitait l’accès à l’ordre à une voie purement sensible, alors qu’il enjoint aussi les hommes de connaître l’ordre par lumière, à partir de la voix du Maître intérieur qui parle toujours en eux. Pour nous, cette analyse permet surtout de dégager la présence dans son œuvre d’un nouveau type de sentiments, les reproches secrets de la raison, dont la fonction est de permettre à certains hommes, peu enclins à la méditation rationnelle, d’obtenir un savoir minimal sur les lois morales1. Néanmoins, dans le Traité de morale, Malebranche rapproche la forme de ces reproches de celle qui caractérise les mouvements des passions :

Mais il faut prendre garde que le péché qui a introduit la concupiscence, rend souvent peu sûre la voie de discerner l’Ordre par sentiment ou par instinct : parce que les inspirations secrètes des passions sont de même nature que ce sentiment intérieur. Car, quand on agit contre l’opinion et la coutume, on sent souvent des reproches intérieurs, assez semblables à ceux de la Raison et de l’Ordre. Avant le péché le sentiment du reproche intérieur n’était point un signe équivoque : car alors il n’y avait que ce sentiment qui parlât en maître2.

Les reproches secrets de la raison sont supposés être de même nature que les affections occasionnées par les passions : ce sont des modifications de l’âme d’ordre affectif marquées

1 Voir aussi : « On ne peut donc aimer les corps sans avoir quelque sentiment confus de sa bassesse et de ses désordres (…). Ainsi la joie qui prévient la raison, et qui s’excite en l’âme par le goût ou l’avant-goût de quelque plaisir sensible, ne peut rendre content un esprit qui est tellement uni à la raison ou à l’ordre, quelque effort qu’il fasse pour s’en séparer, qu’il en reçoit sans cesse dans le plus secret de lui-même des reproches et des remords qui le troublent dans ses plaisirs et qui l’inquiètent dans son repos. » MCM, X, VII-VIII, OC II, p. 292-293. Notons que dans la mesure même où ils informent l’homme qu’il s’éloigne de l’ordre, ces remords ne s’identifient pas purement et simplement aux sentiments de tristesse que Dieu donne à l’homme suite à la connaissance qu’il a de s’éloigner du bien et qui font pendant aux sentiments de joie qui suivent de la connaissance qu’il a d’être dans l’état où il doit être : « Dieu nous récompense d’un sentiment de joie, lorsque nous connaissons que nous sommes dans l’état où nous devons être, afin que nous y demeurions, (…). Mais il produit en nous un sentiment de tristesse, lorsque nous connaissons que nous ne sommes pas dans l’état où nous devons être (…) », RV IV, X, II, OC I, p. 448. Nous soulignons.

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par la confusion. À la différence d’elles, ils existaient déjà avant le péché, pour signaler à l’homme quand il s’éloignait de l’ordre, et ils sont directement produits par la raison divine confondue avec l’ordre des perfections. Ces deux derniers éléments les distinguent aussi de la grâce de sentiment, dont on va voir qu’elle est seulement occasionnée par Jésus, et ce après le

péché. Le statut de ce sentiment intérieur est donc ambigu : produit par la raison, il affecte

notre raison, mais n’est en aucun cas occasionné par le corps. Si Malebranche le rapproche ici des inspirations secrètes des passions, c’est seulement dans la mesure où il est subi et reçu de façon confuse, et non point, semble-t-il, parce qu’il serait véritablement sensible. En effet, on va voir qu’en l’absence de la grâce de sentiment, il est insuffisant pour toucher les hommes. Sans l’union au corps, le sentiment est donc réduit à une simple modification de l’âme qui ne se distingue de la vision rationnelle que par son caractère confus – et non point par son intensité.