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Les salaires en question

4. Questions de profil : distinctions, différenciations

4.4. Les salaires en question

Relativement à l’ensemble des familles professionnelles, en salaire médian mensuel, les familles cadres, dans leur ensemble, sont beaucoup mieux rémunérées (2312 euros contre 1387, soit plus d’une fois et demi en plus). Relativement aux ouvriers non qualifiés, la différence, encore plus importante, est de 1258 euros. Ce salaire médian, qui est le plus élevé des 6 familles de catégories sociales dominantes étudiées par la DARES, cache évidemment des disparités difficiles à cerner. Celles-ci varient en fonction du sexe, de l’âge, des diplômes, des responsabilités assumées, de la position dans la carrière. Evidemment, raisonner en salaire médian ne peut faire oublier que le salaire ne saurait à lui seul constituer le revenu. Par ailleurs, cette approche « médiane », ne rend pas compte des fortes disparités de salaire qu’un même groupe de salariés cadres pourraient révéler.

Malgré tout, on peut, à partir des données disponibles, essayer de voir comment varient les salaires médian selon les professions cadres examinées. Sans surprise, les dirigeants

sont les mieux lotis. Leur salaire médian « culmine » à 3384 euros. C’est peu si on tient compte en particulier des témoignages qui nous avons par ailleurs, et qui laissent envisager d’autres niveaux. En dehors de cette famille particulière que d’autres modes de rémunération attendent (rémunération en capital en particulier), la majorité des familles affichent des salaires médians au dessus de la moyenne. Les médecins et assimilés (2777 euros) et les cadres du transport (2773 euros) sont les mieux dotés cependant que les cadres de la fonction publique se situent légèrement au dessus de la moyenne (2492). Seuls les cadres du BTP, les professionnels des arts, les formateurs recruteurs, les professionnels de la communication et les informaticiens ont des salaires médians en dessous de la moyenne des 15 familles cadre.

Les salaires médians des familles varient-ils en fonction du taux de diplômes « bac plus 3 » de ces mêmes familles ? La réponse doit être prudente. Chez certaines familles, les médecins et assimilés, les personnels d’études et de recherche, la relation peut être tentée. Fortement diplômés, ils disposent des meilleurs salaires médians. A l’opposé, lorsque les familles disposent d’un faible taux de diplômés BAC plus 3, la répercussion sur le salaire médian peut être envisagé. C’est le cas notamment des professionnels des arts et des cadres du BTP qui ont les taux le plus bas de diplômés BAC plus 3 et les salaires médians le plus bas parmi toutes les familles cadre. Pour les autres familles, l’explication du niveau de salaire médian doit trouver son explication ailleurs.

Concernant le lien entre diplômes et salaires, nous pouvons rappeler ici l’étude relative aux salaires des ingénieurs diplômés qui suggère d’approfondir dans le détail l’entreprise de recherche des facteurs explicatifs. Selon les auteurs, l’expérience professionnelle ainsi que la réputation de l’école fréquentée expliquent l’essentiel des disparités de salaire. Les écoles les plus prestigieuses permettent un accès plus rapide à des positions hiérarchiques élevées, et des salaires plus substantiels. La formation est assimilable à un investissement qui a des répercutions persistantes durant toute la carrière. Ainsi, sortir de polytechnique, de l’école des mine de Paris ou de Centrale de Paris engendre en moyenne une différence positive de salaire, respectivement de l’ordre de 43%, 42.5%, 35.3% par rapport à des écoles telles que ENSAIT de Roubaix216. Si le niveau de diplôme classe et entraîne le niveau de salaire, le label de l’école qui le fournit multiplie plus encore son effet.

Cette différenciation de niveau de formation, projetée sur le niveau de rémunération, se prolonge aussi évidemment avec les positions hiérarchiques et l’entreprise dans laquelle on assume une délégation, selon que l’on est cadre sans responsabilité hiérarchique,

chef de projet, responsable d’unité, chef de service, directeur de département ou, plus encore, cadre de direction générale ou PDG, selon que l’on travaille dans une petite, une moyenne ou une grande entreprise.

Enfin, les différenciations sexuelles des rémunérations qui marquent l’ensemble des CSP, sont plus criantes chez les cadres que dans les autres catégories. Selon l’Insee (source : Insee, DADS 2002 (fichier au 1/12ème), dans les secteurs privés et semi- public, le rapport entre les salaires Homme/femmes est de 83% chez les ouvriers, 93% chez les employés, 87% dans les professions intermédiaires et de 77% chez les cadres. Plus précisément, et ainsi que le montre le tableau ci-dessous, en 2001, alors que dans l’ensemble, la différence de salaire entre les hommes et les femmes est de 28,4%, les disparités sont plus élevées dans le commerce et la construction que dans l’industrie, les services étant dans la moyenne. Par ailleurs mais c’est essentiel, les différences s’accentuent avec l’âge. C’est ici un des effets de l’évolution différenciée de la carrière, que confirme par ailleurs la discrimination aux responsabilités élevées.

Tableau 17

Répartition et salaire net fiscal annuel moyen par sexe des cadres en 2001 Salaire net annuel

(milliers d’euros)

Proportion de

femmes (en %) Femmes Hommes

Différence de salaires H/F (en %) Selon le secteur d’activité

Industrie 21,5 35,4 44,2 24,9 Construction 10,7 28,3 38,1 34,6 Commerce 27,1 32,0 42,9 34,1 Services 30,3 35,1 45,1 28,5 Selon l’effectif déclaré dans l’entreprise (au 31/12/1999)

moins de 10 salariés 29,8 30,3 39,2 29,4 10 à 199 salariés 26,4 33,7 43,0 27,6 200 et plus salariés 26,6 36,4 46,6 28,0 Selon l’age moins de 30 ans 34,7 26,3 28,7 9,1 30 à 49 ans 27,0 35,5 44,1 24,2 50 ans et plus 22,0 38,4 51,8 34,9

Selon les régions

Ile-de-France 30,8 37,5 49,6 32,3 Province 23,3 30,0 39,0 30,0

Ensemble 27,0 34,2 43,9 28,4

Lecture : en 2001, 21,5 % des cadres travaillant dans l’industrie sont des femmes. . Leur salaire net fiscal est en moyenne de 35,4 milliers d’euros par an. Celui de leurs homologues masculins est supérieur de 24,9 %. Champ : les cadres travaillant à temps complet. Source : Insee, DADS 1998 à 2001.