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majeur pour les Etats

3.2.1. Revue de littérature sur le découplage

Depuis les années 1990, un certain nombre d’auteurs se sont penchés sur les liens entre les émissions de dioxyde de carbone et le niveau d’activités économiques et ceux entre les émissions dioxyde de soufre et le niveau d’activités économiques. Ces travaux sont

36 Plus précisément cf. figure 1. Sectorial trend in global, China, and Indian SO

2 emissions since 1990, Tg (1012) SO.

jusque-là très largement concentrés sur l’analyse de la courbe de Kuznets environnementale. Lorsqu’on regarde ces travaux, nous constatons que le découplage (existence d’une courbe en U inversé) n’est pas toujours évident pour ces deux polluants de l’air, surtout dans le cas du dioxyde de carbone. Quant aux travaux sur le découplage au niveau des pays à partir des autres méthodes (supra), leur nombre paraît encore assez limité.

3.2.1.1. Travaux sur la courbe de Kuznets environnementale : des résultats assez contrastés sur les preuves d’un découplage

D’après certains économistes (notamment Arrow et al., 1995 ; Cole et al., 1997), le découplage serait encore moins dans le cas du dioxyde de carbone que dans celui du dioxyde de soufre. Cependant, dans les travaux sur la courbe de Kuznets environnementale, la validité de cette hypothèse paraît fragile. En effet, dans la littérature, il arrive de tomber sur des travaux dont les résultats vont dans le sens opposé de cette hypothèse, à savoir une absence du découplage dans le cas du dioxyde de soufre et l’existence des preuves de découplage dans le cas du dioxyde de carbone.

En 1995, dans leur étude sur les liens entre croissance économique et émissions de dioxyde de carbone à partir des données de panel sur 130 pays entre 1951 et 1986, Selden et Holtz-Eakin trouvent une relation en forme de U inversé (découplage). En testant aussi l’hypothèse de l’existence d’une courbe de Kuznets environnementale dans le cas du dioxyde de soufre sur plusieurs pays (dont tous les pays de l’OCDE) en 2001 entre 1960 et 1990, Stern et Common trouvent une fonction linéaire croissante pour l’ensemble des pays et une relation en forme de U inversé (découplage) pour les pays de l’OCDE.

En 2005, dans leur étude sur l’existence d’une courbe de Kuznets environnementale, Bertinelli et Strobl tombent sur des modèles linéaires croissants à la fois pour le dioxyde de soufre et pour le dioxyde de carbone à partir des données de panel sur 108 pays entre 1950 et 1990. Quant à Dijkgraaf et al., en étudiant la relation entre les émissions de dioxyde de carbone et le niveau de revenu sur les pays de l’OCDE en 2005 à partir des données de panel, ils aboutissent à une courbe de Kuznets environnementale (découplage) pour plusieurs pays.

Galeotti et al., en 2006, en testant l’hypothèse de l’existence d’une courbe de Kuznets environnementale sur plusieurs pays (OCDE et non-OCDE) dans le cas du dioxyde de carbone, valident l’hypothèse d’une relation en forme de U inversé seulement pour le groupe des pays de l’OCDE (découplage). De leur coté Azomahou et al., en 2006, trouvent une relation monotone entre le dioxyde de carbone et le niveau de revenu à partir des données de panel sur 100 pays entre 1960 et 1996.

A partir des séries temporelles sur les Etats-Unis entre 1960 et 2004, Soytas et al., en 2007 ne confirment pas l’existence d’une courbe de Kuznets environnementale dans le cas des émissions du dioxyde de carbone. Par contre, Huang et al., dans leurs travaux en 2008 sur la courbe de Kuznets environnementale dans le contexte du protocole de Kyoto à partir des données de plusieurs pays développés et en transition (23 exactement) entre 1990 et 2003, decèlent une courbe de Kuznets environnementale (découplage) dans le cas du dioxyde de carbone pour sept pays, une relation linéaire décroissante pour deux pays (découplage), une relation linéaire croissante pour trois pays et d’autres formes de relation pour les autres pays. En 2009, Apergis et Payne, en s’intéressant aux liens entre les émissions de dioxyde carbone, l’utilisation de l’énergie et la production pour six pays de l’Amérique Latine entre 1971 et 2004 tombent sur une relation en forme de U inversé (découplage) entre le niveau de revenu et les émissions de dioxyde de carbone. En utilisant les séries temporelles (1968-2003) et des données de panel (1992-2001 pour 58 provinces) sur la Turquie, Akbostanci et al., 2009 trouvent une relation linéaire croissante entre le revenu et le dioxyde de carbone et une courbe en forme de N pour le dioxyde de soufre. Par contre, Fodha et Zaghdoud dans leur étude en 2010 sur les liens, d’une part, entre les émissions de dioxyde de carbone et le niveau de revenu, et d’autre part, entre les émissions du dioxyde de soufre et le niveau de revenu sur la Tunisie entre 1961 et 2004, décèlent une courbe de Kuznets environnementale (découplage) pour le dioxyde de soufre et une relation linéaire croissante pour le dioxyde de carbone. Lean et Smyth en 2010, dans leurs travaux sur les liens de causalité entre le dioxyde carbone, la consommation d’électricité et la croissance économique sur cinq pays asiatiques entre 1980 et 2006, trouvent une relation en forme de U inversé (découplage). Quant à Brajer et al., en testant l’hypothèse de la courbe de Kuznets environnementale sur la Chine en 2011 entre

1990 et 2004 dans le cas de plusieurs polluants de l’air, trouvent une relation en forme de N dans le cas du dioxyde de carbone.

Fosten et al., en 2012 à partir des longues séries temporelles sur le Royaume-Uni entre 1830 à 2002 pour le dioxyde de carbone et entre 1830 et 2003 pour le dioxyde de soufre, confirment l’existence d’une courbe de Kuznets sur l’ensemble de la période pour les deux polluants. En s’intéressant à la relation entre les émissions de dioxyde de carbone et le niveau de revenu entre 1980 et 2009 pour la Malaisie, Saboori et al., en 2012 décèlent aussi une courbe de Kuznets environnementale (découplage).

Ainsi, à travers cette revue de littérature, nous remarquons que l’hypothèse d’un découplage plus probable dans le cas du dioxyde de soufre par rapport à celui du dioxyde de carbone n’est pas toujours facile à mettre en évidence avec la courbe de Kuznets environnementale. Par ailleurs, ces travaux sur la courbe de Kuznets environnementale manquent de précisons sur le niveau de découplage cette courbe ne permettant pas ni d’avoir une mesure du découplage, ni d’avoir des informations sur certains seuils de découplage (comme le découplage relatif). En revanche d’autres méthodes de découplage (telles que celles de l’OCDE ou du PNUE) permettent de faire cette distinction entre les différents seuils de découplage (absence de découplage, découplage relatif et découplage absolu).

3.2.1.2. Travaux avec les autres méthodes de mesure du découplage : une littérature en constance progression mais relativement limitée

Actuellement, il existe un nombre limité de travaux sur le découplage avec d’autres méthodes de mesure du découplage. Cependant, c’est une littérature qui est en constante croissance depuis les années 2000.

En 2000, Zhongxiang à partir de l’équation de Kaya étudie le découplage des émissions de dioxyde de carbone de la croissance économique pour la Chine entre 1980 et 1997, les résultats montrent qu’il y a eu une tendance à la baisse de l’intensité des émissions de dioxyde de carbone pendant cette période (découplage relatif).

Charlita de Freitas et Kaneko en 2011 s’intéressant aux liens entre le dioxyde de carbone et la croissance économique sur les périodes 1980-1994 et 2004-2009 à partir de la méthode utilisée par l’OCDE, aboutissent à un découplage relatif entre 1984-1994 et un découplage absolu entre 2004-2009 pour le Brésil.

Yadong et al., en 2013 étudient à partir de la méthode utilisée par l’OCDE le découplage des pressions environnementales de la croissance économique entre 1978 et 2010 pour la Chine, ils décèlent un découplage absolu dans le cas du dioxyde de carbone et dans celui du dioxyde de soufre. Dans la même étude, ils étudient le découplage entre 1980 et 2008 pour certains pays développés et émergents dans le cas du dioxyde de carbone. Ils trouvent un découplage relatif pour l’Inde, le Canada, l’Italie, le Brésil, le Japon, la Chine et les Etats-Unis ; un découplage absolu pour le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

Au regard de ces deux revues de littérature, la relation entre la croissance économique et chacun de ces deux polluants de l’air (SO2 et CO2) ne nous parait pas simple compte tenu de

la divergence assez significative des résultats au niveau des travaux. Cependant, nous pouvons principalement faire deux remarques. D’abord, il semble y avoir plus de preuves de découplage dans le cas des pays développés (précisément ceux de l’OCDE) que dans celui des autres catégories de pays. La deuxième remarque, est la maigreur de preuves empiriques sur l’hypothèse d’une plus grande probabilité de découplage dans le cas du dioxyde de soufre par rapport au dioxyde de carbone. Cette insuffisance de preuves empiriques révèlent, dans une certaine mesure, les limites des différentes méthodes utilisées jusque maintenant dans l’analyse du découplage.

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