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L’économie verte : nouvelle stratégie de développement durable

Apparu pour la première fois dans le rapport « Stratégie mondiale de la conservation » de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) en 1980, le

2.3.3. L’économie verte : nouvelle stratégie de développement durable

en 1992, a permis d’évaluer les progrès réalisés par les Etats dans le développement durable depuis deux décennies et de fixer de nouvelles priorités. Ces priorités portent principalement sur la mise en place d’une nouvelle gouvernance mondiale de l’environnement (notamment en donnant plus de poids au programme des Nations-Unies pour l’environnement) et la promotion du concept d’ « économie verte ». Mais tout comme le terme « développement durable », le terme « économie verte » revêt un caractère polysémique (Flam et al, 2010, p. 11 ; Pierre et al, 2012, p. 90). L’une des définitions les plus admises a été donnée par le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE): « une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant sensiblement les risques environnementaux et les pénuries écologiques », (UNEP, 2011, p. 16).

2.3.3. L’économie verte : nouvelle stratégie de développement

durable

Propulsé sur le devant de la scène suite à la crise économique de 2008, le concept d’économie verte s’est progressivement imposé au niveau mondial parmi les stratégies de développement durable. Il est d’abord adopté par des Etats nations frappés par la crise, qui l’ont envisagé comme une échappatoire à la double crise (économique et environnementale). Ensuite à partir de 2009, c’est au tour des organismes internationaux (G20, OCDE, Union Européenne, Banque mondiale, PNUE…) d’intégrer ce modèle dans leurs stratégies de développement.

En 2008, l’économie mondiale est confrontée à une grave crise financière puis économique. Pour sortir de cette crise, plusieurs Etats vont mettre en place les plans de relance de l’économie. La plupart de ces plans vont comporter une composante environnementale. En effet, pour les experts, la crise de 2008 ne se limite pas seulement à une dimension

économique, mais elle s’étend aussi à une dimension environnementale. Il s’agit d’une crise ayant révélé l’incapacité des acteurs à anticiper certaines catastrophes susceptibles de menacer l’économie mondiale. Cette incapacité à prévoir de telles menaces a amené certains observateurs (notamment les économistes) à douter de la capacité des décideurs politiques à anticiper la crise écologique menaçant déjà la planète depuis un certain temps. Ainsi, pour ne pas se faire surprendre aussi par la crise écologique qu’accentuerait l’inaction des acteurs, certains économistes comme Stern et Edenhoffer vont imaginer des plans de relance à double objectif (Flam, 2010, p. 86). Autrement dit, ces plans de relance doivent être une occasion pour les pays de redynamiser non seulement leurs économies, mais aussi d’anticiper les conséquences écologiques d’une économie fortement intensive en pollution. Pour cela, ils recommandent à ces pays de mettre en place des politiques budgétaires volontaristes tournées vers les secteurs de l’économie verte (Flam, 2010, p. 86).

Suivant les recommandations de ces économistes, plusieurs pays vont s’engager à mettre en place des plans de relance verte. L’objectif à court terme de ces plans de relance est de sortir de la crise. Mais à long terme, ils doivent aussi permettre la transition vers une économie verte. Ces plans de relance ont été communément appelés « Green New Deal » en référence au plan de relance « New Deal » mis en place par Roosevelt aux Etats-Unis après la Grande Dépression de 1930.

Adoptés dans plus d’une vingtaine de pays en 2009, ces plans de relance comportent un volet environnemental significatif. Le montant cumulé de ces plans de relance s’élevait en 2009 à 2800 milliards de dollars (Commissariat général du développement durable, 2009, p. 3). S’étalant généralement sur deux ou trois ans, ces plans de relance varient (la composition, l’ampleur, le type de politique…) assez souvent d’un pays à un autre. Ainsi, parmi cette vingtaine de pays qui se sont lancés dans cette transition vers une économie verte, 85% (selon le rapport pour le cercle de l’industrie, 2010, p. 31) du montant cumulé ont été engagés par quatre pays (Chine, Corée du Sud, Etats-Unis et France). La Chine et les Etats-Unis sont ceux qui ont le plus alloués de ressources aux investissements verts (tableau 1 et figure 3) avec respectivement 171 milliards d’euros et 86,6 milliards d’euros soient environ 38% et 12% du montant total de leurs plans de relance respectifs. Tandis que la Corée du Sud est le pays qui a consacré une plus grande part du montant total de son plan de relance aux investissements verts (tableau 1 et figure 3), soit près de 81%, ce qui équivaut à 24 milliards d’euros. Au

niveau de l’Europe, la France est le pays qui a consacré plus de budget dans les investissements verts (tableau 1 et figure 3), environ 21% soit l’équivalent de 5,5 milliards d’euros.

Tableau 1. Part du budget « Green deal » dans le budget total des différents plans de relance

Pays

Budget total du plan

de relance Budget Green deal

Part budget Green deal (%) Etats-Unis 751,4 86,6 11,5% Chine 453,1 171,1 37,8% Japon 375,6 9,6 2,6% Allemagne 81 10,7 13,2% Italie 80 1 1,3% Union Européenne 30 17,6 58,71% Corée du Sud 29,5 23,7 80,5% France 26,1 5,5 21,2% Canada 24,6 2 8,3% Royaume-Uni 23,5 1,6 6,9% Espagne 11 0,6 5,8%

Source données: Wuppertal institute for climate, Environment and Energy, A Green New Deal for Europe:

Towards Green Modernization in the face of crisis (Brussels, the Green European Foundation-aisbl GEI, 2009).

Figure 3. Part du budget « Green deal » dans les différents plans de relance (en milliards d’euros)

Source graphique: auteur; données: Wuppertal institute for climate, Environment and Energy, A Green New

Deal for Europe: Towards Green Modernization in the face of crisis (Brussels, the Green European Foundation- aisbl GEI, 2009).

Ces plans de relance avaient pour objectif de mettre les pays sur la voie de la transition vers une économie verte, autrement dit, une économie qui concilie croissance économique et préservation de l’environnement. C’est dans le même élan que les institutions internationales, principalement le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), vont intégrer l’économie verte dans leurs stratégies de développement.

Ainsi, à l’occasion de la conférence mondiale de Rio+20 en juin 2012, l’accent sera mis sur la nécessité de promouvoir une économie verte, mais aussi d’éradiquer la pauvreté dans le monde. A partir de là, l’objectif d’une économie verte ne sera plus limité à une poignée de pays dans le monde comme ce fut le cas jusque maintenant, mais il sera étendu à l’ensemble des pays du monde. A l’issue de ce sommet, l’économie verte sera désormais considérée comme une stratégie de développement durable.

Aujourd’hui, l’une des raisons du succès des concepts d’écodéveloppement, de développement durable et d’économie verte au niveau international est de paraître dans une certaine mesure comme un dépassement à l’éternel « dilemme de la croissance », autrement dit la volonté des Etats et organismes internationaux de rendre conciliable croissance économique et préservation de l’environnement.

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