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Les fondements théoriques d’une croissance économique favorable à l’environnement

Section 2. Croissance économique compatible avec la préservation de l’environnement

2.2. La courbe de Kuznets environnementale (CKE) 1 L’itinéraire de la courbe de Kuznets environnementale

2.2.3. Les fondements théoriques d’une croissance économique favorable à l’environnement

Un certain nombre d’arguments sont utilisés par les économistes pour défendre l’existence d’un lien positif entre la croissance économique et l’environnement. Nous pouvons regrouper ces arguments autour de trois facteurs. D’abord, il est soutenu dans la littérature que lorsque le niveau de vie atteint un certain seuil, les citoyens sont de plus en plus disposés à allouer une partie de leur revenu pour une meilleure qualité de l’environnement. Ensuite, avec la croissance économique, on observe une évolution de la structure de production au profit des secteurs moins intensifs en pollution. Enfin, le développement

économique peut favoriser aussi une élévation du niveau technologique dans un pays (y compris les technologies vertes).

2.2.3.1. L’environnement comme un bien de luxe avec l’augmentation du niveau de vie

Pour les défenseurs de la croissance, l’augmentation du niveau de vie peut favoriser une amélioration de la qualité de l’environnement. En effet, les individus sont généralement disposés à consacrer plus de ressources pour faire face aux problèmes environnementaux au fur et à mesure que leur revenu augmente. Pendant les premiers stades du processus de développement, les individus cherchent d’abord à satisfaire les besoins primaires (logement, nourriture, équipement, etc.). Ensuite, une fois ces besoins satisfaits, ils orientent leur demande pour les biens supérieurs ou biens de luxe (« effet Veblen »). Ils seront plus sensibles à l’aspect confort des biens dans la satisfaction de leurs besoins. Ce raisonnement est valable aussi dans le cas de la qualité de l’environnement. Les individus vont non seulement orienter leur demande pour la consommation des biens répondant de plus en plus aux normes écologiques, mais aussi sont ils prêts à allouer une proportion plus importante de leur revenu pour l’amélioration de la qualité de l’environnement (Dinda, 2003, p. 435). Cette sensibilité aux problèmes environnementaux se traduit par un soutien des initiatives en faveur de la préservation de l’environnement, notamment: le financement des organisations non gouvernementales qui militent pour la préservation de l’environnement. Ils vont pousser aussi les décideurs politiques à investir de plus en plus dans les projets écologiques, notamment : l’augmentation des espaces verts, le développement des transports en commun, le développement des énergies renouvelables… Enfin, la revendication d’une meilleure qualité de vie par les citoyens peut pousser les décideurs politiques à être plus strictes quant à l’application des mesures de lutte contre la pollution (comme les interdictions ou les systèmes de taxe).

En définitive, l’évolution de la composition de la demande peut entraîner une évolution de la structure de la production de l’économie, car une fois les besoins primaires satisfaits, la structure de production va évoluer au profit des secteurs plus sobres en termes d’impact environnemental.

2.2.3.2. L’effet de composition

Avec la croissance économique, la composition de la production évolue dans un pays. On observe au niveau de l’économie une diminution de la proportion des secteurs intensifs en pollution au profit des secteurs qui ont moins d’impact négatif sur l’environnement. En effet, l’industrialisation de l’économie et l’urbanisation des villes au début du processus de développement accroissent le niveau de la pollution. Mais au-delà d’un certain niveau de développement, on peut constater une évolution de la structure de production dans l’économie. Cette restructuration se traduit par une diminution de la part des industries intensives en pollution au profit des secteurs de plus en plus immatériels et considérés moins intensifs en pollution (les services, par exemple). Dans certains cas (particulièrement pour les pays développés), cette évolution de la structure de l’économie peut s’expliquer par une délocalisation de certaines industries lourdes dans les pays en développement (Van Alstine et Neumayer, 2010, p. 3). On peut en effet, estimer qu’en raison de la sévérité des réglementations environnementales dans les pays développés, les industries intensives en pollution ont tendance à migrer vers les pays en développement où les réglementations environnementales sont estimées beaucoup moins strictes. Ce phénomène est généralement connu dans la littérature sous le nom de l’hypothèse du « havre de pollution ».

Cette recomposition de la structure de production s’accompagne aussi d’une évolution des techniques de production dans la mesure où ces nouvelles techniques de production sont considérées comme étant plus sobres en termes d’impact environnemental et plus efficaces en termes d’utilisation d’énergie.

2.2.3.3. L’effet technologique

Lorsque le niveau de richesse atteint un certain seuil, on peut observer une amélioration des techniques de production. Ces innovations technologiques sont de nature à favoriser une amélioration de la qualité de l’environnement. En effet, à partir d’un certain niveau de revenu, un pays va allouer une part importante de son budget à la recherche et développement (R&D) des techniques de production économes en énergie et la fabrication

des biens plus écologiques. Ce progrès se réalise non seulement au niveau de l’efficacité énergétique, mais aussi en termes d’impact environnemental. Cette amélioration de l’efficacité technologique se réalise avec la substitution des anciennes technologies par les nouvelles qui sont considérées comme beaucoup moins polluantes. Ce changement technologique se traduit à la fois par une baisse de la consommation d’énergie et par une baisse du niveau de pollution. Cependant, il convient de préciser que ces différentes baisses (consommation d’énergie et niveau de pollution) ne sont possibles que si ces gains d’efficacité énergétique ne se traduisent pas par une augmentation de la consommation de l’énergie (« effet rebond »). Ces innovations technologiques peuvent permettre aussi la fabrication des biens consommant peu d’énergie et moins polluants (la fabrication des véhicules électriques, des bâtiments écologiques, etc., par exemple), ce qui diminue davantage les pressions sur l’environnement.

Aujourd’hui, compte tenu des possibilités de réduction d’impact environnemental qu’il est susceptible de réaliser, le progrès technique reste l’un des éléments sur lesquels s’appuient les défenseurs de la croissance pour montrer que la croissance économique, loin d’être un facteur de nuisance à l’environnement, serait au contraire un facteur favorable à l’environnement. Cependant, s’il y a des raisons de compter sur les solutions technologiques pour la résolution des problèmes environnementaux, il est souvent difficile d’estimer le moment à partir duquel ces technologies envisagées seront disponibles pour l’exploitation et de prédire l’ampleur de leur contribution dans la réduction de l’impact environnemental. Ces différentes incertitudes amènent certaines personnes à ne pas trop compter sur les solutions curatives des problèmes environnementaux, donc de prévoir d’autres possibilités permettant de prévenir ces problèmes. Parmi ces solutions invoquées, il y a celle qui consiste à rechercher un type de développement conciliant croissance économique et préservation de l’environnement.

2.3. L’émergence du concept de « développement durable »

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