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REMARQUES LIMINAIRES SUR LE SYNTAGME D' « ENSEIGNEMENT APPRENTISSAGE », L'OBJET « CULTURE-CIVILISATION ET LE CONCEPT

ASSISES THÉORIQUE, CONCEPTUELLE ET MÉTHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

POLITIQUE LINGUISTIQUE ET POLITIQUE LINGUISTIQUE ÉDUCATIVE, UN NÉCESSAIRE REPOSITIONNEMENT CONCEPTUEL ET TERMINOLOGIQUE

2) Considérations épistémologique et historique de Culture Civilisation

3.1 REMARQUES LIMINAIRES SUR LE SYNTAGME D' « ENSEIGNEMENT APPRENTISSAGE », L'OBJET « CULTURE-CIVILISATION ET LE CONCEPT

DE « COMPÉTENCES »

Étant donné que les concepts d' « enseignement », d' « apprentissage » ou d' « enseignement / apprentissage » seront utilisés en abondance au cours de notre réflexion (et notamment dans cette partie), nous souhaiterions leur donner un cadre théorique puisqu'ils sont des concepts-clefs en didactique des langues-cultures.

3.1.1 L'ENSEIGNEMENT-APPRENTISSAGE : UNE OUVERTURE SUR L'ALTÉRITÉ ?

Le concept d' « apprentissage » a longtemps été associé dans le système éducatif français à la capacité d'un apprenant à mémoriser ce qui lui était enseigné. En d'autres termes, l'enseignement était le vecteur de transmission de connaissances que l'apprenant79 devait retenir « par cœur » selon

la formule bien connue des apprenants français. D'ailleurs, l'incontournable Galisson nous éclaire à ce propos par ces mots : « l’obligation dans laquelle l’un (l’élève) se trouvait de restituer fidèlement la parole de l’autre effaçait toute trace de travail mental à l’œuvre et portait à croire qu’il suffisait que le maître enseigne pour que l’élève apprenne. »80 (p. 41, 1989). Quelle place aurait donc

79 Le mot « apprenant » est défini comme un : « individu en situation d’apprentissage […] « apprenant » insiste sur l’acte d’apprendre, dont il place l’initiative du côté de celui qui apprend : l’apprenant est quelqu’un qui apprend et non qu’on « élève ». ». Galisson, G., Coste, D. (Dir.), (1976), Le dictionnaire de didactique des langues, Paris. Hachette.

80 Galisson, R. (1989), Enseignement et apprentissage des langues et des cultures, “évolution" ou "révolution" pour

l'apprentissage vis-à-vis de l'enseignement si les apprenants n'avaient nul besoin de retenir des connaissances qui seraient transcrites ensuite lors des évaluations ? Cette question, longtemps débattue, a depuis trouvé des éléments de réponses par le biais de la recherche sur les fonctions affectives et cognitives des apprentissages des apprenants. Celles-ci ont mis en lumière que l'apprentissage était un processus indépendant de celui de l'enseignement dans le domaine de la didactique des langues-cultures. Selon Windmüller81, ce changement de paradigme vit le jour dans

les années 1970 et c'est à cette époque que le terme « enseigné » disparaît au profit de celui d' « apprenant » (relié directement à l'apprentissage et notamment d'une langue étrangère).

Suite à ce changement, le concept de « stratégie d'apprentissage » apparut en didactique des langues-cultures pour définir un : « ensemble d’opérations mises en œuvre par les apprenants pour acquérir, intégrer et réutiliser la langue cible. »82 (p. 5, 1998). Ce concept est en fait le fruit des

recherches dans les domaines de l'éducation et de la psychologie par des auteurs tels que Chamot et O'Malley (1985)83. Ces derniers ont classé les stratégies d'apprentissage en trois catégories :

métacognitives, cognitives, socio-affectives afin de favoriser l'autonomie de l'apprenant. Même si l'intégration de ces sciences à la didactique est relativement récente, elles ne sont pas pour autant constamment utilisées dans l'élaboration des méthodologies d'enseignement d'une langue étrangère. (Windmüller, p. 19, 2015).

Mais quels liens entretiennent donc l'enseignement et l'apprentissage pour l'apprenant ? Des éléments de réponses sont à trouver chez Richterich84 : « enseigner est une action qui se termine

lorsque l’information est transmise. Apprendre est une action qui se poursuit après la transmission, de diverses façons, et sans qu’on puisse en déterminer avec précision l’achèvement. Les informations, une fois communiquées, cessent d’exister pour l’enseignant alors qu’elles continuent d’être traitées par l’apprenant. » (p. 36, 1985).

Nous trouvons des éléments de réponses complémentaires chez Porcher85 : « l’enseignement n’est

81 Windmüller, F. (2015), « Apprendre une langue, c'est apprendre une culture. » Leurre ou réalité ?, Université Georg-Simon-Ohm, Nuremberg, Giessener Elektronische Bibliothek.

82 Cyr, P., (1998), Les stratégies d’apprentissage. Paris : Clé international.

83 O’ Malley, J. M.; Chamot, A. U.; Stewner-Manzanares, G; Küpper, L. & Russo, R., (1985), Learning strategies

used by beginning and intermediate ESL students. Dans: Language Learning Vol. 35. Issue 1, 21-46.

84 Richterich, R. (1985), Besoins langagiers et objectifs d’apprentissage. Paris : Hachette. (1985)

rien d’autre qu’une aide à l’apprentissage, et il faut le répéter avec force, il n’a aucune autre fonction […] La didactique et toutes ses instances portent une lourde responsabilité […] en ayant constamment posé que l’enseignement était plus important que l’apprentissage. » (p. 5, 1990). Ensuite, nous pouvons également citer la définition de Puren et Galisson86 : « un processus à la

charge de l’enseignant, et visant, selon le degré de motivation et d’autonomie de l’apprenant à accompagner, aider, conseiller, guider ou conduire le processus d’apprentissage de celui-ci .» (p. 119, 1999).

Enfin, nous conclurons ces explicitations de l'enseignement/apprentissage en les remettant en lien avec notre problématique, c'est-à-dire celle de l'interculturel dans la didactique des langues-cultures. En effet la problématique de l'altérité est inhérente à tout apprentissage à travers la question de l'étranger, de la langue étrangère. Serres nous explique que l'altérité est consubstantielle à l'éducation et que tout apprentissage est un voyage et un métissage. Ce constat renvoie directement à la place de l'interculturel dans l'enseignement-apprentissage en didactique des langues-cultures car la classe est un : « ensemble d'individus distincts, donc un groupe hétérogène est inéluctablement de composition pluriculturelle (même dans le cas où elle n'est peuplée que d'apprenants « franco- français ») devient par conséquent un lien des inter-cultures. »87 (Abdallah-Pretceille, Porcher, p. 25,

1996). Ces derniers ajoutent que : « le maître n'a plus seulement à apporter du savoir, il lui incombe, en plus, de gérer les informations détenues par chaque apprenant et que celui-ci a puisées ici ou la, de les mettre en commun sans les dépersonnaliser, d'en faire une matière d'échange à bénéfice réciproque. » (ibid., p.26).

Conformément aux définitions que nous venons de fournir, nous nous sommes aperçus que les concepts d' « enseignement » et d' « apprentissage » sont intrinsèquement liés et interdépendants. C'est pourquoi, nous ne les envisagerons pas séparément pour la suite de notre étude et adopterons le syntagme enseignement-apprentissage. Nous notons par ailleurs que la didactique des langues- cultures a changé de paradigme en partant d'une centration88 sur l'enseignant (qui plaçait le maître

au cœur du dispositif éducatif) pour tendre vers une centration sur l'apprenant. Nous rappellerons ici

86 Galisson, R., Puren, P. (1999), La formation en questions. Paris : Clé international.

87 Abdallah-Pretceille, M., Porcher, L. (1996), Éducation et communication interculturelle, Presses Universitaires de France, Paris.

88 Nous nous référons ici à la définition de centration Serge Borg : « il s'agit de désigner une dominante dans l'acte éducatif, de localiser la polarisation pédagogique et de cibler où ladite « force » prend sa source et par où chemine le message au sein de l'enseignement que l'on dispense. » (2001, p. 10)

que la loi d'orientation sur l'éducation, dite aussi loi Jospin89, du 10 juillet 1989 (modifiée par la loi

d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école en 2005) avait mis l'élève au « centre du dispositif », ce qui était une première historique puisque le rôle de l'enseignant n'était plus d'expliquer mais de « faire comprendre », ce qui faisait de chaque apprenant un sujet co-responsable de son apprentissage.

Conformément à notre recherche, nous (re)contextualiserons l'enseignement-apprentissage à travers l'objet culture-civilisation, puis le mettrons en lien avec le concept de « compétence ». C'est en effet de cet enseignement-apprentissage de l'objet culture-civilisation en didactique des langues-cultures que découleront des compétences linguistique, culturelle et interculturelle sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement.

3.1.2 L'ENSEIGNEMENT-APPRENTISSAGE DE L'OBJET CULTURE- CIVILISATION EN DIDACTIQUE DES LANGUES-CULTURES UNE

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