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ASSISES THÉORIQUE, CONCEPTUELLE ET MÉTHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

CONCLUSION INTERMÉDIAIRE DU CHAPITRE

5. Le dialogue et l'échange s'obtiennent et se réalisent non seulement par des programmes académiques emblématiques, mais aussi par des actions concrètes orientées sur la vie

1.4 LE « TRANSCULTUREL » ET « TRANSCULTURALISME »

Le mot « transculturel » désigne un phénomène social qui concerne les contacts entre plusieurs cultures qui ont des identités plurielles. Le transculturalisme en est son adaptation théorique. Le préfixe trans de « transculturel » peut signifier à la fois « à travers » (« transocéanique », qui traverse l'océan) et également « par delà » (« transmanche », par delà la frontière franco-anglaise). Selon Forestal171, le préfixe trans évoque : « le passage, l’échange, considéré soit positivement soit

négativement ou alternativement l’un et l’autre. Ainsi la transfusion sanguine au XVIIe siècle suggère un échange possible de qualités entre les vivants. » (p. 69, 2009). Dans le champ culturel, la notion de « transculturel » signifie la traversée d'une culture à l'autre aussi bien dans l'espace que dans le temps. Par exemple, nous sommes tous affiliés à différentes sub-cultures (cf: chapitre 1) que nous pouvons traverser en allant de l'une à l'autre.

Dans le domaine de la médecine, nous parlons de « psychiatrie transculturelle » comme « manière de soigner les migrants en tenant compte de leur subjectivité et des appartenances qu'ils choisissent. »172 (Moro, p. 16, 2010). Dans le domaine religieux et politique, de nombreux français

se réclament d'un « transculturel républicain, laïque. » (Demorgon, p. 14, 2013) alors que catholique signifie en grec « universel, général » (katholikós) et que « aucune religion n'a vraiment pu devenir universelle et aucune politique laïque non plus. » (ibid., p. 14). Nous pouvons également évoquer l'exemple de la politique coloniale français en Algérie qui divisait les populations en cultivant une segmentation ségrégative entre les identités. C'était bien l’État « républicain » qui avait mis en place une politique d'assimilation pour servir une idéologie coloniale en instaurant des statuts inégaux entre arabophones et berbérophones.

Dans le domaine de la didactique des langues-cultures, Forestal reconnaît « la multiplicité interculturelle des possibilités de relations, d’échanges, de compréhension entre cultures-langues différentes. C’est alors la possibilité d’être à l’aise dans la mondialisation (devenir multilingue, cosmopolite, homme planétaire). Toutefois les phénomènes d’acculturation (adaptation d’un individu au milieu socioculturel dans lequel il vit) peuvent entraîner des traumatismes 171 Forestal, C. (2009), La démarche transculturelle en didactique des langues-cultures : une démarche discutable...

et/ou qui mérite d'être discutée, Synergies Pays riverains de la Baltique,n° 3, p. 69-75.

d’acculturation des immigrés, tantôt considérés comme « bien acculturés », tantôt comme « mal acculturés » selon leur degré de maîtrise de la langue française. » (ibid., p. 69). Dans cette citation, la notion de « transculturel » induit à la fois l'adaptation interculturelle des hommes et des cultures au regard des échanges. Cependant, ce « transculturalisme » peut conduire à un phénomène d'acculturation qui selon Demorgon se définit comme suit : « le système culturel d’une personne, d’un groupe, d’une société est, par contrainte ou séduction, réorienté vers les mœurs et les valeurs d’un système culturel dominant. Les acteurs du système dominé peuvent aussi en principe toujours s’opposer ou trouver des ruses adaptatives. Encore faut-il qu’ils aient un espoir d’aboutir. C’est rarement le cas pour des minorités immergées. »173. Puren évoque en didactique des langues-

cultures une compétence transculturelle comme une prise de conscience des caractéristiques culturelles communes traversant plusieurs cultures. Il s’agit de découvrir les points communs entre les cultures, notamment les valeurs universelles pour créer une nouvelle culture partagée d'action commune.

1.4.1 QUELLES ARTICULATION ENTRE « TRANSCULTURALISME » ET « INTERCULTURALISME » ?

Selon Verbunt174, la notion de « transculturel » induit une ouverture culturelle qui n’est pas

nécessairement positive si elle se fait sur le mode de la soumission à des normes-valeurs régressives. De plus, l’échange entre les cultures devrait « correspondre à un projet élaboré en commun pour vivre ensemble, mais aussi à un « plus culturel ». Il ne s’agit pas en acceptant certaines normes-valeurs « d’ailleurs » de revenir à des valeurs similaires à celles dont des luttes historiques d’« ici » ont mis des siècles à s’émanciper (cf. celles d’Arnolphe et de Tartuffe). » (Forestal, p. 75, 2009). Si la notion d'interculturel implique une adaptation, celle de « transculturel » va au-delà et implique une transformation.

La notion de « transculturel » trouve également un écho avec celle d' « interculturel » dans le domaines des média et plus précisément d'Internet en ce sens que toute culture peut participer à une société transculturelle des échanges par Internet (notion développée par Welsch). En effet, Internet est un moyen de communication qui contribue à la mise en réseau de différentes cultures et donc de ce fait d'un renforcement de qui est communément appelé de « compétence interculturelle » indépendante des nationalités des protagonistes. Telle est l'articulation que nous avons relevé entre 173 http://www.jacques-demorgon.com/indexTHEMEConcepts.html (Consulté le 17 juin 2016).

ces deux notions.

Bien que les trois concepts de « multiculturel », « interculturel » et « transculturel » apparaissent de prime abord différents et voire même antagonistes au niveau de leurs acceptions, nous les

considérons désormais reliés, dialogiques car nous prenons partie d'abonder dans le sens de

Demorgon : « multiculturel, interculturel et transculturel sont les pôles opposés, complémentaires, d'une régulation ternaire des échanges humains. L'universel ne peut pas être représenté par tel ou tel transculturel. Pas davantage par le multiculturel, si tolérant et réparateur soit-il. Il en va de même de l'interculturel qui, sous prétexte qu'il opère un lien entre multiculturel et transculturel, croit pouvoir, à son tour, prétendre au statut de nouvel universel. Cette triangulation culturelle adaptative ne peut jamais être équilibrée une fois pour toute. Sa validité tient à ce qu'elle ouvre sur la possibilité de compositions multiples répondant mieux aux situations réelles elles-mêmes multiples et changeantes dans les contextes politiques et pédagogiques. » (p. 17, 2015). Dans le cadre de notre étude, nous ne considérons pas la notion d' « interculturel » comme une solution mais comme un fil rouge qui ouvre le champ de diverses notions telles que celles de « multiculturel » et de « transculturel » et qui alimentent notre réflexion à l'égard d'une politique linguistique éducative qui s'inscrit de surcroît dans un cadre de coopération bilatérale franco-brésilienne. C'est la raison pour laquelle, après avoir cerné les notions de « diversité culturelle », de « multiculturel » et « multiculturalisme », et de « transculturel » et « transculturalisme », et des liens qui les relient avec la notion d' « interculturel », nous poursuivrons notre réflexion via les acceptions scientifiques de ce qui deviendra un champ de recherche à part entière comme en témoigne la création de l'Association pour la Recherche Interculturelle (ARIC)175 en 1984, l'interculturel.

1.5 L' « INTERCULTUREL » DANS LA RECHERCHE EN FRANCE : D'UNE

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