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ASSISES THÉORIQUE, CONCEPTUELLE ET MÉTHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

CONCLUSION INTERMÉDIAIRE DU CHAPITRE

2) LA THÉORIE INTERUCLTURELLE DE DEMORGON 3) MATRICES DE L'INTERCULTUREL

1.1 CONTEXTE INTERNATIONAL DE L'APPARTION DE LA NOTION D' « INTERCULTUREL »

1.1.1 CONTEXTE EUROPÉEN DE L'APPARTION DE LA NOTION D' « INTERCULTUREL »

Á l'échelle européenne, la notion d'interculturel apparaît au cours de la même décennie et renvoie à : « la prise en compte du pluralisme par l'école et par l'éducation, au début des années 70, il y a le boom de l'immigration d'enfants et d'adolescents dans le cadre du regroupement familial opéré en Europe à partir de la fin des années 60. Les travaux sur l'éducation interculturelle, développés par le Conseil de la Coopération Culturelle du Conseil de l'Europe (CDCC)140 dès les années 1980,

138 http://www.unesco.org/bpi/fre/unescopresse/2001/01-120f.shtml (Consulté le 15 juin 2016).

139 Varo, G. (2007), Les présupposés de la notion d’interculturel, Réflexions sur l’usage du terme depuis trente ans, Université de Versailles – CNRS, Numéro 3, Synergie Chili, Pluralité linguistique et approches interculturelles – Revue du GERFLINT (Groupe d’Études et de Recherches pour le Français Langue Internationale).

140 Le Conseil de la coopération culturelle (CDCC) est l'organe de gestion et d'impulsion des travaux du Conseil de l'Europe en matière d'éducation et de culture. Quatre comités spécialisés – le Comité de l'éducation, le Comité de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Comité de la culture et le Comité du patrimoine culturel – l'assistent dans ses tâches, qui sont définies par la Convention culturelle européenne. Le CDCC entretient des liens de travail étroits avec les conférences des ministres européens spécialisés dans les questions d'éducation, de culture et de patrimoine culturel.

http://www.coe.int/t/dg4/education/historyteaching/Source/Projects/DocumentsTwentyCentury/TTViennaSeminar Report_fr.pdf (Consulté le 15 juin 2016).

trouvent, en effet, leur origine dans le cadre des classes expérimentales lancées en 1972, relatives à la scolarisation des enfants de travailleurs migrants. »141 (p. 26, 1994).

Ce programme européen était axé sur deux grandes orientations :

- La prise en compte des carences linguistiques et scolaires de l'enfant de parents immigrés (primo-arrivants) : ignorance de la langue d'enseignement et scolarisation parfois défectueuse au pays d'origine ;

- La prise en compte du statut linguistique et de l'appartenance culturelle de l'enfant, toujours porteur de codes linguistiques et marqué par les us et coutumes de son milieu d'origine, par le maintien et le renforcement des liens avec la langue et la culture d'origine. » (ibid., p. 26).

Le CDCC s'engage avec Porcher (1979, 1981) et Rey (1983, 1997) à : « tracer les lignes d'une action d'ensemble, à l'échelle de l'Europe ». (Demorgon, p. 16, 2003). Ces lignes d'action de l'interculturel se développent « dans un contexte européen où les organismes internationaux (le Conseil de l'Europe et la Communauté Economique Européenne142) ont pris conscience des effets de

la croissance démographique (naissances et nouvelles générations) des populations étrangères en Europe sur le caractère pluri-ethnique et pluriculturel de nos sociétés, et surtout sur le rôle de l'institution scolaire dans la construction des nouvelles sociétés. […] Ce constat a poussé la réflexion vers une analyse de la culture « administrée » à travers l'enseignement qu'il fallait analyser pour voir comment elle se rapportait à l'identité de l'enfant ; l'ethnologie des autres nous poussait à développée la nôtre. […] Pour atteindre cet objectif, il fallait donc proposer l'enseignement des cultures d'origines à tous les élèves, y compris les élèves autochtones, et dépasser ainsi l'ethnocentrisme de l'enseignement et des textes scolaires (notamment les textes d'histoire, de géographie et de littérature). […] C'est par rapport à sa capacité à relever ces défis que l'éducation

interculturelle a été sollicitée pour apporter sa contribution au niveau des concepts et des pratiques

éducatives, comme partie intégrante de l'éducation aux droits de l'homme et de l'éducation contre l'intolérance et le racisme. » (Perotti, p. 31/33, 1994).

141Perotti, A. (1994), Plaidoyer pour l'interculturel, Les Éditions du Conseil de l'Europe.

142 La Communauté Économique Européenne (CEE) était une organisation supranationale créée en 1957 par le Traité de Rome qui avait pour objectif de mener une intégration économique (dont le marché commun) entre l'Allemagne de l'Ouest, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas.

http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/union-europeenne/ue-citoyennete/construction - europeenne/quelles-sont-grandes-dates-construction-union-europeenne.html (Consulté le 15 juin 2016).

Nous constatons ici un troisième sens de la notion d' « interculturel » qui s'incarne dans le syntagme d'« éducation interculturelle » et qui devient une éducation, une méthodologie d'enseignement, une manière de considérer la situation migratoire européenne et de trouver des réponses de politique linguistique éducative pour intégrer les primo-arrivants en contexte exolingue. Nous soulignons la connotation positiviste de cette notion censée apporter des réponses éducatives aux problèmes migratoires, nés des contacts entre les cultures ou aux incompréhensions dans une perspective de les relier pour mieux les considérer au service d'un vivre-ensemble. En somme, cette approche d'éducation interculturelle est une tentative de réponse à une conséquence de contacts entre cultures différentes et résulte d'un constat qui ne s'intéresse pas à la cause de cette interculturalité.

Á l'échelle européenne, nous mentionnerons aussi le Traité de l'Élysée (22 janvier 1963), dont nous avons fêté le cinquantième anniversaire en 2013, qui a été signé entre la République fédérale d'Allemagne et son chancelier allemand Konrad Adenauer et la République française et son président français Charles de Gaulle, en vue de fixer les objectifs d'une coopération accrue dans le domaine des relations internationales, de la défense et de l'éducation. C'est à cette occasion qu'est née l'Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ)143, chargé de promouvoir les rencontres entre

les deux jeunesses françaises et allemandes. Cet office a entre autre beaucoup œuvré pour nourrir les réflexions sur la question de la communication interculturelle franco-allemande et a bénéficié non seulement aux jeunes mais également aux hommes politiques, aux hommes d'affaires, ou aux artistes.

Nous préciserons que cet office a permis l'organisation de rencontres interculturelles : « dans les dix premières années de l'Office, les animateurs de rencontres de jeunes sont surtout formés sur le plan linguistique. Mais cette compétence s'avère assez insuffisante pour gérer des stages d'adolescents traversés, des deux côtés du Rhin, par une vie en pleine ébullition. Brass se voit alors confier la direction du bureau 4 de l'OFAJ qui aura pour mission de renouveler la formation des conseillers de séjour des stages franco-allemands de jeunes. […] Ce dernier fait le tour des départements de sciences de l'éducation ou de sciences humaines des universités françaises et allemandes, dans l'espoir de trouver des universitaire qui s'intéresseraient à la conception d'un nouveau type 143 L’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) (en allemand : Deutsch-Französisches Jugendwerk (DFJW))

est une organisation au service de la coopération franco-allemande qui a pour mission d’encourager les relations entre les jeunes des deux pays, de renforcer leur compréhension et, par là, de faire évoluer les représentations du pays voisin. L'accord du 5 juillet 1963 stipule que la mission de l’OFAJ est de « resserrer les liens qui unissent les jeunes des deux pays et de renforcer la compréhension mutuelle. » https://www.ofaj.org/histoire (consulté le 15 juin 2016).

d'animateurs des rencontres franco-allemandes. »144 (Hess, p. 60, 1999). L'auteur revient ici sur la

pédagogie interculturelle élaborée dans le cadre de rencontres franco-allemandes organisées par l'OFAJ qui ont nourries la réflexion sur la notion d' « interculturel » par le prisme des échanges de jeunes. Ces rencontres ont notamment donné lieu à de nombreuses publications traduites dans les deux langues, sous la responsabilité de Brass, de Reichel, de Stummmeyer avec le concours d'éditeurs français et allemands, et sont accessibles en ligne sur le site de l'OFAJ145. Ces échanges

interculturels peuvent en outre se prolonger de nos jours par des doubles diplômes à l'Université franco-allemande (UFA)146 de Sarrebrücken (Allemagne) qui s'est créée dans le prolongement de

l'OFAJ et de la coopération universitaire entre la France et l'Allemagne.

Dans le cadre des échanges franco-allemands, la notion d' « interculturel » adopte une nouvelle fois la dimension de « pédagogie interculturelle » afin de s'ériger en clef d'intercompréhension entre les langues et les cultures. La dynamique politique des échanges franco-allemands a permis en outre de nourrir les réflexions de la recherche en sciences humaines et sociales sur l'échange

interculturel, sur la communication interculturelle afin de tendre vers une dialogique des

échanges franco-allemands. Néanmoins, la définition de la notion d' « éducation interculturelle » diverge de celle prônée par le Conseil de l'Europe car celle-ci s'inscrit dans un contexte de coopération bilatérale d'échanges de jeunes. De plus, la dimension éducative est sous-jacente aux réflexions de la notion d'interculturel et s'applique à toutes les échelles des échanges de coopération bilatérale franco-allemande, ce qui n'est pas le cas de l'éducation interculturelle européenne qui se concentre sur les curriculum147 des apprenants.

La dimension de l'interculturel, telle que définie par l'OFAJ, fait écho à notre problématique, en ce sens qu'elle met la réflexion éducative au cœur de sa démarche tout en prenant en considération l'interculturel dans un cadre de coopération centré sur les échanges franco-allemands. Notre

144 Hess, R., Wulf, C. (1999), Parcours, passages et paradoxes de l'interculturel, Anthropos, Paris. 145 https://bloginterculturel.ofaj.org/fr/ (consulté le 15 juin 2016)

146 L’Université franco-allemande (UFA) est une institution franco-allemande, créée en 1997 et située à Sarrebruck, qui promeut la coopération en matière d'enseignement supérieur et de recherche entre la France et l'Allemagne.

https://www.dfh-ufa.org/fr/decouvrir-lufa/lufa-en-bref/ (consulté le 16 juin 2016)

147 « Curriculum : Sur le plan institutionnel, un curriculum est la forme que prend l'action de rationalisation conduite par des décideurs de l'éducation pour faciliter, tout au long, une expérience d'apprentissage auprès du plus grand nombre d'apprenants. Le terme latin curriculum renvoie de manière transparente à la « carrière » où l'on exerce un cheval : c'est bien un parcours qui est proposé à l'apprenant, avec un ensemble de phases d'apprentissage,

exercices, obstacles et moments d'évaluation où il est fait appel à sa capacité réflexive. La notion affecte toute expérience d'apprentissage d'un individu, quel que soit le domaine concerné et dépasse, le cadre de de la didactique des langues. ». Jean-Pierre Cuq, (dir.), Dictionnaire de didactique du français. CLE International, ASDIFLE (2003).

réflexion de recherche possède des similitudes mais s'inscrit dans un autre cadre de coopération, puisqu'il s'agit du franco-brésilien au niveau bilatéral et professionnel, et dépasse de surcroît l'acte éducatif pour l'inscrire dans une réflexion plus globale de politique linguistique éducative. Dans le cadre de notre entreprise scientifique, le concept d'interculturel sera étudié à la lumière de notre corpus d'entretiens sur lequel nous reviendrons dans la deuxième partie.

1.1.2 CONTEXTE FRANÇAIS DE L'APPARTION DE LA NOTION D'

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