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La relation des politiques forestières et des politiques urbaines

Chapitre 1. 1830–1975 Politiques forestières et politiques urbaines – La genèse

1.2. Le laisser-faire de la politique urbaine et régionale

1.2.6. La relation des politiques forestières et des politiques urbaines

En fait la législation forestière, même si elle reste (a priori) hostile à l’urbanisation des forêts, laisse une marge de manœuvre à la direction du ministère de l’agriculture. Celui-ci et l’ensemble du mécanisme politico-administratif qui est impliqué dans les forêts suit une politique contradictoire qui rend possible pour les citoyens de réclamer de la terre forestière publique, ou de défricher la leur, tout en étant hostile à la protection des forêts. Le système politico-administratif a ouvert une voie de négociation, avec l'apparence de la légalité ou non, qui a permis ce que la loi défendait. La législation forestière fragmentée, le statut de propriété constaté, l’absence de politique urbaine et d’usage du sol, et l'absence de cadre législatif pour une politique d’aménagement du territoire, ont fait que le ministère de l'agriculture prenait des décisions urbaines, soit discrètement, soit publiquement en

67 La loi 690/48 a condamné l’achat des terrains non urbains « hors-plan-de-ville » par les coopérations de

construction

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Loi 602/1914 « en matière de coopératives »

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élaborant des plans de lotissement des quartiers à aménager (Oikonomou 2008). Pourtant, le discours officiel du secteur forestier concernait exclusivement les problèmes du monde agricole et rural et la restructuration du secteur primaire de l’économie. La question du conflit d’usages entre la ville et la forêt et plus généralement la question urbaine, ne se pose pas dans le discours public politico-administratif des forestiers et de la direction politique des forêts. Sa régulation se fait silencieusement et implicitement.

Résultats du chapitre 1

La politique forestière jusqu’en 1975

Le régime foncier contemporain des forêts a été formé par la transition du statut ottoman de l’ancien régime au statut moderne du nouvel État, transition qui a duré jusqu’à la dernière phase de distribution des terres dans les années 1920, quand le statut foncier des terres s'est stabilisé. La plus grande part des forêts publiques est due au statut communal des forêts dans l’Empire Ottoman et à la volonté politique des premiers gouvernements de fortifier le pouvoir de l’État contre des pouvoirs locaux. Les « vacants » et les « irrégularités » de la transition, présents jusqu’à aujourd’hui, tiennent à la stratégie de l’État qui consistait à « manipuler » et à « user » sa propriété en même temps qu' il la protégeait avec vigueur.

L’administration forestière constitue un des plus anciens secteurs de l’État, dont les premiers pas ont été réalisés dès les premiers gouvernements. Pourtant, la politique forestière pendant tout le 19ème siècle avait un seul objectif : la constitution du Service Forestier. Le mécanisme de l’État s'est construit peu à peu jusqu’à sa forme finale, proche de celle d’aujourd’hui, dans la première décennie du 20ème siècle. Secondairement le Service Forestier s’occupait à la taxation des produits forestiers et de la protection de type policier, qui visait plutôt au contrôle des fuites fiscales. Un mécanisme qui n’intervient pas dans les forêts mais se contente d'encaisser les taxes d’une production faible (majoritairement des produits non-sylvicoles) et surtout de surveiller les droits premièrement de propriété publique et deuxièmement des privés.

L’alignement relatif de la pratique forestière avec les pays de l’Europe occidentale a lieu plus tard, après les années 1930 et la systématisation des acquis et l’esprit interventionniste. Même après les années 1930, quand le Service Forestier a orchestré la hausse de la production sylvicole, surtout après la guerre, cela ne concernait qu’une partie du pays et la productivité restait relativement basse par rapport aux taux européens. D'autre part, les litiges des pressions urbaines se sont rajoutés après la guerre aux charges de protection des droits de propriété. Ces pressions ont été envisagées cas par cas et sans entrer dans le discours de la politique forestière.

Pendant cette période, l’idéal de l’organisation sectorielle des forêts est proche de celle de « l’État

forestier » (Buttoud 1998). Un corps d’État de structure militaire hiérarchisée, une législation et des

institutions d’enseignement qui ont comme objectif le contrôle et l’augmentation de la production sylvicole. Cette structure en Grèce s'ajoute aux caractéristiques constitutives de l’ensemble du secteur public dont le patronat fonctionne comme un mécanisme de providence sociale sélective, en contrepartie de sa légitimation. Bien qu’il s'agisse d'un champ inexploré, des particularités liées d’un

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côté au caractère technique du corps forestier et de l'autre à l’attachement à la campagne sont ressortis.

Politiques urbaines jusqu’en 1975

La politique urbaine et encore plus la politique de l’aménagement du territoire sont des nouveautés. La croissance extrême d’Athènes et la dépopulation de toute la campagne a lieu sans planification et finalement sans intervention, malgré le discours politique relatif qui commence a émerger après la guerre. L’aménagement du territoire reste rhétorique et concerna l’aménagement de l’industrie. La réglementation urbaine qui est apparue dans les années 1920, dans la logique de contrôle de la construction privée, reste la base de la réglementation jusqu’en 1975. Or, la production de l’espace bâti, surtout pendant l'explosion après la guerre, a lieu hors, ou en décalage de cette réglementation. L’État permet et propulse la maximalisation des bénéfices des petits propriétaires à travers la construction privée, via une violation « relative » de la réglementation, constructions qui sont finalement et a postériori légalisées. L’interprétation et l’application de ce cadre procédurier est entrepris par les juristes. Ces sont les « caractéristiques constitutives » de la politique urbaine qui sont établies dans la période d’après guerre.

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