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Mouvements démographiques au 19ème et au début du 20ème siècle à Parnès

Chapitre 3. Le mont Parnès 1830-1975

3.3. Le Parnès à la veille de l’Indépendance

3.4.1. Mouvements démographiques au 19ème et au début du 20ème siècle à Parnès

La population nationale ne cesse d'augmenter tout au long du 19ème siècle. Pourtant, les mutations démographiques se divisent en deux périodes. Jusqu’en 1870 la population augmente mais uniformément. Après 1870, le rythme d’augmentation de la population générale ralentit et on assiste à une tendance lente, souvent avec des va-et-vient, mais accélérée de diminution de la population qui vit dans les villages et à l'élargissement des centres urbains. Ce sont les régions montagnardes plutôt que les plaines qui perdent leur population, qui émigre outre-Atlantique et vers les villes du pays dans un mouvement sans précédent. La population nationale se stabilise entre 1900 et 1920 alors que la population rurale diminue encore plus ouvertement (Petmezas, 2003, p.145-164). Commençons avec les mouvements démographiques pendant la première période après la Libération. Il est difficile de les reconstituer. Même si l’État lançait des campagnes de recensement presque tous les ans, ils n’étaient ni complets ni fiables. Nous allons comparer le recensement de 1834 avec celui de 1861, où on dispose de la population des 9 dèmes d’Attique, et celui de 1879, le premier recensement complet et fiable conforme aux règles internationales107. Entre-temps, on

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La délimitation des dèmes de la période 1845-1912 sera notre référence. Les changements des entités administratives avant et après seront référés à cette délimitation.

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dispose d'informations fragmentées et dispersées dans les recherches pour le pays d’Attique (Tables 17 et 18).

La ville d’Athènes connaît un saut démographique dans la période 1834-1861. Son statut de capitale du pays attire de nombreux immigrants, des fonctionnaires, des officiers grecs et européens. Ainsi, l’ensemble de la future agglomération d’Athènes-Pirée passe de 8.000 à 50.000 en 27 ans (525% d’augmentation). En réalité, la ville de Pirée se crée à partir de zéro dans les premières années après la Libération. L’agglomération gagne dans son rapport à la population du pays : elle passe de 2,2% à 4,5% de la population nationale. Elle gagne également dans son rapport à la population de la province d’Attique : de 49% à 78% de l’ensemble. Dans la deuxième période, 1861-1879, la croissance de la ville diminue considérablement : elle atteint les 90.000, soit une croissance de 80% en 18 ans. Elle continue à gonfler par rapport au reste du pays : elle représente à 5,4% de la population nationale et stagne à 78% de l’ensemble de la province d’Attique.

La population de l’ensemble des villages d’Attique suit un trajet à inverse. Elle connaît une croissance très faible, une quasi stabilité entre 1834-1861, puis une croissance comparable à Athènes, entre 1861-1879. Or, il s’agit plutôt d'une croissance due à l’augmentation spectaculaire dans les régions de Lavréotique et Mésogée. Dans l'exemple de Lavrion, ce sont les villages miniers, et dans le cas de Mésogée, ce sont les grands villages achetés par leurs habitants qui enregistrent la plus grande augmentation de toute l’Attique. En revanche, les petits villages dans les « tsifliks » connaissent une évolution très lente et moins régulière, évolution qui peut être généralisée à tous les villages de ce type au 19ème siècle (Tounta 1998).

Le nord d’Attique par contre présente une croissance beaucoup moins dynamique. Dans le dème d’Oropos, les villages restent presque stables entre 1834-1861 pour augmenter légèrement entre 1861-1879. Kakosalesi suit cette évolution avec des hausses un peu plus élevées que la moyenne. Malakasa n'apparaît qu’au recensement de 1879, avec 52 habitats. La population du dème de Marathon connaît une augmentation faible entre 1834 et 1861, puis une hausse importante entre 1861 et 1879. Kiourka augmente rapidement entre 1834-1861et plus modérément entre 1861 et 1879. Kapandriti aussi connaît une croissance importante. Mazi apparaît pour la première fois en 1879 avec 171 habitants ainsi que le « tsiflik » de Liopesi avec 9 habitants.

La population du dème d’Acharne et de Phylé connaît une croissance faible, commune aux deux entre 1834 et 1861, pour se stabiliser entre 1861 et 1879. Il n’est pas facile de reconstituer la population de chaque village car on dispose d'informations dispersées sur la population des plusieurs villages à la fois. Pourtant, on peut déduire que Phylé a perdu de la population entre 1834 et 1861, tandis que ses annexes, Liosia et notamment Kalyvia, se développent. Ainsi Kalyvia, un hameau de Phylé de 16 habitations au début de la révolution atteint 1.072 habitats et dépasse le village central qui en compte 522. Liosia aussi atteint 277 habitants. Entre 1861-1879, Chasia grandit à peine tandis que les deux autres continuent à connaître une augmentation importante. Kallieris (2010) soutient que les villages de la plaine ont non seulement absorbé les partants de Chasia, mais ils ont également attiré des habitants des autres régions et d’autres hameaux dispersés dans toute la plaine de Thriasio. Il semble que d’un côté la suppression du système des privilèges de « dérvenia » et de l'autre les terres laissées libres par les Turcs dans la plaine de Thriasio108 aient attiré de la population et créé une autre hiérarchie dans le sud-ouest de Parnès. Ménidi semble aussi avoir perdu des habitants pendant les premiers années du nouvel État grec (Giotas, 2002, p.18), pour les regagner à la fin de la période avec 2.168 habitants. Il perdra quand même la primauté parmi les plus grands villages d’Attique, de même que Lavrion en Lavréotique et Koropi en Mésogée prennent la tête.

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A l’ouest de la montagne de Pikilo fut la limite des pays délibérés par les grecs et où le droit des terres Nationales fut en vigueur.

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Pendant la deuxième période, de 1879 à 1920, l’agglomération Athènes-Pirée croît constamment, surtout après 1907, où elle passe de 90.000 à 453.000 habitants. En fait les premiers signes de l’hypertrophie de la capitale font leur apparition. Son rapport à la population nationale gonfle malgré l'agrandissement du pays, elle passe de 5,4% à 9,0% de la population du pays. Par rapport à l’ensemble de la province d’Attique, elle passe de 78% à 90%. La province d’Attique encore une fois évolue en fonction de la capitale. Jusqu’en 1907 elle s’accroît plus modérément qu'Athènes, en suivant ses variations de population de façon inversée. Elle perd nettement des habitants entre 1907-1920. Encore une fois, les villages dans les fiefs suivent chacun des trajets différents, avec une tendance générale à la stagnation.

Les villages autour du Parnès connaissent, comme toute la province d’Attique, une croissance faible, qu'ils soient de grands villages autonomes plus dynamiques ou des villages dans les « tsifliks » aux trajectoires instables. Les grands villages de Kropia et Lavréotique au sud de la péninsule continuent leur croissance dynamique jusqu’en 1907 mais certains villages de Lavréotique s’effondrent soudainement à cause de la fermeture des mines, alors que Kropia continue grandir. Le dème de Marathon commence à se développer puis décroît fortement après 1907. Les villages du Parnès : Kiourka, Kapandriti et Polidendri grandissent notamment entre 1889 et 1907 et diminuent après, comme les plus grands villages. Pour des raisons inconnues, liées au statut de propriété, le « tsiflik » Liosati attire soudainement de la population entre 1879 et 1907 pour la perdre après. Le dème d’Oropos au contraire est presque stable au départ puis connaît une augmentation continue pendant toute la période. Kakosalesi, le plus grand village grandit constamment à un rythme plus intense que l’ensemble, comme Malakasa aussi après 1889.

Acharne et Phylé connaissent une augmentation modérée pendant toute la période. Ménidi croît continuellement, sans l'effet de l'émigration vers Athènes. Liosia connaît des turbulences non expliquées. Fylé connait une augmentation modérée jusqu’en 1907 et une stabilité après. Pour Aspropyrgos, la stabilité pendant une décennie est suivie d'une augmentation jusqu’en 1920. Après, Tatoi travers des hauts et des bas au gré de la vie du palace estival installé et des officiers royaux. Varibobi, qui abrite en 1907 et 1920 respectivement 48 et 70 habitants, reste un domaine habité dépendant de la production. Dans les mêmes recensements, les lieux des transhumants (Limiko, Saloniki, Beliza) sont présentés comme habités. Sont-ils recensés pour la première fois, ou il s’agit d’un mouvement de déplacement vers les hautes ? Au dernier recensement apparaît aussi la population du sanatorium.

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