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Les forestiers professionnels vus par la revue « Annales Forestiers »

Chapitre 4. 1975-1990 L’adoption de la notion d’environnement par les politiques

4.2. La foresterie et les forestiers grecs

4.2.4. Les forestiers professionnels vus par la revue « Annales Forestiers »

Nous allons approcher les transformations dans le groupe des forestiers pendant cette période à partir de la revue « Annales Forestières », une revue mensuelle qui a commencé à être publiée en 1958 par la « Fédération des Syndicats des Techniciens Forestiers. Son contenu état scientifique et

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syndicaliste, et elle représentait un moyen d’échanges à l’intérieur de la communauté des spécialistes, aussi qu’un moyen de communication et de vulgarisation des sujets de la forêt auprès du grand public. Après la dictature, la rédaction de la revue est passé à « l’Union Panhéllenique des Forestiers Fonctionnaires » (UPFF) qui avait été créée juste avant. Elle a repris la publication jusqu’en 1988, quand la publication de la revue a été arrêtée. Nous allons analyser le discours collectif professionnel tel qu'il se présente dans cette revue après 1974 et jusqu’à la fin de la publication. Nous nous focaliserons principalement sur l’éditorial, rédigé par la présidence de l’UPFF, sur les annonces et sur les textes de l’UPFF.

Avant le changement de régime, le discours est élogieux envers la direction du ministère : « Jeune.

Pure. Ingénu. Studieux. A étudié en Europe centrale. Doté d'une passion créative. Apprécie les grandes valeurs : Forêt, Montagne, Nature. Connaisseur de la peine de la montagne et du bois. Connaisseur du grand labeur sylvicole. Gentil. Empathique Accessible. Il est l’homme du Printemps…. Il est le Directeur Général du Ministère d’Agriculture. Il est la lumière de notre optimisme » (Éditorial 1974, Annales Forestières, 3, p.67).

Les sujets syndicaux étaient exposés de façon apolitique, traduits en questions de lobbying et d’attitude personnelle des chefs de l’administration : « La direction de la revue détache son rôle de

toute revendication et action syndicaliste. Les Annales Forestières ne rendent pas service aux intérêts de l’UPFF, des Forestiers. Ils font connaître et simplifient les besoins et les activités, les objectifs et l’objet de la Grèce, des Grecs, du Public, de la Banque Agricole Grecque et de la Foresterie » (Éditorial

1974, Annales Forestières, 3, p.70).

Les rivalités se focalisent contre d'autres secteurs du ministère, particulièrement envers les agronomes, à cause des quotas du personnel dans les services et les chambres techniques. La vocation et la signification du secteur sont enrobées dans un discours patriotique, au style lyrique. La revue appelle « Science Nationale » la foresterie. Elle avance l’idée que la foresterie devait avoir la primauté sur les autres disciplines et que conséquemment, le corps des forestiers devait avoir la primauté dans l’administration et parmi les groupes professionnels ou sociaux concernés :

« La promotion (du 2èmecongrès national des Forestiers Grecs) au niveau panhéllenique est un besoin immédiat de la Science Nationale et de la patrie maintenant que l’administration a organisé le secteur agronomique et que des dizaines d’agents de protection de la nature ont été nommés, Les forestiers devraient être les protagonistes de ce mouvement » (Éditorial 1974, Annales Forestières, 5-

6, p.150).

Le changement dans le discours après la chute de la dictature est évident dès le premier volume. Le ton devient plus critique. Le premier point abordé fut les incendies de l’été dernier à cause de la dévalorisation de la foresterie. La protection contre les incendies, qui se présentait comme complète et exemplaire dans le volume précédent, est maintenant présentée comme vulnérable.

« Les feux s’éteignent avant qu’ils ne s’allument… Premièrement grâce à la culture intellectuelle de la population et deuxièmement grâce à la création du Corps Forestier Pompier spécifique et permanent par l'Inspection des Forêts… Mais ces mesures ne sont pas tout. Il y a les causes aussi. Moraux et matériels. (Indemnités « anti-feu » e.t.c.) » (Éditorial 1974, Annales Forestières, 7, p.209).

La question forestière : la représentation et les valeurs de la forêt

La forêt capital national

L’UPFF reprend l’idée dominante que les surfaces couvertes par les forêts sont un indice d’indépendance nationale et fait la liaison entre la montagne, la forêt et la nation : « Or, s’il y un

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Hellénisme aujourd’hui, il est né des montagnes et des forêts de cette époque (de l’Occupation Ottomane)… Si à l’inverse la Grèce était constituée de plaines à 75% et de montagnes à 25% il n’y aurait pas d’Hellénisme et peut être pas de Civilisation Grecque. L’histoire aurait été quelconque. Dans les plaines, la race ne se maintient pas » (Éditorial 1974, Annales Forestières, 7-8, p.251).

Le premier pilier de la valeur de la forêt selon l’UPFF est l’économie de la production sylvicole. Les autres usages de la forêt, le pâturage et l’exploitation touristique, cynégétique sont au deuxième rang. Le but est l’autarcie en bois (Éditorial 1976, Annales forestières, 7, p.181-182). Même si la production couvre le tiers de la consommation dans les années 1970, ils estiment que l’économie forestière s'autofinancer dans 10 ans. D’où le besoin d'étendre les forêts exploitées, de développer l’industrialisation de l’exploitation, et d’étendre le crédit pour l’exploitation des forêts (Éditorial 1974, Annales forestières, 10-11, p.347-351). En plus de l’autarcie productive nationale, l’économie sylvicole rend service au vieil idéal d'impliquer la population des montagnes. Pendant toute la période, le besoin de développer l’économie montagnarde du pays et d'offrir des possibilités d’emploi pour les populations de la montagne est exprimé (Éditorial 1976, Annales Forestières, 7, p.181-182).

Après le changement de régime, la perspective de l’insertion du pays dans l’Union Européenne conduit à l'adoption d'une problématique économiste. Le discours pour l’autarcie sylvicole s’enrichit de concepts de compétitivité internationale. Dans ce sens, la politique passée, qui favorisait la pratique du pâturage libre semi-nomade sur des étendues forestières par de petits animaux, en particulier la chèvre, est considérée comme contre-économique : « Ainsi, on est désormais le dernier

pays d’Europe – à l'exception de la Turquie - à maintenir la chèvre au moment où dans tous les pays européens occidentaux ou de l’Est, la chèvre est un objet de musée et synonyme de pauvreté de retard et de sous-développement » (Melachrinos St. (Président de UPFF) 1976, Annales forestières, 8-

9, p.218).

Dès le début du mandat du nouveau gouvernement de l’après-régime, le terme du développement régional entre dans le vocabulaire des textes officiels (Éditorial 1974, Annales Forestières, 10-11, p.347-351). Ce concept comprend la défense de l’organisation de la gestion forestière à la base des coopératives forestières et des communes (Melachrinos St. (Président de l’UPFF) 1976, Annales

forestières, 8-9, p.227).

Après 1981 et l'arrivée du parti socialiste au pouvoir, les références aux liaisons entre la politique forestière, l’économie et les déséquilibres régionaux se font plus fréquentes, s’étendent et se radicalisent : « le niveau de vie de la population des montagnes, qui constituent 75% du territoire

grec, est inhumainement bas, et le marasme des collectivités territoriales des montagnes est le résultat de la cette politique de développement » (Union des Techniciens de Sylviculture 1982, Annales forestières, 1-2, p.50).

Le message du premier ministre pour le Jour Mondial de la Sylviculture est caractéristique : « La

sylviculture au service de l’ensemble social pour les régions montagnardes en difficulté de notre pays constitue l’agent de redistribution du revenu national en faveur de la population des montagnes. Pour les régions périurbaines, elle constitue le régulateur de l’environnement et assure la santé de l’homme et la protection des sols et des Œuvres de la Civilisation » (Papandreou Andreas 1982, Annales forestières, 3-4, p. 83).

L’annonce de l'UPFF pour le Jour Mondial de l’Environnement démontre la politisation du discours collectif des forestiers et l’adhésion au concept de la croissance dépendante : « En Grèce, la

combinaison de la domination du capital, indigène et étranger, et d’une classe bourgeoise consciente de son rôle, a eu comme résultat, à travers une croissance industrielle non équilibrée au niveau de l’aménagement du territoire et de la qualité, ayant pour unique objectif la maximalisation des profits

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et la pérennisation de l’exploitation, et dans une indifférence criminelle pour le niveau de qualité de vie des travailleurs, la confrontation entre une périphérie morte et le bassin d’Attique et Saronique, exemples de disparition de tout équilibre environnemental et laboratoires exemplaires de mesure de la résistance de l’homme à la pollution » (UPFF 1982, Annales forestières, 5-6, p.169). Dans la lettre

de l’UPFF au premier ministre on peut lire : « le modèle de croissance asymétrique imposé jusqu’à

maintenant, étranger et contre les intérêts de notre peuple » (UPFF 1982, Annales forestières, 11-12,

p.323).

Les fonctions environnementales sont le deuxième pilier de la valeur de la forêt: « la politique

économique ne doit pas intégrer que des critères fiscaux, car dans ce cas la gestion forestière contribue à hauteur de 1,6% au revenu national » (Melachrinos St. (Président de UPFF) 1976, Annales forestières, 8-9, p.218). Parmi les fonctions environnementales, la plus importante est la protection

contre l’érosion. Pourtant, la dimension écologique reste secondaire dans le discours. Les fonctions écosystémiques sont rarement analysées, et encore plus rarement rapportées à l’échelle mondiale. Les notions des traités internationaux comme celle de la biosphère non plus. La production de bois reste la préoccupation première dans le discours des professionels.

La forêt déficitaire - ennemis et solutions

L’UPFF, comme beaucoup d’auteurs forestiers de la revue et dans la littérature scientifique, adoptent la représentation dominante, habitée par une peur de la déforestation. Elle donne de l’importance au taux national de superficie forestière et affirme que la forêt grecque est déficitaire par rapport à son étendue potentielle. La superficie des forêts est censée être la même que celle de l’espace montagnard, qui était auparavant couvert de forêts dans son ensemble, soit ¾ de la surface du pays, l’étendue de la couverture forestière au moment de la proclamation de l’État grec. Pourtant, la source de cette donnée n'est pas claire : « Avant d'arriver à l’intention, démontrons quelques

données environnementales. La Grèce est un pays montagneux. 75% de son territoire est composé de montagnes. Et des montagnes dont le rythme de déforestation est unique. Pendant les 150 ans de notre liberté, nous sommes passés de 48% de couverture en forêts en 1821, à seulement 18% aujourd’hui. Donc une déforestation de 16% environ par rapport au jour où Paléon Patron Germanos153 a sonné les cloches. Une véritable extermination, qui continue irrépressiblement »

(Éditorial 1974, Annales forestières, 7-8, p.251)154.

Premièrement, les causes de cette dégradation et les grands ennemis de la forêt sont principalement les incendies, le surpâturage de la chèvre et l’érosion conséquente, et la construction (Éditorial 1974,

Annales forestières, 10-11, p.347-351). Les incendies sont présentés comme un ennemi national

(Éditorial 1981, Annales forestières, 7/8, p.243-244). Diverses explications sont avancées pour les feux, sans aboutir à des résultats communément acceptés. De façon constante pendant toute la période, certains y voient des incendies volontaires avec des mobiles politiques ou internationaux. Progressivement, les opinions selon lesquelles les incendies sont volontaires et liés à la spéculation et à l’urbanisation deviennent plus communes. L’UPFF dénonce des empiétements et des constructions hors-la-loi derrière les feux (Ilias Oikinomou (Président UPFF) 1985, Annales forestières, 9-12, p.36- 37).

Une part minoritaire de l'opinion s'en rapporte aux explications mixtes et prend en considération l’état des forêts, composées de bois combustible du fait de leur non exploitation. Ces mêmes

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Figure de la Révolution de l’Indépendance

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Les mêmes données dans Gianoussi G., 1979 (Sous ministre de l’Agriculture), Annales forestières, 9-10, p.32.

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personnes accusent les théories de provocation volontaire de désorienter la population (Massavetas 1977, Annales forestières, 7,8, p.172-175). Et encore : « 19% des incendies volontaires sont motivés

par l'expansion urbaine, la spéculation foncière et l’empiétement, 36% sont le résultat de négligences, 45% ont d’autres raisons. 72% des terres forestières ne sont pas exploitées, et les arbres meurent vierges, sans gestion, un phénomène qu’on rencontre que dans la jungle » (Éditorial 1977, Annales forestières, 6, p.139-143).

Deuxièmement, les forestiers s’opposent à l’étendue et la forme du pâturage dans les forêts comme il s'est développé dans le pays. Ils le rendent responsable de l’érosion et du sous-développement sylvicole. De plus en plus, ils l’associent à la spéculation urbaine, car ils estiment qu'un terrain caractérisé comme pâturage est voué à être construit.

Troisièmement, les ennemis des forêts et les dégâts naturels sont associés aux pratiques de la construction, à la politique foncière et à l’aménagement du territoire. Les forestiers, à travers leur discours collectif, se montrent conscients du phénomène de l’expansion urbaine aux dépens des forêts et de ses mécanismes. Ils lient étroitement la politique forestière à la politique pour l’espace. Ils placent les problèmes de l’aménagement du territoire très haut dans la hiérarchie des problèmes et des priorités. Les priorités de la politique pour les forêts selon l’UPFF comme décrites par son président sont : 1) la modernisation de la législation forestière, 2) l’aménagement du territoire de tout le pays, la désignation d'un usage pour les terrains de la terre grecque 3) la résolution du problème de la propriété foncière des forêts et des étendues forestières.

Ils avancent même des propositions de gestion de l’espace et tentent une catégorisation des forêts menacées par l’urbanisation : « Il est impératif, dans l’intérêt du peuple grec, de protéger tous les

terrains publics que le Service Forestier gère aujourd’hui, d'autant que beaucoup d’entre eux, situés autour des grands centres urbains, des plages et des grands axes ont gagné une grande valeur foncière. Il faut aussi, si possible, exercer de vrais contrôles sur les terrains privés dans les mêmes régions de haute valeur foncière. Parce que, sans la moindre exagération, on pourrait dire que leur usage non coordonné est un crime contre notre patrie» (Éditorial 1976, Annales forestières, 7, p.181-

182). On relève encore : « la résidence vacancière détruit nos forêts. » (Papalexiou N., (Directeur Générale des forêts) 1979, Annales forestières, 3, p.53-59).

Lors de toutes les interventions publiques ils soulignent la nécessité de réaliser un cadastre, les problèmes de sa réalisation avec la réglementation existante et font des propositions. : « Les plots de

bornage des forêts sont la meilleure manière de les protéger contre l’expansion urbaine. Nous proposons que le cadastre soit réalisé d’abord pour les forêts d’aujourd’hui » (St. Sofogiannis 1982, Annales forestières, 9-10, p.282-289).

Enfin, dans le cadre de la radicalisation, les forestiers formulent des propositions sur le régime de propriété des forêts et ils passent, surtout dans les années 1980, à une critique de la propriété privée. Ils demandent la nationalisation de toutes les forêts. Le président de l’UPFF présente pour la première fois une proposition pour la nationalisation par expropriation obligatoire de tous les terrains forestiers privés, c'est-à-dire les propriétés des particuliers et des personnes morales (23% des forêts) et des collectivités territoriales (12%). Parce que « une source de biens comme la forêt, ne

peut pas, dans un État bien gouverné, être une source d’enrichissement privé aux dépens de la substance même de ces forêts et des intérêts de l’Ensemble Social » (UPFF 1976, Annales forestières,

8-9, p.227). Même si les conditions ne permettent pas la nationalisation des terres forestières, l’État devrait prendre en charge la gestion de tous les terrains avec des objectifs et des principes communs à ceux des forêts privées. Ainsi, il n'y aurait pas de division entre la gestion contre-économique des forêts montagnardes et la spéculation dont font l'objet les forêts périurbaines et du littoral. La proposition est répétée (UPFF 1982, Annales Forestières, 11-12, p.323). On lit encore : « il faut que la

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p.3-4). De même la Chambre Géotechnique de la Grèce demande la socialisation des forêts privées (Chambre Géotechnique de la Grèce 1982, Annales Forestières, 9-10).

Les forestiers dans l’administration : des pratiques d’autonomisation

Après la chute de la dictature, la puissance syndicaliste des forestiers se consolide conformément à la tendance de la période de forte politisation des groupes professionnels. Il est d’ailleurs caractéristique que des représentants des partis politiques de gauche participaient aux congrès des forestiers. La puissance politique leur permet progressivement de prendre leur autonomie par rapport aux mécanismes des deux partis au gouvernement. Elle transparaît à travers la publication de leurs revendications dans le cadre de lutte publiques contre les réformes.

Des politiques expansives

Après 1976, une revendication nouvelle, toujours d'actualité, fait son apparition dans toutes les demandes officielles de l’UPFF : le détachement du Service Forestier du ministère de l’Agriculture et la création d’un ministère consacré aux forêts. L’argumentation s’appuie d’une part sur des bases scientifiques. Cette revendication est en accord avec une vision de la foresterie élargie et détachée de sa vocation de production agricole. Elle correspond à la « gestion forestière à objectifs

multiples » : « Le Service Forestier, qu’on le veuille ou non, croît à l’ombre des services agronomiques. Personne en dehors de notre entourage forestier n’a compris que la foresterie de 1976 n’est plus le secteur de la production de bois combustible et du garde forestier… La foresterie de notre pays a cessé d’être le domaine des bûcherons des régions montagnardes. C'est un sujet qui concerne tout le peuple grec. Parce qu’elle n’a pas pour seul objectif la production de produits forestiers. Elle est la Foresterie à objectifs de gestion multiples » (Éditorial 1976, Annales forestières, 7, p.179-180).

D’un autre côté, la demande d’un ministère propre aux forêts est liée aux rivalités entre les corps professionnels de l’administration et à la tendance à l'expansion de ses compétences et de son personnel. Par exemple, les forestiers réclament que le Cadastre National ne soit rédigé que par eux et non par des topographes (UPFF 1975, Annales forestières, 8). En général, les forestiers réclament l'attribution au Service Forestier de nouvelles compétences liées à la protection de l’environnement : « Il faut une modernisation du droit forestier, qui créera une ouverture vers la

nature, avec l’institutionnalisation et l’organisation de l’action de toutes les associations de protection de la nature de toute sorte » (Éditorial 1974, Annales forestières, 10-11, p.350). La

demande pour l’institution d’un ministère des forêts réapparaît dans : (Éditorial 1982, Annales

forestières, 11-12, p.323).

Les forestiers argumentent que la protection de l’environnement doit être rendue à « son agent

naturel », le Service Forestier : « pas seulement parce que les forestiers avec leurs connaissances écologiques et autres sont les plus compétents pour élaborer la protection de l’environnement, mais parce que le Service Forestier est le seul qui ait la capacité de réaliser toutes les décisions de l’État concernant la protection des forêts. La structure du Service Forestier, qui garantit sa présence dans le village le plus éloigné de notre pays et l’esprit missionnaire prouvé des forestiers en sont des éléments et en sont la preuve » (Éditorial 1979, Annales forestières, 9-10, p.172) ».

Les forestiers revendiquent leur primauté par leur ancienneté dans le domaine de la protection de l’environnement : « La science de la foresterie est d’une certaine manière de l’écologie appliquée.

L’ensemble de l’activité du Service Forestier depuis sa création est, dans le fond, la protection de l’environnement. La législation forestière est la législation environnementale la plus ancienne »

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En fait, mettant en avant l’organisation et l’expérience du service forestier, les forestiers revendiquent le rôle de gardiens de toute la campagne et de tout l’environnement. Le besoin de la réforme du Service Forestier est imposé par « le fait que sa structure n’est pas comme celle des

autres services apparentés (agronomiques, vétérinaires). Elle est complètement différente. Et cela parce que le Service Forestier n’est pas un simple conseiller pour les agriculteurs. Il gère, lui-même, toutes les étendues publiques forestières et il surveille les étendues privées, c'est-à-dire 70% du sol du pays » (Éditorial 1976, Annales forestières, 7, p.182).

Après 1981 et l’instauration du ministère de l'Aménagement de la Ville et de l’Environnement, l’administration de l’aménagement du territoire se met en communication, pour la première et dernière fois avec les organes syndicalistes des forestiers. Le ministre Antonis Tritsis demande à l’UPFF de faire part de ses propositions sur le projet « Aménagement du territoire- Utilisation du sol

et Environnement-Ressources Naturelles » (UPFF 1982, Annales forestières, 5-6, 170-175).

Les forestiers expriment leur satisfaction de voir le secteur « sortir de sa relation trop étroite avec le

ministère d’agriculture ». Ils revendiquent une affinité étroite avec les sujets concernés et avec les

concepts et les pratiques de la planification. Ils demandent que les forestiers soient embauchés dans le ministère pour que leur spécialisation trouve une place dans le domaine de la planification parce qu’ils sont en effet familiers avec ces pratiques : « par exemple, les études de gestion des massifs

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