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Les territoires de propriété-usage dans le Parnès

Chapitre 3. Le mont Parnès 1830-1975

3.3. Le Parnès à la veille de l’Indépendance

3.3.3. Les territoires de propriété-usage dans le Parnès

Le foncier de la montagne est façonné par les divers rapports de propriété des villages qui l’entourent. Parnès est entouré majoritairement par des grands et des moyens villages. Ménidi et Chasia sont les plus grands « kephalochoria » d’Attique. Le premier est un centre indépendant de production et d’échanges. Le deuxième est fondé sur les privilèges liés au passage montagnard. Ses deux annexes, Kalyvia et Liosia, qui comptent moins de cent habitants, lui fournissent les produits agricoles nécessaires et lui servent de débouché démographique. En ce qui concerne les « tsifliks » du sud-est (Varibobi, Liopesi, Mahonia), qui se présentent comme des « campagnes » (εξοχές), non habitées dans le recensement de 1834, on peut les considérer vides d’habitants au moins régulièrement. Les villages de Kiourka et Kapandriti à l’est, qui comptent respectivement 180 et 146 habitants, ont un statut différent. Le premier est inclus dans le « tsiflik », le deuxième reste indépendant (Tounta 1998). Mazi est un petit village, annexe de Kapandriti, recensé avec celui-ci. De même, on n’a pas d’éléments pour Malakasa, le petit village au nord. Enfin, Salesi est un grand village de 327 habitants, annexé au « tsiflik» d’Oropos, mais avec des privilèges du fait de sa position sur le passage nord de la montagne (Milionis 2006).

La différenciation démographique des villages du sud de Parnès a été combinée avec les deux systèmes principaux de propriété, de production et de politique de l’Empire Ottoman, les communes des « kéfalochoria » et des « tsifliks ». Pourtant, afin d’éclaircir le paysage complexe de « couches

multiples de propriété » dans le régime de l’Empire Ottoman, on doit combiner les types connus de

propriété des villages adjacents avec les informations sur les usages et les usagers des terrains. Nous allons étudier quels sont les acteurs de la forêt, pour qui et leurs actions.

Notre analyse s’appuie sur des publications sur les données des archives de la Commission Mixte. Il s’agit d’enquêtes menées pendant les années qui ont suivi la Libération sur l’historique des droits et

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des usages des terrains qui sont vendus après la Libération et le départ des Turcs. Certaines parties de ces archives sont publiées dans plusieurs études historiques car elles constituent la source la plus ample et presque unique103 concernant les rapports de propriété et par extension les rapports de production dans l’Attique à la période de l’occupation ottomane. Pourtant, ces archives ne sont pas sans défauts. D’une part, ces actes ne concernent que les propriétés turques, et d’autre part, la mise en espace de ces informations n’est la plupart du temps pas évidente. L’obscurité des descriptions et l’inexactitude de l’unité de surface (zeugari en grec, ou çift en turc), très souvent intentionnelle, laissent des lacunes jusqu’à aujourd’hui. On a essayé de les surmonter partiellement en les comparant avec la délimitation des propriétés actuelles, tout en gardant en tête que les limites foncières nous ont été transmises à la suite d’une période de chaos et d’empiétement généralisé, qui a abouti en principe à un recul des terres publiques et communales (Carte 15).

1. Domaines forestiers (tsifliks). Des domaines presque uniquement forestiers se trouvaient aux côtés sud-est, où la montagne descend doucement vers la plaine vallonnée et où l’eau abonde. Leur statut était le même que les « tsifliks » agricoles, sauf qu’ils étaient moins rentables et il n’y avait pas d’installation humaine sur leur sol, sauf une ou deux résidences de métayers. Ils appartenaient aux Turcs, aux Grecs ou aux monastères. Liopesi et Mahonia appartenaient au chef de l’Église musulmane (moufti) d’Athènes ; Tatoi relevait de l’officier turc Aga de Karystos; Mpafi, plus au sud, appartenait au monastère de Daphni (Stamatopoulos, 2011, p.7-9). Les titres de propriété de Tatoi font mention de terres forestières ou rocheuses peu cultivées (il y avait des oliviers). Les témoignages du Comité Mixte nous révèlent que les travailleurs métayers de ces « tsifliks » habitaient à Ménidi (Giotas, 1999, vol.15, p.15). Après, quelques familles de l’élite de Ménidi ont pu acheter de plus petits domaines agro-forestiers (mélangeant champs et forêts) au sud-est, avec des titres qui leurs garantissaient une propriété absolue. Le domaine de Varibobi est le domaine principal, composé au 3/5de champs et de forêts. Il a été vendu aux habitants de Ménidi avant la Libération par son propriétaire turc (Douros 1987). Après, les terres au sud-est de Varibobi sont mentionnées comme des propriétés achetées par des Grecs, avec les mêmes noms qu’aujourd’hui (Gikaioi, Chatzispiraioi) (Giotas 1999).

2. Forêts–annexes des « tsifliks » sous-jacentes aux usages coutumiers des métayers des villages adjacents. Elles s’étendent aux pieds nord et est de la montagne, couverts actuellement par des forêts de pins, des broussailles et des maquis au nord. Bien qu’elles soient actuellement limitées par les plaines, on peut supposer qu’à l’époque pénétraient les champs. La différence avec la catégorie précédente des domaines forestiers est que le recueil des produits de la forêt pour des raisons domestiques était libre et régulé à l’intérieur de la commune. Pour les usages imposables, les villageois avaient le droit successoral d’exploitation. La propriété de ces terrains fait partie des propriétés agricoles jusqu’au début du 20ème siècle. Les forêts du pied nord faisaient partie du grand « tsiflik » d’Oropos, propriété d’un Turc. Le « tsiflik » incluait plusieurs villages situés entre les côtes de la baie d’Eubée et le pied nord de Parnès. Un des plus grands villages, (Kako)Salesi, et le plus petit Malakasa, se trouvaient au pied de Parnès. A travers les témoignages et les revendications des paysans cinquante ans après la Libération, dans le village de (Kako)Salesi et de Markopoulo (dans le même « tsiflik », on apprend que les forêts, comme les terres agricoles, étaient exploitées par les paysans avec un droit successoral et permanent contre l’obligation de donner la moitié ou le tiers de la récolte au propriétaire. Par les mêmes sources, on saisit qu’il s’agissait de l’exploitation des glands des chênes et de la résine des pins (Milionis 2006). Les forêts qui faisaient partie du grand « tsiflik » de Kiourka semblent avoir connu les mêmes usages et méthodes d’exploitation. La seule interruption

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dans le continuum de la zone se trouvait à la jonction nord-est du pied de la montagne, le village Mazi104, annexe de « kéfalochori » de Kapandriti.

3. Forêts majoritairement publiques à l’usage libre des paysans. Dans la partie sud et sud-ouest, le paysage est différent. Là, on se trouve dans la zone d’influence de deux grands « képhalochoria » d’Attique : la montagneuse Chasia, avec ses deux annexes Kalyvia et Liosa, et le semi-montagneux Ménidi, le plus grand village d’Attique après Athènes. Comme on l’a vu, il n’y avait pas ou peu de présence turque dans ces villages et ils jouissaient d’un statut autonome de gestion de leurs ressources par rapport à l’État.

Commençons par le foncier des terres agricoles autour des villages. En 1831, tout autour du village de Ménidi, il y avait 5 propriétés de Turcs d’une étendue de 30 à 80 ha et une grande propriété de 250 ha à l’est du village, Monomati105. Indice de la présence des Turcs, on remarque que ces propriétés ne contenaient qu’une résidence. Les champs étaient divisés en lots (lachidia), pour être cultivés par les paysans de Ménidi en tant que métayers. Le reste des champs, petits ou moyens, forêts incluses, appartenaient aux habitants de Ménidi ou aux monastères. Ils avaient un statut similaire à la propriété absolue. On déduit la présence quasiment exclusive des propriétés des Grecs à Ménidi de beaucoup de documents de transaction de terres pendant l’occupation ottomane. Elles se réfèrent aux terrains qui appartiennent aux Grecs sous le statut de « mulquia », de terres privées et qui confinaient également avec des propriétaires Grecs (Giotas, 1999, vol.15, p.14). Pour Chasia, Kalyvia et Liosia, on n’a aucun indice sur la présence de propriétés turques dans et près des villages (il n’y avait que deux « tsifliks » agricoles plus loin au sud), Chasia avait d’ailleurs des privilèges fiscaux et politiques comme contrepartie de la charge de la garde du passage de l’est de la montagne, la connexion principale d’Athènes avec Thèbes.

La grande étendue au-dessus de ces villages, la partie la plus accidentée de la montagne, faisait partie des grandes entités fiscales des terres publiques « timaria ». Ces terres ne pouvaient pas être vendues. L’accès à la forêt était libre pour les besoins domestiques des villageois : la collecte de bois de chauffage n’était pas enregistrée et les animaux domestiques étaient taxés à travers un impôt par tête de bétail, indépendamment de l’endroit de pâturage. Par contre, pour les activités qui avaient un intérêt d’échange (le pâturage transhumant et nomade, la collecte de bois de carburant pour la fabrication de chaux, la collecte de résine des pins, les cultures dans les champs agro-forestiers, le bois de construction), le « timariote » imposait une taxation sur l’accès à la forêt pour l’activité en question. Cette taxation prenait des formes multiples : une taxe de stationnement pour les troupeaux en mouvement par exemple. Quelquefois pourtant, la cession ne concernait pas des activités spécifiques mais l’ensemble des activités possibles sur un terrain. Accompagnée de titres ou pas, les cessions concernait majoritairement des Grecs ou des monastères, en contrepartie d’argent ou de travaux d’infrastructure nécessaires (défrichage).

4. « Poches » de terrains mixtes agricoles et forestiers à l’usufruit des communes des monastères et des Grecs des villages adjacents. Les cessions des droits aux usages ou aux terrains spécifiques, comme des poches dans le continuum des étendues des forêts publiques méritent une catégorisation à part car elles constituaient une forme particulière de propriété et d’usage du territoire.

Le premier propriétaire était le monastère d’Aghia Triada (ou monastère de Parnès). Ses droits sur le massif commencent très tôt, quand en 1615 il achète les rentes des terrains dans la montagne, à la

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actuellement dans la commune de Polydendri

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localisation imprécise, par le timariote de Thèbes (Kapareli) qui avait sous son ressort une partie de la montagne. Sa possession la plus importante se trouve dans le cœur de la montagne, un terrain qui comprend le plateau central et les sommets environnants. Cette étendue, accompagnée de Métochie, le versant sud jusqu’au pied de la montagne, a été revendiqué en 1930 par le monastère d’Aghia Triada contre le Public (Giotas, 2004, p.245-249). Le monastère affirme qu’il a obtenu ces étendues par des donations des croyants pendant l’occupation des Ottomans. Or, il n’a jamais présenté les titres de ces cessions alors qu’il y était obligé pendant la période de la « mise à jour » des droits fonciers après le départ des Ottomans. Il justifie ses droits par des récits qui constataient sa présence « depuis des années immémoriales » et par des documents qui prouvent qu’à partir 1850, le monastère louait ou cédait des droits d’usage. Via ces descriptions, on recueille des informations sur les usages dans les années d’après l’Indépendance. On peut supposer que les modèles d’appropriation des ressources n’avaient pas changé considérablement, du moins pendant la première moitié du 19ème siècle : pâturage, bois pour la fabrication de chaux et bois technique, maintien des fosses à neige et recueil des eaux pour l’approvisionnement de la ville d’Athènes. Les monastères de Kleiston et d’Aghios Ioannis Théologos à Chasia et le Métochie, au pied sud de la montagne exploitaient des terrains autour de leurs bâtiments et ailleurs. Un exemple de terrain de ce type est le roumani, qui appartenait aux monastères d’Aghia Triada et d’Agios Ioannis Théologos de Chasia. En 1811, les deux monastères fusionnent. Ils rédigent une convention d’exploitation en commun du terrain qui inclut des forêts de sapins, des étendues rocheuses, des clairières où cultiver des céréales, des granges et des aires à battre (Giotas 2004). Le terrain de Mporsi, au nord-ouest du noyau de la Forêt Nationale actuelle, avait été obtenu par des donations des chrétiens. Il comprenait des prairies, des terres cultivables, des forêts et des roches avec un statut similaire. A la fin de l’occupation ottomane, il était exploité par deux monastères (Kleiston et Agios Théologos) et quatre habitants de Chasia. Les témoignages s’accordent pour dire que l’officier, ayant droit aux rentes du terrain, cédait aux habitants et aux monastères des terrains forestiers pour les exploiter par défrichement. Il est mentionné que les droits de pâturage coûtaient 72 kilos de beurre par an et le droit d’abattage des arbres selon négociation (Giotas 2004).

Entre le noyau de la montagne et les versants nord, s’étend une zone vallonnée plantée de pins et de broussailles, incluant de nombreux grands et petits plateaux. Ces plateaux portent jusqu’à aujourd’hui les traces d’usages multiples : prairies défrichées, arbres fruitiers, cultures de céréales, puits. Le statut d’exploitation de cette zone s’éclaircit pour sa partie centrale, le domaine agro- forestier de Saloniki, encore une fois à travers les actes judiciaires pris au cours de la première partie du 19ème siècle, lors du processus de la transition foncière. Dans un litige judiciaire, les membres de l’élite de la commune de Ménidi défendent leur présence et leurs droits sur ces terrains depuis des « temps immémoriaux », tandis que des bergers nomades et d’autres soutiennent que les droits de ces terrains appartiennent à l’Empire Ottoman (Giotas & Fitas 2011).

Enfin, les communes possédaient aussi des terrains forestiers dans la zone publique du sud et du sud- ouest. Elles les exploitaient en tant que personnes morales/privées, en cédant des droits d’usage ou des endroits spécifiques aux membres des communes pour un prix qui garantissait à la commune une rente et les conditions de son autonomie. On peut prendre comme exemple une décision de la cour de cassation qui reconnaît des droits à la commune de Ménidi sur la forêt d’Amygdaleza, aux limites nord de la commune depuis les années de l’occupation ottomane et pendant l’après- Révolution106. Un autre exemple concerne les droits de la commune de Ménidi sur les fosses de neige aux sommets de la montagne (Giotas, 2004, p.238). Enfin, encore après la révolution, un comité communal de Chasia loua le droit d’exploitation des chênes (Kallieris, 2010, p.189-194).

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Tous ces terrains, les poches agroforestières dans la montagne se caractérisent par un grand rayon d’échanges. Les monastères d’abord disposaient d’un réseau économique et politique très étendu. On apprend par exemple (Giotas 2004) que les rentes du monastère d’Aghia Triada provenaient de plusieurs territoires d’échelles variées. Le monastère, filiale du monastère d’Athènes Petraki, obtenait ses privilèges pendant des missions à Istanbul. Il possédait du foncier partout dans l’Attique et encaissait des impôts au siège épiscopal d’Athènes. Enfin, il embauchait des métayers du village de Ménidi ou des nomades éleveurs.

Ensuite, les produits de ces activités agroforestières et particulièrement de l’élevage transhumant et nomade étaient destinés à entrer sur le marché. Les bergers se déplaçaient sur un réseau dense de pâtures estivales et hivernales qui s’étalaient dans tous les Balkans. Dans l’espace grec, les nomades sont désignés par le nom général de Valaques, qui décrit plusieurs groupes ethniques qui avaient les mêmes pratiques productives : nomadisme, transhumance, organisation patriarcale, longs trajets à travers la péninsule Balkanique unifiée à l’intérieur de l’Empire. Dans le Parnès, il y a avait des Sarakatsanes, des populations grécophones dont le berceau se trouvait dans le Pinde (Giotas & Fitas 2011 ; Damianakos 1985). Dans les montagnes d’Attique, pendant la deuxième période de l’Empire, à côté des bergers nomades, apparaissent les brigands, groupes apparentés, alimentés par les mêmes mécanismes de l’« économie des montagnes » et la montée de l’élevage transhumant (Michail Dédé 2006).

Pour ces populations, les poches dans les forêts, en particulier les plateaux des hautes montagnes, revêtaient des connotations spécifiques plus larges que leur haute valeur productive. C’était les lieux de la construction et le symbole de leur identité. Les rendez-vous annuels lors des fêtes religieuses de ces groupes, qui parcouraient de longs trajets différents pendant l’année, étaient les points de référence pour ces populations « en mouvement ».

3.4. 1830 – 1922. Le changement du statut des forêts du Parnès dans une société en

évolution lente

La proclamation d’Athènes capitale du pays fut l’événement majeur pour l’espace de l’Attique. Pourtant la domination de la ville n’était pas encore absolue ; après un premier agrandissement soudain de la ville et le bouleversement de ses rapports avec la campagne, les deux s’accroissent ensuite aux mêmes rythmes moyens. La campagne d’Attique reste peu peuplée, mais en lente transformation. Deux tendances se distinguent, qui apparaissent aussi à Parnès. D’un côté, la disparition des petits villages liés aux « tsifliks » et la consolidation des plus grands, et de l’autre côté, la consolidation des villages des plaines et l’affaiblissement des villages montagnards. Au cours des deux premières décennies du 20ème siècle les phénomènes s’accélèrent et les premiers signes d’une hypertrophie de la ville d’Athènes se manifestent.

La vieille distinction entre les terres des « tsifliks » et les terres de « kefalochoria » de l’espace du Parnès s’est retrouvée entre les terres revendiquées par les capitaux internationaux et les terres des revendications locales. La proximité de la nouvelle capitale, ainsi que le droit de délibération différent de l’Attique ont fait que les « tsifliks » des Turcs autour de Parnès ont attiré les intérêts des capitaux internationaux à l’inverse du reste du pays où les pressions sur les forêts ne venaient que de l’État et des pouvoirs locaux. Ces investisseurs, européens ou Grecs de la diaspora, ont tenté pendant toute la période et de plusieurs façons de contourner le cadre juridique, afin d’étendre leurs propriétés aux terres forestières. Or, les luttes des paysans ont obligé les grand propriétaires à négocier, ce qui a conduit à une certaine reconnaissance des droits coutumiers et leur transformation en propriété absolue.

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De l’autre côté de la montagne, le côté sud, sous le ressort des grands villages d’Attique qui tirent leur puissance de l’exploitation indépendante des ressources naturelles, le nouveau régime n’a pas déraciné les droits et les usages coutumiers qui ont résisté, même si l’État réclamait sa propre propriété absolue. Les agents de ces communes, les puissants locaux, les monastères, ont adopté des stratégies identiques aux grands propriétaires pour étendre le plus possible leurs droits sur des terrains forestiers.

Pourtant, quel qu’ait été l’aboutissement du statut de propriété, il n’a pas imposé de nouveaux usages ni de nouveaux usagers à cette période. D’un côté les grands investisseurs, « absents », préféraient continuer à prélever une sorte de rente foncière à l’ancienne plutôt que de mettre en place de nouvelles formes de production. De l’autre côté, le mode d’exploitation de la forêt par les communes des petits propriétaires se transformait lentement. La population de la haute montagne (qui y vit au moins pendant une période de l’année, bergers, nomades, transhumants, brigands) est en pleine croissance au moins jusqu’à 1880, comme dans tout le pays, malgré les tentatives de leur effondrement. La complémentarité de leurs activités notamment avec les grands domaines, la décomposition générale de l’économie, l’impuissance de l’État mais aussi leur manipulation par les familles politiques ont fait que ces populations continuaient à vivre et circuler dans les limites restreintes du territoire national cette fois. Seule exception, le sanatorium sur le plateau central de la montagne, constituait un nouveau territoire émergent, destiné aux populations urbaines, qui va se développer au cours de la période suivante.

La gestion de la forêt du Parnès était importante pour l’administration car devait être exemplaire vu

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