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Recours à la valorisation économique de la biodiversité 60 

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CHAPITRE 1: LA GOUVERNANCE INTERNATIONALE DE LA CONSERVATION DE

3. L’avènement d’un référentiel de gestion des services écosystémiques au niveau

3.1. Recours à la valorisation économique de la biodiversité 60 

L’idée d’une appréciation de la valeur de la biodiversité pour l’être humain est une préoccupation de longue haleine des Nations Unies. En 2000, son Secrétaire général commandite « l’Evaluation des écosystèmes du millénaire » (Millenium Ecosystem

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Les Parties financent la CDB pour qu’elle aide les pays à implémenter leur plan stratégique dans le contexte national et régional, ce qui signifie essentiellement à élaborer leurs SPANB. Le plus important des fonds est le fonds du Japon pour la biodiversité d’un montant de 10 millions de dollars par an pour cinq ans qui couvre par période 2010-2014.

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Quelques objectifs d’Aichi liés à la conservation de la forêt tropicale : éduquer le public (objectif 1), mieux planifier (objectif 2), éliminer les subventions (objectif 3), produire et consommer durablement (objectif 4), réduire de moitié au moins le taux de perte en habitat naturel (objectif 5), créer des aires protégées sur au moins 17% des zones terrestres (objectif 11), éviter l’extinction des espèces connues et améliorer l’état de conservation de ceux en déclin (Objectif 12), s’assurer que la biodiversité donne des avantages multiples, en particulier pour les populations marginalisées (objectif 14) et pour le climat (objectif 15).

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DARDOT P., LAVAL C. La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale. Paris, La Découverte. 2009. p.12

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Assessment)154. Réunissant 1000 experts des domaines socio-économiques et environnementaux d’une cinquantaine de pays, le rapport est publié en 2005. Il démontre que les écosystèmes fournissent trois grandes catégories de services fondamentaux au bien être humain : les services de provision,155 de régulation156et les services culturels157.

Outil pédagogique qualitatif, cette évaluation ne rencontre cependant que peu d’écho internationalement. La raison principale serait le désintérêt des décideurs politiques en raison de l’absence d’un argumentaire économique. En 2006, le nouveau Directeur du PNUE, Achim Steiner, un économiste Allemand précédemment Directeur général de l’UICN reprend ce travail et établit le programme « Economie des écosystèmes et de la biodiversité » (The Economics of Ecosystems and Biodiversity - TEEB) au sein de la « Branche service économie et commerce » (Economics and Trade Branch). Financé initialement par l’Allemagne, ce programme a comme objectif de montrer les bénéfices économiques globaux de la biodiversité et des services des écosystèmes associés.

Pour apprécier plus justement la valeur de la biodiversité, il s’agirait de développer de nouveaux marchés liés à celle-ci lorsque c’est possible, en appliquant le concept de « Payement pour services écosystémiques » (Payement for Ecosystem services). Le concept de « commodification » rend compte de cette démarche considérant « l’expansion du marché dans des domaines où il n’était pas présent avant, et le traitement de n’importe quel objet ou processus comme s’il était une commodité “échangeable”. La commodification implique la transformation conceptuelle et le traitement opérationnel de biens et de services dans des objets qui peuvent être négociables. La commodification des services écosystémiques désigne l’inclusion de nouvelles fonctions de l’écosystème en des systèmes de prix et des relations de marché »158.

Le programme TEEB est placé sous le leadership de Pavan Skhudev, le responsable des marchés internationaux à la Deutsche Bank qui prend un congé sabbatique pour assurer cette mission. L’Allemagne a présenté les résultats intérimaires de TEEB à la COP9 en 2008       

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MILLENNIUM ECOSYSTEM ASSESSMENT. Ecosystems and Human Well-being: Synthesis. Washington D.C., Island Press. 2005.

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Produits obtenus des écosystèmes, incluant la nourriture, les fibres, les sources d’énergie, les ressources

génétiques, les médecines naturelles, l’eau fraîche et les ressources ornementales.

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Services obtenus de la régulation des processus au sein de l’écosystème, incluant la régulation de la qualité

de l’air, la régulation du climat à la fois localement (surtout la température et les précipitations) et globalement

(par exemple en séquestrant ou en émettant des gaz à effet de serre), la régulation de l’eau et de l’érosion, la purification de l’eau, la régulation des maladies, la pollinisation et la régulation des évènements extrêmes (par exemple en limitant les inondations).

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Bénéfices non matériels que les gens obtiennent de ces écosystèmes à travers l’enrichissement spirituel, le développement cognitif, la réflexion, la récréation et les expériences esthétiques.

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GOMEZ-BAGGETHUN E., RUIZ-PEREZ M. Economic valuation and the commodification of ecosystem services. Progress in Physical Geography. Octobre 2011, Vol 35. n°5, 613-628.

qu’elle a organisée à Bonn. Si les premières évaluations économiques de la biodiversité datent de 1973159, c’est la première fois que ce concept est porté au sommet d’une institution internationale.

TEEB reçoit un écho très positif en démontrant que le maintien des écosystèmes et de la biodiversité seraient l’option la moins onéreuse pour maintenir le bien être humain160. Cette approche économique permet de rationaliser les décisions liées à la biodiversité. Achim Steiner résume cette pensée : « Un certain nombre d’ONG disent quelque chose comme plus d’écologie et moins d’économie. Emotionnellement, je sympathiserais avec cela. Mais, rationnellement, je dirais plus d’écologie et plus d’économie, c’est ce que nous devrions chercher…nous ne devrions plus accepter cette idée que nous devons détruire la planète pour être une société de bien-être »161.

Les autres grands pays donateurs en matière de conservation rejoignent l’Allemagne162. L’édition globale finale de TEEB est présentée à la COP10 de Nagoya, puis déclinée sous différentes formes pour chaque public-cible : le secteur privé163, le pouvoir politique national164, le pouvoir politique local165 et même le citoyen166. TEEB devient également une référence pour les travaux du PNUE sur « l’ Economie verte » (Green economy) entrepris par la même branche peu après avec des donateurs similaires. Pour le PNUE, « l’Economie verte» « est une économie qui entraine une amélioration du bien être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources. Sous sa forme la plus simple, elle se caractérise par un faible taux d’émission de carbone, l’utilisation rationnelle et l’inclusion sociale »167.

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CLARK C. The Economics of overexploitation. Science. 1973, 181, p.630-634. 160

TEEB. The Economics of Ecosystems and Biodiversity : Ecological and Economic Foundations. London, Earthscan. 2010

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Achim Steiner, présentation à Londres le 2012-03-29 au symposium « Planet Under Pressure » : “A number

of NGOs say something along the line ‛more ecology and less economy’. Emotionally I would sympathize with that. But Rationally I would say. ‛More ecology and economy’, is what we should look for… we should no longer accept this notion that we have to destroy the planet in order to be a welfare society”.

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Les donateurs de TEEB au 20 février 2012 sont la Commission Européenne, l’Allemagne, la Grande- Bretagne, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède et le Japon

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TEEB. The Economics of Ecosystems and Biodiversity in Business. Edited by J. Bishop. Earthscan, London. 2011

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TEEB. The Economics of Ecosystems and Biodiversity in National and International Policy Making. Edited by P. ten Brink. Earthscan, London. 2011

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TEEB. The Economics of Ecosystems and Biodiversity in Local and Regional Policy and Management. Edited by H. Wittmer and H. Gundimeda. Earthscan, London. 2011.

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www.teeb4me.com 167

PNUE. Vers une économie verte : pour un développement durable et une éradication de la pauvreté –

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