• Aucun résultat trouvé

Le travail d’institutionnalisation de GRASP en un accord international 84 

Dans le document en fr (Page 85-88)

CHAPITRE 2 : UNE INITIATIVE STRATÉGIQUE DES ORGANISATIONS POUR LA

1. GRASP comme accord international au service des organisations de conservation 69 

1.2. L’organisation de GRASP au bénéfice des organisations de conservation 81 

1.2.3.  Le travail d’institutionnalisation de GRASP en un accord international 84 

La conférence intergouvernementale de Kinshasa en Septembre 2005 réunit plus de 200 participants internationaux et 300 nationaux. Pour fonctionner, GRASP adopte une structure officielle (Illustration 7) en haut de laquelle se trouve l’assemblée générale ou « Conseil de GRASP » (GRASP Council).

L’assemblée générale adopte les différents organes intérimaires conçus par Ape Alliance et le PNUE, soit la commission scientifique, le secrétariat conjoint PNUE-UNESCO, le comité exécutif, l’équipe de soutien technique et les parrains. Entre deux réunions du conseil de GRASP dont l’intervalle est fixé à deux ans, le comité exécutif élu par le conseil de GRASP dirige le GRASP.

(Source : GRASP, consulté sur www.un-grasp.org le 06 avril 2012) Illustration 7. Structure officielle du fonctionnement de GRASP entre 2005 et 2012 L’assemblée générale adopte également les documents-clefs qui organisent le fonctionnement de GRASP : la stratégie mondiale pour la survie des grands singes et de leur habitat (qui inclut les objectifs de l’accord, les actions prioritaires et les règles de fonctionnement de chaque organe de GRASP) et la déclaration de Kinshasa sur les grands singes237.

       237

Ces documents présentés par le secrétariat GRASP/PNUE avaient été préparés par les associations partenaires d’Ape Alliance, ce qui montre l’alliance stratégique entre le PNUE et les organisations de conservation. Ainsi, la stratégie mondiale est élaborée par Stanley Johnson de l’association de conservation IFAW que le PNUE a engagé comme consultant238. Cette stratégie est un enjeu primordial puisqu’elle détaille les règles du partenariat, et donc fixe les relations de pouvoir liées aux règles organisationnelles entre les catégories de membres. Ainsi, les partenaires « de plein droit » (ONG, Etats donateurs, Etats de l’aire de répartition) peuvent voter. Au contraire, les partenaires « de soutien » (entreprises privées, parrains) n’ont pas de droit de vote et les communautés locales sont omises.

De même, la version initiale de la déclaration de Kinshasa a été conçue en grande partie par l’équipe de soutien technique et par la commission scientifique, soit chaque fois par des organisations de conservation partenaires d’Ape Alliance. Ainsi, « Leighton [co-Président de la commission scientifique intérimaire et directeur de l’association GAWHP partenaire d’Ape Alliance] élabora des sections pour la Déclaration de Kinshasa…à la demande du secrétariat de GRASP »239.

Cette alliance stratégique porte ses fruits, puisqu’il y a peu de différence entre les documents présentés à la conférence et ceux adoptés définitivement. Au cours du processus de négociation, les Etats de l’aire de répartition ont imposé cependant quelques modifications dans la déclaration.240 Tout d’abord, ils ont demandé l’introduction de quelques principes- clefs du référentiel de « gestion des services écosystémiques ». La version finale introduit « la

souveraineté des États » (et donc supprime toute idée de droit d’ingérence au nom de la mise

en œuvre du droit), des « responsabilités communes, mais différenciées » (et donc attribue la responsabilité des moyens aux pays développés). Elle inclut la conservation dans une formule plus large de « réduction de la pauvreté, comme par exemple un projet de développement

rural ». Ensuite, l’idée d’urgence, caractéristique du référentiel de « conservation radicale »,

est éliminée (le risque d’extinction « dans le futur immédiat » est supprimé) et l’objectif

« Pour 2010, d’assurer le futur de toutes les espèces et les sous-espèces de grands singes »241

est retardé pour 2015 dans la version finale.

       238

Ibid. 239

LEIGHTON M. Report of the GRASP Interim Scientific Commission. December 2004 to December 2006. 20 February 2007. P.2 “Leighton drafted sections of the Kinshasa Declaration … upon request by the GRASP

Secretariat”

240

GRASP. Rapport de la première réunion intergouvernementale sur GRASP…Op. Cit. Annex3-Déclaration de Kinshasa sur les Grands Singes.

241

Excepté ces modifications générales, la déclaration finale reste proche de celle initialement proposée, alliant conservation et gestion des écosystèmes. Il s’agit d’une déclaration d’intention qui n’engage en rien les signataires sur des objectifs fixés et qui n’est pas liée à un système de sanction. Comme le dit un directeur de l’UNESCO qui négociait le texte :

« Au niveau des principes, personne ne va être en désaccord avec rien ».242

Dans ce contexte, la Déclaration de Kinshasa a été signée par 78 institutions, en particulier tous les Etats possédant des populations naturelles de grands singes sauf la Malaisie, huit pays donateurs, 28 organisations non gouvernementales, deux accords multilatéraux de l’environnement (CITES et CMS), le PNUE et l’UNESCO.

En résumé, sous couvert de soutenir le développement institutionnel de GRASP, et donc d’être les garants du bien commun qu’est la protection des grands singes, des organisations de conservation, et plus largement les acteurs qui s’inscrivent dans un référentiel de « conservation radicale » (soit le PNUE et les membres d’Ape Alliance), pèsent sur le dispositif opérationnel de GRASP - soit les organes et les règles de fonctionnement - pour qu’il suive un référentiel de « conservation radicale » et pour contrôler son fonctionnement. Le dispositif entériné, le principal enjeu va être son opérationnalisation.

Les organisations de conservation et le PNUE vont alors mobiliser quatre moyens pour faire vivre GRASP : les relations interpersonnelles entre primatologues, contrôle de flux financiers, visibilité médiatique et développement d’une argumentation scientifique. La circulation de ces moyens forment autant de boucles d’interactions et de rétroaction qui sont décrits ci-après.

       242

Entretien avec un directeur à l’UNESCO 2012-05-11 “at the level of principle nobody can disagree with

Dans le document en fr (Page 85-88)

Outline

Documents relatifs