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Conclusion sur l’architecture internationale de la conservation de la biodiversité 64 

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CHAPITRE 1: LA GOUVERNANCE INTERNATIONALE DE LA CONSERVATION DE

4. Conclusion sur l’architecture internationale de la conservation de la biodiversité 64 

Ce chapitre introductif a permis de comprendre le cadre actualisé de l’architecture internationale de la conservation de la biodiversité qui est en particulier consacré à la conservation des espèces charismatiques et de leur espèce. Ce chapitre a permis de dégager trois grands traits qui seront mobilisés dans les chapitres ultérieurs : l’existence d’un référentiel de « conservation radicale » qui laisse place à un référentiel de « gestion des ressources écosystémiques », la prévalence d’une science dont l’autorité guiderait le politique, et enfin la mainmise des organisations de conservation internationale au niveau national dans les pays possédant des espèces charismatiques à protéger, qui tendent à imposer leur vision « radicale » de la conservation. Ces trois traits sont développés ci-dessous.

       175

http://www.ipbes.net/ « The role that civil society can play in shaping IPBES and defining its goals » accédé le 2013-07-10.

176

IUCN's support to the IPBES process. Consulté le 2013-07-10

http://www.iucn.org/about/work/programmes/global_policy/gpu_what_we_do/ipbes/ipbes_and_iucn/ 177

IUCN. IUCN Knowledge Products: The basis for a partnership to support the functions and work programme

of IPBES. Accédé le 2013-07-10- http://data.iucn.org/dbtw-wpd/edocs/2012-015.pdf. 2012.

178

BROOKS T. IPBES : IUCN support for the Platform. By IUCN. Présentation Power point. 20 janvier 2013. 179

Référentiel Conservation radicale Gestion des services écosystémiques Dimension cognitive Urgence :

conservation de chaque individu et de chaque espace.

Développement durable : économie verte et

commodification. Dimension normative Légale :

principes de respect des lois et des institutions.

Instrumentale et gestionnaire : instruments de planification, marché de concessions, expertise et études d’impacts. Dimension

instrumentale

Programmes de protection de chaque individu et de chaque habitat.

Plans de gestion.

Droit Droit environnemental pour les espèces et les écosystèmes.

Droit environnemental générique. Accords volontaires. Droits humains. Démarche d’opérationnalisation privilégiée. Idéaliste :

par le haut, fondée sur le respect de dogmes conservationnistes (par les organismes extérieurs de conservation).

Pragmatique :

composer entre action de l’état, du marché et de la société civile.

Soutenue par Les organisations de

conservation traditionnelles (des animaux et de leur espace).

Les acteurs du marché.

Appel aux médias Lancement d’alerte adressé à l’humanité sur la disparition d’espèces emblématiques.

Planifié pour rassurer le consmateur.

Temporalités Temporalité de l’action urgente avant irréversibilité.

Temporalité du moyen et long terme, planification des activités.

Vision de l’espace Conception spécialisée des activités : distinction entre les lieux des activités anthropiques.

Intégré, polyfonctionnel.

Financement Par l’aide au développement ou par la contribution volontaire de soutiens (fondations, individus).

Financement de la protection par l’exploitation et le marché.

Dimension psychologique

Sentimentale. Raison.

Création de valeur Relation. Monétaire, dans l’économie de marché. Représentation de la réalité Simplification quantitative et désincarnée (modélisation, cartographie….). Simplification quantitative et désincarnée (modélisation, cartographie….).

Tableau 3. Scission sémantique entre les deux référentiels : « gestion des services écosystémiques » et « conservation radicale »

Premièrement, l’établissement de cette architecture internationale doit beaucoup aux organisations de conservation des Etats occidentaux. Historiquement, elles ont imposé un référentiel global de « conservation radicale » caractérisé par une triple dimension : cognitive

avec la rhétorique de l’urgence, normative avec l’importance donnée au respect des règles et des institutions, et instrumentale avec des dispositifs de gestion de la protection des espèces. En 2010, l’évaluation par le secrétariat de la CDB des 21 objectifs de conservation de la biodiversité établis en 2002 montre qu’aucun d’entre eux n’a été atteint. Ceci conduit les Etats à changer radicalement leur approche (voir tableau 3) et à imposer globalement un référentiel de « gestion de services écosystémiques » avec une triple dimension : cognitive avec l’idée d’un développement durable basé sur une économie verte, normative avec la mise à prix de la biodiversité (commodification) et instrumentale avec des plans de gestion et une approche scientifique.

Le chapitre 2 propose de concentrer l’analyse sur un accord international particulier, le « Partenariat pour la survie des grands singes » (Great Apes Survival Partnership – GRASP), qui apparaît comme emblématique des efforts internationaux de conservation des espèces. Il s’agit d’analyser ce que signifie ce partenariat lorsqu’il est inscrit dans un référentiel de « conservation radicale », puis dans un référentiel de « gestion des services écosystémiques », et donc d’analyser les conséquences du passage d’un référentiel à l’autre pour les différents acteurs, et tout particulièrement les organisations de conservation.

Deuxièmement, le premier chapitre a mis en avant les enjeux politiques contemporains forts liés à la science. La rationalité de la science occidentale dirigerait ou légitimerait les arbitrages politiques. Mais, ces analyses scientifiques sont portées par des acteurs, comme l’UICN et son réseau d’organisations, qui se trouvent au centre d’un conflit d’intérêt en étant à la fois juges et parties. Par exemple l’UICN est chargé de la définition scientifique de chaque espèce pour établir la Liste rouge des espèces menacées. Cette liste constitue l’autorité mondialement pour apprécier les tendances sur la conservation de la biodiversité et sur le plan de mise en œuvre des objectifs d’Aichi contenus dans le nouveau plan stratégique 2011-2020. En même temps, les organisations liées à l’UICN sont parmi les acteurs influents impliqués pour assurer la gestion de la conservation des espèces et de leur espace. Le chapitre III permettra d’analyser les ressorts de l’activité scientifique en détaillant le processus d’élaboration de la connaissance sur l’orang-outan de Sumatra.

Enfin, troisièmement, ce premier chapitre a esquissé les grandes tendances qui ont cours au niveau national des Etats possédant les espèces charismatiques en évoquant leur inclinaison à se mettre en retrait de l’application de la conservation des espèces et de leurs espaces. L’essentiel de l’effort revient alors aux organisations de conservation et aux Etats donateurs. De ce fait, la mise en œuvre de la conservation au niveau national s’est, depuis sa création, focalisée sur l’application d’un référentiel de « conservation radicale » créé au niveau

international, par l’établissement d’un cadre juridique et institutionnel de protection par le haut au détriment d’une approche basée sur les contraintes et opportunités des configurations locales. Le chapitre III permettra de comprendre comment les organisations de conservation ont travaillé au niveau indonésien pour développer un cadre de protection pour l’orang-outan de Sumatra compatible avec leur conception « radicale » de la conservation.

CHAPITRE

2 :

UNE

INITIATIVE

STRATÉGIQUE

DES

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