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CONSTRUIRE UNE ÉPISTÉMOLOGIE

Chapitre 2. Thèse sur travaux, cité par projets

2.2 La recherche sur projets

Le format de thèse sur travaux illustre en effet certaines des mutations qu’est en train de connaître le monde de la recherche académique. En tant que telle, la thèse sur travaux est un thème bourgeonnant qui commence à être documenté à mesure que ce format prend de l’ampleur dans la production des savoirs et dans les carrières académiques. De fait, c’est en premier lieu dans les champs de la pédagogie et des doctoral studies que cet objet est abordé (Mason &

Merga, 2018; Peacock, 2017), au regard de l’expérience vécue et des relations entre doctorants et directeurs (M. Butt, 2013; Dinham & Scott, 2001; Dowling, Gorman-Murray, Power, & Luzia, 2012; Robins & Kanowski, 2008) ou encore du point de vue des politiques et stratégies universitaires (R. E. Davies & Rolfe, 2009; Jackson, 2013; Mason & Merga, 2018). Sans surprise, la littérature consacrée est très largement anglophone, en raison sans toute de la faible prééminence de ce format dans les universités francophones.

À ce titre, mon expérience de recherche doctorale est l’occasion de faire un retour sur ce format singulier, ses implications sur l’organisation de la recherche et surtout de le replacer dans le contexte d’un basculement plus large des politiques des universités et de leurs financeurs. Maryline Strathern (2000) décrit certains de ces changements en s’intéressant à l’institution d’une

« culture de l’audit » dans l’académie, par percolation de méthodes héritées du monde entrepreneurial et du new public management. Cette culture, basée sur la codification des processus internes aux universités, instaure de plus en plus de procédures de validation, d’évaluations des performances, qui conditionnent la continuité des budgets ou le renouvellement des postes. De ce nouveau management universitaire résulte une disposition au contrôle régulier des résultats de la recherche par l’octroi de subsides de recherche organisés non plus de manière linéaire, mais au cas par cas pour des objectifs et des livrables spécifiés à l’avance, en ce que certain ont décrit comme une organisation « sur projet » de la recherche (Barrier, 2011). Julien Barrier s’intéresse ainsi aux réorganisations qu’impose le financement de la recherche sur projet au travail des chercheurs. La recherche permanente de financements conduit à un accroissement de ce qu’il appelle le « travail d’articulation » — la veille sur les opportunités de financement, le temps passé à répondre à de nombreux appels à projets, la coordination exigée entre équipes partenaires et pluridisciplinaires. Les scientifiques jonglent en permanence avec des

« portefeuilles de projets » menés en parallèle. Ils développent des stratégies visant à valoriser leurs dossiers scientifiques et professionnels, entre exploitation des résultats déjà acquis et exploration de nouvelles pistes de recherche (ibid.).

On pourra arguer, à l’instar de Jean-Pierre Boutinet (2012), que la recherche est de facto une activité construite sur le projet, en ceci que toute intention de recherche passe à la réalité par des phases et des paramétrages qui la rapprochent du projet. L’énonciation du programme de recherche, l’esquisse de l’activité à réaliser, est ce qui permet le glissement de l’objet réel à l’objet construit : « objet exprimable non plus de façon thématique, mais sur le mode d’un concept opératoire qui pourra être directement soumis à l’épreuve des faits » (ibid., p. 106). De même, la définition du cadre empirique, de la problématique et de la méthode sont les formes de séquençage du dessein scientifique en activité productive. Si, pour Boutinet, cette organisation de la

disciplinaire qui m’était alors inconnu et constituent, je le crois, un apport précieux au parcours heuristique de cette thèse.

Enfin (et c’est davantage un corollaire aux trois précédents éléments qu’une véritable raison), la publication de travaux en cours de thèse représenterait un atout en matière de débouchés professionnels. La constitution d’un dossier académique et d’un carnet d’adresses à faire valoir en fin de doctorat bien entendu, mais également le développement de compétences pratiques annexes à la recherche pure — identification des opportunités de publication, relation avec les relecteurs et les éditeurs (Wilkinson, 2015) et plus généralement la question des politiques de publication (Lawrence, 2003) — qui font généralement défaut dans les formations doctorales classiques (Mason &

Merga, 2018).

Si ces raisons me semblent toujours fondées, le recul acquit durant ces cinq dernières années à pratiquer une recherche doctorale orientée travaux m’amène à penser que ce format n’est pas qu’un mode de restitution, mais qu’il induit des modifications dans la manière dont se structure la recherche, tant dans son organisation logistique, que dans ses fondements ontologiques.

2.2 La recherche sur projets

Le format de thèse sur travaux illustre en effet certaines des mutations qu’est en train de connaître le monde de la recherche académique. En tant que telle, la thèse sur travaux est un thème bourgeonnant qui commence à être documenté à mesure que ce format prend de l’ampleur dans la production des savoirs et dans les carrières académiques. De fait, c’est en premier lieu dans les champs de la pédagogie et des doctoral studies que cet objet est abordé (Mason &

Merga, 2018; Peacock, 2017), au regard de l’expérience vécue et des relations entre doctorants et directeurs (M. Butt, 2013; Dinham & Scott, 2001; Dowling, Gorman-Murray, Power, & Luzia, 2012; Robins & Kanowski, 2008) ou encore du point de vue des politiques et stratégies universitaires (R. E. Davies & Rolfe, 2009; Jackson, 2013; Mason & Merga, 2018). Sans surprise, la littérature consacrée est très largement anglophone, en raison sans toute de la faible prééminence de ce format dans les universités francophones.

À ce titre, mon expérience de recherche doctorale est l’occasion de faire un retour sur ce format singulier, ses implications sur l’organisation de la recherche et surtout de le replacer dans le contexte d’un basculement plus large des politiques des universités et de leurs financeurs. Maryline Strathern (2000) décrit certains de ces changements en s’intéressant à l’institution d’une

« culture de l’audit » dans l’académie, par percolation de méthodes héritées du monde entrepreneurial et du new public management. Cette culture, basée sur la codification des processus internes aux universités, instaure de plus en plus de procédures de validation, d’évaluations des performances, qui conditionnent la continuité des budgets ou le renouvellement des postes. De ce nouveau management universitaire résulte une disposition au contrôle régulier des résultats de la recherche par l’octroi de subsides de recherche organisés non plus de manière linéaire, mais au cas par cas pour des objectifs et des livrables spécifiés à l’avance, en ce que certain ont décrit comme une organisation « sur projet » de la recherche (Barrier, 2011). Julien Barrier s’intéresse ainsi aux réorganisations qu’impose le financement de la recherche sur projet au travail des chercheurs. La recherche permanente de financements conduit à un accroissement de ce qu’il appelle le « travail d’articulation » — la veille sur les opportunités de financement, le temps passé à répondre à de nombreux appels à projets, la coordination exigée entre équipes partenaires et pluridisciplinaires. Les scientifiques jonglent en permanence avec des

« portefeuilles de projets » menés en parallèle. Ils développent des stratégies visant à valoriser leurs dossiers scientifiques et professionnels, entre exploitation des résultats déjà acquis et exploration de nouvelles pistes de recherche (ibid.).

On pourra arguer, à l’instar de Jean-Pierre Boutinet (2012), que la recherche est de facto une activité construite sur le projet, en ceci que toute intention de recherche passe à la réalité par des phases et des paramétrages qui la rapprochent du projet. L’énonciation du programme de recherche, l’esquisse de l’activité à réaliser, est ce qui permet le glissement de l’objet réel à l’objet construit : « objet exprimable non plus de façon thématique, mais sur le mode d’un concept opératoire qui pourra être directement soumis à l’épreuve des faits » (ibid., p. 106). De même, la définition du cadre empirique, de la problématique et de la méthode sont les formes de séquençage du dessein scientifique en activité productive. Si, pour Boutinet, cette organisation de la

science en projet est un invariant temporel — il invoque Gaston Bachelard qui en 1934 affirmait déjà que « dans la pensée scientifique, la méditation de l’objet par le sujet prend toujours la forme du projet » (Bachelard, 1934, p. 15; cité par Boutinet, 2012, p. 106) —, la pensée du projet semble néanmoins investir l’activité scientifique en tant que mode organisationnel et évaluatif. L’évolution des cadres administratifs et financiers (Hubert & Louvel, 2012), tout comme celle de la culture professionnelle de la recherche — où la réputation tend à être mesurée au nombre et à l’ampleur des projets de recherche dirigés (Vilkas, 2009) — laisse à penser qu’il s’agit bel et bien d’un nouveau système de valeurs de référence, dont la thèse sur travaux pourrait être l’un des avatars.

C’est à nouveau chez Luc Boltanski et Ève Chiapello que l’on trouve une grille d’analyse de ce basculement, à travers la notion de « cité par projets » (Boltanski

& Chiapello, 1999). Le concept de « cité », comme système de valeurs, est issu de De la justification. Les économies de la grandeur (Boltanski & Thévenot, 1991). Les auteurs y expliquent que les décisions prises, les hiérarchies et les ordres de grandeur établis dans les mondes sociaux, ne dépendent pas de normes sociales réifiées, mais sont justifiés en prenant pour base des conventions établies entre les personnes concernées dans les conjonctures particulières. Ces cinq systèmes de justifications, appelés « cités », peuvent être invoquées dans différentes situations (la cité domestique dans le cadre familial, la cité marchande dans celui de l’entreprise, etc.). En s’appuyant sur cette grammaire, Boltanski et Chiapello théorisent la « cité par projet », pour désigner un nouveau système de valeurs et de validation basé sur la mise en réseau, où le travail — linéaire, stable et délimité — est remplacé par « l’activité », un des moteurs de l’organisation par projet :

L’activité vise à générer des projets ou à s’intégrer à des projets initiés par d’autres […] l’activité par excellence consiste à s’insérer dans des réseaux et à les explorer, pour rompre son isolement et avoir des chances de rencontrer des personnes ou de frayer avec des choses dont le rapprochement est susceptible d’engendrer un projet. (Boltanski & Chiapello, 1999, pp. 178–

179)

Les qualités valorisées par cette « cité » — la flexibilité, le talent, la capacité à identifier et établir des connexions — sont mises à profit sur des projets courts, qui activent pour une période délimitée, des ressources et des connexions spécifiquement orientées vers la réalisation des objectifs du projet.

La thèse, un « portefeuille » de projets

Cette référence au projet est poussée dans le monde universitaire de manière générale — et plus spécifiquement, elle est valorisée dans l’organisation du travail de doctorat. Les exigences administratives imposent aux candidats de présenter régulièrement l’avancement de leur travail, sous forme de rapports annuels d’activités remis à un comité scientifique ad hoc et d’évaluations périodiques validées par différents échelons académiques et hiérarchiques.

Bien que peu contraignantes dans les faits — à ma connaissance, peu de doctorants se sont vus être exclus à la suite d’un avis défavorable d’une commission —, ces évaluations sont autant d’incitations pour les candidats à produire « de l’activité » — publications, participations à des conférences, collaborations scientifiques — pour démontrer leur insertion dans les mécanismes académiques.

Il n’est alors pas anodin que la Conférence universitaire de Suisse occidentale (CUSO) — qui organise une école doctorale unifiée à toutes les universités romandes — ait intégré à son offre pédagogique des formations en gestion de projets66. Dans ces formations, les participants sont invités à organiser leur travail de recherche à la manière d’un projet industriel. La « mutation culturelle »67 est accomplie à tel point que le vocabulaire est totalement intégré : on y apprend à identifier des parties prenantes, à analyser et contrôler des risques, à définir une matrice de responsabilité en cas de distribution du travail, à phaser le projet et à découper ses éléments constitutifs en tâches et sous-tâches, auxquelles on pourra affecter des ressources68.

À ce titre, la thèse sur travaux représente sans doute l’expression la plus aboutie de l’organisation sur projet du travail doctoral. Basées sur des temporalités plus

66 « Introduction au management de projet » et « Project Management — a Toolbox for Scientists », organisés périodiquement par la CUSO à destination des doctorant-e-s.

67 A ce sujet, David Graeber (2015) et Béatrice Hibou (2013) montrent comment la culture manageriale et ses arts de faire se sont étendus aux administrations publiques et à l’université notamment par l’adoption d’un glossaire hérité du monde des affaires. La question du discours managerial et du projet est, bien évidemment, également centrale dans l’ouvrage de Boltanski et Chiapello (1999).

68 Les mots mis en exergue sont issus de la formation « Introduction au management de projet » des 4 et 18 octobre 2018.

science en projet est un invariant temporel — il invoque Gaston Bachelard qui en 1934 affirmait déjà que « dans la pensée scientifique, la méditation de l’objet par le sujet prend toujours la forme du projet » (Bachelard, 1934, p. 15; cité par Boutinet, 2012, p. 106) —, la pensée du projet semble néanmoins investir l’activité scientifique en tant que mode organisationnel et évaluatif. L’évolution des cadres administratifs et financiers (Hubert & Louvel, 2012), tout comme celle de la culture professionnelle de la recherche — où la réputation tend à être mesurée au nombre et à l’ampleur des projets de recherche dirigés (Vilkas, 2009) — laisse à penser qu’il s’agit bel et bien d’un nouveau système de valeurs de référence, dont la thèse sur travaux pourrait être l’un des avatars.

C’est à nouveau chez Luc Boltanski et Ève Chiapello que l’on trouve une grille d’analyse de ce basculement, à travers la notion de « cité par projets » (Boltanski

& Chiapello, 1999). Le concept de « cité », comme système de valeurs, est issu de De la justification. Les économies de la grandeur (Boltanski & Thévenot, 1991). Les auteurs y expliquent que les décisions prises, les hiérarchies et les ordres de grandeur établis dans les mondes sociaux, ne dépendent pas de normes sociales réifiées, mais sont justifiés en prenant pour base des conventions établies entre les personnes concernées dans les conjonctures particulières. Ces cinq systèmes de justifications, appelés « cités », peuvent être invoquées dans différentes situations (la cité domestique dans le cadre familial, la cité marchande dans celui de l’entreprise, etc.). En s’appuyant sur cette grammaire, Boltanski et Chiapello théorisent la « cité par projet », pour désigner un nouveau système de valeurs et de validation basé sur la mise en réseau, où le travail — linéaire, stable et délimité — est remplacé par « l’activité », un des moteurs de l’organisation par projet :

L’activité vise à générer des projets ou à s’intégrer à des projets initiés par d’autres […] l’activité par excellence consiste à s’insérer dans des réseaux et à les explorer, pour rompre son isolement et avoir des chances de rencontrer des personnes ou de frayer avec des choses dont le rapprochement est susceptible d’engendrer un projet. (Boltanski & Chiapello, 1999, pp. 178–

179)

Les qualités valorisées par cette « cité » — la flexibilité, le talent, la capacité à identifier et établir des connexions — sont mises à profit sur des projets courts, qui activent pour une période délimitée, des ressources et des connexions spécifiquement orientées vers la réalisation des objectifs du projet.

La thèse, un « portefeuille » de projets

Cette référence au projet est poussée dans le monde universitaire de manière générale — et plus spécifiquement, elle est valorisée dans l’organisation du travail de doctorat. Les exigences administratives imposent aux candidats de présenter régulièrement l’avancement de leur travail, sous forme de rapports annuels d’activités remis à un comité scientifique ad hoc et d’évaluations périodiques validées par différents échelons académiques et hiérarchiques.

Bien que peu contraignantes dans les faits — à ma connaissance, peu de doctorants se sont vus être exclus à la suite d’un avis défavorable d’une commission —, ces évaluations sont autant d’incitations pour les candidats à produire « de l’activité » — publications, participations à des conférences, collaborations scientifiques — pour démontrer leur insertion dans les mécanismes académiques.

Il n’est alors pas anodin que la Conférence universitaire de Suisse occidentale (CUSO) — qui organise une école doctorale unifiée à toutes les universités romandes — ait intégré à son offre pédagogique des formations en gestion de projets66. Dans ces formations, les participants sont invités à organiser leur travail de recherche à la manière d’un projet industriel. La « mutation culturelle »67 est accomplie à tel point que le vocabulaire est totalement intégré : on y apprend à identifier des parties prenantes, à analyser et contrôler des risques, à définir une matrice de responsabilité en cas de distribution du travail, à phaser le projet et à découper ses éléments constitutifs en tâches et sous-tâches, auxquelles on pourra affecter des ressources68.

À ce titre, la thèse sur travaux représente sans doute l’expression la plus aboutie de l’organisation sur projet du travail doctoral. Basées sur des temporalités plus

66 « Introduction au management de projet » et « Project Management — a Toolbox for Scientists », organisés périodiquement par la CUSO à destination des doctorant-e-s.

67 A ce sujet, David Graeber (2015) et Béatrice Hibou (2013) montrent comment la culture manageriale et ses arts de faire se sont étendus aux administrations publiques et à l’université notamment par l’adoption d’un glossaire hérité du monde des affaires. La question du discours managerial et du projet est, bien évidemment, également centrale dans l’ouvrage de Boltanski et Chiapello (1999).

68 Les mots mis en exergue sont issus de la formation « Introduction au management de projet » des 4 et 18 octobre 2018.

itératives que la monographie, ses composantes peuvent aisément être découpées en tâches courtes et planifiables dans le temps. Ces tâches, faites de connexions circonstancielles, s’inscrivent dans des structures de recherche souples en associant temporairement, en réseau, des moyens et des personnes de provenances différentes pour la réalisation d’objectifs spécifiques. Chaque publication de la thèse est ainsi pensée comme un projet : elle nécessite, de la part du chercheur, la mobilisation de temps et de ressources — énergie, travail, collaboration, données, personnes-ressources —, ainsi que la définition d’un échéancier propre. Elle exige, dans le cas d’un coautorat, l’établissement d’une entente, voire de compromis, entre les chercheurs engagés : pour les objectifs, qui peuvent être différents d’un participant à l’autre ; pour l’investissement respectif selon l’importance que représente le projet pour les parties impliquées ; pour le protocole à suivre ; pour la conduite du projet. Et, bien que les choses ne soient pas exprimées ainsi, il y a de fait un project manager qui souvent prend la place du premier auteur et qui s’assure que les étapes sont passées à temps, les délais respectés, les ressources pertinemment mobilisées.

Chaque publication répond à un but défini à l’avance — outre l’objectif tautologique d’être publié, il s’agit généralement de présenter une réflexion théorique, un état de l’art, des résultats — qui est lui-même soumis à des processus de contrôle qualité — en général les éditeurs d’une revue ou d’un ouvrage ou leurs évaluateurs anonymes.

Le remplacement du travail par l’activité — l’indifférenciation entre le travail et le non-travail, l’une des caractéristiques de la cité par projet — se manifeste également dans l’organisation séquentielle de la thèse sur travaux. Bien qu’elle n’en n’ait pas le monopole — les thèses monographiques subissant le même type de fusion —, la thèse sur travaux adopte une structuration itérative qui rend encore plus prégnante la nécessité de la « saisie d’opportunité »69. Ainsi, alors que plusieurs projets sont conduits en parallèle — dont l’organisation se structure comme un « portefeuille de projets » (Barrier, 2011), complémentaires, partageant certaines de leurs données ou de leurs participants — s’installe une sorte de confusion générale entre ce qui ressort du travail de doctorat, du travail d’enseignement, de travail de mandats de recherche, ou du non-travail. La collecte de données de terrain se lie aux autres

69 Pour reprendre une expression propre à la gestion de projets.

activités professionnelles. Les contacts, maintes fois rencontrés, finissent par

activités professionnelles. Les contacts, maintes fois rencontrés, finissent par