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Réquisitions des vivres, développement de nouvelles cultures alimentaires et délégitimation de la place des femmes en agriculture

Économie de plantation, mobilités masculines et systèmes locaux de production 1884-

II. 3 : Approche coloniale de l’alimentation et mutation des régimes alimentaires des colonisés

II.3.2. Mesures administratives contraignantes et pratiques alimentaires des populations locales : 1920-

II.3.2.2. Réquisitions des vivres, développement de nouvelles cultures alimentaires et délégitimation de la place des femmes en agriculture

Le contexte d’après-guerre (1916-1925) est particulièrement difficile du point de vue du ravitaillement des centres administratifs en produits alimentaires. De plus, le redémarrage des grands travaux d’infrastructure et d’équipement exige au préalable le règlement de cette épineuse question de disponibilité des vivres pour les ouvriers qui seront réquisitionnés, de manière volontaire ou forcée. L’administration française a été très critique vis-à-vis de la politique allemande en la matière et souhaite faire mieux. Or les systèmes de production locaux, fragilisés depuis l’installation du régime colonial, ne peuvent satisfaire les besoins sans mesures incitatives, voire contraignantes. La production vivrière est donc rendue obligatoire en 1920.

A travers sa politique alimentaire, l’administration coloniale cherche aussi à renforcer l’influence et la légitimité de ses alliés, c’est-à-dire les élites traditionnelles. En pays béti en particulier, où l’institution de la chefferie est une invention coloniale, le pouvoir de contrôle

124 Expression en usage au Cameroun pour parler de la viande issue de la chasse

125 Données extraites des Rapports du gouvernement français à la SDN de 1921, 1922, 1923, 1924, 1925 et

donné aux notables sur la production vivrière et les contrats passés avec eux pour le ravitaillement des chantiers administratifs vise à légitimer aux yeux des populations leur pouvoir. Cette politique a pour conséquence d’inverser symboliquement les rôles de genre dans le processus de production des denrées alimentaires en retirant aux femmes le pouvoir d’initiative dont elles ont toujours disposé en la matière.

L’administration accompagne le décret rendant obligatoire les cultures vivrières pris en par un arrêté, daté de 1925, instituant une commission agricole au niveau de chaque circonscription afin d’associer les populations locales (c’est-à-dire les chefs) « directement à l’œuvre entreprise » en vue de « l’éducation culturale de l’indigène »126

. Ces commissions, contrôlées par l’administration, sont présidées par les chefs de circonscription. Les agents de l’administration conseillent ses membres sur les notions d’économie rurale et de production agricole en général avec pour objectif de « marquer une efficacité totale dans les faits »127.

Y siègent des notables indigènes « choisis parmi les grands producteurs »128. L’objectif de cette commission est de déterminer la superficie à mettre en culture, le nombre d’ouvriers mobilisés sur les chantiers ou sur les plantations qui devront bénéficier de l’exemption de l’obligation aux cultures « indigènes », le nombre de têtes de bétail ou volaille à entretenir etc… L’administration crée des primes et charge les commissions agricoles d’élire les bénéficiaires, ceux qui se sont « distingués par leur zèle et les résultats obtenus » dans la production vivrière. Les membres de ces commissions agricoles se voient confier la responsabilité de définir pour chaque village les objectifs de production vivrière avant chaque campagne de culture et de conseiller les producteurs sur les plantes « dont la culture est à propager » et les améliorations agricoles à adopter. Ils mettent gratuitement à disposition des chefs de village des semences de riz, d’arachides ou d’autres plantes, fournies par les services d’agriculture, dont la culture est recommandée par les autorités coloniales129

.

Ces commissions choisissent et récompensent des chefs et notables « dont les efforts se sont portés sur les travaux agricoles et dont la prospérité est le résultat de l’intelligence et de l’activité qu’ils ont appliquées à ces travaux et de l’expérience qu’ils y ont acquise »130

. Les élites traditionnelles ne pratiquent pourtant aucune activité agricole, mais disposent de la

126 Rapport Annuel du gouvernement français à la SDN, 1926, p. 67. 127 Rapport Annuel du gouvernement français à la SDN 1925, p. 75. 128 Rapport Annuel du gouvernement français à la SDN 1926, p. 67

main d’œuvre des femmes et de leurs nombreux dépendants. Ils capitalisent donc le travail des femmes qui sont en réalité les principales productrices des denrées alimentaires.

Ces commissions agricoles, qui excluent les femmes, sont par ailleurs censées être des espaces de débat et d’échanges entre les « producteurs agricoles » et l’administration, afin de faire connaître les pratiques culturales et les difficultés auxquelles font face les producteurs. Ce sont en définitive des instruments de l’administration pour transformer les systèmes de production familiaux et intégrer des cultures qu’elle juge plus appropriées aux besoins alimentaires des Camerounais. Il n’existe aucune trace de la participation des femmes à ces commissions. Pourtant, la pression mise par les autorités pour le développement de la production vivrière se reporte automatiquement sur elles. Si nous nous référons aux besoins exprimés par les membres de ces commissions agricoles, on se rend compte qu’il s’agit surtout pour les hommes d’utiliser cet espace pour revendiquer des privilèges pour eux- mêmes, qui n’ont rien à voir avec une amélioration du travail agricole des femmes et de leur production.

Ceux que l’administration qualifie de « grands producteurs » agricoles et qui sont primés à ce titre, sont des polygames qui disposent d’assez de femmes et de dépendants pour mettre en culture des superficies importantes. Les demandes qu’ils formulent concernent par exemple, des facilités pour acheter des « outils agricoles » dans de bonnes conditions, c’est-à- dire des fusils pour leur permettre de défendre leurs plantations des animaux sauvages. Etait- ce une tentative de la part des chefs de contourner la législation sur les armes à feu ? Dans tous les cas, l’administration accède à leur demande et leur fournit des « fusils à balles » et leur accorde des permis de port d’armes « de la façon la plus large ». Quant à l’outillage agricole proprement dit, tous les chefs de village reçoivent, dans la région d’Ebolowa par exemple, des haches, des bêches, des pioches et des coutelas, autrement dit exclusivement des outils masculins. C’est dire que pour ces élites traditionnelles, ce dont les femmes ont besoin pour améliorer leur condition de travail dans les champs ne rentre absolument pas en ligne de compte. L’administration ne cherche pas non plus à comprendre ces besoins dans la mesure où sa politique alimentaire n’intègre en aucune façon le fait que dans ces sociétés du Sud- Cameroun la production alimentaire est assurée principalement par les femmes.

Le rapport annuel de 1924, précise cette volonté de l’administration de conforter les pouvoirs des chefs sur leurs administrés en contrepartie de leur loyauté :

Source : Rapport Annuel du Gouvernement français à la société des Nations, 1924, P 54

Le travail des commissions agricoles est supervisé par les agents de l’administration qui, dans chaque subdivision, ont pour mission de contrôler l’étendue des cultures vivrières, la constitution et le fonctionnement des greniers de réserve131, mais aussi, de

rechercher les modes de culture susceptibles d’augmenter les rendements, d’introduire des espèces qui pourront suppléer à l’insuffisance de celles auxquelles la routine s’attachait, de faire de la sélection, mais encore de suggérer de mettre en pratique132.

131 Commissariat de la république, Circulaire n° 106 relative aux tournées des chefs de région et de subdivision On s'attache à sauvegarder le village, seule unité traditionnelle ayant conservé quelque vitalité, et l’on a choisi comme collaborateurs, pour suivre de près ces villages, des chefs de région pris parmi les chefs de village les plus intelligents, les plus ouverts et les plus influents. Ces chefs de région sont dans une certaine mesure, des représentants des divers groupements existants auprès du dépositaire de l’autorité publique. De fait ils constituent, auprès du chef de subdivision, une sorte de conseil dont les avis sont pr cieux toutes les fois qu’il y a lieu de faire appel à la main d’œuvre locale pour les grands travaux d’int rêt public, de rassembler d’importants convois de vivres, d’arrêter la date des travaux de prestation, de fixer le montant de l’impôt, etc. Toujours accompagn s de leurs secr taires et de nombreux notables et chefs de village qui leur servent à eux-mêmes de conseillers, il leur arrive, pour des mesures importantes, de proposer la convocation de l’ensemble des chefs de village. Dans les r gions où jadis, les abus contre leurs congénères ont été fréquents de la part des forts ou des habiles, la confiance ne règne pas. L’autorit du chef de r gion doit toujours s’appuyer sur celle du blanc, à qui on fait un plus large cr dit…

Nous avons de plus en plus des chefs ouverts à nos idées, pleins de bon sens, curieux de méthodes nouvelles et capables de progrès. La plupart ont une aisance qui renforce leur autorité et est en même temps une preuve de l’avantage qu’il y a à travailler avec nous. Aux amandes illicites, aux cadeaux spontanés et intéressés ou aux redevances imposées qui entraient autrefois, pour une part importante dans les ressources des chefs, ceux-ci ont appris auprès de nous à substituer le rapport, d’ailleurs moins al atoire, des plantations qu’ils font suivant nos conseils et les bénéfices qu’ils retirent des troupeaux constitués à notre instigation.

Plusieurs font de leurs richesses le placement traditionnel et achètent des femmes qui permettent l’extension de leurs cultures et donnent de l’ clat à leur maison…

Pour encourager la production vivrière, l’administration use donc de la carotte, mais aussi du bâton. « Le refus d’effectuer des plantations vivrières, le mauvais état d’entretien, sans motif valable, de ces plantations »133 constituent des infractions punies par le code de l’indigénat, c’est-à-dire jusqu’à 15 jours d’emprisonnement et/ou une amende pouvant aller jusqu’à100 francs134.

Ces contrôles administratifs sur la production vivrière sont accompagnés d’une « éducation professionnelle du cultivateur » par le personnel du service de l’agriculture dont la mission consiste également à « intensifier la production des plantes alimentaires et industrielles, et de diffuser les méthodes perfectionnées de culture »135. Un Organe de presse, la Gazette du Cameroun, édité à l’intention des Camerounais, a une mission d’éducation dans ce sens. Il propose des articles d’information agricole à ses lecteurs. C’est une information destinée à une petite élite scolarisée, et inaccessible aux femmes qui, en 1925 n’avaient accès qu’en nombre extrêmement limité à la scolarisation.

Les écoles de village, créées par l’administration, sont également incitées à entretenir des jardins scolaires et fournir aux maître un outil de cours pratiques d’agriculture afin que les élèves renoncent progressivement aux méthodes « d’exploitation routinières » du sol au profit de « véritables méthodes de cultures, une mise en valeur raisonnée de leurs champs familiaux 136». Ces enseignements sont destinés aux garçons. Certains de ces jardins scolaires atteignent plusieurs hectares et leur production sert au ravitaillement des chantiers publics. Les élèves apprennent dans ces cours pratiques à « travailler la terre longuement avant les ensemencements et à plusieurs reprises ; à ne cultiver que de bonnes variétés de plantes alimentaires ou industrielles137 ». Le développement des jardins scolaires est basé sur l’idée que la diffusion des nouvelles méthodes de travail agricole dans le milieu africain serait plus efficace avec la formation des enfants, futurs agriculteurs que l’administration espère plus ouverts aux innovations apportées par la colonisation. Ce message a cependant du mal à passer, car dans les sociétés du sud du Cameroun, le travail de la terre n’est pas la principale occupation des hommes. Par ailleurs, les parents décident d’envoyer leurs garçons à l’école

133 Journal Officiel du Cameroun, N° 107. 15 octobre 1924, Arrêté déterminant les infractions spéciales à

l’indigénat par application du décret du 8 Août 1924, p. 432.

134 Journal Officiel du Cameroun, N° 107. 15 octobre 1924, Décret du 8 Août 1924, déterminant au Cameroun

l’exercice des pouvoirs disciplinaires, P. 419.

135 Rapport annuel du gouvernement français à la Société des Nations, 1925, p. 75. 136 Rapport annuel du gouvernement français à la Société des Nations, 1924, P. 24 137 Ibid., P. 25

dans l’espoir qu’ils accèdent à un métier salarié en ville. L’administration constate d’ailleurs que ces apprentissages, loin de rapprocher les garçons du travail de la terre, ont pour conséquence de leur ouvrir des opportunités vers le salariat, de préférence en ville.

Afin d’encourager le développement de la production vivrière locale, pour prévenir tout risque d’insécurité alimentaire, un plan d’action agricole est élaboré en 1937 et déployé dans toutes les régions administrative du territoire. La directive principale est d’accorder la primauté aux cultures vivrières. Dans la mise en œuvre de ce plan, les administrateurs sont appelés à être particulièrement attentifs à ce que « l’étendue des cultures vivrières soit bien en rapport avec les besoins de la population » en effectuant au besoin des enquêtes médicales pour repérer d’éventuelles indices de sous-alimentation. Les instructions données par la circulaire relative aux tournées des chefs de région et de subdivision, le 14 juin 1937, recommandent dans ce cadre, de procéder au

contrôle des cultures vivrières dans leur étendue, des greniers de réserve dans leur constitution et leur fonctionnement, des plantations dans leur entretien, de même qu’une étude approfondie des possibilités économiques de la région ou de la subdivision, études des courants commerciaux existants ou à susciter138 .

Les statistiques commerciales donnent la mesure des transformations rapides des menus des Camerounais, en phase avec cette entreprise coloniale visant à les inciter à adopter de nouvelles habitudes alimentaires. Les denrées de produits alimentaires importés, principalement la farine de blé, le riz et le sucre raffiné ont connu une forte progression à partir des années 1920.

Tableau 2. Evolution des importations de riz, farine de blé, sucre raffiné et sel entre 1921 et 1930 au Cameroun sous administration française (quantités exprimées en KGS)

1921 1922 1923 1924 1925 1926 1928 1929 1930 riz 163747 277770 870758 1412927 1215661 1774275 2127134 2 809 390 21083 Farine de froment 152454 228901 295401 662676 539888 538446 1278736 1 361 883 19697 Sel 2527484 5924336 5587650 5939240 5406102 4504213 2886365 5517669 56343 Sucre raffiné 33250 43790 110120 132343 114102 195545

Statistiques d’importation non trouvées pour 1927

 Données sur les importations de sucre raffiné non trouvées pour 1928, 1929 et 1930

 en 1930, statistiques renseignées en quintaux

L’évolution de la place du riz dans l’alimentation est à cet égard significative. Peu connu dans le Sud-Cameroun avant la colonisation, la culture du riz a été introduite par l’administration coloniale française dans les années 1920 surtout pour l’alimentation des travailleurs. Sa culture a été imposée après la deuxième guerre mondiale, dans des régions où elle trouvait des conditions favorables. Elle n’a pas toujours été accueillie avec enthousiasme, car associée par les populations à une culture de l’administration. En 1954, Messayeff attribuait par exemple l’échec de la tentative de culture du riz à Evodula, village Béti situé à 60 km de Yaoundé, à plusieurs facteurs :

D’abord un mauvais départ psychologique, sous la contrainte administrative ; ensuite au fait qu’il s’agit d’une culture difficile demandant un travail assez dur dans des terrains marécageux, que la rizière demande une continuelle surveillance pour la préserver des destructions des déprédateurs et en particulier des rongeurs. Enfin au fait que la femme n’a pas trouvé de réel bénéfice à une telle culture, étant obligée d’effectuer le travail de décorticage139.

La pomme de terre a connu un sort différent en pays bamiléké. Introduite par les Allemands, elle était, comme le riz, une culture dite de ravitaillement, mais destinée en priorité à la population européenne des centres administratifs. Elle a cependant progressivement trouvé une place importante dans le régime alimentaire des Bamiléké. La pomme de terre est de nos jours une des principales cultures vivrières destinée aux marchés urbains.

L’entrée progressive des légumes européens, choux, tomates, carottes, poireaux, oignons etc…, a contribué à modifier l’alimentation des citadins d’abord, ensuite des ruraux. Ces cultures ont cependant été pour les agricultrices un élément important dans la dynamique de développement du marché vivrier dont elles ont pendant longtemps assuré le monopole. Les semences étaient fournies par l’administration à travers les sociétés de prévoyance. Un rapport agricole de la subdivision de Bafoussam signale la progression de la culture de la pomme de terre dans les différentes chefferies de la subdivision de Bafoussam et note l’augmentation des rendements et des revenus considérables qu’en tirent les producteurs140.

Ces plantes d’origine européennes ont été intégrées dans le système de culture, en association avec d’autres cultures, et sur les champs des concessions, les mieux soignés. C’est beaucoup plus tard, avec la crise du café dans les années 1980, et le développement du maraîchage, qu’elles vont occuper d’une part les bas-fonds (antérieurement dominés par les plantations de raphia) et d’autre part les terres de montagne antérieurement affectées aux pâturages.

Les importations massives de certains produits comme le riz ou la farine de blé ont contribué à la substitution de ces aliments aux produits locaux ou empêché le développement des procédés traditionnels de transformation de ces derniers pour les adapter à l’évolution des modes de vie. Le développement de la consommation de la farine de blé, inconnue avant la colonisation, a anéanti toute initiative d’exploiter des possibilités de transformation des produits locaux comme le maïs ou la patate douce pour produire de la farine de pain. Cette politique alimentaire a eu des conséquences sur les systèmes de culture et entraîné la disparition de certaines plantes cultivées dont la consommation n’était pas encouragée et la perte faute de transmission aux générations suivantes de connaissances agraires et de techniques liées à ces cultures. Dans leur étude sur l’alimentation des populations dans un village Béti (Evodoula) en 1954, R. Masseyeff et A. Cambon notaient la disparition de plusieurs aliments et l’appauvrissement du régime alimentaire en pays béti :

La liste des aliments consommés à Evodoula couvre 116 rubriques. A la vérité, les formes différentes d’un même aliment comportent autant de rubrique. Par exemple, du manioc, on utilise les feuilles et les tubercules, encore que ces derniers se présentent-ils soit tels quels, soit sous forme de manioc roui, de bâtons de manioc, de farine, de beignets. Il est certain que si cette enquête s’était déroulé quelques 20 ou 30 ans plus tôt, la liste des aliments aurait été beaucoup plus considérable, au moins au double. Mais quantité de feuilles ou de fruits de cueillette ont été négligés puis abandonnés. Les jeunes gens ne les connaissent

qu’imparfaitement ou parfois même les ignorent. En revanche, les chances qu’on a de voir ces aliments figurer au menu sont plus grandes lorsque c’est une vieille femme qui fait la cuisine141.

L’appauvrissement du régime alimentaire n’a pas été compensé par l’apparition de nouveaux aliments dont la plupart n’ont pas réussi à s’intégrer dans les systèmes de culture (Blé, riz, sucre). L’augmentation de leur consommation accroît ainsi la dépendance du pays vis-à-vis du marché extérieur et crée accentue l’écart entre les modes de vie et précisément les régimes alimentaires des citadins et les ruraux.

La finalité des politiques alimentaires menées dans les premières décennies de la colonisation européenne a été d’imposer aux africains des normes nutritionnelles occidentales dont la supériorité, comme dans d’autres domaines, n’est sujette à aucun doute. Un paternalisme porté aussi par les milieux scientifiques coloniaux en convergence avec les intérêts des milieux d’affaires qui ont besoin pour prospérer d’une main d’œuvre abondante et vigoureuse. Tous les maux des sociétés africaines semblent se cristalliser autour de cette question de l’alimentation : les épidémies, la mortalité infantile, l’alcoolisme, les maladies vénériennes, le dépeuplement etc…

La politique alimentaire menée par l’administration coloniale française entre 1920 jusqu’aux années 1930 au Cameroun, s’est incarnée dans l’élaboration de menus-types pour les travailleurs recrutés aussi bien par les pouvoirs publics que les entreprises privées.

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