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Lutter contre « l’insouciance et l’imprévoyance des Africains » : des sociétés africaines pensées comme incapables d’assurer leurs besoins alimentaires

Économie de plantation, mobilités masculines et systèmes locaux de production 1884-

II. 3 : Approche coloniale de l’alimentation et mutation des régimes alimentaires des colonisés

II.3.1. Représentations coloniales de l’alimentation des populations africaines

II.3.1.2. Lutter contre « l’insouciance et l’imprévoyance des Africains » : des sociétés africaines pensées comme incapables d’assurer leurs besoins alimentaires

Dans les années 20 et 30, la question de l’alimentation des colonisés devient pour les puissances coloniales un des enjeux de leur mission de civilisation. La grande Bretagne, la

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APO, Rapport circonscription de Dschang, 3 ème trimestre 1926, non classé

99 Gustave Martin, L’existence au Cameroun : tudes sociales, tudes m dicales, tudes d’hygiène et de

prophylaxie, Paris, Emile Larose, 1921, p. 60-61.

Belgique, l’Italie, et la France prennent des directives à la suite des alertes données par des médecins coloniaux sur la situation nutritionnelle des africains. Ces directives cherchent à contrôler et à transformer les pratiques alimentaires jugées néfastes à la santé et responsables du dépeuplement du continent101. Il s’agit d’intervenir non seulement sur les modèles alimentaires, mais aussi sur les types d’aliments en imposant de nouvelles plantes dans les systèmes de cultures ou en important des denrées dont la production est localement impossible ou difficile.

Dans les colonies françaises, le débat est ouvert à l’académie des sciences coloniales à la suite d’un Rapport sur la question de « l’insuffisance alimentaire des indigènes dans les Possessions françaises » présenté sur la proposition du docteur Calmette, par le professeur Roubaud, rapporteur de la Commission technique de l’Académie des sciences coloniales en 1925. Les conclusions de ce rapport ont orienté de manière décisive l’angle d’approche de la question de l’alimentation des Africains adopté par les administrations locales et ont influencé directement les choix politiques opérés par le ministère des colonies. Ce rapport reste vague sur les méthodes d’investigation utilisées par les auteurs pour recueillir les données ayant servi de base à ces analyses, se contentant d’indiquer :

De l’enquête faite par les soins de l’Académie des sciences coloniales, il résulte en effet que nos populations indigènes ne trouvent que rarement, dans les ressources vivrières auxquelles elles font appel, les conditions d’une ration normale d’entretien102.

Les arguments développés dans ce rapport reposent sur l’idée d’une inadaptation des productions alimentaires des africains à leurs besoins nutritionnels. A la lumière de notre analyse des systèmes de production des Béti et Bamiléké(chap. I.) avant l’emprise coloniale, il est évident que cette dévalorisation des régimes alimentaires locaux est une remise en cause des systèmes de production dans lesquelles les femmes décident, comme nous l’avons vu, des types de plantes alimentaires à cultiver et d’une manière générale de la satisfaction des besoins alimentaires de leurs familles.

L’Afrique équatoriale est particulièrement pointée par les membres de cette commission et déclarée en danger en raison de la « sous-alimentation générale » des

101 R. Devisch, F. De Boeck, D. Jonckers (dir.), Alimentations, traditions et développements en Afrique

intertropicale, Paris, L’Harmattan,1995, p.18-19.

102 ANOM, AGEFOM // 940/3047/ « Rapport sur la question de l’insuffisance alimentaire des indigènes dans

populations, facteur d’aggravation des maladies endémiques, en particulier la maladie du sommeil. Pour ces auteurs, « l’insouciance et l’imprévoyance » des Africains, leur incapacité à assurer leurs besoins alimentaires sont responsables de cet état de fait. Les principaux problèmes observés par les médecins coloniaux et les administrateurs, au rang desquels «la mortalité infantile, la dépopulation, la misère physiologique, le nomadisme et l’absence de propriété individuelle ou familiale » sont intiment liés, d’après eux, à la sous-alimentation. Cette situation est en plus aggravée par une déficience générale en viande et produits de pêche.

Les auteurs en arrivent à la conclusion que ces insuffisances sont à l’origine de la persistance de pratiques anthropophagiques chez certaines populations africaines. Afin de remédier à cette situation, quelques propositions sont faites à l’intention des autorités locales, encouragées à prendre des mesures urgentes favorisant l’augmentation de la consommation de viande et de poisson. Par exemple une structuration d’une industrie de la pêche et l’appropriation par les pêcheurs de techniques appropriées de conservation et la création de circuits de commercialisation pour faciliter la diffusion de poissons séchés, fumés ou salés dans les zones les plus reculées. L’élevage domestique devait également être encouragé dans des régions propices à cette activité.

Le rapport Calmette et Roubaud préconise de rendre obligatoire les cultures vivrières « dans les colonies d’Afrique équatoriale et occidentale où l’insouciance des indigènes les met constamment à la merci d’une crise fortuite de production ». Ils proposent la diffusion de cultures riches en azote, en particulier l’arachide et le soja, et une distribution gratuite de semences.

Pour assurer son efficacité, cette politique s’accompagne de mesures ciblées telles que la multiplication des jardins d’essai, la formation des moniteurs de cultures vivrières, l’obligation de créer des champs de cultures vivrières dans les corps des troupes coloniales afin d’inculquer le goût et la pratique des cultures aux « indigènes » de passage dans les formations militaires. Dans l’espoir que ceux-ci les reproduisent dans leurs communautés et facilitent leur vulgarisation. Les rapporteurs vont encore plus loin en suggérant la formation des moniteurs de cuisine chargés de contrôler dans les villages la consommation effective des différents aliments prescrits (viande, poisson, légumes auxquels les africains ne sont pas habitués) et la mise en pratique des nouveaux procédés de préparation de ces aliments. Ces préconisations constituent pour les femmes une double dévalorisation : en tant

qu’agricultrices et en tant que cuisinières. Elles interrogent aussi sur les logiques coloniales. D’un côté les filles sont destinées à devenir des épouses et mères au foyer exemplaires et sont donc, lorsque des écoles existent, orientées en priorité vers la formation ménagère, et de l’autre, la mise en œuvre de la politique alimentaire ne fait aucune référence à leur capacité, en tant que responsables de l’alimentation de leurs familles, à faire évoluer les régimes alimentaires.

Les rapporteurs de la commission Calmette proposent aussi la création dans chaque colonie d’un service technique de l’alimentation indigène pour traiter de toutes les questions relatives au développement des cultures et de l’élevage, à la surveillance et à l’amélioration de l’alimentation. Les gouverneurs sont invités à prendre des mesures afin d’exempter les populations des zones particulièrement touchées par la maladie du sommeil de tout recrutement, impôts et prestations pendant quelques années où les seules contraintes seraient pour elles de construire des habitations confortables, d’organiser des cultures rationnelles et de s’alimenter à leur faim, grâce à des distributions régulières de graines, de semences, de poisson ou de viande séchés ou fumés. Enfin, le rapport pointe la nécessité d’introduire dans les programmes scolaires les notions indispensables d’hygiène et d’alimentation et de créer des écoles de cuisine « indigène »103.

Au Conseil supérieur des colonies, M. Gruvel, Professeur au muséum d’histoire naturelle de Paris, insiste également sur le fait que l’alimentation des colonisés est l’un des problèmes qui présente pour « l’avenir général des colonies une importance capitale »104, car ces populations sont sous-alimentées et il y a urgence à agir notamment en améliorant la qualité de l’alimentation des mères et des enfants :

Il est bien de créer des maternités, des gouttes de lait, des visites de femmes en couche, mais il serait encore mieux, à notre avis, de nourrir convenablement les parents, les mères surtout, pour qu’elles mettent au monde de beaux enfants et qu’elles ne soient pas obligées, faute de lait, de les alimenter avec ce qu’elles ont à leur disposition : riz, couscous, pâte de banane etc…quand ce n’est pas pis encore. Les enfants seraient ainsi plus capables de résister aux maladies endémiques et épidémiques, si nombreuses en pays noir et si meurtrières pour de petits êtres débilités par une nourriture mal appropriée105.

103 ANOM, AGEFOM//940/3047, Rapport sur la question de l’insuffisance alimentaire des indigènes dans les

possessions françaises.

104 ANOM, AGEFOM//940/3047rapport sur les productions marines et fluviales de nos colonies, présenté par

Les conclusions de ces diverses institutions scientifiques, qui ont autorité sur les questions relatives aux colonies, sont accueillies sans réserve dans les instances de décisions politiques aussi bien en Métropole que dans les colonies. Pourtant Ces conclusions ne s’appuient sur aucune étude nutritionnelle de l’alimentation réalisée dans les colonies. Elles reposent essentiellement sur « un étalage sommaire des différentes maladies de carence alimentaire qui y ont été constatées par les services de santé »106 et sur des données plus que contestables issues des observations empiriques des administrateurs coloniaux sur les surfaces affectées aux cultures vivrières et une évaluation approximative de la production alimentaire. Le domaine de l’alimentation n’est d’ailleurs pas le seul à souffrir de ces analyses fondées sur des données sommaires. Pendant les décennies d’après-guerre (1920-1930), les travaux scientifiques sur l’Afrique subsaharienne, quel que soit le domaine d’investigation, s’appuient souvent sur des sources militaires, d’explorateurs ou d’administrateurs dont les méthodes de recueil et d’analyse sont très souvent éloignées des normes scientifiques admises107.

Malgré ces approximations, Monsieur Daladier, Ministre de la France d’outre-Mer, dans une note datée du 30 décembre 1924, relative aux mesures à appliquer dans la défense contre les « principales causes de dépeuplement et de déchéance des races indigènes »108 reprend les propositions de l’Académie des sciences en soulignant la nécessité d’établir dans toutes les colonies françaises une « véritable politique de l’alimentation indigène » et la mise en œuvre des mesures de contrainte pour le développement des cultures vivrières. Les administrations coloniales locales sont encouragées à prendre des dispositions pour ouvrir des jardins modèles dans tous les postes administratifs, former des moniteurs, procéder à la distribution de semences, développer la pêche et des techniques de conservation pour alimenter les régions éloignées des côtes, multiplier les fermes d’essais pour la sélection des espèces animales pouvant s’acclimater.

Afin d’améliorer les conditions d’hygiène, les médecins et sages-femmes sont incités à multiplier les tournées afin de procéder à des démonstrations pratiques et de donner « aux

106 Vincent Bonnecase, "Avoir faim en Afrique Occidentale Française : investigations et représentations

coloniales (1920-1960)", Revue D’histoire Des Sciences Humaines, vol. 2, n°21, 2009, p.151-174.

107 Marie-Albane De Suremain, "Métamorphoses d’un continent. L’Afrique des Annales de Géographie, de

1919 au début des années 1960", Cahiers d’ tudes Africaines,vol. 39, n°153, 1999, p.145–168.

108 ANOM, AGEFOM//940/3047, Ministère des colonies, Notion annexe sur les mesures d’ordre général à

appliquer dans la défense contre les principales causes de dépeuplement et de déchéance des races indigènes, 30 décembre 1924

autorités indigènes tous les conseils utiles pour qu’ils puissent guider leurs administrés »109. Dans les régions où de l’avis du service de santé, la « déchéance et la misère physiologique » sont « particulièrement graves », une politique de repos est préconisée en faveur des populations concernées pendant tout le temps estimé nécessaire. Par conséquent celles-ci doivent être exemptées de tous les impôts, de prestations, de recrutements. En contrepartie, elles ont l’obligation de construire des « cases hygiéniques et confortables », de faire des cultures vivrières et de se procurer par la pêche la chasse et l’élevage le complément en produits carnés jugés nécessaires à leur entretien. Ainsi « régénérées par l’alimentation, le repos et le bien-être, débarrassées de la maladie du sommeil, ces populations devenues vigoureuses et résistantes, pourront se développer dans des conditions satisfaisantes et contribuer enfin à la mise en valeur de la colonie »110.

Le 4 avril 1925, le Ministre des colonies, en précisant de nouveau les éléments de l’enjeu à savoir « l’amélioration de la race » en vue de la mise en valeur des colonies françaises, donne des instructions relatives « à l’étude de la ration alimentaire des populations indigènes » aux gouverneurs et les exhortent à favoriser le développement chez ces derniers de ressources indispensables à une alimentation correcte. Leur joignant le rapport présenté par les Professeurs Calmette et Roubaud sur la question de l’insuffisance alimentaire des africains, dont ils doivent s’inspirer pour prendre les mesures indispensables, le ministre insiste sur la priorité à accorder aux cultures vivrières, à la pêche et à l’élevage, principales activités susceptibles de fournir l’ensemble des éléments de l’alimentation quotidienne des populations111.

Cette préoccupation ne se limite pas à la quantité de cultures à produire. Les autorités administratives s’intéressent également à la valeur nutritionnelle des menus africains. La composition de ceux-ci présente à leurs yeux de nombreuses carences, d’o la nécessité d’y introduire des produits jugés plus adaptés aux besoins. Cela implique de faire évoluer les habitudes alimentaires, ce qui, comme tout changement social, ne peut s’obtenir que progressivement. L’administration coloniale est appelée à employer tous les moyens dont elle dispose pour hâter ce changement. Souvent les seuls en contact avec les institutions

109 ANOM, AGEFOM//940/3047, Ministère des colonies, Notion annexe sur les mesures d’ordre général à

appliquer dans la défense contre les principales causes de dépeuplement et de déchéance des races indigènes, 30 décembre 1924

110 Ibid.

coloniales, les hommes sont appelés à devenir les instruments de ce changement dans « leurs foyers », comme le suggère le Rapport Calmette

Le passage des indigènes dans les formations militaires peut être aussi directement mis à profit pour provoquer chez eux l’accoutumance à une alimentation en poisson, lorsqu’elle n’est pas usuelle ; à susciter par suite, quand ces indigènes seront rendus à leurs foyers, le besoin de cette alimentation112.

L’importation des conserves de viande séchées ou fumées sont aussi encouragées. Parallèlement, une étude plus approfondie des rations est demandée par le Ministre aux laboratoires d’hygiène ou de chimie de chaque colonie avec des propositions concrètes des moyens à mettre en œuvre pour combler les carences, « soit en faisant varier la composition, soit en y ajoutant des facteurs complémentaires appropriés ». Les renseignements fournis par les laboratoires devront aider l’administration à prendre des mesures pour guider les populations indigènes dans l’intégration de ces nouveaux aliments dans leurs systèmes de culture, faire évoluer ceux-ci selon les nouveaux besoins alimentaires et faciliter l’importation des produits utiles tels que le poisson ou la viande, séchés ou en conserve.

Ils permettront aussi d ‘étudier le moyen d’introduire peu à peu dans l’alimentation courante les éléments reconnus déficients. Dans une note datée du 25 juillet 1933, le ministère des colonies revient à la charge et présente cet enjeu de l’alimentation des Africains comme un devoir impérieux de la France de « poursuivre, dans toute la mesure du possible, la protection des indigènes contre le fléau de la faim qui, même lorsqu’il ne creuse pas de vides parmi eux, réduit la force de résistance de l’indigène à la maladie ainsi que sa capacité de travail et contribue au premier chef à la dégénérescence de la race »113.

Ces recommandations montrent d’une part la vigueur du préjugé colonial sur la paresse de l’homme noir, qui ne peut assurer ses besoins alimentaires, et n’a aucune prise sur la nature qui le domine et pour lequel il dépend pour sa survie. L’approche paternaliste des sociétés africaines domine dans ces travaux des scientifiques coloniaux, convaincus de leur contribution à l’impérieuse nécessité de « sauver la race » noire. Ces préjugés sont renforcés par une méconnaissance de ces sociétés, de leur organisation sociale et de la responsabilité des femmes dans la production alimentaire.

112 ANOM, A EFOM//940/3047, Rapport sur la question de l’insuffisance alimentaire des indigènes dans les

possessions françaises, p. 10

113 Elodie Depuidt, L’alimentation des indigènes en Côte D’ivoire, 1930-1958 ou les vicissitudes d’une

Il est certain que dans certaines régions bien circonscrites d’Afrique équatoriale sévissait la maladie du sommeil, et qu’elle pouvait constituer une réelle menace sur le peuplement. Cependant, la généralisation de ces problématiques à l’ensemble de l’Afrique équatoriale ne se justifiait pas. Au Cameroun en particulier, dans la plupart des sociétés, le travail de la terre, l’élevage, la chasse et la pêche fournissent aux populations l’ensemble des aliments nécessaires et la situation critique observée à certains endroits dans les années 1920, comme on l’a vu, trouve son explication dans les désordres engendrés par les évènements de la fin du XIXème siècle et de la première décennie du XXème siècle. La chasse, la pêche et l’élevage font partie des activités qui occupent principalement les hommes. Ces activités fournissent la viande (d’élevage ou de chasse), le poisson. A ces aliments s’ajoutent divers insectes et termites qui enrichissent les régimes alimentaires de produits azotés.

La politique alimentaire coloniale soulève du point de vue des relations de genre, la question de l’existence des femmes en tant que sujets et actrices des sociétés africaines dans l’imaginaire colonial. Elle met aussi en évidence une des contradictions du système colonial. Les transformations des habitudes alimentaires et l’incitation à consommer de nouveaux aliments peuvent-elles se faire sans les femmes dans des sociétés où comme ailleurs, elles ont une fonction de nourricières ? Ce sont elles qui cultivent les principaux aliments qui composent le menu quotidien. Elles ont toujours joué un rôle primordial dans les choix des plantes à cultiver et déterminent quelle importance donner à chacune d’elles dans l’alimentation. Elles sont aussi responsables de la préparation des aliments et de la conservation des récoltes. Dès lors, quelles sont les chances de réussite des moniteurs de cultures vivrières et des moniteurs de cuisine « indigènes » ? On voit ainsi que, dans leur approche de la question de l’alimentation, comme dans beaucoup d’autres, les autorités coloniales font l’impasse sur le rôle des femmes en tant que productrices, mais préfèrent les voir davantage s’investir dans leur rôle de reproduction. Elles doivent consacrer moins de temps aux travaux champêtres qui les épuisent, et s’occuper mieux de leur rôle de mères, et du bien-être de leurs foyers. Le projet colonial a besoin d’une main d’œuvre importante et saine pour l’exploitation des ressources qu’offrent les territoires conquis.

C’est ce qu’il faut comprendre de l’intérêt porté par le gouverneur Marchand aux besoins alimentaires des mères lorsqu’il soutient qu’une alimentation moins défectueuse des mères, « jointe à un travail imposé moins excessif, serait de nature à diminuer dans une

proportion intéressante la mortalité infantile »114. Le lien entre la mortalité infantile et une mauvaise alimentation des mères, elle-même liée à une charge de travail excessive que les sociétés africaines imposent aux femmes, domine dans le discours hygiéniste en ce début du XXème siècle. Les missionnaires en font également leur cheval de bataille. Pour « faire du noir » selon l’expression du gouverneur Carde de l’AOF, il est impératif d’améliorer l’alimentation des mères et de les « libérer » des travaux pénibles, c’est-à-dire les travaux agricoles, afin qu’elles se consacrent à leur devoir de mère et aux tâches ménagères.

II.3.2. Mesures administratives contraignantes et pratiques alimentaires des

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