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De Clermont-l’Hérault à Perpignan (1863-1888)

2.1.5 Répétiteur, marié et père de famille

On retrouve l’esprit rebelle de la cousine Marie, dans la première appréciation administrative que le principal du collège de Pézenas inflige à Louis Pastre, en 1883 :

On constate trop souvent, chez M. Pastre, des irrégularités graves dans le service. De plus, ce maître qui est si peu exigeant pour lui-même, est terriblement difficile pour les autres, et passe du temps à se plaindre de tout et de tous4.

En effet, après avoir quitté son premier poste de répétiteur au collège de Béziers1, qu’il détenait depuis octobre 1882, Louis Pastre exerce alors, depuis avril 1883, en tant que

1

Acte naissance de Marie Benjamine Pastre : ADH, 3 E 81/11 / Clermont-l’Hérault / 1843-1850.

2 Etat des services de Marie Benjamine Pastre : ADH, 1T 2360/164.

3 Lettre de l’inspecteur primaire de Saint-Pons, le 30 avril 1890, à l’inspecteur d’Académie de l’Hérault : ADH,

1 T 2360/164.

« maître d’études chargé d’une classe primaire de vingt huit élèves », dans les petites classes du collège de la ville de Molière. Il a donc obtenu en partie satisfaction de son désir d’abandonner la surveillance des devoirs en salle d’étude, pour un poste d’enseignant. Cette affectation constituera le point de départ officiel de la carrière de Louis Pastre dans l’Instruction publique2

. Cependant, être « instituteur adjoint », comme l’avait demandé Louis Pastre une nouvelle fois en mars 18833, et assumer cette tâche avec le traitement d’un répétiteur n’était pas une situation confortable. Ses plaintes peuvent donc, au moins, être mises sur le compte d’une rétribution injuste : un répétiteur, chargé d’enseignement ou pas, gagne 500 francs par an, plus la nourriture, alors que les enseignants des classes primaires, il est vrai plus âgés que Louis Pastre mais pourvus également du brevet élémentaire, perçoivent, dans le même établissement, 1.600 francs4.

En 1885, alors qu’il ne tardera guère à se marier, Louis Pastre conserve, bien malgré lui, la même situation. Sa demande : « être classé professeur de la classe primaire que je fais depuis deux ans »5, n’est pas satisfaite, malgré un « progrès » :

Appréciation du principal : M. Pastre, maître d’études, est chargé de la 3e classe primaire ; ce fonctionnaire ne manque pas d’exactitude, mais il n’a peut-être pas tout le zèle et toute l’expérience désirables. Les résultats obtenus ne me paraissent pas suffisants pour accueillir favorablement la demande de classement.

Proposition de l’inspecteur d’Académie : Toujours un peu embarrassé pour occuper les différentes divisions de sa classe. Ne met pas assez de vie dans son enseignement, ne fait pas assez voir les choses aux élèves et ne leur en rend pas assez compte. Il a besoin d’être guidé et surveillé par un principal expérimenté. Il fait toutefois des efforts pour améliorer son enseignement et j’ai pu constater un progrès dans sa méthode depuis l’an dernier. A laisser dans la situation actuelle.

Propositions du recteur : Chargé d’un service à l’intérieur ; n’est pas dans les conditions réglementaires. Professeur médiocre d’ailleurs6.

Les « conditions réglementaires » invoquées par le recteur correspondent probablement aux cinq années de service nécessaires à un enseignant entré dans la fonction

1

Les différentes affectations de Louis Pastre, évoquées à la suite, sauf indications complémentaires, sont issues de : Notice administrative de Louis Pastre : ADPO, 1 T 101 / 1899.

2 « Classement des instituteurs ». Bulletin de l’Enseignement primaires des P.-O., n°6, mai 1890, p. 120-121. 3

ADH : 1 T 5506 / 1888.

4 1300 F. à la charge de la Ville et 300 F. à la charge de l’État, pour 8 ans d’ancienneté et la 3e classe. ADH : 1 T

6468 / 1884.

5

ADH : 1 T 6468 / 1885.

« par la petite porte », pour l’obtention d’une place de titulaire, que les normaliens se voient proposer après deux années de stage1.

Il est un autre maître d’école, né lui aussi en 1863, mais à Aniane, à une quinzaine de kilomètres à l’est de Clermont-l’Hérault, qui est déjà en responsabilité d’une classe primaire, dans la même ville. Celui-ci fut candidat heureux à la session de juillet 1882 du Brevet supérieur, la même où Louis Pastre échoua. Antonin Lavergne (1863-1941), qui deviendra célèbre en 1901, avec la publication du roman autobiographique sur la misère des maîtres d’école, Jean Coste ou l’instituteur de village2

, fit donc un séjour à Pézenas qui coïncida, pendant près de dix-huit mois, avec celui de Louis Pastre3. Bien qu’elle fût probable, nous n’avons pas de trace formelle de leur rencontre à cette époque4

. En revanche, si la précarité de

Jean Coste à « Peyras » est le reflet des conditions de vie d’Antonin Lavergne, instituteur à

Pézenas, que ne devaient être celles du répétiteur Louis Pastre, bientôt père de famille ? C’est en effet à Pézenas que Louis Pastre se marie, à vingt-deux ans, le 29 septembre 1885. Il épouse Marie, Claire Bribes (1866-1939), une piscénoise de dix-neuf ans, sans profession, fille de vannier et orpheline de mère depuis le jour de Noël de l’année de ses quatre ans5. Louis et Marie ne formeront donc pas à l’avenir « le ménage d’instituteurs » qui permet alors aux couples d’enseignants du primaire d’accéder à une existence meilleure. Si la famille de les aide pas, une vie de Jean Coste les guette, d’autant plus que le premier enfant naîtra au mois de mars 1866. Bien qu’un contrat de mariage fût établi, la famille de l’épousée ne semblait guère en mesure de seconder davantage le jeune couple que les parents de l’époux. La famille Bribes n’était certainement pas du côté des nantis puisque le grand-père de l’épouse de Louis Pastre, Louis Bribes (né vers 1812), était déclaré comme jardinier, en 18416, à la naissance de son fils Pierre Bribes. C’est probablement le même Louis Bribes,

1 En effet, Louis Pastre sera titularisé en avril 1888 (voir plus loin). Le brevet élémentaire, dont est titulaire

Louis Pastre, équivaut au brevet de capacité, obligatoire depuis la loi Ferry du 16 juin 1881, pour enseigner dans un établissement d’enseignement primaire public ou privé. Les épreuves écrites et orales du brevet élémentaire portent sur les programmes du cours supérieur des écoles primaires. Les titulaires du brevet élémentaire peuvent présenter le brevet supérieur qui permet d’obtenir le brevet de capacité pour enseigner dans les écoles primaires supérieures. Les épreuves du brevet supérieur portent sur les matières d’enseignement de la première et deuxième année de l’école normale. (BUISSON Ferdinand, dir. (1911). Nouveau dictionnaire de pédagogie et

d’instruction primaire. Paris, Hachette, 2 vol. http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-

ferdinand-buisson/)

2 LAVERGNE Antonin (1901). Jean Coste ou l'instituteur de village. Paris, Cahiers de la Quinzaine, VIII-201 p. 3

Pour la biographie d’Antonin Lavergne: ROCHE Anne (1975). De Jean Coste [Charles Péguy] : Édition

critique. Paris, Klincksieck, 494 p., p. XXIV. Antonin Lavergne fut en poste à Pézenas de septembre 1882 à

septembre 1884.

4 En 1902, dans la deuxième édition du premier ouvrage de Louis Pastre, Éssai d’éducation sociale à l’école

avec le concours de la famille, une appréciation d’Antonin Lavergne, devenu professeur à l’École Normale de

Beauvais, y figure parmi de plus éminentes personnalités de l’Instruction Publique.

5

Acte de mariage de Louis Pastre et Marie Bribes : ADH, 3 E 207/75 / Pézenas / 1885 – 1889.

devenu vannier1, comme le deviendra son fils, que l’on retrouve, en 1851, sur la liste des centaines de réprimés du département de l’Hérault, pour opposition au coup d’État de Napoléon III2.

Dans le milieu paysan, un instituteur pour mari, pis encore dans le cas qui nous occupe puisqu’il ne s’agit que d’un aspirant maître d’école, n’était pas toujours perçu comme un bon parti, même si lui aussi est issu d’une famille de terriens. Dans son roman autobiographique

Les Gégoire, l’écrivain catalan d’expression française Ludovic Massé (1900-1982) brosse le

mépris de son grand-père paysan, pourtant implanté dans la haute vallée déshéritée des Garrotxes, dans les montagnes du Conflent, pour le futur beau-fils, son propre père, instituteur contemporain de Louis Pastre :

Il ne lui était jamais venu à l’idée de destiner sa fille à un de ces employés de l’État qu’il détestait de toute sa fibre paysanne, parce qu’ils s’habillaient comme des riches, qu’il méprisait d’autant parce que la misère assiégeait leurs foyers. Il avait une exacte conscience de sa richesse et de sa force. Il feignait de se moquer des sentiments… Il s’était renseigné ; il avait appris que mon père recevait un traitement mensuel de cinquante-sept francs… Le salaire d’un toucheur de bœufs… Avec cela, une élégance et une morgue de diplomate… Il en pouffait de colère et de dédain…3

La nouvelle situation familiale de Louis Pastre lui vaudra, paradoxalement, une affectation en tant que répétiteur pour l’année scolaire 1885-1886, au collège de Blaye4

, près de Bordeaux, soit à cinq-cents kilomètres des siens. La naissance, six mois plus tard, de son premier enfant, Pierre, Louis Pastre (1886-1956)5, le 21 mars 18866, alors qu’il est « momentanément absent » et est domicilié officiellement à Pézenas avec son épouse, comme cela figure sur l’acte d’état civil, nous suggère que l’Administration universitaire a infligé à Louis Pastre une mutation disciplinaire. Nous n’en connaissons pas le motif. Peut-être avait-il cédé aux chants des sirènes et négligé le service…

1

Vannier est probablement une activité, à la fois complémentaire à celle de cultivateur, et connexe à l’économie viticole de la région, qui nécessite l’habillage des bonbonnes, au moyen de vanneries en osier ou en roseau.

2 ROBERT Adolphe (1869). Statisti ue pour servir à l’ istoire du 2 décembre 1851 : Paris et les départements.

Paris, Librairie de la Renaissance, 268 p., p. 113.

3 MASSÉ Ludovic (1943). Le livret de famille. Paris, Fasquelle, 277 p. [Édition consultée : Les Grégoire. Le

livret de famille. Paris, France Loisirs, P.O.L., 1984, p. 51-52.]

4 Cependant, il n’a été trouvé aucun dossier concernant Louis Pastre dans la série T (collèges et lycées de Blaye,

1885-1886, cote 94T2) des Archives Départementales de la Gironde (consultation à distance à notre demande, janvier 2012). Il existe aussi la localité de Blaye-les-Mines, près de Carmaux, dans le Tarn. Cependant, ni Carmaux ni Blaye n’avaient de collège à l’époque. Les Archives Départementales du Tarn ne possèdent aucun dossier individuel concernant le répétiteur Louis Pastre (consultation en ligne de la série T des Archives Départementales du Tarn et examen des archives, à notre demande, par un agent local, en janvier 2012).

5 Avis mortuaire de Pierre Pastre : L’Indépendant catalan, 25 janvier 1956. 6 Acte de naissance de Pierre Pastre : ADH, 3 E 207/56 / Pézenas / 1885 – 1889.

Après l’année d’exil à Blaye, en terre d’oïl, sur la rive droite de l’estuaire de la Gironde, à l’extrême sud de la Saintonge, le Païs gavai1

pour les gascons du Médoc, Louis Pastre est de retour en Languedoc, affecté en octobre 1886, au collège de sa ville natale. Maître d’étude chargé d’une classe de 39 élèves, l’appréciation du principal de Clermont- l’Hérault est prometteuse :

Bon maître, marié et père de famille, l’enseignement primaire ferait une bonne acquisition. C’est un homme très sérieux2.

Toujours désireux « d’un poste d’instituteur »3, et bien que sa fiche de vœu ne fasse pas mention de « références », euphémisme pour les recommandations par le pouvoir politique, fréquentes à l’époque4

, il obtiendra presque satisfaction en novembre 1888 : une place de répétiteur au collège de Perpignan, suivie, en mai 1889, par un poste d’instituteur en école primaire. Ce n’est qu’après sa titularisation5

, en avril 1888, « en vertu de l’article 34 »6, que la dernière appréciation du chef d’établissement de Clermont, en mai 1888, revient, de façon paternelle, sur l’inadéquation entre les situations familiale et administrative du jeune et bon fonctionnaire :

La position de maître d’études n’est pas en effet des plus agréables pour Mr Pastre marié et père de famille. Je suis néanmoins content de son service et ce fonctionnaire est digne d’intérêt7.

Même si son traitement est passé, en cinq ans, de 500 à 750 francs8, plus 400 francs pour nourriture, il est urgent d’améliorer la situation matérielle puisque, le 10 novembre 1888, naîtra, à Clermont, le deuxième enfant : Hyppolyte, Benjamin, Louis Pastre. Le nourrisson ne vivra que neuf jours et repose au cimetière de Clermont, dans le caveau familial appartenant

1

En occitan, gavai est l’équivalent de gavach (orthographié gavatx en catalan), celui qui vient du nord, qui descend de la montagne,

2 Fiche de mutation de Louis Pastre, année 1886-1887 : ADH, 1 T 6385. 3

Collège de Clermont- l’Hérault, état du personnel, 1886-1887 : ADH, 1 T 6385.

4 ADH : 1 T 5506 / 1887. D’autres candidatures sont recommandées par le conseiller général ou le conseiller

d’arrondissement, car les maîtres d’écoles et l’inspecteur d’Académie dépendent du préfet et sont explicitement soumis au pouvoir politique. Voir OZOUF Jacques (1967). Nous les maîtres d'école : autobiographies

d'instituteurs de la Belle époque. Paris, Julliard, 269 p. [exemplaire consulté : édition de 1973, Paris, Gallimard,

312 p., p. 273-274]

5

« Classement des instituteurs ». Bulletin de l’Enseignement Primaire des P.-O., n°6, mai 1890, p. 120-121.

6 Notice administrative de Louis Pastre : ADPO, 1 T 101 / 1899. L’article 34 ne figure ni dans la loi Ferryde

1881, ni dans la loi GOBLET de 1886 ; il doit probablement appartenir aux décrets d’application. Nous supposons qu’il s’agit d’un mode d’accès dérogatoire à la titularisation, réservé aux candidats non normaliens, après cinq ans d’activité Le mode de titularisation de Louis PASTRE ne semble pas exceptionnel : le « Classement des instituteurs » (BEPPO, n°6, 1890,) fait apparaître dans de nombreux cas un écart de cinq ans entre « l’entrée en fonction » et « la titularisation ». Les répétiteurs se destinant à l’enseignement primaire durent bénéficier des mêmes conditions de titularisation que celles accordées aux instituteurs suppléants auxiliaires.

7 Collège de Clermont-l’Hérault : ADH, 1 T 6385.

8 500 francs à la charge de la Ville, 250 francs à la charge de l’État. Collège de Clermont- l’Hérault, état du

au frère ainé de Louis Pastre. Selon l’acte de naissance d’Hyppolyte, le couple réside alors rue Victor-Hugo, c'est-à-dire la rue du collège ; l’acte de décès mentionne la place Henri-Martin, attenante au collège également. Il est donc probable que malgré l’affectation du père à Perpignan, le ménage Pastre-Bribes ait conservé une résidence à Clermont, peut-être même dans les locaux du collège.

L’aisance matérielle de Louis Pastre régresse à Perpignan : malgré le traitement de 800 francs1, l’indemnité de nourriture fait défaut. Voici comment notre maître répétiteur sollicitait cette indemnité auprès du maire et des conseillers municipaux perpignanais, dans une lettre du 28 mai 1889 :

Confiant dans votre sympathie pour les membres de l’enseignement universitaire, permettez- moi de venir à vous avec l’espoir que vous accueillerez favorablement la demande que j’ai l’honneur de vous adresser.

Je me trouve dans une situation exceptionnelle – maître répétiteur au collège, marié et père de famille – et j’ai droit, comme mes collègues, à la nourriture et au logement.

Je vous prie de vouloir bien m’accorder pour cela, à titre d’indemnité, une somme de 500f qui me permettra de subvenir aux besoins de ma famille et m’aidera à supporter les frais de toute sorte que nécessite le ménage.

Ce secours que j’ai l’honneur de solliciter m’était accordé au collège de Clermont-l’Hérault où j’exerçais les fonctions de maître répétiteur avant d’être nommé à Perpignan.

J’ai pleine confiance dans votre décision, espérant que vous voudrez bien tenir compte de ma situation et de mes sept années de services dans l’enseignement2. […]

Ce document nous renseigne, avant tout, sur la difficile condition d’un maître répétiteur chargé de famille, obligé de se loger en ville. En effet, nous savons que depuis 18883, après des élections complémentaires où les radicaux s’allièrent aux opportunistes, les répétiteurs du collège de Perpignan bénéficient de l’externat ; il semble donc que l’indemnité correspondante ne leur était pas encore attribuée, une année plus tard. Nous relevons également la démarche altruiste de Louis Pastre qui inclut ses collègues répétiteurs dans une revendication qu’il aurait eu intérêt à personnaliser, dans l’espoir d’obtenir une aide relative à sa « situation exceptionnelle ». Au contraire, la date à laquelle il adresse sa requête, en fin d’année scolaire, soit quinze jours après l’arrêté de nomination pour l’école de Rivesaltes, qui était intervenue le 13 mai 1889, semble être une démarche collective, maquillée en

1 Collège de Perpignan, état du personnel, 1888-1889 : ADH, 1 T 6507. 2

AMP : 1 R 9.

sollicitation individuelle exceptionnelle, par un répétiteur déjà assuré d’une promotion à l’extérieur, et ne craignant donc pas d’être mis à l’index par la municipalité de Perpignan dont il ne dépend déjà plus. En effet, l’externat des répétiteurs du collège de Perpignan fut vite remis en cause1, certainement à cause de l’indemnité de logement, et nous pouvons considérer que Louis Pastre n’aurait pas été mieux loti par un hébergement au collège, car voici comment le sous-principal brossait les conditions de l’internat, en 1896 :

[…] les répétiteurs sont très mal logés ; ils ont une toute petite chambre pour trois et cette chambre est mal éclairée et possède, comme mobilier, trois chaises et une petite table2.

Cela confirmerait, comme nous l’avons déjà supposé, que jusqu’à la première affectation, en tant qu’instituteur stagiaire, à l’école de Rivesaltes, petite ville viticole à dix kilomètres au nord de Perpignan, l’épouse de Louis Pastre et son fils Pierre soient restés, pendant l’année scolaire 1888-1889, dans leur Languedoc natal. À moins que la demande de poste en Roussillon ait été un moyen délibéré de délier les attaches familiales languedociennes. Dans ces conditions, l’existence de la petite famille Pastre-Bribes dut être bien chiche à Perpignan, guère meilleure à Rivesaltes, car le salaire d’un instituteur stagiaire était considéré comme « dérisoire, voire scandaleux »3.