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Le chaînon manquant de la « pré-Renaixença » littéraire

Côme Rouffia (1790-1874) : instituteur public, grammairien et poète catalan

U. Se prononce ou On écrit : Puresa ; on prononce : pourèse ; pureté 2

1.2.3 Le chaînon manquant de la « pré-Renaixença » littéraire

Quant à la dimension littéraire de cette pré-renaissance catalane, même si en 1833, Joseph Tastu, le Roussillonnais installé à Paris, avait publié dans la même ville, une version catalane, « Los contrabanders »1 du très populaire chansonnier Pierre-Jean de Béranger (1780- 1857), au XIXe siècle, les lettres catalanes du Roussillon sont, avant 1880, essentiellement centrées sur la religion et coupées de la création littéraire romantique qui marque l’époque. Cette période du XIXe siècle est délimitée, en son début, par une version rimée en vers heptasyllabes, propres à la poésie populaire catalane, en regard du texte latin, des Sept psaumes de la pénitence : Los set salms penitencials en versos catalans. Le traducteur est le curé de Corneilla-de-la-Rivière (Roussillon), Pere Marcé. Il y eut plusieurs publications, dont à Perpignan en 1802, chez Guillaume Agel, puis à Barcelone en 1808. L’abbé roussillonnais évoque, dans le prologue, son effort de régénération de la langue catalane :

En Catalunya molts vocables Castellans, y en Rosselló molts vocables francesos se han catalanisat. Per tant me he aplicat á la puresa de la llengua2.

[En Catalogne de nombreux vocables castillans, et en Roussillon de nombreux vocables français se sont catalanisés. Par conséquent je me suis appliqué à la pureté de la langue.]

La fin de cette séquence, antérieure à ce que Jean Amade a appelé la « première Renaissance catalane du Roussillon »3 est marquée vers 1850 par l’œuvre d’un autre religieux, Antoni Jofre (1801-1863), dont l’épopée fut gâtée par un penchant pour « la plus vulgaire satire politique »4. Dans le camp de l’idéologie adverse, il faut signaler aussi, à la fin de la

XIXe siècle. Première journée d’étude sur l’imprimerie, Perpignan 2003. Perpignan, Publications de l’Olivier,

Ville de Perpignan, p. 150-161. Jean-Baptiste Alzine distribuait à Perpignan la grammaire catalane de Ballot.

1

BÉRANGER Pierre-Jean de (1833). Los Contrabanders, cansoneta nova a imitaciò d'aquesta den P.-J. de

Béranger, rimada per un curios-apassionat de la llengua romanò-catalana (J. Tastu. 1833). Paris, Techener, 4

p. Cette version catalane suscita une controverse linguistique dans les colonnes du journal Le Publicateur des

Pyrénées-Orientales, entre Joseph Tastu et François Jaubert de Passa. Voi supra.

2 MARCÉ y SENTALÓ Pere (1808). Los set salms penitencials en versos catalans segons lo sentit literal : Per

lo reverent Pere Marcé y Sentaló prebere rector de la parroquial iglesia de Sant Marti de Cornellá de la Ribera bisbat d’Elna. Barcelona, Compañía de Jordi Roca y Gaspar, Ibid, p. 28.

3

Voir l’introduction à : AMADE Jean (1908). Anthologie catalane : Les poètes roussillonnais. Perpignan, Éditions de la Bibliothèque Catalane, LXVI-260 p.

4 Selon AMADE, ibid, p. XXXII. Son œuvre fut publiée, à titre posthume, par Josep Bonafont : JOFRE Antoni

(1882). Las Bruxas de Carança, L'Escupinyada de Satanas, La Dona forte, etc, Visuradas, annotadas y

aumentadas per Lo Pastorellet de la Vall d'Arles, Membre de la Societat de las Llenguas Romanas. Perpinyá,

Monarchie de Juillet, la floraison de nombreuses chansons politiques en catalan, orthographiées à la française1.

Ce désert de poètes roussillonnais contrastait avec l’élan de Víctor Balaguer (1824- 1901), qui restaurait les Jeux Floraux de Barcelone, en 18592, et avec l’enthousiasme de Frédéric Mistral (1830-1914), qui fondait le Félibrige provençal, en 1854. Cependant, à la même époque, l’instituteur Côme Rouffia eut peut-être, encore une fois, un rôle de modeste précurseur. Il a laissé un recueil manuscrit de poésies diverses, aujourd’hui disparu3

. Le

Bulletin de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales publia dans

son huitième volume de 1851, une fable « L’oiseleur et les alouettes », signée par « Rouffia, instituteur à Paris ». En effet, depuis 1839, consécutivement à la fermeture de l’école mutuelle de Perpignan, ay bénéfice des frères des écoles chrétiennes, Côme Rouffia s’était installé à Paris et y avait ouvert une école libre en 1841. La même année, il fut même élu vice-président des instituteurs du département de la Seine. En 1846, il représenta avec François Arago la Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales au Congrès Central Agricole de Paris. En 1848, il fut délégué des instituteurs des P.-O. au Congrès des instituteurs de France, à Paris4.

1 Voir : VILA Pep (2004). « La impremta en català a Perpinyà durant la primera meitat del segle XIX », p. 141-

166 [suivi de la traduction en français : p. 167-188]. In Imprimerie, édition et presse dans la première moitié du

XIXe siècle. Première journée d’étude sur l’imprimerie, Perpignan 2003. Perpignan, Publications de l’Olivier,

Ville de Perpignan, p. 144-145.

2 Remarque : la renaissance des lettres catalanes, en Catalogne espagnole, intervient peu après la mise en place,

de l’enseignement obligatoire de la grammaire et de l’orthographe castillanes, à l’exclusion des autres langues, en vertu de la loi d’instruction publique de 1857, décrétée par le ministre Claudio MOYANO. Elle rendait obligatoire, gratuit et confessionnel l’enseignement primaire dans toute l’Espagne (loi en vigueur jusqu’à la Seconde République de 1931).

3 MORER Sauvaire (1875). « Notice sur M. Côme Rouffia », p. VII-XXI. In ROUFFIA Côme (1875). Éléments

d'agriculture, à l'usage des institutions d'instruction primaire et secondaire. Perpignan, Imprimerie de

l'Indépendant, p. XVIII.

4

Selon : MORER Sauvaire (1875). « Notice sur M. Côme Rouffia », p. VII-XXI. In ROUFFIA Côme (1875).

Éléments d'agriculture, à l'usage des institutions d'instruction primaire et secondaire. Perpignan, Imprimerie de

l'Indépendant, p. XVI.

Remarquons, au passage, un nouveau rôle précurseur de Côme Rouffia : l’implication dans les premières organisations d’instituteurs. S’il est difficile de savoir à quel groupe il appartenait, on peut signaler que dès 1831, Philibert Pompée, un jeune instituteur d’école mutuelle, comme Côme Rouffia, avait fondé la Société des instituteurs et institutrices primaires de France. En 1842, Arsène Menier, ancien directeur démissionnaire de l’école normale d’Évreux, devenu instituteur privé à Paris, comme l’était à cette époque Côme Rouffia, lance, en 1845, le journal L’Ec o des Instituteurs (1845-1850). Autour de cette publication, qui attaque les frères des écoles chrétiennes, nait le projet d’association des instituteurs laïques de France (Société pour l’Émancipation de l’Enseignement). Elle ne voit pas le jour à cause de la Révolution de 1848, mais les revendications de la gratuité absolue de l’instruction publique et de l’émancipation des instituteurs de toute autorité religieuse prennent corps. À partir de 1850 la répression s’abat sur les instituteurs républicains. En 1851 ou 1852, Côme Rouffia quitte Paris et revient en Roussillon. En 1848, des instituteurs républicains et chrétiens (proches de Lamennais) avaient créé le journal L’Émancipation de l’Enseignement Primaire et une association d’instituteurs privés et laïques opposés à l’influence des Frères Ignorantins. Voir : FERRÉ Max (1955). Histoire du mouvement syndical

révolutionnaire chez les instituteurs : des origines à 1922. Paris, Société Universitaire d’Éditions et de Librairie,

p. 11-16 et SIWEK-POUYDESSEAU Jeanne (1989). Le Syndicalisme des fonctionnaires jusqu'à la guerre

S’il écrivit une fable en français, en 1851, pourquoi n’aurait-il pas écrit, à la même époque, des poèmes en catalan ? Il possédait le catalan écrit puisque sa grammaire catalane- française était prête à publier en 1834. S’il fréquentait François Arago à Paris, pourquoi n’aurait-il pas rencontré Joseph Tastu, le traducteur de Béranger en catalan ? Pourquoi n’aurait-il pas été inspiré aussi par Étienne Arago (1802-1892), le frère de l’astronome, qui triomphe à cette époque avec ses œuvres jouées à la Comédie Française, et qui compose pourtant des chansons républicaines en catalan1 ? De plus, dans une lettre que Côme Rouffia adresse, en février 1871, au soir de sa vie, au président de la toute récente Société des Langues Romanes, probablement Charles de Tourtoulon2 (1836-1913), il confie s’être intéressé très tôt à l’œuvre des troubadours :

Je vous dirai que M. Renouard ou Reynouard avait composé une grammaire de la langue romane, et cette grammaire je l’avais achetée en 1815, à Paris, au Palais-Royal, chez un grand libraire qui s’appelait Barbas, je crois. Je ne la possède plus, s’il en était autrement, je vous l’aurais envoyée3. Dans deux autres lettres, adressées en 1870, au même destinataire, Côme Rouffia avait exposé dans la première, ses compétences précises en langue catalane, en versification et en littérature ancienne, et présenté un regard critique sur la langue et la création contemporaines ; dans la seconde, il avait témoigné de sa capacité de versificateur catalan et de son érudition en philologie romane :

J’ai composé une grammaire, qui malheureusement, par l’effet de circonstances indépendantes de ma volonté, est restée inédite. J’en ai extrait la pièce qui en est pour ainsi dire l’introduction et qui a pour titre : Dissertation sur l’origine de la langue catalane. Cette pièce que j’ai l’honneur de vous envoyer, est accompagnée d’observations sur la manière de lire cette langue, les figures grammaticales, orthographiques, la versification, de quelques poésies sur les troubadours. La langue catalane que l’on parle maintenant en Roussillon est entièrement defformée [sic] : ce n’est plus qu’un jargon composé en grande partie de mots empruntés à la langue française, et ce qu’il y a de malheureux encore c’est que quelques faiseurs de chansons presque toutes de circonstance, n’emploient que le catalan

1

Sur Étienne Arago, voir aussi chapitre 2.2 et PRAT Enric, VILA Pep (2009). « La poesia rossellonesa d’Esteve Aragó en el context de la literatura catalana del seu temps », p. 191-206. In Les Arago acteurs de leur temps. Perpignan, Archives Départementales des Pyrénées-Orientales, p. 200.

Un autre catalan, originaire du Vallespir, est installé à Paris à la même époque : le journalise au journal Le

Siècle, Pere Talrich (1810-1888). Cependant, ses premiers écrits en catalan sont référencés, de retour en

Roussillon, vers 1858. Voir : DUNYACH Georges (2003). Pierre Talrich Pere. Perpignan, Publications de l’Olivier, p. 14-17.

2 Le président fondateur de la Société des Langues Romanes fut le Catalan du Vallespir, François-Romain

Cambouliu (1820-1869).

corrompu, écrit d’après l’orthographe française. La véritable langue catalane s’est encore assez bien conservée vous en jugerez par la pièce ci jointe1.

Pour le moment, vous me permettrez de vous adresser la jolie Cansone du Métastase, illustre poète italien, que je me suis amusé à traduire en vers catalans. J’ai employé dans ma traduction le même rythme de l’original. Cette pièce servira à vous faire connaître le rapport qu’il y a entre la langue italienne et l’ancienne langue catalane qui est à présent entièrement dénaturée en Roussillon ; mais qui s’est encore assez bien conservée en Catalogne (Espagne). La Cansone du Métastase a été traduite il y a déjà longtemps en beau vers français par Madame la princesse de [illisible]. Je joins aussi à la présente un spécimen de plusieurs langues du midi de l’Europe, à partir de la langue latine. Il prouve, comme je l’ai noté, le rapport qu’il y a entre elles2.

La Société des Langues Romanes de Montpellier voyait en lui un utile collaborateur, sollicitation qu’il n’accepta que sous condition, en février 1871 :

Vous me dites, Monsieur le Président, que vous regrettez de ne pas me voir accepter le titre de membre correspondant de votre honnorable société. Je répondrai que dans le cas où vous ne trouveriez pas dans mon département un homme plus capable que moi j’accepterai [sic] avec reconnaissance ce titre dont je m’efforcerai [sic] de remplir les obligations qu’il impose3.

Dans le premier volume de la Revue des Langues Romanes, organe de la Société des Langues Romanes, daté d’octobre 1870, mais publié en avril 1871, on promet, dans le prologue, la parution en 1871 des « Documents sur la langue catalane, par M. Rouffia, de Banyuls-sur- Mer ». Finalement, ils ne paraîtront pas. Les premiers écrits de Julien-Bernard Alart (1824- 1880), archiviste du Département des Pyrénées-Orientales, publiés en 1872 dans la même

1

Brouillon d’une lettre au président de la Société des Langues Romanes (S.L.R.), datée de juillet 1870. MMP : Mf Ms 164.1. (Les archives de la S.L.R. sont actuellement inaccessibles).

2

Brouillon d’une lettre au président de la Société des Langues Romanes (S.L.R.), datée de décembre 1870. MMP : Mf Ms 164.1. Le Métastase (Metastasio : pseudonyme de Pietro Trapassi, 1698-1782) aurait déjà été traduit en catalan par le curé du Soler (Roussillon), Bonaventura Ques, en 1788 ; il s’agit du drame sacré

Guiseppe riconosciuta devenu : Josep reconegut per sos germans. (Fonds Vallat de la Bibliothèque Municipale

de Montpellier : ms 10800). Voir : VILA J.-M. (1998). « Les traductions d’œuvres françaises et italiennes dans le théâtre catalan du Roussillon ». Lengas, n°44, p. 66 et GUITER Henri (1978). « La connaissance, l’adaptation et la traduction d’œuvres littéraires françaises en Roussillon », p. 115-124. In Ministère de l’Éducation Nationale, Comité des travaux historiques et scientifiques. Actes du 96e Congrès national des Sociétés Savantes,

Tome 1. Paris, Bibliothèque Nationale, p. 120-121.

revue, «Documents sur la langue catalane des anciens comtés de Roussillon et de Cerdagne », n’y sont sûrement pas étrangers1.

Au-delà de cette collaboration tronquée à la Revue des Langues Romanes, il n’en reste pas moins la probabilité que Côme Rouffia ait composé, au moins traduit, des poèmes en catalan entre 1851, date de la publication d’une fable française, et 1871, année de l’envoi de sa version catalane du Métastase. Le Publicateur ayant disparu depuis 1837 et le Bulletin de

la Société Agricole, Scientifique et Littéraire étant alors, encore pour longtemps2, réfractaire à la langue catalane, il ne restait à Côme Rouffia que le recours à l’édition d’un ouvrage personnel ; cela ne fut jamais le cas de son vivant. Il existe, en revanche, deux poèmes catalans, publiés après sa mort, en 1879 et en 1881. Ils attestent de son activité au sein de la première renaissance littéraire catalane du Roussillon, mais ne permettent pas encore de confirmer, de façon irréfutable, bien que la probabilité soit forte, une pré-renaissance littéraire catalane en Roussillon, incarnée par un instituteur, dès la première moitié du XIXe siècle.

Ainsi, un poème catalan de Côme Rouffia, Cant dels segadors [Chant des moissonneurs], illustre le paragraphe « Langage » consacré au catalan dans la partie « Notre département »3, rédigée par Sauveur Morer4 (1823-1902), dans l’ouvrage Lectures Courantes

1 Les pièces que communiquait Côme Rouffia, « la belle et ancienne romance Montanya Regalada » et « une

ballade catalane qui a pour titre Barcelona » (lettre de mars 1871) n’étaient en fait que les reprises de chansons parues dans L’Album Roussillonnais du 15 juillet 1840 : un pastiche de Pierre Puiggari, pour la première, et une œuvre de Lo Gayter del Llobregat (Joaquim Rubió i Ors, 1818-1899), pour la seconde, reproduite aussi dans la

Grammaire catalane-française de Pierre Puiggari (1852, p. 104-110). Voir : CHAUVET Horace (1943). Folklore du Roussillon. Perpignan, Imprimerie du Midi, p. 150.

Les archives de la Société des Langues Romanes n’étant pas accessibles au public, il ne nous a pas été possible de vérifier si les envois de Côme Rouffia y sont conservés.

Bernard Alart, de la Société Agricole Scientifique et Littéraire des P.-O. (S.A.S.L.) s’était déplacé aux Jeux Floraux de Barcelone en 1868 ; Frédéric Mistral y était présent aussi. La S.A.S.L. ne s’étant pas associée officiellement à la manifestation, Bernard Alart se retire du bureau après 1870. Voir : GUITER Henri (1976). « La Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales », p. 351-358. In SECRETARIAT D’ÉTAT AUX UNIVERSITES, COMITE DES TRAVAUX HISTORIQUES ET SCIENTIFIQUES. Actes du

100e Congrès national des Sociétés Savantes. Paris, Bibliothèque Nationale, p. 355-356.

2

En 1868, Léon Fabre de Llaro, le secrétaire de la section des lettres de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire de P.-O., s’opposa à la participation au concours d’une poésie qui « avait revêtu l’habit catalan ». Il argumentait, à propos de la langue catalane : « trop souvent ses tournures, son accent, sa vivace énergie empiètent sur l’élégance, la clarté, la politesse exquise et délicate de notre langue française ». Et il concluait, au nom de la modernité : « ne tentons aucune restauration, qui pourrait nuire à l’ordonnance architecturale de l’édifice moderne, sans être véritablement utile à l’ancien.». Voir : FABRE de LLARO, Léon (1868). « Rapport sur les Concours de Poésie et d'Histoire ». Bulletin de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des

Pyrénées-Orientales, vol. 17, p. 39. Cité par : GUITER Enric (1964). « Mistral i les primeres albors de la

Renaixença rossellonesa », p. 101-113. La France latine, n° 20, octobre-décembre 1964, p. 105-106.

3 MORER Sauvaire (1879). « Notre département (Pyrénées-Orientales)», p. 253-324. In CAUMONT [BUISSON

Ferdinand, STEGG Jules]. Lectures Courantes des Écoliers Français : La famille, la maison, le village, notre

département, notre pays. Paris, Delagrave. [Réédition en 1889 ?] Voir annexe 1.2.2.

4

Sauveur Morer est un ancien élève de l’école mutuelle de Côme Rouffia, il se chargea de l’édition posthume d’un ouvrage de son ancien maître, dans lequel figure une notice biographique de l’auteur : ROUFFIA Côme (1875). Éléments d'agriculture, à l'usage des institutions d'instruction primaire et secondaire. Perpignan, Imprimerie de l'Indépendant, XXI-134-III p.

Ancien élève de l’école normale de Perpignan, d’abord instituteur à Thuir (Roussillon), puis professeur au collège de Perpignan, membre de la Société pour l’Instruction Élémentaire, et de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des P.-O., il est l’auteur de plusieurs autres ouvrages :

des Écoliers Français, attribué à Ferdinand Buisson et Jules Steeg1. La partie générale de ce manuel scolaire fut publiée en 1876 et rééditée jusqu’en 19022

. La première parution de la partie consacrée aux Pyrénées-Orientales eut lieu en 18793 ; une deuxième édition se situe probablement en 18894. Le texte catalan de Côme Rouffia est un chant réaliste de deux strophes octosyllabes et refrain hexasyllabe, engageant les moissonneurs à oublier quelques épis pour les pauvres. Le titre « Cant dels segadors » est identique à celui d’une chanson populaire catalane, aux nombreuses versions, qui deviendra l’hymne de la Catalogne lorsque se sera établie la Renaixença vers 1880.

Il est intéressant de remarquer aussi que le thème de la moisson est celui de deux œuvres emblématiques du peintre Jean-François Millet (1814-1875), présentées au public parisien peu après le départ de Côme Rouffia de cette ville. Ce dernier y avait vécu entre 1839 et 1852 et il devait porter, de retour en Roussillon, une attention sur la capitale encore plus aiguisée que la plupart de ses contemporains. La critique progressiste vit, dans Le repas des

moissonneurs (1853) et surtout dans Les glaneuses (1857) la condamnation d’un Second

Empire peu soucieux de la misère paysanne, de surcroît face à la mécanisation naissante. Côme Rouffia qui, dès 1840, adressait à la Société Horticole de Paris ses contributions sur les mutations de l’agriculture du Roussillon passant de l’autarcie à l’économie de marché,

Premières leçons de lecture, à l’usage des écoles et des familles. Perpignan, Imp. De J.-B. Alzine, 1853, 48 p.

[deuxième édition en 1854]

Projet d'organisation des collèges cantonaux. Paris, G. Baillière, 1872, 64 p.

Projet de loi sur l'enseignement primaire : Crèches, écoles maternelles, écoles élémentaires, gymnases cantonaux, écoles normales primaires, inspection à tous les degrés, commissions et conseils scolaires communaux, cantonaux, départementaux, régionaux, supérieur, éducation physique : gymnastique & exercices militaires, retraite des membres de l'enseignement primaire. Perpignan, imprimerie de l'Indépendant, 1880, 138

p. L'École et l'armée, projet de loi. Paris, Charavay frères, 1889, 232 p. [Version revue et augmentée de l’ouvrage de 1880, prologue de Jean Mattes].

Rapport sur les établissements d'instruction de Perpignan : amélioration, agrandissement, construction, achat.

Perpignan, Imprimerie de l'Indépendant, 1896, 15 p.

Mét ode d’enseignement mutuel: Ses péripéties en France – Sa défense – Sa glorification. Perpignan,

Imprimerie de L’Indépendant, 1901, 60 p.

1

Ferdinand Buisson (1841-1932), protestant et franc-maçon, fut le directeur général de l’enseignement primaire de Jules Ferry (1879), avec lequel il prépara toutes les réformes scolaires. Titulaire de la première chaire de sciences de l’éducation à la Sorbonne (1896), et dirigea aussi le Dictionnaire de Pédagogie et d'Instruction

Publique (1882 et 1911). Jules Steeg (1836-1898), protestant, il est avec son ami Ferdinand Buisson un des

fondateurs de l’idéologie scolaire de la Troisième République. Il fut inspecteur général de l'enseignement primaire (1889) et ensuite inspecteur des études de l'École Normale Supérieure de Fontenay aux Roses.

2 Voir : BOUTAN Pierre (2007). « Lectures courantes des écoliers français… : de la petite à la grande patrie, le

manuel sous pseudonyme de Buisson et Steeg », p. 243-256. In VERDELHAN-BOURGADE Michèle, BAKHOUCHE Béatrice, BOUTAN Pierre, ÉTIENNE Richard. Les manuels scolaires, miroir de la nation ? Paris, L’Harmattan, p. 243 et 247.

3

Date aimablement communiquée par Pierre Boutan qui a consulté, à la Bibliothèque nationale (cote : 8°L10.99), les parties départementales ; le tampon du dépôt légal faisant foi.

4 « Du même auteur, sous presse : Département des Pyrénées-Orientales (Histoire et Géographie). Nouvelle

édition intercalée dans Lectures Courantes des Écoliers Français. Delagrave, Paris, rue Souflot, 15 », dans : MORER Sauvaire (1889). L'École et l'armée, projet de loi. Paris, Charavay frères.

viticole et horticole, était sensible au sort du monde paysan1. On pourrait donc s’avancer à dater de la fin des années 1850, le poème réaliste « Els segadors », de l’instituteur Côme