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La réflexivité en sciences sociales : vecteur de leur scientificité et de leur vulgarisation ?

Les problèmes théoriques de la vulgarisation des sciences sociales

B) Sciences sociales, hétéronomie et réflexivité : d’une impossibilité théorique à une compréhension pragmatiste et matérialistes des

2) La réflexivité en sciences sociales : vecteur de leur scientificité et de leur vulgarisation ?

Pour Baudouin Jurdant, la réflexivité ne doit pas être réduite à une « métacognition » comme l’entendent souvent certains auteurs, c’est-à-dire à « une prise de conscience ou une appropriation par réflexion de ce que nous faisons ou dès que nous pensons savoir quelque chose » . 3

Selon lui, la réflexivité renverrait davantage à une dimension anthropologique, et notamment aux usages que nous faisons de la parole et de l’oralité en général. Elle désignerait en effet la prise en compte de la présence d’une altérité (y compris lorsqu’il s’agit de « s’entendre » soi-même), qui 4

ajuste la manière de conduire les activités dans lesquelles nous sommes engagés au moment où cette altérité est prise en compte. La réflexivité est donc souvent associée chez Baudouin Jurdant à l’idée d’un dialogue, pouvant se dérouler tant dans la conscience intérieure du chercheur que dans le cadre de situations d’échanges oralisés. La réflexivité peut donc se ramener à un besoin essentiellement humain : celui de s’en remettre à une extériorité afin d’assurer la continuité de notre activité. Pour en revenir aux sciences sociales, la réflexivité désigne alors selon lui un moteur susceptible d’animer les opérations d’ajustement des attitudes d’engagement et de distanciation des

JURDANT, B. , « Écriture, réflexivité, scientificité … », op. cit.

1

JURDANT, B. , « Postface … », op. cit. , p.195

2

Ibid. , p.131

3

Ibid.

chercheurs vis-à-vis de leur objet, ce qui se concrétiserait notamment dans la scientifisation des conditions d’énonciation de leurs énoncés. En effet, c’est à partir de cette réflexivité que les chercheurs en sciences sociales parviendraient à prendre en compte les points de vue exprimés par les acteurs et les éléments matériels qu’ils entendent prendre pour objet, et ce afin de travailler les conditions d’énonciation qui garantissent la scientificité de leur point de vue.

Néanmoins, Baudouin Jurdant juge que la réflexivité en sciences sociales n’a qu’imparfaitement participé à définir leur scientificité, car elle se limiterait finalement à une définition interne et propre au collectif scientifique. La manière dont ces sciences entendent définir et affirmer leur scientificité auprès de l’ensemble du corps social resterait donc encore indéterminée. Selon Baudouin Jurdant, la raison de cette imperfection est une nouvelle fois à situer dans le fonctionnement et l’articulation des sciences dans leur ensemble, et plus précisément, dans les fonctions analogues que sciences sociales et vulgarisation se voient accordées dans le projet positiviste d’Auguste Comte. Pour Baudouin Jurdant, les sciences sociales ont en effet pour fonction de pallier un « déficit de réflexivité » auquel sont confrontées les sciences de la nature, un déficit résultant de 1

l’autonomisation de leur collectif scientifique autour d’une écriture qui lui est propre. Pour cause, le principe d’escamotage de l’énonciation qui régit cette écriture aurait pour conséquence de conduire cette communauté scientifique « à se refermer sur elle-même, à s’autonomiser fortement et à éliminer toute possibilité de réflexivité » , c’est-à-dire tout point de vue extra-scientifique. À 2

l’inverse, les sciences sociales, du fait de leur hétéronomie, se fondent justement sur la prise en compte de ces points de vue, et ce afin de définir la scientificité du regard porté par le chercheur. Les sciences de la nature, quant à elles, se doivent d’exclure toute possibilité de pouvoir entrer en

dialogue avec les éléments extra-scientifiques afin de produire et de garantir la scientificité de leurs

connaissances à partir d’une écriture qui leur est propre. Pour Baudouin Jurdant, c’est donc en ce sens que les sciences sociales, dans leurs fondements épistémologiques, auraient eu pour mission de pallier ce déficit de réflexivité présent dans les sciences de la nature, et ce dans la perspective d’assigner une origine humaine au déploiement du savoir scientifique.

Toutefois, les sciences sociales n’iraient pas au bout de leur mission, car ces sciences feraient de cette réflexivité l’élément sur lequel se fonde leur propre scientificité, et ce d’un point de vue

Ibid. , p.137

1

Ibid. , p.136

davantage intra-communautaire. Par conséquent, les sciences de la nature auraient trouvé dans la vulgarisation une possibilité de résoudre ce déficit de réflexivité, dans la mesure où elle traduit également un mouvement de prise en compte d’une altérité qui référence et inscrit les connaissances scientifiques au sein du langage ordinaire. Pour Baudouin Jurdant, la vulgarisation aurait donc un rôle hautement réflexif pour les chercheurs en sciences de la nature, car elle leur permettrait avant tout de comprendre ce qu’ils font - c’est-à-dire de donner du sens à leur activité en la confrontant à cette extériorité que désigne les entités extra-scientifiques - tout en les ré-inscrivant dans des collectifs humains qui dépassent la seule communauté scientifique.

Néanmoins, ne pourrait-on pas proposer un autre regard sur cette ouverture manquée des sciences sociales afin d’élucider la question de l’imperfection de leur scientificité ? En effet, dans des écrits plus récents, Baudouin Jurdant comprend la réflexivité comme un élément susceptible de redonner une unité épistémologique aux sciences dans leur ensemble, se concrétisant notamment dans l’idée d’un dialogue inter-disciplinaire entre chercheurs en sciences de la nature et chercheurs en sciences sociales . Or, en faisant cela, cet auteur semble en même temps délaisser la question de 1

ce qui fonde et affirme la scientificité des sciences sociales pour l’ensemble du corps social, soit une scientificité qui dépasse la seule communauté de leurs scientifiques et qui se définirait davantage depuis l’extérieur. En effet, si la réflexivité est ce par quoi ces sciences ont pu définir leur scientificité d’un point de vue intra-communautaire, ne pourrait-on pas envisager que cette réflexivité puisse servir à la définir d’un point de vue extra-communautaire ? Si tel est le cas, cette réflexivité pourrait être un point par lequel résoudre le problème théorique de la vulgarisation des sciences sociales, dans la mesure où, tout en participant à réaffirmer leur scientificité vis-à-vis des non-scientifiques, elle constituerait un élément par lequel ces sciences se verraient attribuer une signification nouvelle et différente de celle qu’elle peut se voir attribuer à l’intérieur de leurs instances de production.

C’est en tout cas cette discussion que permet d’avoir Baudouin Jurdant suite à la postface de la réédition de sa thèse publiée en 2009. Dans ce texte, cet auteur entend plus clairement exposer les relations théoriques qu’il établit entre oralité, réflexivité, vulgarisation et sciences sociales. Pour ce faire, Baudouin Jurdant part d’un bilan critique concernant l’accomplissement du projet vulgarisateur. Pour lui, ce projet ne serait pas parvenu à cette mise en culture des sciences et de

JURDANT, B. , « Écriture, réflexivité, scientificité … », op. cit.

leurs connaissances à travers leur mise en oralité. Comme je l’ai énoncé au début de ce chapitre, Baudouin Jurdant a effectivement fini par attribuer à la vulgarisation une fonction davantage culturelle qu’idéologique. Cette dernière consisterait à parvenir à un ensemble de situations à l’intérieur desquelles la science serait parlée, discutée, critiquée, contestée, dialoguée par le plus grand nombre, de telle manière que ces situations d’interlocution transcendent les questions d’appartenance et d’intégration académiques des acteurs qui y participent. En y parvenant, la vulgarisation pourrait alors effectivement entendre dépasser et résoudre cette rupture sociale et épistémique instituée par la communauté des scientifiques vis-à-vis du reste du corps social. Or, selon lui, la vulgarisation reste encore imprégnée de ses origines idéologiques et demeure donc entravée par l’impératif de réaffirmer coûte que coûte la scientificité des science, et ce pour que LA SCIENCE et le corps scientifique soient les seules instances légitimes à produire un savoir de la vérité. En parvenant à de telles situations d’interlocution, elle finirait en effet par accorder une capacité et une légitimité aux acteurs non-scientifiques à pouvoir eux aussi prétendre à un savoir de la vérité, ce qui remettrait alors profondément en cause une scientificité des sciences fondée sur l’idée de rupture.

C’est pour cette raison que la vulgarisation, dans sa fonction idéologique, se chargerait finalement elle-même de cette question du sens et de la vérification des sciences, même si elle traduit à l’origine un besoin éprouvé par les scientifiques de s’en référer à une extériorité, un besoin de réflexivité. En faisant cela, la vulgarisation peut précisément reproduire cette idée de rupture sur laquelle les sciences, dans leur ensemble, aspirent à se fonder, en tenant les non-scientifiques à distance des conditions réelles de leur production, légitimant ainsi la capacité des scientifiques à pouvoir dire le vrai. En s’occupant elle-même de la question du sens et de la vérification des sciences, la vulgarisation serait donc toujours cet instrument idéologique chargé d’imposer aux non-scientifiques la vérité à laquelle prétendent les sciences et leurs scientifiques. Or, pour Baudouin Jurdant, l’aspect davantage culturel de la vulgarisation montrerait au contraire que cette question est un enjeu proprement démocratique, qui se doit de faire « le pari que la conscience

prévaut sur la compétence » . Par conséquent, cet auteur laisse ici entendre que la scientificité des 1

sciences serait moins une représentation particulière définie et imposée, à travers la vulgarisation, par le corps scientifique au reste du corps social. Elle serait davantage une représentation se construisant depuis l’extérieur, une scientificité qui trouverait précisément sa force dans le fait

LÉVY-LEBLOND, J-M. , La pierre de touche, Gallimard, 1996, p.56, cité In JURDANT, B. , « Postface

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qu’elle puisse être discutée et critiquée par des acteurs n’appartenant pas au corps scientifique, et ce plus ou moins indépendamment des représentations que les scientifique se font de leur propre activité.

À l’intérieur de cette postface, Baudouin Jurdant laisse alors entendre que les sciences sociales, du fait de leur hétéronomie et de la particularité de leur écriture, pourraient permettre de vérifier et de discuter ce second aspect de la scientificité des sciences. Or, la vulgarisation de ces dernières serait une condition théorique préalable à l’existence de cette scientificité externe. Pour lui, étant donnée leur plus grande proximité avec le domaine de l’oralité, les sciences sociales auraient en effet un avantage sur les sciences de la nature, dans la mesure où elles seraient finalement plus « proches de la culture » que ces dernières. Ce faisant, elles pourraient plus facilement atteindre cet idéal de 1

situations d’interlocution dans lesquelles elles pourraient être parlées et discutées par le plus grand nombre. Or, dans sa thèse soutenue en 1973, cette proximité est considérée comme étant l’expression même de la fragilité de la scientificité des sciences sociales, une preuve supplémentaire que ces sciences ne peuvent construire une rupture suffisamment “solide” capable de signifier l’autonomie et la cohérence de leur activité.

Paradoxalement, cet auteur ne semble donc pas voir que la proximité de ces sciences avec le domaine de l’oralité est précisément ce qui peut leur permettre de contourner cette difficulté à constituer une scientificité fondée sur l’idée d’une rupture sociale et épistémique. Cette perspective permettrait pourtant de réaffirmer une proposition importante à laquelle conduit son modèle théorique de la vulgarisation, à savoir le fait que le caractère proprement social de la scientificité d’une science, aussi bien sociale que naturelle, ne peut pas provenir uniquement des sciences et de leurs scientifiques, mais implique qu’elle se constitue à travers une extériorité - les non- scientifiques - pour que cette même extériorité puisse la reconnaître et la faire parvenir à sa dimension pleinement sociale. À la différence des sciences de la nature, les conditions sociales et matérielles de production des sciences sociales permettraient alors justement de vérifier ce point, dans la mesure où ces sciences peuvent plus facilement être parlées et discutées par les acteurs non- scientifiques. C’est à travers cette mise en discussion que ces acteurs procèderaient précisément à la

vérification du discours tenu par ces sciences, de telle sorte que leurs discours ne soient plus

seulement vrais pour le collectif scientifique qui en est à l’origine, mais pour l’ensemble du corps

JURDANT, B. , « Postface … », op. cit. , p.244

social avec lequel ces mêmes scientifiques ont cherché, en vain, à se mettre en rupture pour garantir la scientificité de leur activité et de leurs connaissances. Si cette proximité peut effectivement engendrer une critique de leur scientificité, elle peut également aboutir à la reconnaissance de cette dernière et donc constituer une condition de possibilité théorique de leur vulgarisation. En effet, tout en devenant autre chose que leur condition d’écriture autour de laquelle leur collectif scientifique s’organise, ces sciences se verraient attribuer de nouvelles significations à l’intérieur de collectifs humains donnés. Ainsi, elles finiraient par être engagées dans la vie pratique de ces collectifs, et seraient alors susceptibles de se voir reconnaître une scientificité, c’est-à-dire une capacité et une légitimité à dire le vrai au nom de LA SCIENCE.

Cette discussion des modalités de construction de la scientificité des sciences sociales a donc montré que leur hétéronomie ne constitue pas vraiment un frein à leur scientificité. Elle est au contraire une spécificité de leurs conditions de production que leurs scientifiques ont su prendre en compte pour théoriser la scientificité de leur activité et de leurs connaissances (en travaillant à la scientifisation des conditions d’énonciation de leurs énoncés), et une particularité qui facilite ces sciences à se voir attribuer et reconnaître une scientificité provenant de l’extérieur du corps scientifique. C’est à ces conditions que la possibilité théorique de leur vulgarisation est envisageable. Si la réflexivité joue un rôle dans la constitution de ces deux types de scientificité, elle semble néanmoins traversée par une contradiction similaire à celle que peut connaître la vulgarisation en étant tiraillée entre son aspect idéologique et son aspect culturel. Dans le cadre des sciences sociales, la réflexivité a en effet pour but d’établir et de maintenir une distance vis-à-vis des éléments non-scientifiques, en précisant en quoi les énoncés produits par ces sciences ont une valeur de scientificité. À l’inverse, la scientificité que les non-scientifiques seraient susceptibles de reconnaître à ces sciences implique que cette réflexivité abandonne cette fonction de mise à distance pour, au contraire, inciter les sciences sociales à accepter d’entrer en dialogue avec cette extériorité que désignent les non-scientifiques.

Néanmoins, ce dernier point implique que la réflexivité soit également étendue aux non- scientifiques car, pour que ce dialogue puisse avoir lieu, encore faut-il que ces derniers l’acceptent, et donc, expriment eux aussi un besoin de s’en référer à cette extériorité que représentent ces sciences et leurs scientifiques. Or, ceci nous amène à un paradoxe. En effet, cela voudrait dire que les non-scientifiques attribueraient a priori une capacité et une légitimité à ces sciences à produire

un savoir de la vérité avant même d’avoir pu vérifier leurs discours. Autrement dit, ils leur reconnaîtraient a priori une scientificité très proche de l’idée d’une rupture sociale et épistémique. Bien que cette rupture ne puisse être entreprise par les sciences sociales de manière aussi radicale que celle des sciences de la nature, cela voudrait dire que leurs scientifiques sont toutefois parvenus à faire reconnaître la conception de leur scientificité auprès des non-scientifiques, selon une idée de

distance vis-à-vis du monde social. Cette distance résulterait en partie de leur intégration

institutionnelle et académique. Or, ceci n’aurait rien d’étonnant, car au fond : quelle science peut se réclamer être une science de LA SCIENCE si elle doit systématiquement être discutée et vérifiée par des acteurs non-scientifiques ?

En réalité, cette remarque soulignerait le caractère proprement dual de la scientificité des sciences en tant que fait social à part entière, une ambivalence similaire à celle décrite par Peter Berger et Thomas Luckmann à travers le principe de construction sociale de la réalité. À travers cette expression, ces derniers souhaitaient rendre compte du « caractère duel de la société en terme de facticité objective et de signification subjective » . La scientificité des sciences, telle que discutée 1

jusqu’à présent, répondrait parfaitement à cette analyse. D’une part, elle décrit effectivement une

facticité objective dans la mesure où elle est toujours déjà là, indépendamment de la volonté des

individus, et plus particulièrement de la volonté des non-scientifiques. En effet, les sciences et leur prolongement institutionnel sont des instances légitimées à pouvoir produire un savoir de la vérité au nom de l’ensemble de la société, et ce peu importe ce que la société peut penser des sciences et de leurs institutions. Ainsi, cet aspect objectif de la scientificité des sciences s’apparenterait à cette idée de rupture que les scientifiques, en sciences de la nature comme en sciences sociales, auraient élaborée à l’intérieur du corps scientifique, avant d’être imposée et étendue à l’ensemble du corps social à travers le prolongement des institutions scolaires et académiques, et ce surtout à travers la vulgarisation. D’autre part, la scientificité des sciences s’apparenterait également à un ensemble de

significations subjectives dans la mesure où, comme l’a notamment décrit Baudouin Jurdant à

travers sa conception du mythe de la scientificité, la scientificité des sciences est avant tout quelque chose qui se vit et s’éprouve subjectivement dans la conscience intérieure des individus, scientifiques comme non-scientifiques. C’est d’ailleurs précisément à travers ce vécu que les sciences peuvent se faire vraies, dans les laboratoires comme dans la vie quotidienne, ou au

BERGER, P. et Thomas LUCKMANN, La construction sociale de la réalité, Armand Colin, 2011 [1966],

1

contraire, se voir contester selon des normes et des contextes propres aux collectifs qui mettent cette scientificité à l’épreuve.

En faisant converger les travaux de Baudouin Jurdant et ceux de Peter Berger et Thomas Luckmann, la vulgarisation décrirait donc un ensemble de situations particulières ayant pour enjeu d’assurer la

continuité de la scientificité des sciences à l’intérieur de l’ensemble du corps social. Bien que cette

scientificité puisse être vécue de manières différentes, selon qu’il s’agisse de scientifiques ou de non-scientifiques, l’enjeu de ces situations serait finalement de s’assurer que chacune des personnes qui y participe croit effectivement en les sciences, et ce quelque soit les fondements rationnels de cette croyance. Dès lors, en donnant la possibilité de vérifier à quelles conditions les connaissances scientifiques peuvent se faire vraies dans la vie quotidienne, c’est-à-dire essentiellement dans le

vécu des non-scientifiques, ces situations légitimeraient par là l’existence des institutions

académiques ainsi que l’existence d’une certaine division sociale du travail intellectuel sur lesquelles les sciences et leurs scientifiques fondent leur légitimité. C’est en ce sens que l’idée d’une scientificité des sciences, associée à une rupture sociale et épistémique, aurait une effectivité réelle.

En fin de compte, l’aspect externe de la scientificité des sciences sociales constitue un point d’entrée pour résoudre ce problème de l’impossibilité théorique de leur vulgarisation. Cet aspect semble en effet répondre aux deux conditions théoriques principales établies par Baudouin Jurdant afin de définir la vulgarisation : des situations dans lesquelles ces sciences se situent dans un lieu et sous des formes différents des lieux qui caractérisent leurs instances de production, et des situations dans lesquelles leur scientificité se voit avant tout réaffirmée. Cependant, il demeure une ambiguïté concernant la relation théorique que Baudouin Jurdant entend précisément établir entre vulgarisation et scientificité. En effet, si le rôle de la vulgarisation est bien de faire reconnaître la scientificité des sciences à l’intérieur de situations particulières, et donc, d’assurer sa continuité en tant que fait social à part entière, cet auteur n’est pas vraiment explicite sur la manière dont cette

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