10 février 2010. 18h52.
En direction pour rejoindre le lieu où devait se dérouler l’assem-blée générale annuelle de l’association, que j’avais entrepris de réin-tégrer en tant que bénévole, je décide d’allumer mon téléphone pour vérifier l’adresse. Et encore une fois, mon téléphone a fait des siennes.
Il a laissé passer un appel du papa de Juju. Ce dernier aura laissé un message sur mon répondeur, heureusement.
Et après l’avoir entendu, je regrette de n’avoir pas pu y répondre moi-même. Il semblerait que l’avenir ne soit qu’un éternel recommen-cement du passé. Et vous allez probablement croire que j’ai inventé cette nouvelle. J’aurais bien aimé aussi ne pas y croire... Mais Juju a encore une nouvelle récidive, à peu près au même endroit que les fois précédentes. Un petit nodule de quelques millimètres est réapparu au niveau des poumons. Le papa ne m’aura pas donné plus de nouvelles que cela, probablement n’en avait-il pas la force. J’ai essayé de le rap-peler immédiatement, mais sans réponse. Il devait déjà être en ligne avec quelqu’un d’autre.
Que faire... Rien qu’à l’idée de devoir rencontrer d’autres per-sonnes, mon cerveau s’emballe. D’autant plus que ces personnes-là vont inéluctablement me demander des nouvelles de P’tit Juju... Que leur répondre... Si ce n’est ne rien leur dire pour le moment et attendre la confirmation de cette, encore une fois, triste nouvelle... Et puis mon esprit retrouve un semblant de lucidité qui aura toutefois pour effet de finir de me démoraliser et de m’attrister... L’image de Juju refait son apparition et toutes mes pensées ne peuvent faire autre chose que d’al-ler vers lui. Ce p’tit bonhomme, qui a grandi et qui a tant lutté durant ces dernières années...
La soirée passera... difficilement, mais tout en essayant de ne pas montrer la peur qui quelques heures auparavant s’était inscrite sur mon visage et de retenir ces larmes qui pourtant aimeraient tant couler...
Elles y parviendront sur le chemin du retour... Mais qui ne craque-rait pas en apprenant que son petit protégé, après déjà 4 ans de lutte acharnée, va une nouvelle fois être confronté à cette maladie. Ne le lâchera-t-elle donc jamais ?
12 février 2010. 9h45. Sur Internet.
Je n’ai pas rappelé le lendemain de peur de les déranger. Mais j’en avais l’intention ce jour-là, avant que le papa ne me devance et appa-raisse sur Internet.
Il semblerait que les médecins aient suspendu le traitement. Et ce pour au moins 4 semaines ! Le papa n’en sait pas beaucoup plus. Mais quatre semaines c’est très long et la maladie peut très vite évoluer.
Mais ils ne semblent pas décider à faire plus pour le moment et pré-fèrent attendre un scanner le mois d’après. Il semble complètement perdu. Et Juju continue sa vie d’ado...
20 février 2010.
Un nouvel appel du papa... raté ! Satané téléphone ! ! Pourtant le message laissé annonce de grands changements pour les prochains
jours.
Julien ne sera plus opéré le 8 mars pour sa prothèse, mais le 4 mars pour lui retirer le nodule qui est apparu au scanner quelques jours auparavant. Les médecins ont, après avoir beaucoup insisté, repris le traitement de Juju. Je rappellerai dans les prochains jours pour avoir des nouvelles...
1 mars 2010. 11h15.
Le papa me laisse une nouvelle fois un message sur mon répondeur en me donnant quelques précisions sur l’opération. Je l’appellerai dans la soirée, c’est bien décidé !
20h52.
Je rappelle le papa. Même si sa voix n’est pas celle des bons jours, elle se veut rassurante et combattive. En effet, le papa n’aura rien lâché durant les derniers jours face aux médecins et le traitement de Juju aura bien repris comme annoncé quelques jours plus tôt.
L’opération aura aussi bien lieu le 4 mars. Sur ce point-là, pas plus d’informations que la fois précédente et Juju ne semble pas s’en faire pour si peu. Il a déjà subi ce type d’opération et sait à quoi s’attendre.
Et puis s’en suit une longue discussion sur les médecins, et leur fas-cinante capacité à oublier rapidement les traitements et résultats des précédentes analyses et scanners.
Cette opération semble aussi être la dernière pour eux, ne voulant pas opérer à chaque fois qu’un nodule apparaitrait. A ces mots, que ré-pondre... D’autant plus que le papa ajoute qu’il en est de même pour sa prothèse. Ils ne veulent pas programmer l’opération pour le moment, tant que Julien n’est pas rétabli. Les médecins perdraient-ils à nouveau espoir... Mais pas question d’y penser pour le moment ! Ce qui compte c’est Juju ! !
Je redis au papa que je suis là pour eux et pour Juju. Qu’ils peuvent compter sur moi. J’essaierai d’aller voir Juju après son opération. Comme
d’habitude...
Et puis toutes ses paroles reviennent. Avec encore plus de violence que la première fois. Et mes pensées ne quittent plus P’tit Juju. Pourvu qu’il veuille une nouvelle fois se battre. Il sait que je serai toujours là pour lui.