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Un guerrier au coeur fragile

Dans le document PAR AMOUR POUR MON P’TIT POISSON ROUGE (Page 135-139)

1 octobre 2009. 22h13.

"Juju ça me ferait plaisir si tu viens dimanche. Bisous". Voilà sa réponse à mon SMS envoyé quelques minutes plus tôt. Et de quoi re-monter un peu le moral des troupes. Les questions qui restaient encore sans réponse viennent de la trouver ! Juju a besoin de moi ! ! Et je se-rai là pour lui ! ! ! Et comme vous l’aurez compris, pas plus tard que dimanche prochain ! ! ! !

3 octobre 2009.

Ce ne sera malheureusement pas pour ce dimanche. Une méchante rhinopharyngite me cloue chez moi. Le p’tit bonhomme est un peu déçu, mais il me dit que la santé passe avant tout. Venant de lui... Vous l’aurez donc compris, le week-end se passera donc chacun chez soi mais avec quelques discussions sur le net...

5 octobre 2009.

Un lundi matin comme les autres, ou presque... En effet, toujours cloué chez moi, je passe le temps sur le net (sans oublier de travailler un peu tout de même). Juju m’avait dit la veille qu’il n’avait que quatre heures de cours aujourd’hui (de plus en plus fainéants ces collégiens...).

Donc je ne m’attendais pas à le voir durant la matinée. Ni son papa d’ailleurs... qui arrive justement sur le net. On discute un peu tous les deux. Toute la famille est encore sous le choc de la nouvelle. Et ce n’est pas facile d’en parler. Il me donne quand même plus d’infor-mations sur les premiers résultats et sur la suite des évènements. Et notamment le scanner de trois heures que doit subir Juju le lendemain.

Et puis il m’annonce qu’il doit aller chercher Juju au collège... A 10h ? Quelques minutes plus tard, c’est donc au tour de Juju de prendre la place du papa. En effet, il avait bien quatre heures de cours mais pas d’affilée ! Deux heures le matin et deux l’après-midi. On en profite donc pour discuter tous les deux et se raconter les dernières nouvelles.

De vrais gosses ! ! 6 octobre 2009.

C’est aujourd’hui que Juju doit passer l’examen qui en dira plus long sur son état de santé. L’examen doit durer une bonne partie de l’après-midi. Il va falloir être patient... Très patient... Et l’après-midi passe... très lentement... trop lentement... sans nouvelles... Et puis la soirée arrive...

21h00.

Le papa se connecte sur le net. Il me donne sans attendre les pre-miers résultats qu’ils ont eu par le professeur en charge de Juju à l’ins-titut. Le scanner n’a rien donné, pas de tumeur ailleurs à priori. Donc un grand soulagement à la lecture de cette phrase... Mais celle qui suit ne laisse que peu d’espoir. "Ce qu’il nous a dit (le médecin) est très

grave...".

Le petit moment de relâchement fût court et a laissé place à présent à la peur. Et mon cerveau se remet à faire des siennes. Si ce n’est pas généralisé mais local, pourquoi serait-ce si grave que cela ? Un mélange d’angoisse, d’incertitude et d’incompréhension se bouscule dans mon esprit. Mais le papa m’avait prévenu qu’il n’était pas seul et qu’il ne pouvait donc pas m’en dire plus pour le moment. Il le ferait par téléphone un peu plus tard. Et toujours le même réflex, le mutisme.

Mais ce n’est pas le moment, le papa attend mieux que cela comme réaction. C’est lui qui a besoin de réconfort pas l’inverse. A moi de lui dire que je pense à lui et sa famille.

"Merci, tu es super. Et dis toi que nous faisons plus que t’appré-cier". Même dans les moments difficiles, il arrive toujours à avoir les bons mots au bon moment. A moi de le remercier."Pas de merci. Ça vient du fond du coeur". Au moins, à présent, je sais ce qu’il pense de moi. Et lui sait qu’il pourra compter sur moi,"à tout moment". Après la peur vient la peine et la tristesse. Les larmes montent, mais il ne faut pas craquer. Ce n’est pas comme cela que Julien voudrait que nous réagissions. Et ce n’est pas de cette façon là qu’on pourra l’aider.

21h19.

Un appel. Le papa ne m’aura pas laissé beaucoup de temps sans nouvelle. Je décroche, la peur d’apprendre ce qu’il a à me dire n’étant rien face au besoin de savoir. Après avoir pris quelques nouvelles de ma santé (et oui ma voix m’a trahi... pas encore remis de ma rhino), il en vient rapidement aux faits. Après la consultation avec Julien, pour lui expliquer la suite des évènements, le médecin en charge de son dossier a annoncé aux parents la gravité de la situation. En effet, la tumeur repérée par la radio est importante au niveau de la cage thora-cique et surtout proche du cœur. Elle n’est pas opérable pour l’instant et aucun traitement connu, ou qui ont déjà été essayés sur Julien, ne peut être utilisé pour faire diminuer la tumeur. Seule option possible,

le faire intégrer un nouveau protocole de traitement. Mais l’espoir que Juju puisse en intégrer un et que celui-ci puisse fonctionner sur lui est mince.

Même avec la plus grande volonté du monde, mon cerveau n’arrive qu’à se focaliser sur le pire qu’il pouvait arriver pour Juju. Ne disant plus un mot, le papa comprit qu’encore une fois je venais d’être touché de plein fouet par cette terrible nouvelle. Le papa a lui aussi du mal à en parler. D’autant plus qu’ils ne savent pas encore vraiment ce que les médecins envisagent pour la suite. Ni même s’il y aura une suite.

Je lui redis que je pense à eux et à Juju et qu’ils pourront compter sur moi.

A peine raccroché et c’est une peine immense qui me submerge.

Comment ne pas être atteint par cette terrible nouvelle... Les mots du papa, ayant presque perdu tout espoir, et le visage de Juju se bousculent à présent dans ma tête. Ce p’tit bonhomme, après tous ces efforts four-nis réduits à néant, notre guerrier, et cette maladie qui ne le lâche pas, mon p’tit Juju...

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Dans le document PAR AMOUR POUR MON P’TIT POISSON ROUGE (Page 135-139)