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Confidences et espoir

Dans le document PAR AMOUR POUR MON P’TIT POISSON ROUGE (Page 53-59)

14 mai 2008. 13h00.

Encore une petite visite pour Juju. J’arrive dans sa chambre. Au-jourd’hui, c’est la maman qui est avec son fiston. Et chose encore plus surprenante (par rapport à la dernière visite), c’est la maman qui est sur le lit (assise seulement) et Juju qui a pris la place royale sur le fau-teuil... et en prime un casse-croute à la main. Le voir comme cela fait tout de suite remonter le moral.

Nous passons une bonne heure à discuter tous les trois des jour-nées mais surtout des nuits à l’institut. Réveillé toutes les heures pour la température, les pompes et... l’oxygène ! ! Le programme après sa sortie ? Au moins 48h non stop de sommeil ! Pour Juju comme pour la maman, tellement il est impossible de pouvoir dormir un peu là-bas.

Car autre nouvelle qui fait le grand bonheur de Juju, c’est qu’il va pou-voir sortir le lendemain pour rejoindre sa vraie chambre, son vrai chez soi.

Bref, après cette heure à discuter et à bien rigoler, Juju semble vouloir changer un peu d’occupation. Je lui sors mon ordinateur et lui montre les quelques jeux auxquels je joue de temps en temps (sou-vent pendant le boulot d’ailleurs... oups, j’espère que mes patrons ne liront pas ça...). Je le laisse se débrouiller un peu devant ces nouveaux jeux pour lui, et puis, histoire de le motiver un peu plus, je lui dis que s’il veut me battre, il a intérêt à faire mieux que ça... (après quelques dizaines, centaines ?, d’heures à jouer, les records sont encore loin...)

Le connaissant, je savais qu’il ne serait pas rester indifférent à cela.

Et du coup, après une heure de jeu et de discussion mêlés, le voici qui a battu quelques uns de mes scores... si j’avais su... Cette deuxième heure fût tout aussi intense que la première. Un vrai plaisir de le voir comme ça. Mais malheureusement, ce début d’après-midi fût aussi très fatigant pour lui, me rappelant alors à la triste réalité. Je décide de le laisser un peu pour qu’il se repose. Sa maman, qui était partie faire

quelques courses pour ce monsieur, revient alors que j’allais m’en aller (pour une petite heure seulement, ayant dit à Juju que je repasserai en fin d’après-midi pour venir lui dire au revoir). Je reste alors encore une petite demi-heure à discuter avec la maman, avec un refrain régulier de la part de Juju : "Mais tu es encore là ? "

A croire qu’il veut vraiment me chasser... Ou qu’il veut absolument un pistolet à eau ! Le petit délire de l’après-midi. Oui mais pour faire quoi me direz-vous ? Pour arroser les infirmières qui oseront encore rentrer la nuit dans la chambre pour embêter Juju. Et que ce soit Juju ou la maman, ils semblent bien décider à ne plus se laisser faire...

Je les laisse le temps d’un petit tour dans Paris, le temps pour Juju de faire une petite sieste pour récupérer un peu de cette après-midi. Et avec pour mission de trouver un pistolet à eau... Le défi est quand même osé, trouver un bazar qui propose ce genre de chose au beau milieu de Paris... Si vous avez des adresses, je suis toujours pre-neur. Après une heure et demi à tourner dans toutes les moindres pe-tites ruelles, me revoilà devant l’institut, bredouille... Juju risque d’être déçu. Je lui en ramènerai un la prochaine fois.

Retour donc dans la chambre du petit bonhomme. Les places ont été inversées : Juju dans son lit et devant la télé et sa maman dans le fauteuil. Juju a dû profiter de mon absence pour faire un petit somme, mais il semble quand même un peu fatigué. Heureusement aussi que la prochaine nuit est la dernière qu’il va passer à l’institut. Car une semaine dans cet environnement, dérangé toutes les heures, de jour comme de nuit, par les infirmières, par les visites. Et puis tout ce qui peut passer par la tête d’un p’tit bonhomme de 12 ans... Mais, Juju est un p’tit gars très courageux, il l’a déjà montré à plusieurs reprises et il sait qu’il peut compter sur les personnes qui l’entourent.

Je discute encore un peu avec la maman, devant un Juju somno-lant... Et puis, je laisse Juju ("enfin " a-t-il dû se dire...) J’ai peut-être un peu abusé de son temps ce coup-ci. Mais en l’ayant vu aussi bien en arrivant, mon cerveau s’est dit qu’il fallait que j’en profite, histoire

de compenser la fois précédente.

21h30.

Retour à la maison. Et non, je ne suis pas resté jusqu’à cette heure aussi tardive avec P’tit Juju. J’avais une réunion de travail le soir. Mais durant le trajet de retour et une fois chez moi, mon esprit n’étant plus occupé, les bonnes paroles de la veille reviennent. Encore une fois, je n’ai pas eu la force de réellement discuter avec Juju, lui dire que je serai toujours là... Et puis repenser à la maladie, à sa fatigue, au fait d’être resté sûrement trop longtemps... Un peu de repos pour ma petite tête ne fera pas de mal.

15 mai 2008. 15h30.

Aujourd’hui, Juju doit sortir. Un petit message au papa à trans-mettre à Juju pour lui dire un grand merci pour l’après-midi de la veille et pour m’excuser d’être resté un peu longtemps. Et aussi pour avoir la confirmation de sa sortie...

20h09. Et 2 sec.

Un appel du papa. Sûrement pour me donner des nouvelles de Ju-lien et savoir s’il a pu enfin rentrer chez lui. C’est l’heure à laquelle il appelle généralement. Il m’appelle en effet pour me confirmer que Juju est chez lui depuis 18h, mais surtout pour me dire... que le p’tit bonhomme m’attend devant internet...

20h09. Et 5 sec.

Sans perdre une seule seconde à cette annonce, je me précipite sur mon ordinateur, laissant en plan autour du diner ma copine et mes parents venus passer quelques jours chez moi. En effet, une fenêtre

portant le nom de Julien s’était ouverte, laissant apparaître un "CC", la signature désormais culte de l’arrivée de Juju.

Il me raconte son retour, que de revoir ses frères et soeurs lui fait très plaisir, de pouvoir être enfin chez lui... Je lui redis les quelques mots du message que j’avais transmis quelques heures plus tôt au papa.

Lui dire merci pour l’après-midi passée avec lui. Et aussi de m’excuser de l’avoir sûrement fatigué d’être resté aussi longtemps à ses côtés. Il rigole. Pour acquiescer ? Probablement. Mais il n’est pas rancunier.

Loin de là. Et heureusement pour moi.

Je lui demande alors si mes visites ne l’embêtent pas. "Non. Ca me fait plaisir" A ces mots, le sourire revient. Il est désormais temps de passer à quelques confidences, plus faciles à écrire qu’à dire. Il sait désormais que je le considère comme un "presque p’tit frère", ayant juste un sang différent du sien. Le reste... ce sont des histoires de Juju.

Et puis il est temps pour P’tit Juju de retourner se reposer. Il n’a pas encore retrouver totalement ses forces. Après lui avoir redit qu’il pouvait compter sur moi à tout moment, et après un échange de gros bisous "virtuels", le voilà parti. Il est temps pour moi de retourner voir mes invités et de finir de diner, l’esprit libéré, l’air un peu plus heureux que les jours précédents. Serait-il venu uniquement pour moi ? Encore une question qui n’a pas besoin de réponse...

Le reste de la soirée se déroule, avec toujours des pensées pour ce p’tit bonhomme, mon p’tit frère... Et en peu de mots, tant de choses qui se sont dites... L’espoir, qui depuis trois semaines a eu du mal à faire surface, est à nouveau présent. Et même si cet espoir n’est peut-être qu’éphémère, il faut en profiter au maximum.

Pourquoi de l’espoir me direz-vous ? Nous avons continué à dis-cuter avec le papa au téléphone, pendant que je discutais aussi avec Juju sur internet. En dehors du fait que Juju avait 15 jours de répit concernant ses traitements, une autre nouvelle porteuse d’un véritable espoir est aussi tombée après les résultats d’une radio passée le ma-tin. La masse tumorale semble ne plus vouloir se développer mais, au contraire, les traitements des derniers jours sembleraient porter leur

fruit, même si le temps de la guérison est encore probablement loin.

Des moments difficiles sont encore à prévoir pour P’tit Juju, pour sa famille, pour moi aussi sûrement. Mais c’est sans compter sur le cou-rage et la force extraordinaires dont il fait preuve, chaque jour, chaque heure, chaque minute...

Un bref temps de répit donc pour tout le monde... Et l’espoir à nouveau retrouvé... Courage mon p’tit Juju, on sera toujours là pour toi...

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Dans le document PAR AMOUR POUR MON P’TIT POISSON ROUGE (Page 53-59)