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Réactivation, élucidation et responsabilité

Dans le document Le langage comme habitus chez Husserl (Page 150-161)

9. Langage et facticité

9.3 Tradition et histoire

9.3.3 Réactivation, élucidation et responsabilité

Ceci étant dit, le rapport passif-réceptif n‘est évidemment pas le seul qui soit possible. Au lieu de simplement accepter sans plus une opinion reçue, il est possible de la mettre à l‘épreuve, de l‘accomplir pour soi, et de tenter de décider et discerner soi-même ce qu‘il en est d‘un état de choses au sujet duquel un jugement est formulé. Le « jugement au sens propre » dont nous parlions à la section 2.3.2 implique justement de viser activement ce dont il est question, de manière claire et distincte, en s‘assurant de comprendre et maîtriser le sens des mots employés. Il faut, pour le dire encore autrement, se placer soi-même de manière active dans le rapport déterminé à l‘état de choses que « dit » l‘énoncé. Husserl nomme l‘opération qui consiste à se rapporter d‘une telle manière au langage, c‘est-à-dire d‘une manière active et en se rendant responsable de la visée suggérée, « l‘élucidation ».

À toute formation propositive, émergeant à une compréhension purement passive, appartient essentiellement une activité propre que le mot « élucidation » dénote le mieux. [Une] proposition [qui] était sous sa première forme un sens assumé de façon indifférenciée et unitaire, sens simplement accrédité, c‘est-à-dire, concrètement, propos simplement accrédité, maintenant ce vague indifférencié en lui-même se trouve explicité de façon active.291

En saisissant le caractère essentiellement historique d‘une science comme « contenu de sens », nous sommes à même de saisir l‘importance de nous y rapporter d‘une manière telle qu‘on puisse en réactiver, à chaque fois, la signification. La « vie » d‘un scientifique comporte pour Husserl une dimension éthique au sens où son activité exige de lui qu‘il prenne en charge la science, qu‘il se rende responsable de son contenu, quitte à ce que cela le mène, à la limite, à en renverser les fondements. Nous touchons ici à quelque chose de crucial. La validité d‘une science ne peut plus dépendre au premier chef, aux yeux de Husserl, de la solidité de son système théorique tel qu’il est donné. En effet, même les sciences pures sont sujettes à des révolutions qui rendent caduques ou qui transforment complètement le sens de certains « acquis » dont on croyait autrefois qu‘ils vaudraient à tout jamais. La science comprise comme « système » abstrait de raisonnements établis sur des axiomes définitifs, ne peut plus valoir en dehors d‘une tradition vivante qui la perpétue et qui peut même la transformer du tout au tout, et qui lui confère sa direction vers un achèvement idéal.

De fait, c‘est l’idéal d‘un système définitif et cohérent, « achevé », qui donne son sens à la démarche scientifique292. Un tel idéal permet, pour chaque époque facticielle qui voit les

renversements successifs et le caractère provisoire des « étapes » d‘une science, de comprendre le sens et la direction de sa tâche. L‘idéal qui vise à dire quelque chose de définitivement vrai est ce qui donne leur valeur aux étapes « provisoires » de la science : les renversements et les révolutions scientifiques ne sont pas une preuve que l‘idéal de la science elle-même doive être mis en cause. La question est fondamentale pour Husserl qui, rappelons-le, cherche à éviter l‘écueil du relativisme. La géométrie représente pour Husserl une science « exemplaire ». Or, comme le note Derrida :

[…] l‘unité de la géométrie, qui est aussi son unicité, ne se confine pas dans la cohérence systématique d‘une géométrie dont les axiomes sont déjà constitués; elle est l‘unité de sens géométrique d‘une tradition infiniment ouverte à toutes ses révolutions.293

L‘ « unité » de la tradition réside justement dans la transmission et la reprise d‘une tâche, sous forme d‘idéal, par chaque génération de scientifiques. Ce qui donne sa rigueur et sa scientificité à une science, ce n‘est donc pas d’abord la valeur absolue et intrinsèque d‘un ensemble donné et systématique d‘énoncés. Une science ne peut valoir pour nous que dans la mesure même où elle s‘achemine vers une « fin », et où cette « fin » n‘est rien d‘arbitraire, mais un édifice « absolument valable ». Pour le scientifique, « sa propre subjectivité de savant est constituée par l‘idée ou l‘horizon de cette subjectivité totale qui se rend responsable en lui et par lui de chacun de ses actes de savant. »294 Autrement dit, pour fuir l‘écueil du relativisme, Husserl place dans un « point de

fuite » ce qui sauve la facticité essentiellement « faillible ». Qu‘arrive-t-il, si l‘on considère maintenant le fait que la langue dans laquelle la science est exprimée comporte une part irréductible de non-maîtrisable? Est-on forcé d‘abandonner d‘emblée l‘idéal de vérité « universelle » et « atemporelle »295? Retombe-t-on dans le relativisme, du moment qu‘on reconnaît que l‘idéal vers

lequel la science se dirige est impossible a priori en raison de son ancrage langagier? Pour Husserl, la réponse est non. Mais nous croyons que la principale différence entre l‘idéal scientifique de la phénoménologie statique et celui de la phénoménologie génétique est qu‘on ne peut plus considérer l‘idéal scientifique de validité comme « atemporel ». Dire d‘un discours vrai qu‘il est « hors » du temps, qu‘il est exclu de son déploiement, n‘est selon nous plus possible. Il faut donner à l‘idéal

292 C‘était déjà le cas dans La philosophie comme science rigoureuse, et ce l‘est encore dans la Krisis. 293 DERRIDA, Jacques, « Introduction » à HUSSERL, Edmund, L’origine de la géométrie, p. 38. 294 DERRIDA, Jacques, « Introduction » à HUSSERL, Edmund, L’origine de la géométrie, p. 50. 295 La philosophie comme science rigoureuse, p. 74 [52] [333].

scientifique une autre figure, quelque chose qui n‘en fait plus un télos « au bout » du temps compris comme une ligne de fuite, mais quelque chose qui traverse de part en part le déploiement facticiel de la tradition scientifique. C‘est cet effort de pensée, qui cherche à penser à neuf l‘« idée » de la Raison, qui donne son impulsion à L’origine de la géométrie.

Au lieu de penser l‘idéal comme point de fuite d‘un temps qui se déroule vers son achèvement, Husserl cherche à penser le télos de la science comme ayant son site dans le déploiement facticiel

lui-même de la tradition scientifique. « [P]uisque le Logos et le Telos ne sont rien hors du Wechselspiel [au sein de l‘histoire] de leur inspiration réciproque, cela signifie que l‘Absolu est le

Passage. »296 La certitude, concrètement vécue par le philosophe qui entreprend sa tâche et qui est

convaincu qu‘elle a un sens, la « vérité » qu‘il cherche à atteindre et à laquelle il « croit », advient en et par lui. « L‘attitude phénoménologique est d‘abord une disponibilité de l‘attention pour l‘avenir d‘une vérité qui toujours déjà, s‘annonce. »297 L‘idéal de la vérité ne peut être donné qu‘à

celui qui le poursuit, celui qui investit avec toute la rigueur possible et toute l‘authenticité dont il est capable la tâche qu‘il fait sienne. Cet idéal ne doit pas être compris comme un système clos d‘énoncés, déterminé, auquel l‘humanité pourrait un jour parvenir, et qui signerait la « fin », pour elle, de l‘entreprise scientifique : penser ainsi le temps revient à le dénaturer, à en faire le passage d‘un état inchoatif à une forme achevée, en laquelle l‘humanité parviendrait à son propre terme. Il faut bien plutôt penser l‘idéal comme n‘advenant que pour et par un présent historique qui cherche à se rendre responsable de lui-même : une telle « tenue » est ce qui permet une réappropriation du passé et la prise en charge d‘une tradition reçue. Le sceptique, autrement dit, rendrait impossible de par sa posture même l‘idéal qu‘il prétend nier.

Nous retrouvons encore une fois ici, au « bout » de notre étude sur le (et autour du) langage, le même jeu entre activité et passivité qui traverse tous les thèmes de la seconde partie. La phénoménologie génétique permet de comprendre comment un flottement entre indistinction et

clarté est possible, ce qui permettait l‘« évolution » d‘une signification. Nous avons vu que la

dynamique de l‘appel et de la réponse était appropriée pour décrire le jeu entre le « dire » portant sur le monde et la manière dont le réel lui fait face. Et maintenant, avec la question de la tradition, ressort l‘importance du flottement entre un rapport passif et actif avec ce qui nous a précédés.

296 DERRIDA, Jacques, « Introduction » à L’origine de la géométrie, p. 165. 297 DERRIDA, Jacques, « Introduction » à L’origine de la géométrie, p. 164.

La science, en tant que discours rationnel, et pour autant qu‘on la considère comme tradition, est « ouverte à ses révolutions ». Que doit-on en comprendre, en ce qui concerne la « rationalité » du discours scientifique? Nous sommes en mesure de voir que la « rationalité » des mathématiques ne se réduit pas à la solidité des raisonnements qui fondent ses énoncés, même si l‘objet mathématique permet une telle solidité. Plus fondamentalement, Husserl fait de l‘entièreté de l‘effort « rationnel » de l‘homme une manière d‘être pour une humanité qui cherche à se rendre responsable d‘elle- même. Le télos de la science « est » réel pour le présent historique qui prend celle-ci en charge et cherche à l‘accomplir. La « rationalité » humaine, dans un tel cas, n‘est rien d‘autre qu‘un rapport

plus authentique aux buts et aux fins que l’homme se donne. Husserl affirme en ce sens que la

raison, pour l‘homme,

n‘est pas toujours-déjà en sa possession, quelque chose qu‘il aurait déjà dans l‘évidence du « Je suis », mais quelque chose qu‘il n’a et ne peut avoir que sous la forme d’un combat pour sa vérité, un combat pour se rendre lui-même vrai. L‘être vrai est partout un but idéal, la tâche de l‘épistèmè, de la « raison », opposé à ce prétendu être qui se donne comme « évident par soi- même » dans l’absence de question de la Doxa.298

La conscience est facticielle : ceci implique que l‘homme est essentiellement issu d‘un passé, et a à « décider » de son avenir. « Avoir à décider » de ce qu‘il est s‘avère être le propre de l‘homme : l‘homme rationnel est celui qui assume authentiquement cet « avoir à être ». La philosophie est pour Husserl une manière d‘assumer cette condition, de « répondre » à l‘appel qui appartient essentiellement à l‘être-historique que nous sommes : « notre histoire, c‘est quelque chose qui nous est confié. Nous sommes les héritiers et les co-porteurs de la direction du vouloir qui la traverse entièrement »299.

Se rapporter à sa tradition, c‘est recevoir quelque chose qui nous est confié, une mission dont on peut, ou non, chercher à se rendre responsable. Husserl emploie le terme d‘« appelé[s] »300 pour

désigner les philosophes qui prennent sur leurs épaules le fardeau de la philosophie. Nous croyons qu‘il serait possible, avec Husserl, de penser à neuf et à partir de la dynamique entre appel et réponse, le mouvement de l‘histoire et des traditions qui la traversent.

Se rendre responsable, c‘est se charger d‘une parole entendue, c‘est prendre sur soi l‘échange du sens, pour veiller sur son cheminement. Dans ses implications les plus radicales, la Méthode

298 Krisis, p. 18. Nous soulignons. 299 Krisis, p. 82.

[phénoménologique] n‘est donc pas la préface neutre ou l‘exercice préambulaire d‘une pensée, mais la pensée elle-même dans la conscience de son historicité intégrale.301

Une telle conception de la science a des répercussions sur notre compréhension du langage. En tant qu‘il est le médium à partir duquel le scientifique travaille et par lequel il transmet les résultats de son effort, le langage est une clef de voûte de l‘effort rationnel et de l‘idéal de scientificité. La maîtrise parfaite du langage, l‘usage parfaitement distinct de chaque mot employé, la compréhension univoque de tous les acquis à partir desquels nous travaillons, etc. : tout cela doit maintenant être compris comme un idéal. Cet idéal n‘est pas un but au sens d‘un état qu‘atteindrait, un jour, l‘humanité. Il n‘« est », c‘est-à-dire qu‘il n‘a d‘effectivité que pour et par la tenue « authentique » d‘une humanité historique qui déploie son propre présent. La maîtrise du langage est ce « vers » quoi l‘on doit se diriger pour espérer se rendre entièrement responsable de notre tradition. Ceci cadre bien avec la dynamique, qui ressort depuis le début de cette deuxième partie de notre travail, du jeu entre la passivité et l‘activité.

Conclusion

Rappelons, avant de présenter une brève ouverture sur les implications de notre travail, les moments les plus importants de notre démarche, qui tentait de développer un concept du langage comme habitus chez Husserl, ainsi que d‘en montrer la pertinence au sein même de son œuvre. La première partie permettait, grâce à l‘exposition du travail de Husserl sur le langage dans les Recherches

logiques, de montrer que le langage est ce par quoi ou en quoi la conscience oriente, module et fixe

son rapport aux objectités qui lui font encontre. C‘était là le moment « positif » de notre travail, et qui visait à montrer que le langage, même considéré abstraitement, peut avoir une influence sur la manière dont le « monde » se donne à la conscience.

Cependant, cette théorie husserlienne du langage se rattachait à sa phénoménologie statique. Nous avons tenté de montrer que cette méthode phénoménologique était responsable de certaines apories qu‘une seconde phénoménologie, génétique, permettrait de résoudre. Pour une phénoménologie statique, l‘eidos à chaque fois atteint est ce qui garantit, pour le discours phénoménologique, la validité universelle de ses descriptions. Il est pour cette raison possible, pour Husserl, de postuler que le langage est transparent et parfaitement traductible. En effet, le langage ne peut pas, en phénoménologie statique, apparaître comme un obstacle à la manifestation de quelque chose. La raison en est que la phénoménologie statique prend comme point de départ l‘objet tel qu‘il se donne, et ce celui-ci se donne tel qu’il est visé. Pour qu‘un objet soit donné, il faut donc toujours déjà que l‘intention de signification ait été remplie. Ainsi donc, la possibilité qu’un objet soit donné ne peut être « entravée » par l‘épaisseur du langage. La phénoménologie statique ne permet pas de penser un langage qui serait essentiellement facticiel, et qui aurait une épaisseur irréductible.

En plus de ce problème de la « facticité de la signification », nous avons traité de l‘aporie du rapport entre « sensation » et signification. La phénoménologie statique faisait de l‘un et l‘autre des répliques qui s’accordaient parfaitement, et la couche prédicative n‘apportait « rien de neuf » à l‘anté-prédicatif. Nous avons présenté quelques phénomènes qui illustraient ce qu‘a de problématique une telle position, tels que les phénomènes « sauvages » qui apparaissent comme étant « à dire ».

Dans les deux cas, la phénoménologie génétique permet de voir (ce que Husserl n‘avait d‘abord pas clairement aperçu) que toute constitution s‘effectue dans un « jeu » entre activité et passivité. L‘activité de la conscience arrive toujours en réponse à une forme ou l‘autre de passivité. De même, ce qui se produit passivement appelle l‘activité de la conscience, motive son activité et agit ainsi sur

pourquoi l‘habitus de langage est un concept qui pourrait revêtir une grande importance. Il permet d‘abord de comprendre la dynamique de confrontation entre le langage et les phénomènes « sauvages » à laquelle peut être confrontée la conscience vivante. Il permet ensuite de comprendre la langue en tant qu‘elle est facticielle, ancrée en une tradition dont elle ne peut s‘absoudre, mais qu‘elle peut seulement investir le plus authentiquement possible.

Langage et sensation sont en outre apparus, au bout du compte, comme étant inscrits dans une dynamique essentielle où tous deux se débordent et se répondent. La sensation déborde le langage en ce sens qu‘elle le précède en « surgissant » et affectant la conscience, qu‘elle peut le surprendre, et qu‘elle peut se refuser à sa saisie. À l‘inverse, la visée langagière déborde ce qui est immédiatement présent pour les sens, parce que la possibilité elle-même de la visée est idéalisée dans l‘acte langagier. Le détour par les signes permet de s‘installer dans le creux de la distance avec le monde qui permet les modulations et les orientations variées du rapport avec les choses. Enfin, l‘intention de signification appelle son propre remplissement, elle tend vers l‘intuition de la chose même au sein du monde.

Pour une phénoménologie génétique telle que celle que nous avons présentée ici, le monde « sauvage », c‘est-à-dire le sol antéprédicatif qui s‘offre pour la vie de la conscience, n‘est en rien le simple « reflet » de ce que nous en disons. Nous avons les moyens de penser ce que Richir nomme un hiatus302 entre la Lebenswelt et notre activité logique (langagière). En phénoménologie statique il y avait une sorte de cercle vicieux et tautologique pour la conscience qui trouvait, dans l‘objet qu‘elle prenait en vue, ce que sa propre visée ne pouvait manquer d‘y trouver. En revanche, nous sommes maintenant en mesure de penser une circularité productive, ou plutôt une circularité « en zig-zag »303 où le monde anté-prédicatif et l‘activité logique se confrontent, à la fois pour s‘éclairer et se dépasser l‘un l‘autre.

Par ailleurs, le langage lui-même, en tant que culturel et ancré dans une tradition, devient quelque chose qu‘on ne peut « dépasser », et au sein duquel doit bien plutôt se jouer le jeu entre une continuation passive et une élucidation active. Le langage apparaît au bout du compte, pour

302 RICHIR, Marc, « Relire la Krisis de Husserl. Pour une position nouvelle de quelques problèmes

phénoménologiques fondamentaux », p. 130.

303 RICHIR, Marc, « Relire la Krisis de Husserl. Pour une position nouvelle de quelques problèmes

phénoménologiques fondamentaux », p. 131. L‘expression est de Husserl lui-même : cf. Krisis, p. 68 : « Il ne nous reste qu‘une solution, c‘est d‘aller et venir en "zig-zag" ».

reprendre une expression de Merleau-Ponty, « comme le corps de la pensée ». Comme un corps, le langage est à la fois quelque chose qui limite et quelque chose qui ouvre des possibles qui resteraient autrement fermés. « La pensée philosophique qui réfléchit sur le langage serait dès lors bénéficiaire du langage, enveloppée et située en lui. »304 Impossible de s‘extirper de son influence et

de son épaisseur : il s‘agit donc à chaque fois de harnacher son pouvoir, de s‘approprier le mieux possible le contenu de signification des écrits et des textes sur lesquels nous nous appuyons, et de

tenir compte de cette influence irréductible de notre langage sur la pensée que nous développons.

La différence entre un rapport passif et un rapport actif au langage est similaire à celle, proposée par Merleau-Ponty, entre parole « parlée » et parole « parlante »305. La parole parlée est le contenu de

signification fixé et détaché de son ancrage vivant, du dire effectif où il prend son véritable sens : la parole parlante. Les expressions toutes faites, ce qu‘on dit et qu‘on lit sans trop y penser, qu‘on reprend sans plus d‘effort et sans se l‘approprier, tout cela est de l‘ordre de la signification langagière et logique telle qu‘elle se « sédimente » et se perpétue passivement. Il faut opposer à ces actes langagiers passivement accomplis la parole où quelque chose est dit de manière originaire et active. Ces moments sont ceux où l‘on se rend responsable du sens parce que l‘on s‘investit en la

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