• Aucun résultat trouvé

LINGUISTIQUE : TYPES ET GENRES DISCURSIFS

I.3.2.2. La question des typologies

« La circularité [des postures méthodologiques a priori dans le domaine des recherches visant à élaborer des typologies textuelles] est d'autant plus gênante que l'existence de types textuels distincts paraît intuitivement fondée, même s'il s'avère délicat de l'étayer empiriquement » (Habert, Nazarenko et Salem, 1997: 28)  .

Les années 1960 et 1970, sous le jour d'un structuralisme en plein essor, voient fleurir les tentatives classificatoires en sciences du langage. Les questionnements initiaux sont toujours les mêmes, confondus avec une méthodologie scientifique : quoi classer, et selon quels critères ? Ces questions larges ouvertes sur le vaste horizon de la recherche, sont une aide précieuse pour circonscrire de façon salutaire un projet classificatoire qui serait en leur absence voué à l'échec. Interrogations préalables à l'élaboration de toute entreprise typologique, elles méritent d'être prises en considération. Dans ce qui suit, nous avons choisi de ne pas traiter séparément la question des types et des genres. Nous allons procéder de la façon suivante: dans un premier temps, nous allons revisiter les positions sur la question par de nombreux chercheurs tels que Mikhaïl Bakhtine (2006), Emile Benveniste (1968, 1974), Harald Weinrich (1971, 1994) mais aussi par la linguistique 168(Charaudeau et Maingueneau, 2002 : 279-280)  :

fonctionnel ; énonciatif ; textuel ;

textuelle en général. D'un point de vue cognitif, nous poserons des notions telles que celles de lieu commun ou de stéréotype, notions qui jouent un grand rôle dans la perception générique. Nous aborderons ensuite le problème d'un point de vue historien. Pour finir, nous examinerons toutes les données recueillies afin de déterminer s'il est possible et scientifiquement défendable de distinguer la notion de genre de celle de type, et sous quelles conditions. Nous précisons d'ores-et-déjà que nous n'évoquerons pas la question des productions orales, celles-ci n'étant pas l'objet de nos recherches.

I.3.2.2.1. Les typologies littéraires : les

apports de Mikhaïl Bakhtine

La théorie de Bakthine (1984, 2006) pose comme point de départ deux niveaux de construction. Selon lui, nous avons une forme prototypique de base qui évolue et se trouve modifiée par son utilisation ou par transformation pour aboutir à une forme secondaire littéraire (Bakhtine, 2006: 12)  . Les genres primaires, simples et spontanés, se distinguent des genres secondaires, complexes et construits, qui émergent dans des situations d'échanges particuliers. C'est à l'intérieur du genre secondaire que sont formés les ensembles de genres primaires. Mikhaïl Bakhtine compte douze genres primaires, tels que le roman, le traité, etc., qualifiés de quotidiens. L'évolution de ces genres primaires aboutit à l'apparition des genres secondaires, qui ne sont autres que les genres littéraires. Bakthine, qui parle d'hétérogénéité compositionnelle des énoncés, impose par cette hétérogénéité la proéminence de deux niveaux, l'un bas, l'autre haut. Il ressort de cette imbrication une inévitable intertextualité, qui sera, à tort ou à raison, attribuée à cet historien et homme de la littérature russe. Malgré l'existence de deux niveaux, le genre est pour Bakhtine indissociable de son contexte, mais pas tant dans l'acte d'énonciation que dans l'existence stable des groupes pour lesquels « tout énoncé pris isolément est, bien entendu, individuel, mais chaque sphère d'utilisation de la langue élabore ses types

relativement stables d'énoncés, et c'est ce que nous appelons les genres du discours »169 (les italiques sont du texte original Bakhtine, 2006: 265)  . Le genre serait donc un type relativement stable, autrement dit une forme de discours soumise à des contraintes de formes imposées par le groupe, ou la sphère d'utilisation, entité qu'il conviendra de définir au sein de la théorie bakhtinienne.

I.3.2.2.2. Les typologies textuelles

Les typologies peuvent être construites sur la base de leur énonciation dans des contextes socio-politiques avec lesquels les discours sont en étroite

relation. C'est dans l'existence sociale que les productions langagières prennent tout leur sens.

I.3.2.2.2.1. Emile Benveniste

Emile Benveniste aborde la question typologique sous un angle énonciatif. On lui doit l'opposition devenue classique entre discours vs. récit, dichotomie qui a évolué et a été reformulée entre énonciation de discours et énonciation

historique. Emile Benveniste (Benveniste, 1968: 237 et 250)170 envisage deux plans de construction des productions discursives permettant une analyse de deux niveaux d'étude, imbriqués. Le premier niveau, qu'il qualifie de local, relève du texte et de la phrase. Le second niveau est global et rend compte de l'attachement de la production au contexte ; Benveniste parle alors de localisation. Ces deux niveaux de plan local et d'ancrage global doivent rendre possible une typologisation efficace.

Parmi les apports de Benveniste figure l'opposition qu'il pose entre deux énonciations conditionnées par la position du locuteur par rapport à son énoncé : une énonciation historique et une énonciation qu'il qualifie de

discours. Cette distinction repose sur une position distanciée par rapports aux

événements du récit dans le cas du discours historique, et sur une connivence et une présence du locuteur dans les situations d'énonciation de discours. Les principales différences171 se manifestent au niveau du système des temps (absence de présent pour le discours historique, etc.), celui des personnes (absence du je dans le discours historique), ainsi qu'à celui des modalités (le discours historique serait plus objectif). Cette dichotomie tranchante et rigide a certes l'avantage de permettre un classement précis, mais ce dernier oublie la réalité énonciative et la richesse dont recèle le langage : il ne reflète en effet rien de la réalité langagière.

Antoine Prost aborde la question et conclut la non pertinence de l'opposition entre récit qui explique et récit qui raconte ; pour lui , le récit est dans la forme du discours. L'histoire s'écrit, sans que rien ne différencie le récit de l'explication, parce qu'il s'agit bien d'une explication du passé sous la forme d'un récit. L'histoire n'invente pas, elle ramène à la vie, elle est « simultanément du côté du pensé et du vécu, parce qu'elle est la pensée d'un vécu. C'est pourquoi la question de l'écriture de l'histoire est d'ordre épistémologique, et non point littéraire » (Prost, 1996: 275)  . Elle ne crée pas, elle prétend à une vérité, à une réalité, elle « veut saisir, re-comprendre, re-présenter, par l'imagination d'un vécu passé, elle cherche à le faire re-vivre » (Prost, 1996: 275)  . Le sentiment que l'histoire tangue entre une compréhension d'un passé et une résurrection de celui-ci est un

170Emile Benvéniste, Problème de linguistique générale , 1, p.237 et p. 250.

171Les anaphores seraient plus nombreuses dans le discours historique, ce qui pourrait s'expliquer par l'absence d'une situation d'énonciation explicite, absence qui rendrait nécessaire l'instauration d'autres moyens de cohésion et de cohérence.

sentiment fort172. Elle ne doit pourtant pas aveugler. L'histoire ne ramène pas à la vie. Elle jette un regard plein de compréhension sur des faits insaisissables. Etrange d'ailleurs que Prost puisse laisser entendre que l'histoire fait re-vivre, alors que lui même affirmait quelques pages plus tôt que, au contraire, l'histoire narre plus qu'elle ne réanime. L'histoire raconte, et c'est la narration elle-même qui est explication.

Ainsi, comme le souligne Antoine Prost (1996), l'histoire n'est pas une invention, elle est une explication, une explication narrée, ou une explication narrative, comme on voudra. Elle est aussi une explication justifiée, dont la seule valeur de vérité des arguments est apte à appuyer le raisonnement. Nous y reviendrons afin de mettre en avant l'importance du raisonnement naturel dans la narration historique.

Emile Benveniste a posé les fondements d'une opposition entre énonciation historique et énonciation de discours, qui sont « deux paradigmes verbo-temporels distincts et complémentaires (voir Adam, 2011: 232)  . Revenant sur la tradition qui distingue passé présent et futur, de temps verbaux tels que présent, imparfait, etc., il relève la difficulté de poser des frontières claires : par exemple, s'il place le passé composé et le passé simple parmi les temps propres à construire des mondes narratifs, Emile Benveniste concède que cette position même « obscurcit la distinction entre les deux plans » qu'il a lui-même avancés (voir à ce sujet Adam, 2011: 232-233)  .

L'opposition benvenicienne (énonciation de discours vs . Énonciation

historique) demande, par ailleurs, à être réexaminée sous l'angle

historiographique : peut-être le regard linguistique de Benveniste a-t-il réduit son angle de vision, ne lui faisant pas percevoir que l'historiographie devait valider la distinction qu'il posait. Un récit qui invente et raconte est-il si éloigné d'un récit qui explique, et quelle est la position des historiens sur cette question ? S'il y a explication, il y a un positionnement par rapport au réel, et cette prise de position quasiment ontologique engage en dernier ressort la condition d'existence du discours historique lui-même. En effet, si le rapport au passé vrai est la clé du chemin vers l'écriture de l'histoire, elle en est aussi la marque distinctive. Cette clé est également celle donnant accès au monde intertextuel qui fait vivre les écrits historiques dont il cimente la cohérence et l'acceptabilité. Le rapport au réel est la seule garantie du discours historique. L'opposition entre discours historique et discours se voit donc invalidée dès lors que le rapport au réel n'est plus évincé ; autrement dit dès lors que le texte est dépassé au profit d'une réhabilitation du réel qui le rend possible, couplée d'une prise en compte des potentialités offertes par le langage et par la compréhension humaine, c'est-à-dire par le pouvoir interprétatif de l'homme. Or nous avons montré dans le premier chapitre que la variété des travaux d'historiens ne peut se satisfaire d'une opposition aussi réductrice.

I.3.2.2.2.2. The Critical Discourse Studies de Van

Dijk

The Critical Discourse Studies est communément appelée Critical Discourse

Analysis (CDA) ; mais Teun van Dijk « prefer to speak of Critical Discourse

Studies (CDS) [because] these more general term suggests that such a critical approach not only involves critical analysis, but also critical applications » (Van Dijk, 2012: 62)  . Linguiste néerlandais, il a beaucoup travaillé sur le discours, l'idéologie et le politique, et ce d'un point de vue cognitif, comme le confirment les titres de ses articles (Van Dijk, 1976, 1981, 2002), 2006). Il conçoit de façon utilitariste le travail de la CDS173. Cependant, il ajoute que, « althrough it is virtually impossible to briefly and adequately define a type of scholarly investigation, critical studies of discourse typically have the following properties » (Van Dijk, 2012: 63)  :

• il a pour objectif d'analyser des discours traitant de problèmes sociaux graves et portés en public ; il y a une forme de quête de l'abus du pouvoir social par le fait langagier ;

• l'objectif : permettre de chasser les injustices en définissant des normes à respecter ;

• l'expertise doit soutenir les groupes dominés.

Pour une liste complète des articles qu'il a publiés, ainsi que pour l'accès à des textes intégraux, nous renvoyons à son site174, où ils sont accessibles en ligne. Il applique une analyse sur deux niveaux discursifs permettant une planification stratifiée. Il distingue un niveau macro-structurel recouvrant des formes globales, et un niveau micro-discursif. Le contenu du niveau des structures est global et relève de la sémantique : niveau macro-structurel et sémantique discursive sont étroitement liés. Il théorise la notion de discours autour de l'épisode (Van Dijk, 1981) ou paragraph, « and will thereby focus on their semantic properties » (Van Dijk, 1981: 177)  , qui sont une condition de son droit d'accès au statut d'unité. Van Dijk définit ces deux notions de la façon suivante : « an episode is properly a semantic unit, whereas a paragraph is the surface manifestation or expression of such an episode » (Van Dijk, 1981: 177-178)  . Paragraphs et episodes « are charaxterized as cohérent sequences of sentences of a discourse in termes of some kind of thematic unity-- for intance, in terms of identical participants, time, location, or global events or action » (Van Dijk, 1981: 177) 

La notion d'épisode ne touche pas seulement l'analyse du discours, mais elle atteint tous les discours : elle recouvre intuitivement ce qu'on entend par

épisode, comme l'épisode d'une vie ou d'un feuilleton (Van Dijk, 1981: 179)  . « Ce site s'intitule Discours en société parce que c'est là le meilleur résumé de mon travail d'analyse critique du discours. L'en-tête (une image d'une

173« CDS is not just any social or political research (…) but is premised on the fact that some

forms of text and talk may be unjust. (…) CDS aims to expose and help to combat injustice » (Van

Dijk, 2012 : 63) 

manifestation) représente une des fonctions importantes du discours en société, qui permet de contester/protester, et qui est donc un des centres d'intérêt des études critiques des discours ». (Van Dijk, 1981 : 180) . Par exemple, les indicateurs de début d'episode peuvent être grammaticaux, comme détaillé par van Dijk (Van Dijk, 1981: 181)  . Nous ne pousserons pas plus l'analyse critique du discours, dont il est un des représentants. Nous souhaitons seulement inviter à penser la philosophie avec laquelle Van Dijk invite à la critique active de tous, ouvrant ainsi à chacun le luxe de penser par lui-même. Il écrit en guise d'accueil, sur son site, que « this site is called

Discours in Society because [his] work in critical discourse studies may best

be summerized with that motto. The header (a picture of a demonstration) represents one of the important functions of discours in society, that of dissent, which is also one of the aims of critical discourse studies » 175.

I.3.2.2.3. La sémantique textuelle

Au-delà de la phrase, il est possible de considérer les réseaux sémantiques composés de paquets de propositions. Ces ensembles sont ensuite constitués et organisés en une hyperstructure, qui subsume les productions discursives, tout en créant le réseau nécessaire à leur sens. François Rastier (1989 et 2011) et Gérard Genette (1982, 1986 et 1994) s'inscrivent dans cette perception de la structuration discursive. Ils perçoivent la notion de genre dans le respect de ce cadre, et dessinent une sémantique des textes. Nous n'allons pas approfondir ce qu'est la sémantique des textes, dite sémantique interprétative, mais nous allons mobiliser certaines de leurs réflexions au sujet de la question de la généricité ― et de la typologie.

I.3.2.2.3.1. La sémantique textuelle interprétative de François Rastier

François Rastier remet en question l'opposition proposée par Benveniste. Il identifie trois grands points de divergence (voir Bronckart, 2008 : 51-55) :

• tout discours ou énonciation s'inscrit dans une forme d'interaction et suppose un locuteur et un interlocuteur, interaction qui annule la pertinence de l'opposition basée sur la présence ou l'absence de l'énonciateur ;

• Benveniste considère qu'une marque implique une seule et unique marque énonciative ;

• il ne différencie pas clairement locuteur et narrateur.

175« By definition, a macropropositoin features a central prédicate and a number of participants in a discourse. The textual basis of each macrostructure, thus, is a sequence of propositions of discourse. It is precisely this sequence which we call an episode. In other words, an episode is a sequence of propositions of a discourse that can be subsumed by macroproposition » (Van Dijk, 1981 : 181).

François Rastier rejette une prise en compte marxiste des facteurs économiques, qu'il juge excessive. Rastier base ses distinctions sur les notions de sections, parties abordées sous l'angle de l'expression et de

configurations, partie abordées sous l'angle du contenu. Il critique l'approche

de Jean-Michel Adam, à laquelle il reproche d'être compositionnelle. Pour cet auteur en effet, le texte est une structure séquentielle composée de structures elle-mêmes constituées de groupements de propositions. Pour Adam, quatre grands types de séquences stables composent les textes. Adam insiste donc toujours sur une hétérogénéité textuelle que Rastier nuance. Bronckart estime quant à lui que les séquences d'Adam n'ont pas un empan suffisant et ne permettent pas de rendre compte de la réalité textuelle ; quelle séquence, par exemple, pourrait être la décomposition d'un roman ? Un genre ne peut donc être défini par l'intermédiaire de la séquence. C'est dans cette optique que Rastier écrit que :

« pour établir le cadre conceptuel d'une sémantique des genres, on peut concevoir la production et l'interprétation des textes comme une interaction non séquentielle de composants autonomes : thématique, dialectique, dialogique et tactique . Chacune de ces composantes peut être à la source de critères typologiques divers, mais ne suffit pas à caractériser un genre. Les critères dialogiques ou énonciatifs, qu'elle que soit leur importance, ne jouissent d'aucune prééminence de principe. Aussi proposons-nous cette hypothèse : sur le plan sémantique, les genres seraient définis par des interactions normées entre les composantes que nous venons d'évoquer »176 (Rastier, 1989: 247)  .

François Rastier a développé, dans une perspective « fondamentalement historico-discursive177 » (Bronckart, 2008:   1) une sémantique interprétative178 qui se rapproche d'une théorie sémiotique du sens en discours, car

« l'émergence et le développement du sémiotique constituent l'élément absolument essentiel, nodal voire explicatif des conditions de fonctionnement et de déploiement des conduites humaines et des œuvres qui en sont issues : l'entour des humains est certes constitué du milieu (…), mais il est surtout fait de mondes et d'œuvres organisant des valeurs signifiantes ; et dès lors qu'il se construit dans l'interaction avec ces mondes, le psychisme des personnes singulières est lui-même pétri des valeurs signifiantes que ces derniers organisent » (Bronckart, 2008: 2)  .

Il estime sur la question [typologique] que « la typologie des genres est subordonnée à celle des discours » (Depecker, 2008). Loïc Depecker situe ses recherches sur le terrain mouvant de la sémantique, et opère une distinction nette entre les notions de genre et de type : les genres sont définis

176 Bronckart renvoie à l'ouvrage Sens et textualité de Jean-Michel Adam (Adam, 1989 : 38-41) .

177 Qui n'a rien à voir avec la théorie éponyme de Vygotski (Bronckart, 2008 : 1)  .

178 Pour François Rastier, « les sciences sociales/humaines sont des sciences interprétatives » (Bronckart, 2008 : 2) 

(Bronckart, 2008 : 2)  .

par un faisceau de critères, alors que les classes de type se fondent sur un critère, critère qui dépend entièrement de l'analyste. Finalement, chaque analyste crée ses catégories en fonction de ses besoins dans une situation socio-culturelle donnée. Il n'est donc pas possible d'envisager des catégories fixes qui subsumeraient en tout temps les autres distinctions entre signification, caractéristique de signe linguistique, et sens, qui est le propre des textes. Il exploite par ailleurs très tôt les ressources de l'informatique pour accéder à la textualité dans toute sa complexité : l'informatique rend possible une lecture non linéaire et immédiate. Il nous semble que, d'une certaine façon, elle permet l'accès à une forme de synthèse interprétative comparable à celle de l'esprit humain.

I.3.2.2.3.2. La poétique de Gérard Genette

Gérard Genette (1986, 1994) a mené de nombreuses réflexions portant sur la généricité des textes littéraires. Il interroge par exemple en profondeur la notion de genre en littérature à l'aune des auteurs classiques, et met à mal « la réduction platonico-aristotélicienne de poétique au représentatif [qui] va peser sur la théorie de genre et y entretenir le malaise ou la confusion » (Genette, 1986: 108)  . En fait, ces auteurs anciens ne cherchaient pas à établir une typologie des genres, mais ils basaient leurs distinctions sur des façons de sémiotiser « en principe indépendantes des situations et/ou des pratiques sociales particulières, et qu'ils qualifiaient pour cette raison de modes » (Bronckart, 2008: 59)  . Ces travaux fondent ce qu'il est convenu d'appeler « la poétique ». Pour Gérard Genette, « la généricité (appelée transtextualité) n'est qu'un des aspects de la transtextualité, qui comprend (…) la paratextualité (rapport d'un texte à son titre, son sous-titre et plus généralement son contexte externe), l'intertextualité (la citation, l'allusion, etc.), l'hypertextualité (rapport d'imitation/transformation entre deux textes, ou un texte et un style) et la métatextualité (rapport entre un texte et son commentaire » (Schaeffer, 1986: 194)  . L'orientation dialogique est forte, comme le confirme la magnifique quatrième de couverture de son ouvrage

Palimpsestes, où se mêlent jeux de langue et finesse d'esprit (Genette,

1982) :

« Un palimpseste est un parchemin dont on a gratté la première inscription pour en tracer une autre, qui ne la cache pas tout à fait, en sorte qu'on peut y lire, par transparence, l'ancien dans le nouveau. On entendra donc, par palimpsestes (plus littéralement :