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QUELQUES INSTRUMENTS D’ÉVALUATION Étiologie :

Dans le document Prise en chargede la psychopathie (Page 140-143)

Linda SARFATI

D- Les comportements antisociaux ne surviennent pas exclusivement pendant l’évolution d’une Schizophrénie ou d’un Episode maniaque

1.3.3 QUELQUES INSTRUMENTS D’ÉVALUATION Étiologie :

- Évaluation des comportements spécifiques apparus durant l’enfance : Childhood Experience of Care and Abuse (CECA ; Bifulco, Brown, Harris, 1994) – type interview semi-structurée.

- Parental Bonding Instrument (PBI, traduit en français par Mohr et al. En 1998).

Évaluation du risque :

- Juvenile Sex Offender Assessment Protocol (Prentky et Righthand, 2001) – échelle.

Pour les patients ayant présenté des délits violents :

- Historical Clinical Risk-20 items (HCR-20, Webster et al., 1997).

- Violence Risk Appraisal Guide (VRAG, Quinsey et al., 1998).

- Questionnaire d’agression de Buss et Perry (1992).

- l’Evaluation Primaire du Risque (EPR, échelle évaluant le risque de récidive globale, non spécialisée) – Bourgon et Bonta, 2004 (56).

- L’ESR - Voies de fait (met l’accent sur les délinquants violents et la récidive avec violence) – Bourgon et Bonta, 2004 (56).

Pour les auteurs d’agressions sexuelles :

- Sex Offenders Risk Appraisal Guide (SORAG, Quinsey et al., 1998).

- STATIC-99 (Hanson et Thorton, 1999).

- Sex Violence Risk-20 items (SVR-20, Boer et al., 1995).

Évaluation diagnostique :

- De la psychopathie : PCL-R. – Pham, 1998 (55)

- Caractéristiques pathologiques relatives à la personnalité chez l’adolescent : Multiple adolescent Clinical Inventory (MACI ; Million) – type questionnaire.

Prédispositions de la personnalité :

- Empathie émotionnelle : Auto-questionnaire développé par Mehrabian (1996).

- Estime de soi : échelle de Rosenberg (1979).

- Rorschach selon Exner, indices (« perception de soi », caractéristiques narcissiques) fortement corrélés au Facteur 1 de la PCL-R. – Réveillère et al., 2003 (57)

Ces travaux de recherche tentent d’identifier des anomalies qui seraient ou pas prédictives d’évolution vers tel ou tel trouble.

Il est possible de concevoir que dans une recherche épidémiologique, les calculs de statistiques soient très utiles, y compris pour établir les modalités d’une prévention rationnelle. Et quelle utilisation peut en être faite, comment peut-on se servir d’une échelle pour établir les bases d’une expertise psychiatrique ?

Dans nos lectures, nous avons rencontré des questions superposables chez différents auteurs, notamment Burgelin (58).

- C. de Beaurepaire, et al. Les dangerosités, de la criminologie à la psychopathologie, entre justice et psychiatrie (59) :

« […] les prévisions les plus sérieuses sur l’état dangereux occasionnel ou permanent laissent obligatoire-ment une place à l’imprévisible en matière d’activité humaine et de circonstance. »

- A. Lovell. Travaux préparatoires à l’élaboration du plan Violence et Santé (60) :

« La prédictibilité de la survenue d’un comportement violent chez une personne précise est actuellement impossible […] On peut seulement en évaluer statistiquement le risque, sur la base de l’existence de facteurs psychopathologiques stables et de situations contextuelles dégradées. »

- Centre de Recherche en Défense sociale. Rapport d’activité 2003 (61) :

Les instruments diagnostiques dûment validés contribuent à une meilleure connaissance, essentielle pour la définition des priorités thérapeutiques, de la co-morbidité psychiatrique au sein des populations délinquantes.

Validité discriminante et prédictive des échelles d’évaluation et de gestion du risque de dangerosité en criminologie clinique.

Instruments évalués :

- Pour les patients ayant présenté des délits violents :

- Historical Clinical Risk-20 items (HCR-20, Webster et al., 1997) - Violence Risk Appraisal Guide (VRAG, Quinsey et al., 1998) - Échelle de psychopathie de Hare (1991)

- Questionnaire d’agression de Buss et Perry (1992) - Pour les auteurs d’agressions sexuelles :

- Sex Offenders Risk Appraisal Guide (SORAG, Quinsey et al., 1998) - Sex Violence Risk-20 items (Boer et al., 1995)

- Échelle de psychopathie de Hare (1991) - STATIC-99 (Hanson et Thorton, 1999)

- Fédération Française de Psychiatrie. Psychopathologie et traitements actuels des auteurs d’agression sexuelle. Conférence de consensus (48) :

Etude des outils d’investigation permettant de prédire la récidive : aucune des échelles élaborées ne s’est réellement imposée. Les mesures phallométriques (pléthysmographie) seraient le moyen d’évaluation du risque de récidive le plus reconnu au plan international, selon cette conférence de consensus.

Notons que ces multiples échelles dont aucune ne donne pleine satisfaction témoignent qu’il y a de l’impossible à tout objectiver…

- G. Bourgon, J. Bonta. évaluation du risque que présentent les agresseurs en général et les partenaires violents (56) :

Selon les auteurs, le risque de récidive varie d’un délinquant à l’autre ; on arrive à l’évaluer avec fiabilité grâce à des outils de mesure prenant en compte des facteurs statiques et dynamiques. Les outils validés par la recherche se montrent plus prometteurs que le jugement clinique non structuré.

Rapport de 2 études sur la validité prédictive de l’ESR-Voies de fait et de l’ESR-VC : - L’ESR-Voies de fait met l’accent sur les délinquants violents et la récidive avec violence.

- L’ESR-VC comprend 12 éléments : les 6 premiers constituent la section Antécédents en matière de fac-teurs de risque (condamnations actuelles, condamnations antérieures pour violence envers le conjoint, antécédents en matière de comportement agressif, utilisation d’armes, pensées suicidaires, tentatives de suicide) ; 6 autres pour la section Facteurs de risque qui évoluent (acceptation de la responsabilité, empa-thie envers la victime, attitude à l’égard de la violence, sensibilité aux signaux avertisseurs, aptitudes pour la prévention de la rechute, motivation à l’égard du traitement).

Discussion :

L’évaluation spécialisée du risque et des besoins a deux fins principales : la prévision d’un type précis de récidive ; l’amélioration des décisions grâce à la détermination des besoins et des objectifs pertinents, en vue de l’assignation des niveaux de surveillance et des traitements appropriés.

Contrairement à l’attente, les résultats révèlent que l’EPR permet de prévoir la récidive avec violence tout aussi bien que l’ESR-Voies de fait, outil pourtant spécialisé.

La combinaison des résultats de l’EPR et de l’ESR-Voies de fait (ou de sa version révisée) entraîne une amélioration significative, mais relativement mineure, de la prédiction de la récidive avec violence.

Conclusions générales de l’article :

On se sert souvent d’outils spécialisés pour l’évaluation des délinquants violents croyant qu’ils permettent de prévoir la récidive avec violence de façon plus précise.

- Dans la 1ère étude : constat que l’EPR (à caractère général) et l’ESR-Voie de fait (instrument spécialisé) permettaient tous deux de prévoir la récidive avec violence de façon modérée.

- Dans la 2èmeétude : EPR et ESR-VC se valent pour prévoir la récidive dans la violence conjugale. Les scores dans les 2 ne sont toutefois pas de très prédictifs. De plus, l’ESR-VC n’ajoute pas grand-chose qui permette d’établir une distinction entre les groupes de délinquants.

L’instrument général a donné des résultats tout aussi bons que ceux obtenus au moyen des instruments spécialisés. Faut-il avoir des outils spécialisés pour s’attaquer à des types précis d’infraction avec violence ? On ne peut pas se permettre de sous-estimer le besoin d’évaluation empirique d’où la nécessité de la mise au point de méthode d’évaluation.

- M. Menghini, et al. Évaluation de la récidive auprès d’agresseurs sexuels issus d’un hôpital sécuri-taire en Belgique francophone (62) :

Les professionnels chargés de l’évaluation et du traitement souvent confrontés à des prises de décision basées sur l’évaluation de la dangerosité d’où la nécessité de données précises relatives aux :

• différents taux de récidives ;

• facteurs influençant ces taux.

Facteurs de risque de récidive sexuelle :

Il a été constaté par certains auteurs une inexactitude de la majorité des prédictions établies par les professionnels (Monahan 1981) concernant :

• les facteurs statiques : antécédents comportementaux (ex. nombre de délits sexuels passés, antécédents de victimes de sexes masculin etc.)

• les facteurs dynamiques : variables intra- ou inter-individuelles (empathie pour les victimes, degré d’introspection), éléments de contexte (soutien social, situations criminogènes etc.)

Selon différentes études :

• Gravier et Devaud, travaux comparatifs (1995) : Taux de récidives n’ont de réelle signification que si la population, la durée d’observation et les critères de récidive sont définis de façon opérationnelle.

• Greenberg (1998) : Les taux de récidive varient d’une étude à l’autre.

Ces variations dans la littérature peuvent être dues à la disparité des délinquants étudiés.

Résultats obtenus par les auteurs de l’article :

• Les violeurs récidivaient davantage, et plus rapidement, sur un mode non sexuel violent (par rapport aux autres).

• Les abuseurs d’enfants récidivaient davantage sur un mode sexuel que violent non sexuel.

• Pithers et al. : La colère est un facteur de risque plus important chez les violeurs que chez les abuseurs d’enfants.

Recommandation des auteurs :

Procéder à des analyses détaillées sur base des antécédents, afin d’identifier des sous-catégories d’agresseurs sexuels présentant un plus haut risque de récidive.

- T. H. Pham, et al. Evaluation statique des délits violents chez les délinquants sexuels incarcérés en Belgique francophone (63) :

L’auteur reprend l’idée que depuis les années 50, l’habileté des cliniciens à prédire la dangerosité relative aux comportements violents est mise en doute par les données.

Dans le domaine de la délinquance sexuelle, l’auteur souligne la validité prédictive des variables statiques liées aux antécédents délictueux (âge ; nombre d’agressions sexuelles sur des personnes adultes ; nombre d’agressions sexuelles sur les enfants ; nombre d’agressions non sexuelles).

- C. Réveillère et al. Etude comparative de caractéristiques psychopathiques, narcissique et de détachement émotionnel, au sein d’une population de délinquants, à partir de la PCL-R de Hare et du Rorschach (Système Intégré d’Exner) (57) :

Les travaux des auteurs montrent, sur 15 ans, l’intérêt d’une approche complémentaire de la psychopathie, associant Rorschach et PCL-R. Le Rorschach prend en compte des aspects intrapsychiques et complète l’évaluation clinique et comportementale du PCL-R. La validité actuelle du Rorschach selon le SI d’Exner permet par ailleurs l’évaluation des progrès thérapeutiques individuels ou de groupes en traitement (Gacono).

Discussion selon les auteurs :

• L’étude confirme l’hypothèse d’un conflit entre estime de soi et image de soi chez les sujets psychopathes : la perception de haute valeur personnelle se heurte à une image de soi détériorée, sans pour autant donner

lieu à des signes de détresse émotionnelle. Ce décalage ne pouvant être éprouvé par le sujet, l’image de soi a tendance à être absorbée par l’estime de soi. La protection de cette perception idéalisée de soi ne peut se faire qu’au prix d’importantes distorsions cognitives (soulignées par les nombreuses Cotations Spéciales au Rorschach).

• Le score du Facteur 1 du PCL-R est corrélé à celui du degré de narcissisme au Rorschach (Indice EGO, réponses reflet rF ou Fr) ; aussi plus le score du degré de narcissisme est élevé, plus celui des distorsions cognitives augmente.

• Il y aurait une valeur discriminante au sein d’une population de délinquants, de certains indices du Rorschach selon les caractéristiques narcissiques (omnipotence, égocentration) et de détachement émotionnel.

- H. M. Fortuit. La délinquance sexuelle, une délinquance spécifique ? classifications psychiatriques concernant les auteurs d’agressions sexuelles et possibilités thérapeutiques (49) :

Classifications psychiatriques :

• Inserm : « perversions sexuelles » classées dans les personnalités pathologiques, si elles constituent l’essentiel de la pathologie. Si elles sont l’un des éléments de la symptomatologie, la référence diagnostique de l’état pathologique prime.

• CIM 10 : Parle de « troubles de la préférence sexuelle ».

• DSM IV : Préférence de « paraphilie » à « perversion », « délinquance sexuelle » (connotation morale).

Toutes ces classifications, même en évolution, ne recouvrent pas les troubles de la personnalité rencontrées dans le champ judiciaire ou carcéral.

Dans le document Prise en chargede la psychopathie (Page 140-143)