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CHAPITRE II : Le parcours littéraire de Jòrgi Reboul

C) LA PUBLICATION DE TERRAIRE NÒU (1937)

Le troisième recueil publié par Reboul dans les années 1930 porte le titre de Terraire

nòu (Figure 24)163.

162 L’orthographe de cet article est reproduite à l’identique.Alfons Maseres, « JÒRGI REBOUL. — Pouemo. — Marsyas, Mira-vinhas, Aigas-Vivas (Gard). Fascile de 11 paginas. », Oc, n°147-148, janvier-avril 1934, p. 126. 163 Terraire nòu : pouèmo, Aigues-Vives, Marsyas, 1937, 117 p.

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Biographie de Jòrgi Reboul

Figure 24. Première de couverture du recueil Terraire nòu

Philippe Gardy a proposé en 1992 une brève analyse de cet opus. Pour lui, Terraire

nòu « énonçait avec force la présence du poète au monde et réalisait en toute plénitude

cette appropriation patiente et mesurée dont Reboul s’était fait le maı̂tre incontestable. Ici, le poète est d’abord arpenteur, mesureur des beautés du langage rapportées à l’espace des paysages et aux affirmations de l’amour.164 »

En 2013, il revient plus largement sur le contenu de l’ouvrage et sur l’analyse de son titre165 :

Toutes sortes de désirs, traversant la poésie de Reboul, en soutiennent le rythme et l’alimentent de leur perpétuel renouvellement. Et tous convergent vers un même horizon : au terme du spectacle du monde, en ce lieu où tout paysage s’élargit en se refermant sur lui- même, cet espace qui, littéralement, s’offre au poète […].

Tel est l’un des sens que l’on peut donner au titre du recueil de 1937, au-delà de sa valeur de révélation et de découverte. Ce terroir nouveau est celui qui se contemple au terme d’une marche à la fois paisible et glorieuse, d’une avancée décidée dont la seule fonction serait de rendre visible la matérialité et l’épaisseur de la présence universelle, dans une sorte de communion avec le moi du poète.

Pris dans un tel mouvement, hommes et paysages, au filet majestueux des mots, sont reliés entre eux jusqu’à former un seul monde, une unité qui les réunit et les féconde. Pour Reboul, menant son troupeau de langage, l’homme et la femme et le paysage dans lequel ils évoluent forment une totalité vivante, et les uns ne sauraient exister sans l’autre. Et c’est le poète, par la hauteur de son chant, par la capacité de sa voix à réunir les éléments épars autour de lui dans un tableau unique, qui rend possible cette rencontre harmonieuse.

164 Philippe Gardy, Une écriture en archipel. Cinquante ans de poésie occitane (1940-1990), Église Neuve d’Isaac, Fédérop, 1992, p. 29.

165 Philippe Gardy, Paysages du poème : six poètes d’oc entre XXe et XXIe siècle : Léon Cordes, Robert Lafont,

Bernard Lesfargues, Georges Reboul, Max Rouquette et Jean-Calendal Vianès, Montpellier, Presses

universitaires de la Méditerranée, 2014, p. 22.

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Terraire nòu est le plus important recueil des années 1930 de Reboul au niveau de

son contenu : il compte 34 poèmes, répartis en plusieurs ensembles.

Il s’ouvre en guise d’introduction sur le texte « Art pouëtique », déjà publié à plusieurs reprises en 1934 dans les revues Marsyas et Oc ainsi que dans le recueil

Pouèmo166.

La première partie du recueil, intitulée Amistanço, renoue avec l’habitude de Reboul de rendre hommage à ceux qui lui ont montré le chemin et l’ont accompagné sur sa route d’écrivain. S’y succèdent des poèmes consacrés à Antoine Conio, Sully-André Peyre, Amy Sylvel, Joseph d’Arbaud, Albert Pestour, Jean Giono, Joseph Loubet#, Jacques Santucci, Jean- Calendal Vianès, A.-J. Méric ou encore Han Ryner. Quelques textes constituent de réels inédits : « Salut à Pestour », « A# Jan Giono », « A# Jóusè Loubet », « Pèr A.-J. Méric » et « Au jouvènt ». La plupart des autres pièces avaient été publiées en avant-première dans la revue Marsyas, en préalable à la sortie du recueil167. On peut toutefois noter parmi celles- ci la spécificité du texte intitulé « A# Sully-André Peyre » dont seule la première partie avait été proposée dans Marsyas ; la version du recueil Terraire nòu y ajoute deux ensembles supplémentaires de strophes qui étoffent très grandement le poème. Deux textes plus anciens figurent également dans cette première partie du recueil : « Pèr un panié de rasin », publié dans Sisteron-Journal en 1933168 ; et « A# Jóusè d’Arbaud » qu’on trouvait déjà dans la revue Marsyas en 1934 et dans le recueil Pouèmo169.

La deuxième partie du recueil est composée de poèmes essentiellement inédits : « De ta vido un nouvèu chapitre », « As vougu de moun ajudo », « Lou verd d’aquéleis aubre », « Es de iéu que ti vèn l’envejo » et « Ai trena tei péu en pensado ». S’y ajoutent deux textes publiés en avant-première dans la revue Marsyas : « Ausisse d’aqueste faune » et « De-tras leis erso »170.

La troisième partie se compose d’un poème unique, « Calanco », découpé en trois séries de strophes. La première est un inédit, les deux autres avaient été publiées en avant- première dans la revue Marsyas171.

La quatrième partie est également assez brève, puisqu’elle ne comporte que trois textes, regroupés sous le titre « Partènci ». Elle comprend un poème publié en avant- première dans la revue Marsyas, « Partirai »172, un inédit, « Deman », et un poème publié deux ans auparavant, « A# ma jouvènço »173.

166 Marsyas, n°158-159, février-mars 1934, p. 739 ; Oc, n°147-148, janvier-avril 1934, p. 127 ; Pouèmo, Aigues-Vives, Marsyas, 1934, p. 2-3.

167 « Pèr Antòni Conio », « À Sully-André Peyre », « Pèr Amy Sylvel », « À la chato », « Cantico Vièi », parus dans Marsyas, n°195-196, mars-avril 1937, p. 923-925. « À Jan-Calendau » et « Aparamen », parus dans

Marsyas, n°200-201, août-septembre 1937, p. 943.

168 « Pèr un panié de rasin », Sisteron Journal, 28 octobre 1933, p. 2.

169 Paru sous le titre « Pèr Jóusè d’Arbaud » : Marsyas, n°158-159, février-mars 1934, p. 740 ; Pouèmo, Aigues-Vives, Marsyas, 1934, p. 4-5.

170 Marsyas, n°195-196, mars-avril 1937, p. 926. 171 Marsyas, n°200-201, août-septembre 1937, p. 944. 172 Marsyas, n°200-201, août-septembre 1937, p. 944. 173 Marsyas, n°172-173, avril-mai 1935 (1ère p.).

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Enfin, la dernière partie du recueil mélange un poème inédit, « Relarg » (qui donne son titre à cette cinquième série de textes), trois poèmes déjà publiés dans la revue

Marsyas et dans le recueil Pouèmo en 1934174 et quatre autres édités en avant-première dans le n°195-196 de la revue Marsyas175.

La sortie de Terraire nòu en 1937 s’est accompagnée d’une assez vive polémique sur la scène médiatique de la littérature d’oc car, de ce qu’il ressort des articles d’époque, l’ouvrage est paru accompagné d’un bandeau (non retrouvé au cours de mes recherches) portant la mention « Entre Mistral et Valéry », sans que l’on sache d’ailleurs qui en a réellement été à l’origine, Reboul lui-même ou simplement son éditeur.

C’est par cette polémique que s’ouvre le premier article consacré à Terraire nòu, sorti en 1937 dans la revue Calendau sous la plume d’un certain L. T. qui pourrait éventuellement être Léon Teissier176. L’auteur s’y montre assez acerbe vis-à-vis de Reboul : il moque la prétention de ce dernier à se situer entre ces deux grands poètes, le catalogue clairement du côté d’un « terroir ancien » par opposition ironique au titre

Terraire nòu du recueil et lui enjoint de se montrer moins critique vis-à-vis de la tradition

félibréenne avec laquelle il prétend rivaliser. L. T. met d’ailleurs en avant le fait que ce serait grâce à son rapprochement avec « l’école des eaux vives » du très mistralien Sully- André Peyre177 que Reboul serait parvenu à progresser, quoi qu’il ait encore du chemin à parcourir pour parfaire son art.

De vèire un brave chat de pouèto em’ un valerous felibre se dire « entre Mistral e Valery », acò m’assetarié, se i’ avié plaço pèr m’asseta, e s’ausave lou faire en talo coumpagnié. Mai noun, Reboul es pas tant aut, subretout es pas tant gros pèr empli tout l’espaço entre Mistral et Valery. Se countènto de mesura lou fièr espandi de l’auturo de S.-A. Peyre ; aquelo auturo ié sufis, e de-fes es capable de l’avera, pèr eisèmple au proumié quatrin de soun recuei. Es proun pèr n’en faire un bèu pouèto, lou darrié bèu fru dóu terraire ancian que samenèron li simboulisto.

Countradicioun dóu grand-pichoun, que soun ananem vòu pas d’escolo, mai que pèr coumpli de gros prougrès s’es asseta sus li banc de l’escolo dis aigo-vivo ! Es un proumié

{Voir un gentil garçon de poète ainsi qu’un valeureux félibre se dire « entre Mistral et Valéry », cela m’assiérait, s’il y avait une place pour m’asseoir, et si j’osais le faire en pareille compagnie. Mais non, Reboul n’est pas si haut, mais surtout il n’est pas assez gros pour remplir tout l’espace entre Mistral et Valéry. Il se contente de compter la fière mesure de la hauteur de S.-A. Peyre ; cette hauteur lui suffit, et parfois il est capable de l’atteindre, par exemple au premier quatrain de son recueil. C’est assez pour en faire un beau poète, le dernier beau fruit du terroir ancien qu’ensemencèrent les symbolistes.

Contradiction du grand-petit, dont l’allure ne veut pas de contraintes, mais qui pour accomplir de gros progrès s’est assis sur les bancs de l’école des Eaux-Vives ! C’est un

174 « Musico, clarta », « Simplesso entrevisto » et « La boulegadivo lagramuso » : Marsyas, n°158-159, février-mars 1934, p. 740-741 ; Pouèmo, Aigues-Vives, Marsyas, 1934, p. 6-11.

175 « Ai, sus lou flùvi passant », « Grapaud, vihaire de la nuechado », Aquéleis uei, coumo faran ? », « Ah ! se poudiés mi reviéuda » : Marsyas, n°195-196, mars-avril 1937, p. 926-927.

176 Graphie d’époque. L. T. (Léon Teissier ?), « Jòrgi REBOUL. – Terraire Nòu, poèmo, (Edicioun « Marsyas » ; Aigo-Vivo, 1937) », Calendau, n°59, 1937, p. 334.

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pas pèr i’ensigna que metre de biscànti la roujo barreto de Calendau sufis pas pèr lou faire mai grand qu’un felibre galouna ; pèr i’ensigna que se li tenamen de counsistòri an soun endourmitòri de mesquino valour, an tambèn sa leiçoun pèr la mantenènço di causo santo. Un Reboul i’a sa plaço se vòu enfin sousprendre touto uno presènci dins lei quàuquei raioun dóu lume pur de la Patrìo.

Faudra bèn que ié vèngue. Lou bèl espeiandra recounèis deja l’eterno coumençanço d’uno blanco bèuta e que, despuei, soun ritme si balanço emé serenita.

O Jòrgi Reboul, que l’Auturo

Siegue pèr tu pas qu’un mot pèr galeja, e qu’escales, jamai fali, la bello aventuro qu’es la glòri d’auja…

premier pas pour lui enseigner que mettre de travers le rouge bonnet de Calendal ne suffit pas pour le mener au-delà des félibres vains ; pour lui enseigner que si les choses conventionnelles ont leur côté soporifique à la valeur mesquine, elles ont aussi leur leçon pour la maintenance de la sainte cause. Un Reboul y a sa place s’il veut enfin surprendre toute une présence dans les quelques rayons de la lumière pure de la Patrie.

Il faudra bien qu’il y vienne. Le superbe déguenillé reconnaît déjà l’éternel commencement d’une blanche beauté dont, depuis, le rythme se balance avec sérénité.

O Jòrgi Reboul, que la Hauteur Ne soit pas pour toi si peu de chose, et que tu montes, sans défaillance, vers la belle aventure]

qu’est la gloire d’oser…}178

L’année suivante, c’est au tour de Charles Camproux de publier un texte consacré au recueil dans Le Petit Méridional179. Il y revient brièvement sur la polémique du bandeau du livre mais pour vite l’évacuer car, à ses yeux, l’œuvre de Reboul vaut de toutes façons par elle-même ; mieux, Reboul a pour lui réussi en provençal ce que tant d’autres auteurs français de la même génération ont échoué à faire. Si Camproux relève ici ou là quelques imperfections liées aux libertés que Reboul s’octroie avec les rythmes — ce qui le mène parfois à une écriture proche de la prose —, il estime néanmoins que le recueil Terraire

nòu se rapproche clairement du chef-d’œuvre et n’a rien à envier aux meilleures

productions poétiques françaises récentes. A# tel point que l’ouvrage mériterait à ses yeux une étude détaillée complète plutôt qu’un bref article de presse.

« De Mistral à Valéry »

C’est ainsi que l’éditeur de Terraire Nou, de Jordi Reboul, présente ce recueil de poèmes. Très loin de Mistral, faudrait-il dire, et bien loin de Valéry, heureusement !

Faisons chicane au beau poète qu’est Jordi Reboul et reprochons-lui — mais au fait s’agit-il bien de lui et non pas de son éditeur ? — de vouloir faire croire qu’il suit le chemin de Valéry. Pourquoi se piquer de vouloir faire neuf en lettres d’Oc, en s’éloignant de Mistral, pour suivre les sentiers battus de la poésie française ? Croit-on donner plus de valeur aux lettres d’Oc en dénigrant, souvent à contre-sens et de parti-pris, une certaine littérature empruntée aux sources les plus légitimes, pour donner plus de valeur à des œuvres prétendument

178 La traduction de l’article de L.T. est de mon fait. Pour les citations des poèmes de Reboul, j’ai par contre repris l’autotraduction que ce dernier en avait fait dans Terraire nòu.

179 Charles Camproux, « De Mistral à Valéry », Le Petit Méridional, 4 avril 1938, chronique « Le nouveau Languedoc », p. 2. Pour plus de lisibilité, j’ai rectifié sans le préciser systématiquement les nombreuses erreurs accentuelles et typograhiques dans les citations des poèmes de Reboul.

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universelles par le biais de nos « vates » d’Oui ? Ne confondons pas source d’inspiration et inspiration. Quelle que soit la source, l’œuvre est légitime si le génie la soutient.

Or, le génie soutient Jordi Reboul ; c’est même ce qui fait qu’il est plus original que ne semble vouloir l’indiquer la présentation prétentieuse de son éditeur. Aussi je n’aurais point peur de m’aventurer à dire que je ne connais rien absolument parmi les productions des poètes français d’oui de sa génération qui puisse s’égaler à Terraire Nou. Les Valéry, les Claudel, ont fait école parmi cette génération. Hélas ! quels piteux résultats dans l’ensemble et quelle honnête médiocrité dans la prétention ! Combien l’on goûte mieux par contraste les humbles qui ont voulu se contenter de suivre les traces d’un Louis Mercier !

Le miracle pour nous, c’est que Jordi Reboul ait réussi, lui, en provençal, là où tant d’autres ont échoué en français. On ne pourra pas dire, comme le font si souvent à propos de Mistral ceux qui jugent le poète d’après quelques préjugés passe-partout, que la vertu d’une langue populaire a soutenu le souffle de l’écrivain. Il semble, au contraire, au premier abord, que la langue d’Oc si bien adaptée aux genres que cultivèrent les écrivains français du XVIe siècle,

ne puisse faire instantanément le bond nécessaire pour rejoindre Valéry.

Jordi Reboul le lui a fait faire. Sa réussite est complète et Terraire Nou fait plus que songer au chef-d’œuvre. Non pas que l’on n’y puisse relever des défaillances. Jordi Reboul use de la plus grande liberté dans les rythmes. Pour être acceptée, cette liberté demande une maîtrise continuelle : la moindre défaillance se perçoit. Lorsque la pensée est banale et que le rythme se traîne, on n’est pas loin de la prose. C’est ce que je reprocherais à quelques vers de Terraire Nou : ainsi, dans les pièces Per Antoni Conio et À Sully-André Peyre. Mais, à part cela, tout vibre dans Terraire Nou, tout y fait penser, tout y fait sentir, grâce à la forte personnalité du poète[.]

Ces vers, si près de la poésie pure, sont mieux que de la poésie pure. L’art de Reboul procède par visions qui tremblent sur de la musique et qu’emportent parfois des bouffées de vent larg. Voici la fière déclaration du poète :

Siés pancaro uno bèsti raro mai seras mai qu’un animau se destapes soulet ce que t’embarro de la courouno de sei mau.

Voici, dans la pièce Salut à Pestour, sa puissante énergie : Ai escala

fin qu’au ciele dóu Tèmple ; d’aperadaut dóu naut teulat ai vist lou flume de toun eisèmple entre d’iéli davala.

Voici, dans Cantico vièi, la forte voix de celui que la cité phocéenne a nourri : Ti fasien Rèino dóu Vìci

tu, la panturlo rebalant, leis ounésti marchand de judìci de l’ouficiau balans.

Voyez, dans la première partie du poème À Sully-André Peyre, cette évocation pleine de fraîcheur et d’éclat de la « garrigo » et cette superbe évocation de la « Calanco », où l’on ne sait si l’on sombre délicieusement dans les « contour que fan sis anco », où l’on ne sait plus si le mirage a fait la nature femme ou la femme nature.

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Et toujours l’enchantement se poursuit sous la musique « enmascarella » : Marmoutejàvi uno dei cantadisso

que bresson lei jour atristant, uno cantadisso mouvedisso, tras d’estèu enfetant.

Mais la plus grande « masca » c’est la vision multiforme : la vision pensée : Deis èstro duberto, tau de vistoun,

viés passa plan lou carretoun de la draio negro emai coumuno mounte lou monde si degruno. la vision qui s’élargit infiniment :

Ensin, entre la souco e l’amourié ai vist que rèn s’aubourarié

tan mai que toun oustau, e pèr beluro, s’estelarié dins la planuro.

la vision fée :

Au-mié dóu clar dei souleiado, uno oumbro es vengudo si mescla, es uno man que jito de raiado, uno pichouno man coungreiado

em’ esclat.

Ailleurs, c’est la vision qui, brusquement, se dresse ; la vision qui s’immobilise statue, et l’on songe au Don Juan de Baudelaire ; la vision qui se dessine et se colore tableau et l’on songe à l’Angelus. Tout cela inlassablement, mystérieusement, bercé du rythme de l’émotion. Le morceau intitulé Art pouëtique est un chef d’œuvre en ce genre. Une pointe de tristesse aux résonnances profondes, qui n’a rien de romantique, et qui cependant fait songer à l’éternel mystère humain, voile cette émotion mâle dont le goût a je ne sais quoi d’amer, en particulier dans les pièces Partirai, Deman :

…regardo fugi la negro fenido de toun bel espeiandra.

Hélas ! sans foi, que vaut le rêve de l’infini ? Que vaut de… …countempla la revoulunado

enfin la Terro abandounado, pichouno coumo un troues de pan.

L’ouvrage de Jordi Reboul mériterait non pas un article, mais une étude. Avec Terraire Nou, la littérature d’Oc moderne n’a rien à envier, dans certain genre, oserais-je dire, aux plus grands des poètes d’Oui de ces temps derniers ?

En 1938, la revue catalane Nostra terra publie également un encart dans ses pages, lequel se révèle des plus qu’élogieux180. Elle y loue la poésie tout autant que la force et l’indépendance d’esprit de Reboul, son avant-gardisme, son attachement à la Provence et, plus que tout, ses qualités d’homme.

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Terraire nòu. Ens plau la manera d’escriure

d’En Jordi Reboul. Entusiasme, passió i amor són les qualitats primordials de les seves poesies. Sinceritat, és la vertut que envolta el conjunt de l’obra, obra d’un home que observa, que pensa, que estima i que vol… Es tan bonic en aquest món, escollir-se un camí, entre la infinitat de rutes que hi ha en la vida, seguir-lo en tota independència i mostrar als altres homes, com s’ha de fer,