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CHAPITRE II : Le parcours littéraire de Jòrgi Reboul

D) À L’INTERNATIONAL

En 1967, on trouve trace, dans les archives du CIRDOC, de la publication et de la traduction d’un ou plusieurs poèmes de Reboul en slovène. Le procès-verbal de l’assemblée générale du PEN-Club de Lenga d’O#c de Nı̂mes du 18 juin 1967 mentionne ainsi la « traduction et publication de poèmes de Reboul en Slovénie (Yougoslavie) dans le cadre d’une étude sur la littérature d’oc contemporaine »251. Une lettre de Reboul à Lafont portant apparemment sur le même sujet précise que cette publication serait relative à la constitution d’une anthologie occitane au sein de la revue Sobobnost (Ljubljana, Stritarjeva 3/11, Yougoslavie)252. Cette revue aurait entre autres publié « Lou pus bèu de

249 La traduction est celle de Jean Malrieu dans Chausida.

250 Léon-Gabriel Gros, « “Chausida” (ou le “Digest” !) de Jorgi Reboul », Le Provençal, Archives du CIRDOC, LAF.O/67, Jòrgi Reboul, 1967-… Les passages en italique étaient soulignés dans le texte d’origine.

251 PV d’assemblée générale du PEN-Club de lenga d’Òc de Nîmes, 18 juin 1967, Archives du CIRDOC juillet 2017, LAF.0/67, Jòrgi Reboul, 1967.

Biographie de Jòrgi Reboul

mei pouèmo », tiré du recueil Sènso relàmbi, sous le titre « Najlepso svojih pesmi ». Le travail d’anthologie et de traduction aurait été réalisé par Niko Kosir et Janez Menart.

Au tournant des années 1960-1970, François Pic relève encore deux études de l’œuvre de Reboul dans des ouvrages parus en Italie sous la plume de Fausta Garavini253 : il s’agit de L’empèri dóu soulèu. La Ragione dialettale nella Francia d’Oc, publié en 1967, et de La litteratura occitanica moderna, publié en 1970254.

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LES ANNÉES 1970

Entre 1971 et 1973 paraissent quatre poèmes inédits, « A Gui Martin » dans Oc255 ainsi que « Lo cieune »256, « Robur »257 et « A# n-un mestre d’escolo »258 dans l’Armana

prouvençau, avec alternance des graphies classique et mistralienne selon les supports de

publication.

Dans la suite des années 1970, Reboul continue à publier des poèmes variés dans diverses revues. Il fait ainsi paraı̂tre dans Oc « Lo bèl estiu »259 (adaptation en occitan d’un poème de Jean Malrieu), « D’una tresena felena dei camps ros »260, « Encuei »261 et « Retrach de Robert Pignon »262.

Dans la revue La France latine, il fait paraı̂tre deux textes : une réédition de « A# Jóusè d’Arbaud » en 1975263 et un inédit, « Diana neira », en 1977264. Entre les deux, il publie pour la première fois le poème « Canigó » dans la revue catalane CLAM en 1976265. « Diana neira » mérite une attention particulière dès lors qu’il est accompagné d’une petite présentation non signée. D’une grande richesse, le poème échafaude de multiples ponts entre les croyances, les siècles et les espaces, de la déesse Diane basanée des ruines d’un temple romain des monts du Forez aux Vierges noires des abbayes Saint-Victor de Marseille et Montserrat en Catalogne ; il mêle pareillement évocation du peuple d’oc éternel, ode paı̈enne à « Notre-Diane » et détournement iconoclaste du très félibréen chant « Prouvençau e catouli » en un « Occitans e catolics / nòstra fe n’a pas falit » résolument occitaniste. La présentation du poème comprend un bref rappel biographique 253 François Pic, « Essai de biographie de Jòrgi Reboul », Actes du colloque Jorgi Reboul, Septèmes-les-Vallons,

9 avril 1994, Septèmes-les-Vallons, 1996, p. 80.

254 Fausta Garavini : L’empèri dóu soulèu. La Ragione dialettale nella Francia d’Oc, Milano-Napoli (Italie), Riccardo Ricciadi, 1967, p. 250-251 et 365 ; La litteratura occitanica moderna, Firenze-Milano (Italie), G.C. Sansoni Academia, 1970, p. 184 et 191.

255 « A Gui Martin », Oc, n°236, hiver 1971, p. 39. 256

« Lo cieune », Armana prouvençau, 1971, p. 41. 257 « Robur », Armana prouvençau, 1972, p. 63.

258 « À n-un mestre d’escolo », Armana prouvençau, 1973, p. 75. 259 « Lo bèl estiu », inédit, Oc, n°248, hiver 1974-1975, p. 31-32.

260 « D’una tresena felena dei camps ros », inédit, Oc, n°248, hiver 1974-1975, p. 32.

261 « Encuei », Oc, n°250, été 1975, p. 15-16 (réédition du texte paru dans l’Armana prouvençau, 1964, p. 49). 262 « Retrach de Robert Pignon », Oc, n°254, été 1976, p. 25.

263 « À Jóusè d’Arbaud », La France latine, nouvelle série, n°61-62, 1er et 2ème trimestres 1975, p. 42 (réédition du texte paru dans : Marsyas, n°158-159, février-mars 1934, p. 740 ; Pouèmo, Aigues-Vives, Marsyas, 1934, p. 4-5 ; Terraire nòu : pouèmo, Aigues-Vives, Marsyas, 1937, p. 32-33 ; et Marsyas, n°243, mars 1946, p. 1216).

264 « Diana neira », La France latine, n°71, 3ème trimestre 1977, p. 6-7.

Biographie de Jòrgi Reboul

et bibliographique puis rappelle combien la poésie de Reboul a été dès le départ révolutionnaire, tant dans la forme que dans les thèmes choisis, ainsi que tout l’intérêt dont elle demeure porteuse pour la poésie d’oc266.

Né à Marseille en 1901. Fondateur et animateur depuis 1925 du groupe phocéen Lou Calen, G. Reboul se situe, en marge du Félibrige officiel, dans la tradition marseillaise et libertaire d’un V. Gelu et d’un Aug. Marin. On le voit d’abord figurer parmi les poètes provençaux rassemblés par S.-A. Peyre autour de la revue Mar[s]yas à laquelle il collabore. Ses premiers ouvrages poétiques, [À]couart dubert (19[2]8)267, Sènso relàmbi (1932) et Terraire nòu

(1937) sont en graphie mistralienne. Après 1962, Reboul rejoint l’occitanisme et publie C[h]ausida (1965) et 4 Cantadissa (1971), enfin Sènsa relambi seguit de Terraire nòu qui est une réédition en graphie occitane de recueils précédents. Reboul a certainement contribué à engager la poésie provençale sur des voies nouvelles. Sous l’influence de S.-A. Peyre, dès ses premières œuvres, il marque la volonté d’un renouveau poétique qui parut, en son temps, révolutionnaire. En rupture avec les conventions en vigueur, qu’il s’agisse des thèmes et des techniques, ses poèmes frappèrent par leur caractère insolite. Certes les audaces d’hier nous étonnent moins aujourd’hui. Il reste que cette poésie traduit un accord profond avec la langue et l’esprit des pays d’oc. Doué d’un tempérament fougueux et épris d’action, G. Reboul possède un sentiment poétique puissant qui garde de la fonction du poète dans l’univers une idée noble et juste.

En 1979, Reboul confie à la revue Aicí e Ara trois « proses géographiques » inédites (« Tres pròsas geograficas ») : « Au mas dau retiràs », « Sens adieu… », et « Carles d’Eigaliera », poèmes respectivement dédiés à Thérèse d’Urzo, Antoine Richard et Thérèse Galtier268. Les textes sont présentés en graphie classique, sans traduction.

Le début de la décennie est également marqué par la sortie de trois anthologies réservant une place à des textes de Reboul : Occitanie 70. Les poètes de la décolonisation de Marie Rouanet269 ; La poésie occitane. Édition bilingue de René Nelli270 ; et Anthologie

en langue d’oc et langue roumaine d’Octave Prour271.

Toutefois, la période est surtout marquée par la parution de quatre publications importantes de la part de Reboul : un ensemble de textes inédits confié aux soins de la revue Oc et trois recueils de réédition.