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CHAPITRE II : Le parcours littéraire de Jòrgi Reboul

A) LA PUBLICATION DE SÈNSO RELÀMBI (1932)

Le premier des grands recueils des années 1930 de Reboul s’intitule Sènso relàmbi (Figure 22)142. Comme l’indique Philippe Gardy, cet ouvrage donne le ton de ce que sera l’œuvre de Reboul : il s’agit « d’engager la langue occitane dans une conquête tenace d’elle- même et des hommes sur leur terre. Le titre même de ce livre initiateur, “sans répit”, désignait l’audace et la fermeté du propos, et faisait du poète l’explorateur physique de cette matérialité des mots et du monde à inventorier et fortifier de certitudes. »143 Ce titre renvoie par ailleurs à l’idée de mouvement tout en indiquant une philosophie poétique144 :

Un mouvement ininterrompu, un effort sur soi-même qui se confond avec l’élan initial. Il s’agit d’avancer, mû par une force, une énergie suffisamment égales pour que rien ne leur résiste. Il ne s’agit pas, en outre, cette fois en prenant l’expression ainsi lancée dans une acception plus abstraite, plus générale, de transiger ou de musarder, d’aller ici ou là, au gré

142 Sènso relàmbi : pouèmo, Aigues-Vives, Marsyas, 1932, 77 p.

143 Philippe Gardy, Une écriture en archipel. Cinquante ans de poésie occitane (1940-1990), Église Neuve d’Isaac, Fédérop, 1992, p. 28.

144 Philippe Gardy, Paysages du poème : six poètes d’oc entre XXe et XXIe siècle : Léon Cordes, Robert Lafont,

Bernard Lesfargues, Georges Reboul, Max Rouquette et Jean-Calendal Vianès, Montpellier, Presses

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des humeurs et des circonstances. Il y a dans ce qui apparaît comme une devise, ou un précepte, l’idée d’une direction prise, et tenue, quoi qu’il en coûte. Mais cet esprit de décision, cette volonté, sont tranquilles, paisibles, sans animosité aucune. Car c’est un sentiment profond de liberté qui les anime. Tout cela trouve sa résolution et sa concrétisation dans la poésie elle-même telle que Reboul, dans ce premier véritable recueil, la définit : il s’agit d’une écriture directe, sans ornements superflus, sans états d’âme non plus. Si Sènso relàmbi est une devise, une maxime, la formule est également, et d’abord, un art poétique. Une discipline.

Figure 22. Première de couverture du recueil Sènso relàmbi

Concrètement, Sènso relàmbi présente un choix de 21 poèmes, répartis en quatre ensembles, accompagnés d’une traduction française, œuvre de Reboul lui-même selon les informations qui m’ont été données par sa fille, Sylviane Reboul.

La première partie, intitulée « A# ma maire », reprend trois poèmes déjà publiés en 1931 dans le numéro 125 de la revue Marsyas (« La mar touarno », « Escouto la musico amigo » et « Regardo s’espandi l’idèio ») et y adjoint quatre inédits, « Siéu na longtèmps

après ma neissènço » (ultérieurement republié sous le titre

« Marignano »/« Marinhana »), « Pèr mei trento an », « De fes, m’aganto uno doulour » et « Leis uei davans, mi siéu jita ».

Le second groupe de textes s’ouvre par une courte exergue « E despuei » puis présente quatre textes inédits (« Laisso. Tout s’encapitara », « Aro que siés proun grando », « Ai assaja leis alo » et « Viro-ti, viro-ti de caire ») ainsi que la réédition de trois poèmes eux aussi déjà parus dans le numéro 125 de Marsyas (« Ai dubert ce qu’èro escoundu », « Lou pus bèu de mei pouèmo » et « Ce que ti fau, va sas pancaro »). On notera également que l’avant-dernier poème, « Quand siés tournado », a préalablement fait

Œuvre non reproduite par respect du droit d’auteur

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l’objet d’une édition en 1931 dans le journal La vie marseillaise sous le titre « Pouèmo prouvençau »145.

La troisième partie porte le nom de « Cantadisso ». Elle contient quatre inédits (« Touto vido es la vı̀o », « Viro, viro la rodo », « Tout es van » et « Rèn es tout ») que Reboul fera par la suite rééditer à plusieurs reprises, notamment en 1971 sous l’intitulé 4

cantadissas d’aièr emai d’encuei146.

Le recueil se termine par un bref poème de conclusion, également inédit, « Treboulés pas l’estrofo ».

Sènso relàmbi fait l’objet de nombreux articles dans la presse. La revue Oc y consacre

d’abord un bref article dès son numéro de mai-août 1932147.

Jorgi Reboul es plan mai qu’un « felibre » es un ome d’acción e un poeta vertadierament

modern, un poeta en fora del

convencíonalisme tradicíonal, qu’a sentít las auras sanitosas de la mar et las flairors brutas de la terra. D’un cap a l’autre del seu teunhe reculh, rajola una vida nombrosa e bateganta que s’expremís díns una lenga precísa e píntorresca.

Amb Reboul, la poesia occitana, orrissent los temas folklorics e rurals dels quals lo felibritge nos avía assadolhats, pren una valor umana e uníversala.

{Jòrgi Reboul est beaucoup plus qu’un félibre, c’est un homme d’action et un poète véritablement moderne, un poète hors du conventionnalisme traditionnel, qui a senti les vents salubres de la mer et les senteurs brutes de la terre. D’un bout à l’autre de son mince recueil, ruisselle une vie nombreuse et palpitante qui s’exprime dans une langue précise et pittoresque.

Avec Reboul, la poésie occitane, abhorrant les thèmes folkloriques et ruraux dont le félibrige nous avait soûlés, prend une valeur humaine et universelle.}

En décembre de la même année, le journal Le Sémaphore de Marseille publie également, sous la plume de René d’Arnaud, un article soulignant l’originalité de l’œuvre de Reboul et son indépendance assumée vis-à-vis du félibrige. D’Arnaud y présente Reboul comme un poète moderne, voire révolutionnaire, traceur de chemins nouveaux148 :

Sènso relàmbi, sans répit !... Ce recueil de vers est un symbole car son auteur, le jeune félibre Georges Reboul, a une belle activité. Il dirige à Marseille le groupe plein de feu, loù Calèn, qui donne toute une clarté provençale.

Mais au demeurant, M. Georges Reboul est-il un félibre ? Nous avons pour habitude d’appeler félibre tout membre du félibrige mistralien et qui mistralise. Or, M. Reboul n’est pas cela, il est contre cela. A-t-il tort ? A-t-il raison ? Voire… Peut-il actuellement se dégager en Provence un mouvement littéraire moderne indépendant ? Le mouvement issu de Fontsegugne (sic) apparaît incontestablement à son déclin. Il faut autre chose… ou rien. Le tutu pan pan a eu son temps. Mais la critique est aisée…

145 « Pouèmo prouvençau », La Vie Marseillaise, 21 août 1930, pagination manquante. 146 4 cantadissas d’aièr emai d’encuei, Riols, Joan Larzac, coll. 4 Vertats, 1971, 23 p.

147 Graphie d’époque. « JORGI REBOUL. — Senso Relambi, pouèmo. Text provençal e traducción. — Marsyas Miravínhas-Aígas-Vívas (Gard), 1932. — 77 p. » (sic), Oc, n°137-138, mai-août 1932, p. 252.

148 Graphie et orthographe d’époque. André d’Arnaud, « Feuilleton du Sémaphore du 7 décembre. Les livres.

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Quoiqu’il en soit Sènso relàmbi, ce livre provençal dans lequel on ne parle pas de Mistral, des saintes, de Chatouno et du Prince des Baux est assez singulier.

Viro, viro la rodo d’un[o] modo coumodo. Viro, viro [e] chaviro

l’equipagi arnesca de chivau tant afusca.149

M. Georges Reboul ne suit pas le sentier qui, devant lui, « use les traces les plus alertes ». Il est poète moderne.

Ie[u] cresi en rèn — que chanço !150

Quel félibre félibréjant eut écrit cela !! M. Georges Reboul apparaîtra peut-être comme un révolutionnaire. Il sort en tous cas des thèmes convenus. Sa langue est belle, son inspiration directe et symbolique. Il faut toujours louer ceux qui tracent des chemins pour accéder aux sites inconnus…

En 1947, Louis Bayle publie dans la revue Marsyas un ensemble de lettres à Joseph Sol sur le Félibrige. Il y aborde notamment la poésie de Reboul et, en premier lieu, le recueil Sènso relàmbi151. Les commentaires de Bayle à l’égard du recueil et de Reboul en général oscillent entre une critique sévère et la reconnaissance d’une réelle innovation dans la poésie provençale. Bayle relève l’ambition de renouvellement de Reboul mais le juge « impulsif et désordonné », incapable d’« élaborer une doctrine » et en réalité plus apte à proclamer la nouveauté de sa poésie qu’à se départir des modèles anciens. Le ton de l’œuvre lui paraı̂t parfois tourner à la satire et à l’ironie vis-à-vis de la « routine félibréenne » et de ceux qui critiqueraient son esprit d’audace. Au final, tout en attaquant vertement son « orgueil déplaisant » dû au fait qu’il se prendrait volontiers pour « un nouveau Christ de la poésie », Bayle n’en demeure pas moins confiant sur l’avenir de la carrière poétique de Reboul, soulignant le bel élan qui emporte le lecteur et la délicatesse de certains passages du recueil. Je reproduis ci-dessous dans sa presque totalité l’article de Bayle, que j’ai surtout allégé des très nombreux extraits de poèmes qui l’illustraient.

Georges Reboul, cependant, eut lui aussi l’ambition de renouveler ce lyrisme. Mais, impulsif et désordonné, il ne pouvait se soumettre à de sévères disciplines, moins encore élaborer une doctrine. C’est davantage dans la pensée que dans la forme — et c’est à son honneur, — qu’il fait figure de novateur.

Sa volonté de faire œuvre nouvelle, il l’a maintes fois exprimée. Son recueil le plus important, Sènso Relàmbi (Sans répit), en est la perpétuelle affirmation […]

[O]n ne coupe jamais entièrement tous les liens qui vous rattachent à d’autres. Et Reboul lui-même le sait, et c’est pourquoi il éprouve le besoin de dire son désir de nouveauté. S’il

149 Le texte d’origine écrit d’un modo et è chaviro (erreurs typographiques). 150 Le texte d’origine écrit ieù (erreur typographique).

151 Louis Bayle, « Nouvelles lettres à Joseph Sol sur le félibrige », Marsyas, n°257, novembre-décembre 1947, p. 1376-1377.

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se savait entièrement affranchi, il n’aurait pas à proclamer sans cesse son affranchissement. Non seulement dans la forme, mais dans la pensée. […]152

* * *

Cependant, malgré les influences qu’il décèle, Sènso Relàmbi reste unique dans la littérature provençale.

On peut le considérer, et je crois que Reboul l’a voulu ainsi, comme un manifeste. Reboul s’irrite de la routine félibréenne, de ces thèmes usés dont sa jeunesse et son sens de la vie ne peuvent se satisfaire. Car la vie lui apparaît, avec raison, autrement dessinée et sous d’autres couleurs qu’elle n’apparaissait aux « primadié » ; aussi parfois avons-nous l’impression que Sènso Relàmbi tourne à la satire. Cependant, à ceux qui s’offusqueraient de son audace, Reboul se contente de dire : pecaire ! (pauvres gens !). Même pas mépris ; mais ironie.

Ironie mêlée d’amertume, aussi, de se sentir isolé et combattu, quand l’œuvre généreusement entrevue demanderait tant de généreux artisans […] Peut-être un jour le poète sera-t-il compris et suivi ? Bien que Reboul écrive : « Tout es van » (tout est vain), un moment après il dira : « Rèn es tout » (rien est tout), mot d’espoir. Généreuse confiance.

* * *

Faisons, nous aussi, confiance à Reboul. Si parfois sa pensée un peu lourde traîne avec difficulté […] malgré un orgueil déplaisant, car il se prend volontiers pour quelque nouveau Christ de la poésie […] il y a souvent un bel élan qui nous emporte et nous berce comme la vague fait le bateau […] Et faisons confiance au poète qui a trouvé les deux strophes qui ferment le petit livre, délicates et précieuses entre toutes [Suit le poème : « Treboulés pas l’estrofo… »].

Beaucoup plus tardivement, en 1957, à l’occasion d’un article publié dans Les Lettres

Françaises qu’il consacre à la poésie d’oc moderne, Charles Camproux s’exprime à son tour

sur la parution du recueil Sènso relàmbi153. Pour lui, ce recueil marque un tournant central dans l’histoire de la poésie occitane. L’œuvre de Reboul ne ressemble à rien de ce qui avait été proposé jusqu’alors et si elle a été en partie passée sous silence c’est peut-être justement à cause du génie créatif si original de son auteur. Camproux insiste sur le fait que ce manque de reconnaissance a eu bien peu d’importance aux yeux de Reboul, plus préoccupé par la transmission de la culture d’oc que par sa gloire personnelle. Il relève également l’importance qu’ont eue pour Reboul l’appui amical de Sully-André Peyre au début de sa carrière poétique et le rôle formateur de sa lecture de Victor Gelu. Au final, selon Camproux, l’apport majeur de Reboul et de son recueil Sènso relàmbi aura été de

152 Bayle donne ici à titre d’exemple un extrait de « La nuit de décembre » d’Alfred de Musset (« Un pauvre enfant vêtu de noir / qui me ressemblait comme un frère ») qu’il met en parallèle avec « La mar touarno emé sa cansoun » (« Ai vist poucheja moun bessoun / dei ribo de la nuech escuro » ; « J’ai vu poindre mon besson / des rives de l’obscure nuit »).

153 Charles Camproux, « La poésie d’oc moderne. Il y a vingt-cinq ans », Les Lettres Françaises, n°663, 21 au 27 mars 1957, Archives du CIRDOC, LAF.0/67, Jòrgi Reboul, 1967. Les passages en italique sont de mon fait (dans le texte d’origine, ils étaient mis entre guillemets que j’ai supprimés, sauf pour le mot combinazioni écrit tel quel). Pour le reste, la reproduction du texte de Camproux est faite en conservant les erreurs dactylographiques d’origine, hormis les accents que j’ai ajoutés sur les majuscules. À noter que la fin de ce texte sera en partie reprise en quatrième de couverture de la réédition Sènsa relambi seguit de Terraire nòu de 1976 (Toulouse, Institut d’Estudis Occitans, 1976, 96 p.).

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libérer définitivement la poésie occitane de tout conformisme poétique et en particulier des thèmes félibréens.

[…] l’éveil d’une Poésie d’OC neuve et originale date, en Provence, de 1932, année où parut le recueil de Jordi (sic) REBOUL. Je sais bien qu’il y avait eu JOSEPH D’ARBAUD et qu’il y avait en 1932 déjà, SULLY-ANDRÉ PEYRE. Il n’est nullement question de rabaisser ces deux véritables Poètes (sic). D’autant moins que si l’inspiration de Jordi REBOUL s’opposait sciemment à celle de d’ARBAUD, c’est SULLY-ANDRÉ PEYRE qui encouragea et poussa en avant le jeune poète de Marseille.

Mais il y avait dans Sènso Relàmbi une force explosive qu’on ne trouve nulle part ailleurs à cette époque-là. Tout y est hors forme. Sènso Relàmbi, c’est l’explosion d’un génie puissant fait pour bousculer lles (sic) médiocres et la médiocrité.

D’où sans doute la conspiration du silence qui semble s’être établie autour de l’œuvre naissante de Jordi REBOUL. REBOUL semblait d’ailleurs aller au devant de cette conspiration. En tout cas, il la prophétisait fort bien quand il disait :

Ai dubert ce qu’èro escoundu, darrié la pouarto imprevisto d’un rode perdu

ai pourta ma visto. E vers tu, d’èstre ana degun m’a perdouna. Ai respoundu : pecaire !

Metès de caire moun ideau de gaire, o lou mounde dei gènt

d’un pus flame sourgènt !

(J’ai ouvert ce qui était caché, – derrière la porte imprévue – d’un recoin perdu – j’ai porté mon regard. – Et d’être allé vers toi – nul ne m’a pardonné. – J’ai répondu : Pauvres ! mettez de côté – mon idéal de peu – ô vous tous, gens – d’une plus brillante origine).

…REBOUL — « Fier parmi les fiers » s’est toujours refusé à mendier la gloire, à s’abaisser pour cela, à accepter les compromissions de chapelles et de cloîtres. Poursuivant, par ailleurs, une action inlassable pour répandre la culture occitane dans les milieux franchement populaires, s’adressant avant tout au Peuple de la grande ville et des Campagnes par le truchement indispensable des membres de l’Enseignement Public, il n’a jamais craint de déplaire — quand il le fallait — aux faiseurs de combinazioni littéraires dans les milieux félibréens ou para-félibréens.

On lui en a tenu rigueur sans le dire, on a même parfois affecté de mépriser celui qui ne craignait point, manches retroussées, de lancer comme un défi la fameuse Chanson de VICTOR GELU, cet autre poète marseillais dédaigné de son vivant par un certain félibrige bien pensant : « Feniant et Groumand ». Mais en même temps son exemple était envié et l’on s’efforçait derrière lui, sans vouloir reconnaître ce qu’en réalité on lui devait.

Ce qu’on lui doit, ce n’est pas naturellement l’imitation d’une inspiration unique, trop puissante pour être imitée, trop originale pour être appréhendée : à ce point de vue JORGI REBOUL n’a pas fait de disciples ; et il eût été faché (sic) d’en faire ! Ce qu’on lui doit, c’est une véritable libération. C’est d’avoir réussi à se libérer des thèmes mistraliens dégradés en thèmes félibréens ; il fallait également imprimer à la nouvelle Poésie d’OC une forme irrésistible pour échapper désormais à tous les conformismes poétiques, même renouvelés

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par JOSEPH d’ARBAUD, même renouvelés une fois de plus par SULLY-ANDRÉ PEYRE. C’est pourquoi l’année 1932 avec Sènso Relàmbi154 marquera dans l’Histoire de la POÉSIE D’OC

un renouvellement définitif.

Plus tardivement encore, Max Rouquette revient sur le recueil en 1981, au moment de la retraite militante de Reboul155 :

« Senso relambi », es de las òbras qu’an despertat la modernitat nòva de nòstra poèsia. Gisclèt coma un solelh. E tot de lòng de sa bela vida, plan unida, aquela poësia s’es pas jamai desforviada d’aquel camin.

{Sènso relàmbi est de ces œuvres qui ont réveillé la modernité neuve de notre poésie. Elle a jailli comme un soleil. Et tout au long de sa belle vie, très unie, cette poésie ne s’est jamais détournée de ce chemin.}

Pour être tout à fait complet sur la critique de ce recueil, j’ai également trouvé, dans l’exemplaire de Terraire nòu conservé à la bibliothèque de l’Alcazar à Marseille, une feuille recto/verso dactylographiée, sans date, et intitulée sur quatre lignes : « Vient de paraı̂tre aux E+ditions / Marsyas, Aigues-Vives : Gard : / TERRAIRE NO#U = Terroir nouveau / Poêmes (sic) de Jòrgi REBOUL ».La feuille porte à la main, avant le texte dactylographié, la mention manuscrite : « en vente 9 francs chez ts (sic) les libraires marseillais ». Comme le sous-titre de ce document l’indique (« Extraits de la Critique sur le recueil précédent de Jòrgi REBOUL : Sènso Relàmbi »), il s’agit probablement d’un tract publicitaire d’époque, sorti au moment de la parution de Terraire nòu. Bien que les extraits proposés par le document ne donnent pas de références bibliographiques suffisamment précises pour pouvoir retrouver les originaux des articles cités, je reproduis ici à titre informatif les différentes citations présentes sur ce tract156.

Dins la literaturo prouvençalo, Sènso Relàmbi resto unique. Unique pèr la formo e pèr la pensado. L’on pòu lou considera, e crese REBOUL l’a vougu ansin, coumo un « manifesto ». {Dans la littérature provençale, Sènso Relàmbi reste unique. Unique par la forme et par la pensée. On peut le considérer, et je crois que REBOUL l’a voulu ainsi, comme un « manifeste ».}

LOUIS BAYLE, La Pignato.

Ce qu’il y a d’attirant dans l’Œuvre poétique de J. REBOUL, c’est qu’on y perçoit, de recueil en recueil, un effort conscient et continu pour épurer son inspiration, la dépouiller de tout l’acquit (sic) livresque, de tout le convenu, des réminiscences et des disciplines qui ont pu contribuer à la formation du poète, mais qui nuisent à son épanouissement… Serions-nous sur la route où domine déjà VALÉRY, qui nous mène certes loin de Maillane, et nous conduit

154 En italique dans le texte.

155 Graphie d’époque. Max Rouquette, « Per los quatre vint de Jòrdi », Oc, n°9, février 1981, p. 96.

156 « Vient de paraître aux Éditions / Marsyas, Aigues-Vives : Gard : / TERRAIRE NÒU = Terroir nouveau /