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Partager le modèle français de la ville intelligente

1%Proche et Moyen-

Orient 3% Europe centrale … Europe … Union européenne 36%

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ville d’Ivry-sur-Seine215. Les porteurs de projet se sont appuyés sur “CartOng”216 et “Missing

Maps” 217 ainsi que sur la plateforme “Openstreetmap” qui est une carte du monde “ouverte”

et sous licence libre, autrement dit reposant sur les contributions de toute personne désireuse de co-produire des cartes sur les territoires non cartographiés.

Durant l’année 2016, la collectivité a organisé dans le lieu d’accès public à Internet ce que la “communauté Missing Maps” appelle un “Mapathon”. Avec les outils numériques du projet Openstreetmap, les villages et les routes sont positionnés sur la carte à partir d’une photo satellite. Les contributeurs Openstreetmap partagent leur savoir-faire cartographique tandis que les ressortissants maliens apportent leur expertise du territoire pour réaliser la carte numérique. L’usage du logiciel “Mapilary” permet enfin d’enrichir la carte avec les photos prises par les habitants de la commune, à partir de leurs smartphones.

“A partir de ce projet, on a fait de la participation et du lien social” observait Philippe Jarry218,

avant d’ajouter qu’“à la suite de ce projet, on voudrait fournir un panneau solaire plus un ordinateur afin de pouvoir travailler avec l’école de Dianguirdé”.

La communauté d’Agglomération de Castres-Mazamet (Tarn/France) et la commune de Guédiawaye (Sénégal)

L’inscription du projet dans le réseau scientifique “eAtlas Francophone de l’Afrique de l’Ouest” réseau initié par les universités de Toulouse 2 Jean Jaurès et l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, lui a ouvert une scène de diffusion, de débat, d’échanges et de réflexion lors des Rencontres du réseau à Dakar, Bamako, Cotonou, que ce soit avec des chercheurs ou d’autres acteurs du développement numérique.

La coopération entre la Communauté d’Agglomération de Castres-Mazamet (80 000 habitants) et la commune de Guédiawaye (400 000 habitants) a été conçue au cours de trois projets successifs de trois ans soutenus par la DAECT autour de l’installation d’un Système d’Information Géographique (SIG).

Les SIG sont perçus comme un des éléments de la panoplie des outils TIC au service du développement local. Ils permettent la collecte, la structuration et le stockage de l’information localisée, la visualisation cartographique de cette information dans un système de coordonnées géographiques unifié qui permet la superposition et le croisement des informations stockées. Un SIG orienté vers la gestion d’une ville ou d’une communauté territoriale permet de capitaliser, analyser, combiner des données sur les ressources d’un territoire et d’évaluer des conditions sociales, économiques et environnementales. Il permet de produire cartes et documents statistiques destinés à l’aide à la décision et à la cogestion. Des références de plus

215 http://www.ivry94.fr/15666/dianguirde-sur-la-carte.htm

216 CartONG est une Organisation Non Gouvernementale engagée dans la promotion de l'utilisation de

l'information géographique pour améliorer la collecte et l'analyse des données pour l'aide humanitaire d'urgence et le développement de programmes à travers le monde, cf. http://www.cartong.org/fr

217 “Remettre les personnes les plus vulnérables de la Terre sur la carte” est la devise affichée par cette

organisation.

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en plus nombreuses aux démarches territoriales participatives ont conduit à l’émergence d’expérimentations de SIG participatifs (SIGP).

Au niveau des collectivités locales sénégalaises, les SIG restent encore peu développés. La cartographie numérique utilisée essentiellement pour la gestion des services techniques et la planification à l’échelle de l’agglomération dakaroise reste souvent inaccessible pour des collectivités comme celle de Guédiawaye car l’information est peu partagée par ses détenteurs, transmise dans des formats papier ou numériques différents, dans des projections différentes rendant leur utilisation et leur éventuelle diffusion peu commode. En outre, les collectivités locales souffrent d’un manque criant de compétences techniques, de ressources financières et moyens matériels (informatisation des services déficiente) pour assurer un développement optimal d’un SIG.

Mane Fatou Sene219, responsable du SIG pour la ville de Guédiawaye considère que l’un des

acquis de la coopération tient au fait que le bureau SIG (qu’elle est toutefois la seule à occuper) est désormais bien installé. Il travaille avec l’ensemble des autres services de la collectivité et a réussi à centraliser les données de l’ensemble de ces services.

Les villes de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) et de Koungheul (région de Kaffrine – Sénégal)220 entretiennent depuis 1998 des relations de partenariat qui ont permis de mettre en œuvre des projets dans le domaine de l’éducation, la jeunesse, et la promotion féminine.

Fontenay-sous-Bois est, à l’instar d’Ivry-sur-Seine, l’une des villes classées cinq arobases par le Label “Villes Internet” parmi les plus anciennes (depuis 2008). Elle a une action forte et durable notamment sur les politiques de réduction de la “fracture numérique”.

Située en zone rurale à 350 km à l’est de Dakar, dans la région de Kaffrine, la ville de Koungheul quant à elle souffre d’un manque important d’équipements de services publics de base. Comptant 20 000 habitants, elle est le centre-bourg de 135 villages environnants, l’ensemble constituant environ 185 000 habitants. Or, en dépit du fait qu’elle est devenue Préfecture du département depuis 2006, la ville reste sous-dotée en équipements de services de base (santé, éducation, communication, etc.), ce qui nécessite, pour les populations locales, de nombreux déplacements à Tambacounda (150 km), Kaolack (147 km) ou Kaffrine (90 km).

Pourtant, sa localisation stratégique le long de la route nationale fait de la ville de Koungheul un centre important de transits routiers et ferroviaires, et lui donne accès à l’internet haut débit. Avec l’accroissement des usages liées au technologies numériques au Sénégal, et en tout premier lieu les usages du Smartphone, les populations du département de Koungheul commencent à vivre les effets de la transition numérique dans leur vie quotidienne. En août 2009, le 1er Forum pour le développement local de Koungheul, organisé par la municipalité et

qui rassemblait les acteurs locaux dans le cadre d’une large concertation sur les stratégies de développement du département, avait fait part d’une forte demande en matière d’accès aux technologies numériques. S’appuyant sur ce diagnostic partagé et sur l’importante démarche

219 Audition par visioconférence, le 14 juin 2017. 220 Informations extraites de l’atlas de la CNCD.

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participative des populations, la municipalité de Koungheul a souhaité apporter une réponse à cette demande, avec le programme « Koungheul : ville informatique », visant à permettre aux populations, surtout aux élèves, d’avoir accès aux outils numériques de communication, de formation et de recherche et de pouvoir améliorer leurs niveaux d’apprentissage. La ville de Koungheul souhaite à moyen terme être la 1ère ville africaine où l’internet citoyen est gratuit

et accessible à tous.

Dans le cadre de la mise en œuvre de son programme « Koungheul : ville informatique », la municipalité de Koungheul a sollicité la commune de Fontenay-sous-Bois pour favoriser le renforcement de l’équipement du centre multimédia créé en décembre 2010, former des techniciens du centre multimédia aux techniques de maintenance des appareils informatiques, et appuyer la formation à l’utilisation des technologies numériques. La coopération décentralisée constitue donc un des volets de ce programme. Dans ce contexte, les deux villes ont rejoint, en août 2010, le réseau “eAtlas francophone de l’Afrique de l’Ouest”.

3. La coopération décentralisée et les enjeux du développement

durable

La voix de la France en matière de développement durable est particulièrement audible et attendue dans le monde, et ceci en raison d’une part de quelques discours fondateurs221, de

l’organisation française de la COP 21 en 2015, unanimement saluée dans le monde comme une très belle réussite, et enfin des prises de position récentes du Président Emmanuel Macron (“Make our planet great again”) suite au retrait des États-Unis de l’accord de Paris.

Comme le signale Philippe Jahshan, dans un récent avis du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), la politique française de coopération internationale dans le cadre de l’agenda 2030 du développement durable pourrait avoir quelques peines à valider ce nouveau rôle auquel semble prétendre notre pays :

“Sa coopération est-elle aujourd’hui bien adaptée à ce nouveau paradigme ?

Si elle a modernisé sa politique (...) la coopération française pour le développement n’en reste pas moins marquée par diverses faiblesses liées à son architecture institutionnelle complexe, au volume et à la structure de son financement, ou encore à la faiblesse de son partenariat avec sa société civile et de son appui à cette dernière. Mais enfin et surtout, c’est l’érosion d’un consensus politique fort considérant la coopération au développement comme un axe majeur de la politique internationale de la France qui semble être caractéristique de notre pays ces dernières années. Aussi, elle a beaucoup à faire, en particulier sur le plan financier, pour se montrer convaincante et être en mesure de faire exemple”222.

La coopération décentralisée s’efforce, en partie et à son niveau, de répondre à certains des défis que l’avis du CESE a identifiés. En particulier, elle est un levier éminemment important

221 “Notre maison brûle et nous regardons ailleurs” est une phrase du discours que prononça Jacques Chirac, président

de la République, en ouverture de l'Assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre, le 2 septembre 2002 à

Johannesburg.

222 Philippe Jahshan, la politique française de coopération internationale dans le cadre de l’agenda 2030 du

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pour mobiliser les sociétés civiles, que ce soit côté français ou dans les pays étrangers. Moins visible que la coopération nationale, la coopération décentralisée sur les questions touchant au développement durable, par son volume et sa diversité, représente un levier d’actions tout à fait significatif notamment en termes de mobilisation sociale. La médiation qui passe par les élus locaux est sans doute l’une de celle qui répond le mieux aux préoccupations des populations dans leur vie quotidienne. Dans plusieurs pays toutefois, le dialogue entre élus locaux des collectivités ne suffit pas car les élus locaux n’ont pas les mêmes moyens d’actions ni parfois la même légitimité que leurs homologues français. Le recours à la société civile, particulièrement aux Organisations Non Gouvernementales est dans ces cas une solution complémentaire qu’il faut savoir mobiliser… Elles sont également nombreuses à être parties prenantes dans la coopération décentralisée française.

3.1. L’atlas de la CNCD

L’atlas de la Commission Nationale de la Coopération Décentralisée recense 13 437 projets de coopération, toutes thématiques confondues. Deux grandes thématiques de la coopération décentralisée renvoient au développement durable :

- Environnement, Climat, Energie, - Economie durable.

Au total, ce sont 2 501 projets qui sont recensés sous ces deux thématiques, 895 en “environnement, climat, énergie” et 1 606 en “économie durable”. Ces deux catégories représentent donc à peu près 19 % de l’ensemble des projets. En fait, la catégorie qui correspond à la coopération en matière numérique n’est qu’une sous-catégorie de la catégorie “économie durable”.

Cinq pays se détachent particulièrement en raison du grand nombre de projets qui les lient avec des collectivités françaises, ce sont tous des pays francophones d’Afrique ou de l’Océan indien : le Sénégal (222 projets), le Mali (202), le Burkina Faso (194), le Maroc (133) et Madagascar (122).

Rapportés aux sous-continents, les recensements de projets effectués dans l’atlas de la CNCD montrent la très forte focalisation sur l’Afrique Occidentale (843 projets) et sur les pays de l’Union Européenne (410 projets). A elles deux, ces régions du monde représentent 50 % de la totalité des projets recensés par l’Atlas. Si on y rajoute l’Afrique du Nord, ces trois régions totalisent près de 60 % de l’ensemble des projets.

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Recensements de projets effectués dans l’atlas de la CNCD

3.2. Exemple de la coopération entre des lycées professionnels de Grenoble et Ouagadougou sur la question de l’énergie223

Les Villes de Grenoble et de Ouagadougou sont partenaires depuis 1999. Autour de ce partenariat, s’en en greffé un second, entre la Ville de Grenoble et la Fondation Schneider Electric avec pour volonté commune de faciliter les initiatives visant à permettre l’accès à l’énergie au plus grand nombre dans le cadre de la coopération Grenoble/Ouagadougou. Depuis 2008, dans le cadre du programme Access to Energy – Training, Schneider Electric accompagne le Lycée Professionnel Régional du Centre (LPRC) de Ouagadougou, pour la formation et l’insertion professionnelle de jeunes Burkinabés défavorisés, en partenariat avec la Ville de Grenoble. Ce projet fait partie intégrante des programmes d'action 2013-2015 puis 2016-2018.

La première convention spécifique du projet couvre la période 2014-2016 et rassemble un nombre important d'acteurs : les villes partenaires, Schneider et sa filiale en Afrique de l'Ouest, la Fondation de France, le LPRC, l'association Grenoble Gounghin. Le projet mené

223 Informations extraites de l’Atlas de la CNCD.

Afrique Occidentale Union Européenne Afrique du Nord Océan Indien

Asie du Sud Est Proche et Moyen

Orient Amérique du

Nord

Amérique du Sud

Extrême OrientAfrique Centrale

Europe Centrale

et Orientale Caraïbes

Afrique Orientale

Asie Méridionnale Afrique Australe

Europe de l'Ouest

Amérique Centrale

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