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La présence française dans les projets de « villes intelligentes » à l’étranger

Choix politiques et stratégiques

4. Quid du ou des modèle(s) français ?

4.2. La présence française dans les projets de « villes intelligentes » à l’étranger

Elle est évidemment éparpillée entre plusieurs grands projets, plusieurs grands sites. Il ne s’agit pas ici d’en dresser une cartographie exhaustive et raisonnée, mais plutôt d’évoquer quelques exemples qui nous ont parus particulièrement intéressants. Pour la plupart de ces cas, il n’est pas réellement question de “villes intelligentes”, il est parfois question de “démonstrateurs numériques”, de la mise en œuvre de tels ou tels types de dispositifs, d’économie numérique ou de start-up…

Nous avons rassemblé ces exemples dans la mesure où ils participent pleinement de la valorisation de savoir-faire français et devront être mobilisés, d’une manière ou d’une autre (certaines modalités pouvant être inventées “en chemin”) pour participer à la mise en œuvre du “modèle français de la ville intelligente” et ceci en partage avec des partenaires étrangers. S’appuyer sur ces réalisations et présences françaises est donc tout à fait important.

A Singapour, l’entreprise française Dassault System (avec sa plateforme “3D Experience”,

cheffe de file mondiale pour les logiciels de création 3D, de maquettes numériques en 3D et de solutions de gestion du cycle de vie des produits), va participer à la production d’un double numérique en trois dimensions de la Cité-État :

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“ Singapour aura bientôt sa sœur jumelle virtuelle en 3D. Une telle représentation peut être utile, à condition d’y faire figurer suffisamment d’informations. C’est ce que prétend Virtual Singapore, fruit d’une association entre les bureaux du premier ministre de cette ville-État et Dassault Systèmes. Tout y sera compté et enregistré : depuis la surface au sol de chaque immeuble au point de vue de chaque appartement jusqu’au moindre arbre. Un tel outil permettra de déterminer le nombre de contraventions correspondant à chaque place de parking. Il est même possible de modéliser par où évacuer les gens en cas de catastrophe ou d’attentat. L’objectif est de « repenser la ville » et, bien sûr, de vendre la plate-forme à autant de villes chinoises en construction que possible”186

Ubi Soft, le géant français du jeu électronique, lorsqu’il a choisi de s’installer à Montréal, a

été l’un des acteurs-clés de la réussite de la “Cité du multimédia” de la fin des années 1990. “Bienvenue chez Ubisoft Montréal. Nous sommes le plus grand studio de développement de jeux au monde, avec plus de 3 000 employés. Depuis 1997, nous avons créé des personnages emblématiques tels qu’Ezio Auditore, Aiden Pearce et Jason Brody”187.

A certains égards, Ubisoft a participé au “sauvetage” de la grande ville québécoise en confirmant sa spécialisation sur une économie “numérique” :

“ En 1985, rares étaient les villes nord-américaines où le « catastrophisme » était plus développé qu’à Montréal. Après trente ans de désindustrialisation et de stagnation démographique, la situation économique, sociale et culturelle de la ville s’était à ce point dégradée que l’on en parlait comme de la « capitale canadienne de la pauvreté ». Vingt ans plus tard, le tableau s’est renversé. (...) En quelques années, Montréal est devenue l’une des principales agglomérations technoscientifiques d’Amérique du Nord ”

expliquaient Guillaume Côté et Daniel Latouche, dans un article paru en 2003188. Ce

renversement avait notamment pu se faire grâce à l’établissement de plusieurs districts technologiques intra-urbains : la Cité du multimédia (1998), la Cité de la biotechnologie, celle du commerce électronique (2000), la technopole Angus…

De fait, la “Cité du multimédia” a permis à la ville québécoise d’exister dans la géopolitique “techno-numérique” (l’expression est des deux auteurs québécois) des villes américaines. Elle se trouve aujourd’hui prolongé par la “Cité de l’innovation”.

Eiffage à Astana (Kazakhstan) et à Libreville (Gabon) : la réalisation d’un démonstrateur

numérique de ville durable.

Le projet développé pour Astana, la capitale kazakhe, a été intitulé “Astanaible”. Il est réalisé dans le cadre d’un FASEP lancé par le MAEE et le MINEFI. Il consiste à réaliser un double virtuel de la ville. Utilisant la technique des jeux vidéo, il s’agit d’une modélisation pensée pour

186 Francis Pisani, Villes innovantes : Singapour crée sa jumelle virtuelle, Blog Citynnovation, un blog de la

Rédaction Le Monde, 22 janvier 2016.

187 Proclame le site officiel : https://www.ubisoft.com/fr-FR/studio/montreal.aspx

188 Guillaume Côté et Daniel Latouche, Montréal dans l’espace technonumérique américain, Revue Mappemonde,

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tester des solutions pour les transports. Fort du succès de cette plateforme, Eiffage réitère pour la ville de Libreville, capitale du Gabon.

“Au travers de ces différentes expériences Eiffage a ainsi pu affiner sa signature de la ville durable et propose désormais une offre de démonstrateur urbain durable déposé : Urbainable®. Cette nouvelle offre contribue à faire rayonner le savoir-faire d’Eiffage à l’international en matière de démonstrateur numérique de ville durable et à promouvoir une approche transversale et systémique pour pouvoir répondre de manière innovante à l'ensemble des enjeux d'aménagement des villes”189.

La coopération entre Paris et Mexico porte sur l’installation, au cœur des services de la

ville de Mexico, d’un “laboratorio para la Ciudad”. Pour la Municipalité de Mexico, ce dispositif est conçu pour répondre à la défiance que les habitants de la ville nourrissent vis-à-vis de la classe politique. Il ne s’agit pas d’un problème marginal. Lors de l’enquête que nous avons réalisée à Mexico au début de novembre 2017, ce problème est revenu quasi systématiquement, dans les entretiens avec le Numa/Mexico comme avec ceux réalisés auprès des responsables du Laboratorio ou des acteurs de la société civile qui ont par exemple été mobilisés suite au séisme qu’a subi la ville et à l’occasion duquel l’inefficacité du gouvernement municipal a maintes fois été critiqué. Dès lors, cette nouvelle structure a pour mission explicite de renouer sous des formes nouvelles le dialogue avec les habitants/citoyens. Ce laboratorio a été conçu comme un incubateur d’idées rattaché à la ville et dédié au renouveau des politiques publiques et au rapprochement entre citoyens et autorités locales. Il correspond aux “laboratoires urbains” qui existent à Lyon (Erasme) ou à Toulouse (Laboratoire des usages) et doit stimuler la participation citoyenne, l’imagination et la création collective. Il repose en particulier sur la mise en chantier, dans les quartiers de la ville, de “budgets participatifs”. Côté parisien, les structures impliquées sont l’Agence parisienne d’attractivité et d’expérimentation urbaine, Paris&Co, la mission ville intelligente et durable, l’APUR (Agence Parisienne d’Urbanisme) et l’agence de la mobilité de la DVD (Direction de la Voirie et des déplacements).

Le réseau international de la “French Tech” : le “French Tech Hub”

Suite au succès de la “French Tech” en France, et de façon très spécifique dans les Métropoles, le “French Tech Hub” est la projection à l’étranger de ce principe qui consiste à organiser un “écosystème” territorial des acteurs français de l’économie numérique, en particulier les “start-uppers” du numérique. De même que sur le territoire français, ces “Hubs” sont labellisés par l’État. Ils constituent des têtes de ponts à l’étranger des acteurs de la French Tech qui pourraient avoir un rôle éminent dans des projets de coopération décentralisées, non seulement avec les grandes villes dans lesquelles ils sont implantés, mais aussi dans les autres villes de ces pays.

Actuellement, il en existe 22 : New York, Israël, Tokyo, San Francisco, Montréal, Cape Town, Hong Kong, Moscou, Barcelone, Londres, Abidjan, et Séoul, Berlin, Dubaï, Los Angeles, Milan, Pékin, São Paulo, Shanghai, Shenzhen, Taiwan et Vietnam.

189 http://www.developpementdurable.eiffage.com/fr/preparer-l-avenir/astainable-demonstrateur-numerique-

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4.3. La présence d’acteurs étrangers dans les expérimentations françaises

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