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Dans le cadre de la mission confiée à Akim Oural par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, pour explorer les pistes de promotion d’un modèle Français de ville intelligente partagée, une consultation nationale a été menée pendant trois mois (sur une plateforme Consultvox). Fidèle à la volonté d’élaborer un rapport ouvert et contributif, cette consultation inédite a été mise en place à travers une plateforme numérique de contributions, permettant au plus grand nombre d’apporter leur vision et de la confronter aux opinions d’autres acteurs de la ville intelligente, citoyens, experts, universitaires, élus...

Cet appel à contribution a pour objectif l’échange entre les acteurs de la ville intelligente en France et l’émergence des lignes directrices structurantes d’un modèle français et des propositions concrètes pour fortifier ce modèle. La richesse de ces apports a servi de base de travail pour asseoir les préconisations du rapport.

La plateforme de contributions a été ouverte à tous les types d’acteurs. Acteurs économiques, experts académiques et néophytes pouvaient se rencontrer et se commenter en évitant une logique de silos, si décriée dans la construction de la ville intelligente.

La plateforme fournit six entrées aux contributeurs, chacune d’elles mettant en exergue un enjeu de la ville intelligente sous forme de questions ouvertes. Le choix a été fait de ne pas trop circonscrire le champ des questions afin de laisser de la liberté dans les échanges et de laisser émerger l’inattendu dans les contributions.

Pour aiguiller les contributeurs sur les enjeux, les visiteurs de la plateforme ont en soutien des extraits du rapport et des citations soulignant des aspects caractéristiques, représentatifs de certaines problématiques et stimulant réactions et controverses. Un système de notations exclusivement positif est également à la disposition des contributeurs et fait émerger les idées et propositions qui semblent les plus pertinentes à leurs yeux. Des contributions plus conséquentes peuvent également être envoyées par courrier électronique. Celles déjà reçues ont été analysées pour élaborer les préconisations et seront publiées lors de la prochaine édition du rapport.

L’analyse des contributions fait ressortir les éléments partagés de façon récurrente par les contributeurs et met en exergue les attentes et les conceptions d’un modèle français de ville intelligente. Le bilan qui suit ne constitue pas un résumé exhaustif des contributions mais reprend les grands enjeux relevés par les contributeurs.

Cette consultation a vocation à se poursuivre dans le temps. Ce bilan n’est qu’une analyse intermédiaire et ponctuelle des contributions.

Les opinions exprimées dans les contributions n’engagent que leurs auteurs. Nous les remercions des contributions émises sur la plateforme Consultvox.

Des contributions plus conséquentes peuvent également être envoyées par courrier électronique. Celles déjà reçues seront publiées lors de la prochaine édition du rapport. Nous remercions l’AVITEM (Agence des Villes et Territoires Méditerranéens Durables), la ville de Marseille, France urbaine et Monsieur Bienaymé.

ANALYSE SYNTHETIQUE DES CONTRIBUTIONS REÇUES SUR LA PLATEFORME

Plusieurs enjeux apparaissent dans l’analyse détaillée des contributions. Voici leur synthèse :

1. L’ACTEUR PUBLIC COMME FACILITATEUR ET CONCILIATEUR MAIS PAS « FAISEUR »

L’acteur public doit faciliter les initiatives privées en définissant un cadre clair et précis mais garder son rôle d’autorité organisatrice. Il est le mieux à même d’impulser des projets en proposant des plateformes expérimentales, collaboratives et en créant des écosystèmes favorables par des labellisations et la mise en réseaux, par exemple de tiers-lieux et fablabs. De même, il est l’acteur pertinent pour concilier les temporalités entre les temps politique et technologique, entre ceux de l’usager et des politiques publiques et développer des partenariats transversaux. L’acteur public est le garant d’une approche holistique d’une vision intégrée de la ville intelligente.

« Les entreprises ne peuvent se substituer à la puissance publique dans l'organisation de la vie en société et la représentation des volontés des habitants. »

« Pour qu'une ville puisse être pleinement ville, c'est à dire lieu de libre échange, de fertilisations croisées, d'invention de l'impensé, il est indispensable que sa gouvernance, sa gestion des communs, soit totalement libre et publique. De fait, la ville est la matérialisation d'un projet de société, elle renvoie à la dimension physique, matérielle, charnelle, du ou des individus. L'intelligence de la ville est dans sa capacité à permettre le vivre ensemble, sa capacité à faire société. »

2. L’ACTEUR PUBLIC COMME GARANT DE LA SECURITE ET DE L’INCLUSION DIGITALE DE TOUS

L’acteur public doit être le garant de la sécurité de données des citoyens et des mécanismes technologiques mis en place dans la construction de la ville intelligente. La question de la cyber sécurité doit être considérée dès la conception en intégrant dans ses actions de ville intelligente le concept de security by design.

L’acteur public doit veiller à ce que tous les citoyens s’approprient les nouvelles technologies et travailler à simplifier l’accès du citoyen aux services qui seraient d'ailleurs co-créés avec lui.

La médiation numérique doit être considérée comme une politique publique centrale afin de ne pas exclure certaines franges de population dans la gestion et la construction des villes. L’accès aux données publiques brutes n’est pas suffisant en lui-même et doit être accompagné par une aide à l’interprétation, afin que chacun puisse comprendre réellement l’impact de tel ou tel facteur.

Le modèle français se déclinerait également par une méthodologie innovante pour passer d'un modèle intégré très urbain à un modèle plus décentralisé basé sur la coopération et la mutualisation des ressources disponibles sur un territoire plus vaste que la ville : une des composantes du modèle français serait un mécanisme pour inclure les territoires ruraux dans la transformation numérique.

« Le souci de la protection de la vie privée dans la complexité de l’hyper-connectivité et de l'avènement de l'Internet des Objets doit être un fer de lance de la fabrique française. »

« L'adhésion aux services proposés par la ville intelligente nécessite de la part des usagers une garantie de confiance dans la protection de leurs données (transport, stockage, manipulation/utilisation, rétention...) »

3. L’ACTEUR PUBLIC COMME STRATEGE DE LA DONNEE

L’acteur public doit maîtriser les données produites, le choix des technologies utilisées pour privilégier la mutualisation et l’interopérabilité. La spécificité française pourrait se matérialiser par une uniformisation de certains services numériques en lien avec la circulation, la gestion des places de stationnement, la vétusté de certains équipements…, tout cela à travers des standards communs de description des données. Au-delà de la réflexion sur les données ouvertes il faut spécialement penser les données d’intérêt général, la transparence des algorithmes. Les structures de mutualisation numérique de type syndicats mixtes peuvent jouer un rôle de régie locale de données publiques.

« Les expérimentations de « smart city » en cours doivent faire réfléchir aux enjeux économiques, juridiques, éthiques, politiques et démocratiques. Elles doivent servir à construire ces stratégies publiques de la donnée. »

4. LES FACTEURS CLES D’UNE PARTICIPATION CITOYENNE REUSSIE

Les outils numériques peuvent constituer une belle opportunité pour dynamiser la démocratie participative. Cependant, les outils numériques seuls et la simple existence de lieux de cocréation ne suffisent pas. L’animation et la mise en réseau sont des facteurs clés de réussite. Des délégués numériques de quartier pourraient se charger d’animer et d’informer les citoyens à un échelon local des enjeux de la société d’information et communication et des possibilités concrètes d’action. Il faut également être davantage transparent sur le niveau de participation réellement mise en place lors des concertations citoyennes pour éviter la frustration et la méfiance du citoyen. L’échelon local revient régulièrement comme le plus

pertinent pour répondre à de réels besoins et pour bâtir une démocratie participative ou liquide efficace. La capitalisation du pilotage des dynamiques de co-construction pour faire de celle-ci des leviers de réduction des fragilités et d’invention de nouveaux moteurs de croissance et d'emplois devrait être systématisée. L’enseignement devrait trouver sa place dans la construction de la ville intelligente. Les enfants et étudiants devraient être inclus aux coopérations internationales dans le domaine des villes intelligentes.

« Dans un premier temps, chaque Ville doit travailler à devenir une « Smart City » avec la volonté de structurer sa démarche d'abord en interne afin d'infuser sa philosophie et de convaincre élus et agents. »

Au sein de chaque entrée, des questions annexes sont posées aux visiteurs pour ouvrir le débat sans restreindre le champ de réponse. Voici quelques exemples :

- Qu’attendent les acteurs économiques français de l’Etat et des collectivités locales en matière d’exportation à l’international du savoir-faire français dans les domaines de la ville intelligente ? Par exemple de davantage de droit à l’expérimentation en France pour créer plus facilement des démonstrateurs opérationnels sur le territoire national ?

- En quoi le savoir-faire des entreprises françaises diffère-t-il de celui des entreprises étrangères dans la construction de la Ville Intelligente ? Est-ce dû à une plus grande place réservée à la responsabilité sociétale dans les projets menés ?

- Quelle nouvelle gouvernance entre acteurs privés dans un contexte de traitement mutualisé et unifié des différents réseaux (électricité, eau, mobilité, éclairage…) et à l’ère de la désintermédiation entrainée par la technologie blockchain ?

- Pour les coopérations internationales de ville à ville sur un projet numérique, l'implication des élus, la formation des agents concernés, la promotion des acteurs économiques et la bonne échelle territoriale sont à étudier. Qu'en pensez-vous ? - En tant qu’élu(e) ou technicien(ne) de la fonction publique comment imaginez-vous une stratégie publique locale de la donnée dans vos expérimentations / stratégies de Smart City ? L’avez-vous déjà mise en place ? Qu'en est-il des possibilités

de mutualisation et d'interopérabilité des données entre collectivités ?

- Quelle est la place de l’acteur public dans la construction française de la ville intelligente, durable et solidaire et ses relations avec les nouveaux entrants ? - Quelles sont ou pourraient être les spécificités du modèle français de Villes Intelligentes ?

Annexe 2

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