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LA POLITIQUE BUDGETAIRE KEYNESIENNE :

SECTION II.1 : QUESTIONS SUR LA POLITIQUE BUDGETAIRE BUDGETAIRE

2. LA POLITIQUE BUDGETAIRE KEYNESIENNE :

La position d’inspiration keynésienne soutient qu’une action budgétaire volontariste est susceptible de stimuler l’activité économique d’un pays. Par exemple, lorsqu’un Etat est confronté à une situation de sous-emploi, il peut, par le jeu d’un effet multiplicateur, soutenir la demande en augmentant ses dépenses qu’il finance par emprunt. Par ailleurs, les titres nationaux sont rendu plus intéressants par la hausse du taux d’intérêt national qui en découle. Ce qui va d’un côté, attirer des capitaux étrangers et de l’autre, conduire les résidents détenteurs de titres étrangers à les revendre et à acheter des titres nationaux. Cette entrée de devises peut, cependant, occasionner une appréciation de la monnaie nationale. C’est pourquoi l’Etat doit intervenir non seulement sur le marché des changes pour assurer l’équilibre extérieur mais aussi dans la gestion des taux d’intérêt comme élément intéressant de favoriser la croissance. Bref, à l’opposé de la fameuse « main invisible » d’A. Smith, la vision keynésienne milite en faveur d’une « main visible et active » de l’Etat.133

La dépense gouvernementale (G) est une des composantes de la demande de biens et de services, soit dans une économie fermée :134

Y = C + I + G Avec C désignant la consommation et I l'investissement.

La politique économique keynésienne est une politique visant à accroître la production (Y) et en conséquence l'emploi par une action sur les composantes de la demande. Ainsi, l'accroissement d'une de ces composantes met-il en jeu un effet multiplicateur qui permet d'augmenter Y plus que proportionnellement. La démonstration repose sur la fonction de consommation keynésienne :

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DIALLO Abdourahmane, (2008), « Fondements économiques et faisabilité du projet de création d’une zone monétaire unique en Afrique de l’Ouest », Thèse de doctorat d’économie, Université Lumière Lyon 2. P 149.

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C = c.Y + Co La propension marginale à consommer, définie par c et comprise entre 0 et 1,

illustre ce phénomène (Co représente la consommation incompressible). On peut alors montrer comment fonctionne le multiplicateur budgétaire.

Tableau 2.3 : La politique budgétaire dans un cadre keynésien traditionnel

Absence de mobilité des capitaux Mobilité parfaite des capitaux

Etalon-or -changes fixes -sans stérilisation * Economie non Indexée *Economie indexée inefficace très efficace efficace

Changes fixes - changes

fixes -avec stérilisation efficace Efficace

Changes flexibles

* Economie non indexée

P déflateur de M

* Economie non indexée

P (S) déflateur de M * Economie indexée très efficace Inefficace efficace efficace

Source : Gérard DUTHIL et William MAROIS, (2007), « politiques économiques », ellipses, Paris. P47.

Selon Keynes, les économies contemporaines se caractérisent par une rigidité des prix, ne permettant pas de coordonner l’action des différents agents. L’équilibre de sous-emploi requiert ainsi l’intervention de l’Etat. Il revient alors à la politique économique de réguler la conjoncture en relançant la demande en période de récession et en la diminuant en période de surchauffe.

Politique Budgétaire :

Variation de la dépense --- -> Variation du --- > Variation de

gouvernementale (1) revenu l'emploi

(1) multiplicateur keynésien Politique monétaire :

(1) (2) (3)

Variation de la --> Variation du —> Variation de —> Variation -> Variation masse monétaire taux d'intérêt l'investissement du revenu de l'emploi

(1) Aléa: Trappe à liquidité, c'est-à-dire élasticité infinie de la demande de monnaie par rapport au taux d'intérêt ;

(2) Aléa: Inélasticité de l'investissement par rapport au taux d'intérêt; (3) Multiplicateur keynésien.

Source : Gérard DUTHIL et William MAROIS, (2007), « politiques économiques », ellipses, Paris. P36

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La régulation de la conjoncture peut s’effectuer au moyen de différents instruments. La politique budgétaire a longtemps été l’instrument privilégié : une relance des dépenses publiques permet d’accroître la demande effective, ce qui conduit sous l’hypothèse de prix fixes, à un accroissement de la production et de l’emploi. En économie fermée, le multiplicateur budgétaire (sans fiscalité, t = 0) équivaut à 1/ (1-c). Il est d’autant plus fort que la propension marginale à consommer est élevée

Si les keynésiens accordent une place de choix à la politique économique conjoncturelle, ils insistent néanmoins sur son efficacité conditionnelle, notamment dans un contexte d’ouverture sur l’extérieur. 135

2.1. L'analyse keynésienne :136

L'approche keynésienne, dont une version simple est le modèle 1S-LM, pose pour principales hypothèses la rigidité des prix à court terme et la forte élasticité de l'offre. L'équilibre macroéconomique dans ces conditions, est déterminé par le niveau de la demande agrégée et non pas par le jeu des prix. On suppose en outre un certain degré de myopie des ménages : la consommation est principalement fonction de leur revenu courant. Dans ces conditions, un choc de demande positif se transmet à l'économie avec un effet multiplicateur keynésien égal à l'inverse de la propension des ménages à épargner. Dès lors que l'on introduit une demande d'investissement des entreprises, fonction décroissante du taux d'intérêt et que l'on suppose que la banque centrale contrôle l'offre de monnaie ou pilote l'évolution du taux d'intérêt, un effet d'éviction apparaît : une expansion budgétaire financée par emprunt conduit à une hausse du taux d'intérêt qui pénalise la demande d'investissement et affaiblit l'impact de l'expansion sur la demande agrégée et le revenu : le multiplicateur est toujours positif, mais plus faible qu'auparavant car la demande privée est partiellement évincée par la demande publique. Les hypothèses keynésiennes peuvent être représentées dans le cadre du modèle « offre agrégée, demande agrégée », sous la forme d'une courbe d'offre très élastique au niveau général des prix, Les producteurs peuvent faire varier leur offre à la hausse ou à la baisse sans impact majeur sur le prix, parce que les prix sont rigides à court terme et qu'il existe des marges de capacités inemployées. La courbe de demande agrégée est décroissante en raison

135 DIEMER, « ECONOMIE GENERALE, LES MOTEURS DE LA CROISSANCE, LA POLITIQUE ECONOMIQUE DE L’ETAT », IUFM AUVERGNE ECONOMIE – GESTION, P386

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Agnès Bénassy Quéré, benoit coeuré, pierre jacquet, jean Pisani Ferry, (2004) « politique économique », de Boeck, France, p 158.

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de l'impact négatif de l'inflation sur la demande de biens et de services, par effet de richesse ou via la hausse endogène du taux d'intérêt. Une relance budgétaire (par hausse des dépenses ou baisse des prélèvements) se traduit par un déplacement vers la droite de cette courbe de demande, ce qui élève la production sans impact majeur sur le niveau des prix (déplacement de E l vers E 2).

Figure 2.9: effet d’une politique budgétaire expansionniste selon la théorie keynésienne

SOURCE: Agnès Bénassy Quéré, benoit coeuré, pierre jacquet, jean Pisani Ferry, (2004) « politique économique », de Boeck, France, p 159.

Un effet multiplicateur maximal est produit par l’expansion budgétaire financée par monétisation parce que la création de monnaie empêche la hausse du taux d'intérêt mais avec à terme un risque d'inflation accru. Lorsque la banque centrale est indépendante, raisonner sur la seule politique budgétaire en prenant la politique monétaire comme donnée est également insuffisant car la banque centrale se doit de réagir à tout impact sur les prix.

2.2. Comment les keynésiens conçoivent-ils le financement de la politique budgétaire ?:137 Les pouvoirs publics sont à même de soutenir la demande des agents lorsqu’elle est déprimée et de la freiner dans l’approche keynésienne. En cas de sous-emploi, l’Etat se doit de mener une politique de relance afin d’augmenter la demande effective. Contrairement à la logique néoclassique les différentes interventions de l’Etat sont perçues à travers les effets de demande. Ces effets de demande sont captés via le multiplicateur keynésien dans une optique de rigidité des prix ou encore de flexibilité des prix.

En période de récession l’activité économique est relancée grâce à l’Etat qui augmente ses

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dépenses publiques. Mais entraîne un déficit budgétaire (amplifié par le fait que les recettes fiscales sont déjà plus faibles en basse conjoncture). Celui-ci devra être financé par une ponction sur des réserves budgétaires ou par un recours à l’emprunt.

Au contraire, en période d’expansion l’Etat doit arrêter sa politique interventionniste et réduire ses dépenses publiques pour freiner l’activité économique. Combiné à la hausse des recettes fiscales en haute conjoncture, cette baisse des dépenses publiques entraîne un excédent budgétaire. Celui-ci servira à rembourser des dettes ou à reconstruire les réserves budgétaires. Remarque :

 La politique budgétaire qui passe par le maniement des impôts est encore appelée politique fiscale.

 Comme les politiques budgétaires conjoncturelles menées agissent en contre-sens des fluctuations du cycle conjoncturel et permettent d’atténuer les fluctuations cycliques, elles sont qualifiées d’anticycliques.

Figure 2.10 : cycle intervention étatique de la politique budgétaire

Source : Economie politique actuelle - Chapitre 7 Conjoncture, budget et politique budgétaire,

L’un des grands principes macroéconomiques est que la politique budgétaire peut servir à stimuler la demande globale et à relancer une économie stagnante. Cette conception keynésienne de l’activisme contra cyclique est bien enseignée dans les ouvrages d’initiation en économie. L’explication du rôle expansionniste de la politique budgétaire s’appuie généralement sur modèle IS-LM qui ressort clairement l’effet multiplicateur suscité par une

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augmentation des dépenses publiques ou une baisse des impôts. Sous ce schéma keynésien s’opposent deux modes d’intervention de l’Etat pour réguler l’activité économique. Ceux-ci passent par des mesures discrétionnaires ou par la mise sur pied de stabilisateurs automatiques.

L’approche keynésienne de la politique budgétaire est que cette dernière ne prend pas en compte dans son analyse des phénomènes d’anticipation, d’inter temporalité c’est là la principale critique adressée à cette approche. Ainsi, une politique budgétaire expansionniste ne permet pas toujours de sortir une économie d’une récession en particulier lorsque la dette publique est élevée et insoutenable. Dans ce cas, les anticipations des agents économiques font qu’une augmentation du déficit entraine une baisse de l’investissement et de la consommation annulant ainsi l’effet de la hausse des dépenses ou de l’allègement fiscal.138