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Type II : les bourgs et bourgades se distinguant des villes précédentes par l’absence

1.5. Nouveaux corpus et projets

1.6.1. Le plaidoyer terminologique de F. Favory

Dans un article polémique sur La dure condition des agglomérations secondaires, F. Favory souligne l’avancée des recherches en montrant qu’en 1980 les agglomérations n’apparaissaient pas dans le dispositif traditionnel de l’habitat rural (Favory 2012 : 40) au point qu’en 1988, A. Ferdière, dans son ouvrage sur Les campagnes de la Gaule romaine, nie le rôle agricole des habitats groupés (Ferdière 1988 : 291). Si l’auteur déplore que l’appellation « agglomération » a tendance à faire référence à la ville, condamnant à l’oubli les sites plus ruraux comme les bourgs, bourgades, villages et hameaux, il affirme sa préférence pour ce terme face à celui de vicus qu’il juge spécifique à la culture juridico-politique romaine. Il fustige au passage la revendication abusive selon lui du terme « village » par les médiévistes (Favory 2012 : 40-42). Il regrette de même que le qualificatif de « secondaire » ne permette pas de différencier les multiples formes mais uniquement de placer le groupe sous la juridiction du chef-lieu. Sans revenir sur les discussions et les typologies antérieures, l’auteur justifie la nécessité de caractériser les composants du réseau de peuplement (habitat groupé et habitat rural) notamment par une description qualitative et quantitative, et de nommer chacun des éléments (ibid. : 41). Pour F. Favory, la catégorisation est nécessaire en archéologie spatiale pour cerner et mesurer le comportement de chaque classe et son articulation avec l’environnement, le réseau de peuplement et le réseau viaire. Cette remarque l’amène à dénoncer les études qui veulent doter la villa de son finage en ignorant celui des agglomérations (id.). Il met ensuite en avant les réflexions de P. Leveau en prônant la prise en compte de la coévolution de l’habitat rural et de l’habitat groupé dans un système intégré. Revenant sur le lexique employé par les chercheurs, il réaffirme son opposition à l’emploi du mot vicus et met en garde contre les auteurs classiquement cités : Festus et Isidore de Séville. Il se justifie en interrogeant le lecteur, pour Isidore, sur la période considérée et rappelle qu’il s’agit d’un auteur des VIe-VIIe siècles (ibid. : 42). L’étude des lois et textes faisant mention de vici montre, d’après F. Favory, qu’il s’agit de structures établies par l’autorité romaine, en des lieux précis, pour une population précise, ce qui est confirmé par la cartographie desdits vici. Il évacue encore plus rapidement le terme de

conciliabulum qu’il note anachronique pour le Haut-Empire. Le sort de ce type de structure a

été scellé à la fin de la République (voir supra ; id.). Pour terminer sa réflexion, l’auteur, qui ne rejette pas totalement l’emploi des termes latins, demande cependant une utilisation

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respectueuse de leur signification antique et donc de réserver le terme de vicus aux vici avérés. Pour lui, la diversité recouverte par le terme d’agglomération peut très facilement être exprimée (et comprise de tous) par le vocabulaire de la géographie actuelle, qui a défini tous les stades de groupement (dans l’ordre) : hameau, village, bourg (ibid. : 43).

1.6.2. 2012, l’année des agglomérations : la publication de l’HDR de P. Garmy

En 2009, P. Garmy soutient une Habilitation à Diriger les Recherches dont il publie le mémoire inédit en 2012 chez Errance sous le titre : Villes, réseaux et systèmes de villes.

Contribution de l’archéologie. Le discours de l’auteur ne concerne pas que la question des

agglomérations puisqu’il aborde dans une première partie l’ensemble de l’archéologie de la ville et de l’espace urbain. La seconde partie insiste sur l’importance de l’analyse de la ville en réseaux et en systèmes à travers trois études de cas menées antérieurement par l’auteur et qui intègrent largement des agglomérations antiques. Dès l’introduction, l’auteur rappelle son opposition aux typologies urbaines préconçues mettant en avant des « presque villes », des « agglomérations semi-urbaines », des « agglomérations rurales », des bourgs, des villages (Garmy 2012b : 11, 20) et réaffirme que la ville est un objet complexe, multiforme et polysémique (ibid. : 15). Selon lui, les typologies réduisent « la réalité urbaine des agglomérations à une fonction unique » (ibid. : 194). L’auteur revient ensuite longuement sur vingt ans d’archéologie urbaine en France, qu’il s’agisse d’archéologie en milieu urbain ou de la prise en compte des formes d’urbanisme en archéologie avec la création du CNAU (Centre Nationale d’Archéologie Urbaine) et des différentes programmations du CSRA puis du CNRA (ibid. : 37-179). Il retrace la place et les appellations des agglomérations antiques au sein des différentes programmations (ibid. : 68). Ainsi en 1984, « il n’y a de ville que dans les chefs-lieux de cités, tout le reste appartient au monde rural » (ibid. : 69). En 1989, le programme H12 est intitulé Fonctions et typologies des agglomérations secondaires

gallo-romaines mais les agglomérations peuvent également se retrouver dans le programme H15

dès qu’elles sont considérées comme religieuses, ou en H6 s’il s’agit de mutationes et

stationes (ibid. : 72-73). Si les directives d’études régionales sont bien mises en œuvre comme

il a été montré précédemment avec les différentes publications d’atlas, P. Garmy s’étonne d’une des conclusions du bilan du programme qui retranche des agglomérations secondaires, « caractérisées par leur ruralité », tous les cas présentant un caractère urbain (ibid. : 75). La dernière programmation, mise en place en 1999, regroupe chef-lieu et agglomération dans la même rubrique : Le fait urbain. Dans la seconde partie de l’ouvrage l’auteur s’appuie sur la géographie actuelle pour définir l’expression de « réseau ». Il y aurait, d’après D. Pumain,

89 deux réseaux : le filet qui couvre le territoire, l’encadre et le dessert (synonyme de maillage et armature) et le réseau dimensionnant qui donne la taille et l’espacement des villes (ibid. : 184). L’auteur s’interroge cependant sur l’équivalence des termes de réseau et de maillage. Pour répondre, il retrace l’utilisation de ces termes dans la géographie et constate que longtemps les deux ont été interchangeables pour décrire le semis spatial des villes (ibid. : 184-185). Si « réseau urbain » domine dans les années 1950, il est ensuite, en raison de son utilisation dans les milieux politiques, remplacé par celui d’armature urbaine. À partir des années 1960, c’est le « système urbain » qui semble s’imposer et conduit à un enrichissement des réflexions qui intègrent alors la dynamique des villes et l’ensemble des interactions. Il faut compléter cette approche par la prise en compte de la chronologie, de la genèse, des changements temporels et du devenir des villes (ibid. : 185). L’auteur poursuit son discours sur les modèles après avoir défini ce qu’est un modèle. Il présente la théorie des lieux centraux et le modèle gravitaire (ibid. : 185-192). Pour sortir de la typologie, l’auteur prône l’étude systémique et raisonne sur la définition de descripteurs susceptibles d’être mobilisés pour les villes antiques afin de définir la hiérarchie des réseaux, exercice qui pour l’archéologue, comparé au géographe est plus difficile (ibid. : 196). La première étape de la réflexion correspond avant tout à la définition de l’espace. Celui de la cité emporte l’adhésion de l’auteur (ibid. : 198). L’exemple d’Archaeomedes lui permet de justifier sa position de défenseur des méthodes statistiques (AFC et CAH) pour l’étude des agglomérations puisqu’elles ont déjà montré leur opérabilité pour la hiérarchisation multicritère de l’habitat (ibid. : 200). Cependant, les exemples déjà développés n’ont pas permis de séparer l’habitat isolé de l’habitat groupé en raison des descripteurs utilisés. L’auteur part de ce constat et affirme que ce sont en effet des catégories radicalement différentes que l’on ne peut pas traiter sur le même plan dans l’analyse globale du territoire, d’autant plus que, s’il est possible d’établir une hiérarchie des agglomérations, il en va différemment pour les villae qui n’entrent pas dans une hiérarchie systémique (id.). Il avait déjà exprimé ce point de vu en 2002 dans le dossier de la Revue Archéologique de Narbonnaise n°35.

L’ouvrage se prolonge par la présentation de trois études de cas. En introduction, l’auteur prend acte, après les diverses démonstrations déjà publiées (Leveau 1993 ; Tarpin 1989) et sans pour autant en connaître les conditions juridictionnelles, de la présence d’un territoire dont l’étendue spatiale devait être en proportion directe avec l’importance hiérarchique du vicus considéré (Garmy 2012b : 210). Dans le cadre du corpus bordelais, il s’emploie, après l’avoir défini, à mettre en œuvre la loi de Reilly, une forme particulière de la loi de gravité (ibid. : 211). Pour son application, il est nécessaire de définir le poids respectif

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des villes sans pour autant faire appel à une typologie théorique prédéfinie. Pour ce faire, l’auteur s’inspire des travaux du médiéviste D. Denecke et définit pour sept domaines (politique et administratif, défense et stratégie, religion et culture, économie rurale, industrie et artisanat, commerce, communication et transport), cinq niveaux d’influence : 1 : local, 2 : microrégional, 3 : cité, 4 : province, 5 : empire. Ces données sont ensuite soumises à une CAH qui fait ressortir 3 rangs : l : Bordeaux ; 2 : 4 agglomérations importantes ; 3 : toutes les autres agglomérations sans distinctions possibles. L’auteur propose deux possibilités expliquant le groupement au rang 3 : soit l’absence suffisante d’information, soit l’existence d’une masse d’agglomérations au même rang hiérarchique dans une cité de taille réduite qui possède une armature urbaine déjà développée avec 5 sites majeurs (ibid. : 223). Pour la cité de Lodève, il commence l’étude en hiérarchisant les sites (34 sites ; aucune distinction n’est réalisée entre agglomération et habitat rural) selon leur superficie en 5 classes (supérieur à 5 ha, entre 2 et 5 ha, entre 0,7 et 2 ha, entre 0,15 et 0,7 ha, inférieur à 0,1 ha). La seconde étape de l’analyse consiste en un calcul de distance-temps entre les sites en prenant en compte les données du relief, très contrastées dans cette cité, et des cours d’eau (ibid. : 238-239). Ces calculs permettent notamment de pondérer chaque site en fonction de son temps d’accès moyen depuis tous les autres sites. L’ensemble est complété par l’organisation des sites en différents rangs selon le principe des lieux centraux. L’application du modèle gravitaire permet à l’auteur de définir les interrelations entre les sites en s’appuyant sur la superficie et les temps de parcours (jusqu’à 1 h de marche les interactions ne diminuent pas, à 3 h elles diminuent de moitié, à 5 h elles deviennent nulles ; ibid. : 247-248). Après une tentative d’analyse de la modélisation ainsi établie, l’auteur constate que pour le réseau des chemins les plus courts, s’il ne correspond pas intégralement à celui des voies antiques connues, plusieurs similitudes, qui ne sont sans doute pas fortuites, ont été observées (ibid. : 251). Dernier cas d’étude, la cité de Nîmes présente 34 agglomérations. Chaque site est décrit selon différents descripteurs dont les variables peuvent être notées en présence-absence (noté 0 ou 1) ou valuées par une quantité chiffrée (ibid. : 260). Trois critères qualitatifs sont notés en présence-absence (aqueduc, schéma d’urbanisme, toponymie antique) et neuf critères quantitatifs complètent le dispositif (pérennité, ancienneté, durabilité, desserte, statut à l’époque carolingienne, nombre de nécropoles, nombre d’épitaphes, nombre d’inscriptions lapidaires, nombre d’inscriptions attestant de fonctions publiques, civiles ou religieuses, nombre de monuments). Pour chaque critère différentes classes sont définies et chacune rapporte un certain nombre de points à l’image du travail qu’avait réalisé C. Goudineau dans l’ouvrage sur la France urbaine (ibid. : 263-283). Un premier classement effectué à partir des points est

91 comparé au simple classement par les superficies. Il ressort que 62% des sites sont classés à la même position selon les deux méthodes, 35% présentent un décalage d’une classe et 3% de plus d’une classe. Ainsi, si le critère de superficie est le seul disponible, il n’est pas aberrant de l’utiliser plutôt que de limiter l’étude à une simple carte à pois. Il apparaît cependant nécessaire d’utiliser dès que possible une hiérarchisation multicritère (ibid. : 285-286). Dernière méthode mise en œuvre, le classement par CAH permet d’obtenir à partir du tableau disjonctif complet une hiérarchie en 7 classes :

- Ville d’ancienneté et de durabilité moyenne, assez bien desservie par les voies de communication, offrant un corpus épigraphique réduit mais présent dont quelques épitaphes liées à un nombre restreint de nécropoles, sans statut particulier à la période carolingienne.

- Ville structurée, de fondation récente ou assez récente, durable, assez bien équipée en

monuments et nécropoles, offrant un corpus d’inscriptions dont des épitaphes en nombre significatif et dotée de fonctions publiques.

- Ville durable mais peu structurée et sous équipée, relativement mal desservie par les

voies de communications, dotée d’un rôle politique et administratif faible.

- Ville de fondation ancienne dont le nom antique est connu, durable et dotée d’un

statut officiel à la période carolingienne, bien connectée au réseau de communication et à son terroir, pourvue de plusieurs nécropoles ayant livrées des épitaphes assez nombreuses qui prennent place dans un corpus épigraphique consistant où se trouvent également des mentions de fonctions publiques, mais globalement mal structurée sur le plan urbanistique et peu équipée.

- Ville capitale, de fondation ancienne, durable, parfaitement desservie et équipée,

dotée d’un corpus épigraphique hors norme attestant de son rôle politique et administratif éminent sur l’ensemble de son territoire.

- Ville assez ancienne et moyennement durable, relativement bien desservie,

notablement riche en documents épigraphiques – dont majoritairement des épitaphes – et en monuments, mais peu structurée et ne jouant qu’un rôle administratif mineur.

- Ville ancienne et durable dont le nom antique est connu, dotée d’un statut élevé à la

période carolingienne, assez bien desservie, offrant un corpus épigraphique fourni dont des épitaphes nombreuses et des mentions de fonctions publiques, bien équipée mais de structure urbaine incertaine (ibid. : 287-297).

La corrélation entre la méthode du palmarès et le classement automatique montre l’opérabilité de la première puisqu’elle est cohérente avec la hiérarchie définie par CAH.

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Cette dernière permet cependant d’affiner le classement avec des groupes supplémentaires (7 contre 4).

1.6.3. 2012, l’année des agglomérations : l’HDR de M. Monteil

Le 13 décembre 2012, M. Monteil a soutenu un mémoire d’habilitation intitulé :

Contribution à l’étude des agglomérations secondaires des Gaules romaines. Les cités de l’ouest de la province de Lyonnaise (Bretagne et Pays-de-la-Loire)14. S’appuyant sur le PCR qu’il a dirigé entre 2002 et 2007, l’auteur structure cette synthèse en deux-parties, une présentation du cadre général suivie des analyses. Sans rentrer dans le détail, l’introduction sert à l’auteur pour réaliser une rapide historiographie de la question en France et précise qu’il prend en considération la définition donnée en 1986 par M. Mangin (Monteil 2012 : 10). Sans s’étendre sur la question du terme de vicus, l’auteur prend le parti de ne pas utiliser celui-ci sauf mention particulière et il précise que dans le cadre de son étude cette querelle n’a que peu de sens. C’est également le choix qui est fait dans le cadre de mon travail de thèse. Pour M. Monteil, il est préférable d’utiliser la terminologie d’agglomération secondaire, qu’il qualifie de concept d’attente (ibid. : 11). Il termine en présentant rapidement son espace de travail : 10% de la superficie de la France métropolitaine, un relief peu marqué avec une altitude maximale de 385 m, huit cités antiques et un classement en agglomérations certaines, probables et potentielles. Il défend, dans le même temps, le nécessaire catalogage pour établir un bilan des connaissances (ibid. : 11-13). La présentation du cadre géographique (cités, chefs-lieux, réseau viaire) permet à l’auteur de rejeter l’association fréquente entre vici et

pagi : « les deux entités, l’une urbaine, l’autre rurale et dénuée d’autonomie, n’entretiennent

aucune relation directe et sont indépendantes les unes des autres » (ibid. : 24). L’historiographie de la recherche régionale montre une faible activité archéologique sur les sites considérés. M. Monteil regrette notamment la faiblesse de l’activité préventive sur les sites recouverts par une ville actuelle (ibid. : 66). Le recadrage du sujet se poursuit par la présentation de l’ensemble des sources antiques et médiévales mobilisables : Ptolémée, table de Peutinger, Itinéraire d’Antonin, Notitia Dignitatum, Notitia Galliarum, Grégoire de Tours,

Cosmographie de l’Anonyme de Ravenne, Notes Tironiennes (ibid. : 81-86). L’apport de

l’épigraphie, comme le souligne l’auteur, reste mince pour la question des agglomérations dans cette région (ibid. : 90). La seconde partie du manuscrit débute par la présentation du corpus des sites retenus et la méthode d’établissement de la liste des sites (ibid. : 121).

14 Je remercie une nouvelle fois M. Monteil qui a eu la bienveillance de me faire parvenir son mémoire d’HDR enconre inédit.

93 L’auteur procède ensuite à un classement primaire des sites (100) en trois catégories : agglomérations certaines (27), probables (8), potentielles (44) et à la justification des sites rejetés (21). Il souligne également la difficulté d’interprétation des sites découverts en prospection pédestre (ibid. : 139) et le problème d’une chronologie qui ne peut être affinée en-dessous de l’échelle du Haut-Empire si ce n’est pour 12 cas (ibid. : 141). Les agglomérations qualifiées de potentielles, les plus nombreuses, sont ensuite distribuées en six catégories topographiques et/ou morphologiques (ibid. : 142-188). Après la présentation du catalogue des sites, l’auteur s’emploie à présenter différentes synthèses et débute par une approche chronologique (ibid. : 191-259). La rareté des données sur l’Âge du Fer nuit à la mise en évidence de rupture ou de continuité. M. Monteil note cependant qu’une partie des agglomérations préromaines est abandonnée entre 50 av. J.-C. et l’époque augustéenne. Sur 79 agglomérations antiques, seules 5 ou 6 s’inscrivent dans une continuité d’oppida de La Tène finale (ibid. : 260). D’autres exemples de continuité témoignent de l’absence d’une rupture nette entre l’Âge du Fer et l’époque romaine (ibid. : 261). Cependant, il affirme que le nombre de création ex nihilo doit être plus important que celui des pérennisations. Les rythmes d’évolution des sites peuvent être résumés en 4 étapes : les premières traces d’occupation entre 15 av. et 15 ap. J.-C., une forte pulsion autour du milieu du Ier siècle, un développement dans la première moitié du IIe siècle, une période d’évolution au IIIe siècle (marquée par l’absence de nouvelle création). La question d’abandons ou de pérennités au IIIe siècle est délicate à appréhender en raison des lacunes de la documentation et de l’absence d’une liste des agglomérations du IVe siècle (ibid. : 263). Si l’étude des superficies paraît difficile, l’auteur propose pour l’organisation planimétrique 4 catégories : plan globalement régulier, plan conditionné par le passage d’une voie, autour ou à proximité d’un carrefour, et polynucléaire (ibid. : 274-276). Dans le cadre d’une association entre villa et agglomération, M. Monteil constate que les villae paraissent se développer après la naissance des agglomérations. Il rejette donc l’hypothèse de villae entraînant le regroupement de maisons paysannes et une dépendance de l’agglomération aux villae (ibid. : 280-281). La synthèse sur les monuments publics montre la faiblesse numérique de ces derniers (2 espaces ouverts, 9 édifices thermaux, 5 aqueducs, 9 théâtres) mais une spécificité régionale avec la présence de ports, d’entrepôts portuaires et d’activités artisanales autour du poisson (ibid. : 282-295). Un autre point d’étude particulièrement développé est celui des sanctuaires. Il permet à M. Monteil de rejeter la catégorie typologique des « sanctuaires ruraux » hormis pour les cas liés à un établissement rural (ferme ou villa) et de montrer qu’au sein des agglomérations, deux formes principales de temples sont recensées : le type

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« classique » et le modèle élargi du fanum (ibid. : 299). La géographie des sanctuaires met en évidence une variété des implantations entre centre et lisière de cité, sans constante particulière (ibid. : 305) qui ne permet donc pas de soutenir particulièrement l’hypothèse de limites de cités marquées par des sanctuaires (Ferdière 2011 : 75). Dans le dernier chapitre, l’auteur traite du réseau des agglomérations par une approche spatiale et un essai de hiérarchisation. M. Monteil revient en premier lieu sur l’historique des typologies existantes et sur les critiques à leur encontre. Il prend une position plus nuancée et ne rejette pas totalement les tentatives typologiques mais exprime cependant une préférence pour les classements multicritères et les approches par la notion de réseau ou de système (Monteil 2012 : 314-315). Il montre que le dossier traité ne permet pas de faire avancer les débats sur la question de l’utilisation d’une terminologie plus précise pour désigner les agglomérations comme hameau, bourg, bourgade ou village, que l’auteur propose néanmoins aux agglomérations majoritairement ou exclusivement tournées vers les activités agro-pastorales (ibid. : 315). Avant de fournir un classement, il analyse la configuration du réseau sous différents angles : les liens avec les axes de communication, les liens avec les limites de cités, les liens avec les chefs-lieux et l’emprise sur les territoires. Cela lui permet de mettre en