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SOURCES ANTIQUES ET DONNÉES ARCHEOLOGIQUES : APPORT POUR LA CARACTÉRISATION DES AGGLOMÉRATIONS

4.1.2. Les données archéologiques

L’étude des agglomérations ne pouvant se limiter aux sources antiques ou médiévales, elle se fait, principalement, à partir de données archéologiques, qu’il s’agisse de données brutes (rapports d’opération) ou de données publiées.

4.1.2.1. Les cartes archéologiques de la Gaule

Les différents volumes de la Carte archéologique de la Gaule concernés par l’espace étudié ont été l’un des points de départ de l’élaboration de la liste des agglomérations. Ils ont aussi permis une première collecte, non négligeable, de données archéologiques. Les volumes, vieillissants et loin d’être exhaustifs, ont l’avantage de faire figurer, voire de reproduire, d’anciens signalements de sites qui ne sont publiés que dans les revues de sociétés savantes locales dont les numéros peuvent parfois être difficiles à consulter. La recherche quasi systématique des références anciennes a bien montré la récurrence des reprises, à l’identique, des propos publiés dans les revues locales.

L’intérêt des cartes archéologiques réside malgré tout dans un accès rapide à une importante quantité d’informations archéologiques couvrant les périodes antérieures et postérieures à l’Antiquité. Ces données permettent de suivre les trajectoires d’évolution des agglomérations. Ces publications sont également la source d’un grand nombre de références bibliographiques anciennes et sont un complément non négligeable à l’actuelle base Patriarche. Sur 221 sites supplémentaires recensés dans le cadre de la thèse, 172 sont mentionnés dans les volumes de la Carte archéologique de la Gaule et sont absents de la base Patriarche.

4.1.2.2. La base Patriarche et les dossiers communaux des SRA

Les différents Services régionaux de l’archéologie, en complément des données de la base Patriarche, proposent pour chaque commune un « dossier communal » dont le contenu scientifique (copies d’articles, fiches de sites papiers, photographies, plans, …) est très variable suivant les communes et les services. Ces dossiers sont cependant incontournables pour glaner des informations anciennes portées sur des courriers, des photocopies d’articles, des plans, des photographies ou sur les anciennes fiches d’enregistrement. Ces fiches papiers, généralement indexées selon les anciens numéros Dracar, apportent, dans certains cas, des informations plus développées que les nouvelles éditions issues de Patriarche.

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4.1.2.3. Les rapports d’opérations

Accessibles à partir de leur numéro d’enregistrement dans Patriarche, les rapports d’opérations constituent la source principale d’informations pour la constitution des notices. Environ 700 rapports d’opérations archéologiques (soit 40% des sources bibliographiques) ont été consultés (Fig. 47).

Plusieurs observations apparaissent sur l’activité archéologique générale avec une moyenne d’environ 7 rapports d’opérations archéologiques pour les agglomérations de niveaux de fiabilité 1 et 2 (entre 47 pour Lezoux et 0 pour les agglomérations au sein desquelles aucune opération n’a été menée). L’activité archéologique la plus intense paraît avoir lieu en région Midi-Pyrénées avec une moyenne de 12 rapports pour chaque agglomération. Une étude détaillée des types de rapports montre que 169 correspondent à des rapports de prospections, 135 à des fouilles, 117 à des diagnostics (Fig. 48). Le classement en différentes catégories (découvertes fortuites, fouilles préventives, études documentaires, fouilles programmées, prospections, opérations préventives ponctuelles) montre que 47,19% des rapports correspondent à des opérations préventives dites ponctuelles : diagnostics, sondages, sauvetages, évaluations ; 24,39% à des prospections (terrestres et aériennes) et 19,48% à des fouilles programmées, contre seulement 3,17% pour les fouilles préventives. Ainsi, la documentation archéologique « brute » la plus récente conservée dans les SRA correspond à 71% à des diagnostics et des prospections.

La documentation des agglomérations ne s’effectue donc qu’à partir d’informations très ponctuelles, sur de faibles surfaces ou à partir d’informations diffuses sur de vastes espaces ne livrant aucun vestige immobilier (Fig. 49). Cet état des lieux permet de prendre conscience des lacunes documentaires et du retard de la recherche sur les agglomérations antiques au sein du Massif central.

4.1.2.4. Les données publiées

Les données publiées (59,45% des sources bibliographiques) correspondent aux mémoires universitaires (2,11%), aux ouvrages (14,34%), aux lettres (0,12%), aux chapitres d’ouvrages (2,40%), aux articles de revues (36,28%), aux articles de colloques (3,92%) et aux documents autres (0,29%).

Les articles de revues représentent la seconde source documentaire la plus abondante après les rapports d’opérations (Fig. 50). Deux grandes catégories de revues peuvent être

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dégagées : les revues des sociétés savantes locales, au nombre de 27129 et les revues d’archéologie nationale ou régionale, au nombre de 8130.

La première catégorie correspond principalement à des revues publiées depuis le XIXe siècle par les académies et sociétés savantes régionales ou départementales qui couvrent des champs disciplinaires très variés. Les informations sont égrainées dans différents types d’articles : des procès-verbaux de séances, des articles thématiques, des récits de déplacements sur le terrain. La qualité des informations publiées est très variable et plus ou moins précise, le plus souvent sans localisation claire ou pérenne. Un grand nombre des références étudiées reste cependant irremplaçable pour les découvertes anciennes, lorsqu’il n’y a pas de rapport d’opération archéologique ou que ces derniers sont plus succincts que les articles. Une grande partie de ces références a été largement reprise dans les volumes de la

Carte archéologie de la Gaule.

Le second groupe se compose de références issues des « Informations archéologiques » de la revue Gallia, des articles des différents bilans scientifiques régionaux auxquels succède tant bien que mal le site AdlFi (Archéologie de la France, Information), des articles de synthèses sur un site ou sur une thématique qui peuvent s’appuyer, à titre d’exemples, sur des agglomérations du Massif central.

La consultation de l’ensemble de ces revues n’est pas sans difficultés avec des collections incomplètes ou non disponibles selon les lieux de consultation.

129 Almanach de Brioude et de son arrondissement ; Brayauds et Combrailles, revue d'histoire, folklore, dialecte et archéologie ; Bulletin annuel des Ussellois de Paris ; Bulletin archéologique de la région d’Aurillac ; Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques ; Bulletin archéologique et historique de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne ; Bulletin de Brive ; Bulletin de la Diana ; Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin ; Bulletin de la Société d’agriculture, Sciences et arts de la Lozère ; Bulletin de la Société d’Émulation de l’Allier ; Bulletin de la Société d’Émulation du Bourbonnais ; Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Vichy et de ses environs ; Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze ; Bulletin de la Société Scientifique, Historique et Archéologique de la Corrèze ; Bulletin du CERAA ; Bulletin du Groupe de Recherche Historique et Archéologique de la Vallée de la Sumène ; Bulletin Historique et Scientifique d'Auvergne ; Chroniques Historiques d'Ambert et de son arrondissement ; Lemouzi ; Les Cahiers du Bourbonnais ; Mémoire de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand ; Mémoires de la Société des lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron ; Mémoires de la Société des Sciences Naturelles et Archéologiques de la Creuse ; Revue d'Auvergne ; Revue de la Haute-Auvergne ; Revue historique, scientifique et littéraire du département du Tarn.

130 Aquitania ; Bilans scientifiques régionaux puis site AdlFi ; Bulletin de la Société préhistorique française ; Congrès archéologique de France ; Gallia (Informations archéologiques et articles) ; Revue Archéologique de Narbonnaise ; Revue Archéologique du Centre de la France ; Travaux d’Archéologie Limousine.

171 Par comparaison avec les rapports d’opérations, on obtient une moyenne de 6 articles de revue par agglomération (Fig. 51). Un premier constat s’impose, celui de l’indigence générale des données avec une moyenne de 7 rapports et de 6 articles pour chaque site. Cela représente une bibliographie moyenne de 13 références à partir desquelles il faut construire une notice descriptive exhaustive pour chaque agglomération. Sur l’ensemble des références bibliographiques, 60% de la documentation est publiée dans la seconde moitié du XXe siècle, 27,5% au XXIe siècle et seulement 12,5% de la documentation consultée est antérieure à 1950 (Fig. 52). L’augmentation massive de la documentation disponible à partir de 1960 s’explique principalement par les rapports d’opérations dont les deux plus anciens ne datent que de 1961 (Fig. 53). Le second constat est donc celui d’une documentation ancienne qui n’est que faiblement renouvelée par des opérations archéologiques récentes. En dehors des revues et des bilans scientifiques, les autres publications apportent rarement des informations exploitables dans le cadre des notices et de l’étude des agglomérations au cas par cas. Si certaines agglomérations ont été citées en exemple dans des synthèses, il n’y a que rarement des informations utilisables. En effet, il s’agit uniquement de mentions de la présence de tel artisanat ou de tel monument au sein de l’agglomération.

4.1.2.5. Les données du laboratoire d’archéologie du CHEC

Plusieurs travaux de master, de thèses ou des opérations archéologiques, menés dans le cadre des activités du laboratoire, renouvellent les données disponibles sur certaines agglomérations.

Il s’agit principalement des mémoires de maîtrise et de master sur Château-Chervix131, sur Ahun132, sur les alentours d’Évaux-les-Bains133, sur les sanctuaires ruraux arvernes et vellaves134, sur les inscriptions du Massif central135, sur Aurillac et Arpajon-sur-Cère136, sur les alentours de Massiac137, sur Banassac et La Canourgue138, sur les travaux d’A. Vinatié139, sur le Puy-en-Velay140, sur les voies antiques arvernes et vellaves141, sur la vallée de la Dore

131 J. Lachaud (soutenu en 2011 sous la direction de B. Pichon).

132 M. Peyne (soutenu en 2011 sous la direction de M.-L. Hacck et de B. Pichon).

133 A. Serange (soutenu en 2010 sous la direction de F. Trément).

134 C. Mitton (soutenu en 2006 sous la direction de F. Trément).

135 A. Blanc (soutenu en 2011 sous la direction de L. Lamoine).

136 V. Malgouzou (soutenu en 2011 sous la direction de F. Trément).

137 K. Prêtre (soutenu en 2005 sous la direction de F. Trément).

138 A. Roche (soutenu en 2006 sous la direction de F. Trément).

139 M. Calbris (soutenu en 2014 sous la direction de F. Trément).

140 É. Nectoux (soutenu en 2006 sous la direction de F. Trément et actuellement poursuivi en thèse).

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(Ambert et Courpière)142, et sur les Combrailles143. Ces travaux m’ont permis de croiser plus rapidement la bibliographie mais aussi de bénéficier d’une vision critique des données disponibles, notamment sur l’interprétation de certains sanctuaires ou de certaines voies.

Des opérations archéologiques ont également été menées et ont fourni des informations de premier ordre comme les sondages réalisés entre 1999 et 2003 au col de Ceyssat par F. Trément, grâce auxquels l’agglomération antique est connue.

Enfin, les nombreux clichés de prospections aériennes issus des missions régulières réalisées depuis 2000 par B. Dousteyssier dans le cadre des travaux du CHEC en association avec le Centre d’Études et de Recherches d’Archéologie Aérienne (CERAA) ont en partie pu être exploités144. Au cours de ses différentes missions, B. Dousteyssier a pu photographier l’agglomération de Charbonnier-les-Mines (63), les structures périphériques du sanctuaire du Broc (63) et plusieurs anomalies aux Martres-de-Veyre (63), à Vic-le-Comte (63), à Corent (63), à Artonne (63), à Bègues (03), et à Gannat (03).

4.2. L’acquisition de nouvelles données sur le terrain

4.2.1. Les prospection terrestres

 ANNEXES III :PROSPECTION TERRESTRE :FICHES D’UP.

À l’issue du travail de master, il s’est avéré nécessaire de réaliser différentes opérations de terrain sur une sélection d’agglomérations (chapitre 3). Entre 2010 et 2012, deux campagnes de prospections terrestres ont été menées en Limousin et en Auvergne. Au total, 74 unités de prospection (UP) ont été enregistrées sur 11 communes correspondant à 10 agglomérations, avec une superficie prospectée totale de 89,57 ha (hors espace boisé) et un ramassage de 4 994 artefacts (Fig. 54). Avant de présenter en détail les résultats des prospections terrestres, observons que 44% des espaces prospectés sont recouverts de forêt, ce qui explique la faiblesse de la superficie totale, calculée uniquement sur la base des parcelles labourées. La distribution des résultats selon la typologie descriptive présentée dans le chapitre 3 montre une grande homogénéité puisque, hormis pour l’épandage, chaque cas de figure a une représentativité comprise entre 11 et 22% avec une moyenne à 14% (Fig. 55). Plusieurs raisons expliquent ces résultats. La couverture boisée ne permet pas d’avoir une vision

142 F. Fassion (soutenue en 2013 sous la direction de F. Trément).

143 G. Massounie (en cours sous la direction de F. Trément).

144 En raison du départ, en 2013, de B. Dousteyssier, ingénieur d’études au CHEC, au sein de la plate-forme IntelEspace de la MSH de Clermont-Ferrand, l’ensemble des clichés des années 2010 à 2013 n’a pu être exploité du fait des difficultés d’accès au fond photographique.

173 continue de l’espace prospecté ni la perception de concentrations mais plutôt celle d’éléments isolés. Le choix méthodologique s’est porté sur la prospection des parcelles situées aux abords supposés des agglomérations potentielles, laissées pour compte jusqu’ici par les chercheurs. L’objectif de cette méthode est de compléter les données existantes mais aussi d’appréhender les limites spatiales des agglomérations. De fait, le taux cumulé des résultats, pour les espaces sans occupation, les bruits de fond, les indices de sites et les épandages, représente 49% des parcelles ayant fait l’objet d’investigations (Fig. 56).

4.2.1.1. Argentat

L’agglomération hypothétique d’Argentat, au pied de l’oppidum du Puy du Tour, est principalement connue pour la villa du Longour, au nord-est du bourg actuel. D’hypothétiques quais et une activité métallurgique sont enregistrés à proximité ainsi que de l’autre côté de la Dordogne. Au sud, à l’Hôpital, une seconde villa est signalée dans la base Patriarche, de même qu’un pont aux Basteyroux. Menée en février 2010, la campagne de prospection n’a pas permis de confirmer l’existence de quelconques aménagements de berges, ni celle d’un pont sur la Maronne. À l’Hôpital, l’observation de plusieurs tegulae semble confirmer l’hypothèse d’un habitat qui n’a cependant pas été prospecté en raison de l’éloignement par rapport à la zone d’étude. À cause de l’avancement de l’urbanisme mais aussi de la présence principale de prairies, les prospections n’ont pu être menées que sur trois parcelles, numérotées UP 14, 15 et 16 (Annexe I.11 et Fig. 57). Ces trois parcelles n’ont livré, soit que de la céramique moderne (UP 14 et 16), soit aucun artefact (UP 15). De fait, l’hypothèse d’une agglomération sous le bourg actuel ne pourrait être archéologiquement vérifiée que par des opérations d’archéologie préventive (Baret 2010a). Il est cependant possible d’affirmer que l’occupation antique ne semble pas s’étendre en périphérie de la ville actuelle. Les recherches menées à partir de 2011 par R. Gestreau145 en archéologie subaquatique dans la Dordogne lui ont permis de constater différents aménagements dans le cours de la rivière et la recherche en archives l’a amené à retrouver plusieurs signalements de vestiges à proximité de la villa du Longour notamment lors de travaux effectués par EDF aux débuts des années 1980 (informations orales).

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4.2.1.2. Beaulieu / Charbonnier-les-Mines

L’agglomération de Charbonnier-les-Mines, connue depuis le XIXe siècle et dont l’interprétation a été confirmée en 2005 à l’occasion d’une campagne de prospection aérienne menée par B. Dousteyssier, avait fait l’objet d’un mémoire de maîtrise (V. Doreau en 2007) et d’une première campagne de prospection au sol sans ramassage (Dousteyssier 2009). L’objectif de cette dernière était d’évaluer l’emprise au sol de l’agglomération, à la demande conjointe du SRA Auvergne et de l’entreprise d’exploitation de carrière qui souhaitait s’installer sur le secteur. À l’issue de cette première campagne et des clichés aériens, le site a été inscrit sur la liste complémentaire des monuments historiques afin d’arrêter le projet de carrière.

L’objectif des campagnes de 2010 et 2011 a été de compléter cette première approche, notamment aux abords hypothétiques de l’agglomération afin d’en préciser les contours et de proposer une chronologie de l’occupation par la collecte d’artefacts. Ces prospections ont également été utiles pour affiner les propositions d’interprétations fonctionnelles de certains espaces comme les zones funéraires et cultuelles. Douze parcelles ont été prospectées (Annexe I.11 et Fig. 58). Les deux campagnes ont permis de préciser les limites nord-est (UP 36, 38, 39, 50, 51, 52) puisque les parcelles ne livrent quasiment aucun mobilier sauf au sein d’une petite concentration perçue entre les UP 39 et 51. Le mobilier découvert (céramiques sigillées brûlées, terra nigra (forme Menez 72 ou 87), fragments de verre, céramiques à engobe blanc) semble caractéristique d’une incinération. Plus au sud, toujours à l’est de l’agglomération, l’UP 40, quasiment vierge, confirme la limite de l’occupation. Au sein du l’UP 37, qui ne livre que peu de vestiges, une petite concentration a été relevée dans l’angle nord-ouest de la parcelle (céramique commune, amphore) mais ne permet pas de confirmer la présence d’un espace funéraire. Au nord-ouest, la prospection de l’UP 41, dans des conditions de labour peu propices, permet de ne pas étendre l’agglomération jusqu’à cet espace. À l’ouest, les UP 45, 46 et 47 livrent une vision nette de la limite de l’occupation puisqu’il a été possible de délimiter très facilement des concentrations de mobilier (entre 300 et 2 200 artefacts) à l’est de chacune des parcelles. L’UP 47, la plus riche, au niveau du sanctuaire, livre de la céramique protohistorique, de la céramique à engobe orange et rouge, de la céramique à paroi fine avec décor d’applique, des terres cuites architecturales (dont 2 fragments d’antéfixe à engobe blanc), de la céramique à engobe blanc, des fragments de verre, de la terra nigra, de la céramique grise, de nombreux fragments de dolia et d’amphores (plus

175 de 100 fragments), de la céramique sigillée (plus de 200 fragments), et de la céramique commune (plus de 1 000 fragments).

L’ensemble de ces découvertes confirme la densité d’occupation de ces espaces à l’ouest de la voie antique qui structure l’agglomération et la présence de monuments publics avec des antéfixes engobés. L’étude du mobilier permet de proposer une chronologie centrée sur le Haut-Empire, avec cependant une installation certainement précoce (occupation protohistorique ?).

Cette densité a été confirmée lors d’un diagnostic réalisé par P. Bet, en préalable de l’aménagement d’un rond-point au sud de l’agglomération. Il a notamment mis au jour des murs, une ruelle empierrée et une structure protohistorique (Bet 2009).

4.2.1.3. Blond

Aucune opération de terrain n’avait été menée depuis 1984 avec le sondage entrepris sur la voie antique Limoges-Poitiers par J.-M. Desbordes. La tradition orale gardait l’idée que des élévations étaient présentes dans le bois de la Tourette. Deux campagnes ont été menées en 2010 et en 2011 en complément des relevés topographiques. Neuf points d’observation ont été enregistrés dont deux parcelles prospectées aux abords nord-est du bois (Annexe I.11 et Fig. 59). Les prospections ont permis d’observer un bâtiment qui livre de la tegula (UP 11) et des élévations sur trois à quatre assises de moellons. Une pile maçonnée d’environ 2 m de hauteur a également pu être observée. Un second point de découvertes (UP 63) a permis de recueillir, sur ce qui doit être un second bâtiment, de la terre cuite architecturale (tegulae,

tubuli et une brique à boulette). Les prospections ont également permis de constater la

présence de fragments de tuile antique sur une grande superficie à travers l’ensemble du bois, là où des tranchées de mines apparaissent encore très nettement. En dehors du bois, les prospections n’ont pas révélé d’occupation dans l’UP 12 et la prospection de l’UP 13 qui semblait prometteuse n’a pu être achevée en raison du refus du propriétaire.

4.2.1.4. La Souterraine

La lecture de l’article publié en 1942 par G. Janicaud incitait à prévoir une campagne de prospection des espaces boisés qui recouvrent actuellement l’agglomération antique de La Souterraine. Deux campagnes ont été menées en 2010 et 2011. Parmi les découvertes réalisées dans la partie boisée, il faut signaler celle d’un fragment de verre fondu de couleur bleue (UP 65) pouvant attester l’hypothèse proposée par G. Janicaud d’un atelier, d’une demi-meule (UP 67), de quelques rares fragments de céramique et d’un grand nombre de fragments de

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tegulae, parfois encore en place, prisonniers dans les racines d’arbres couchés. Les

observations menées (Annexe I.11 et Fig. 60) couvrent quasiment la totalité de la superficie du bois. G. Janicaud (1942) avait observé un « forum » ou une place publique dont la description qu’il donne dans son texte correspond à un espace tabulaire, point haut du bois, délimité au sud par deux murs de soutènement et au nord également par deux murs de soutènement parallèles, dont l’un d’eux a livré une demi-meule. Ces murs, tout du moins pour ceux du nord, sont construits en moellons de facture antique et livrent de nombreux fragments de tegulae.

Plus à l’ouest (UP 71), un élément sculpté a été observé dans un chablis, le long de murs parcellaires. Apparemment retaillée (coupée en deux de haut en bas), cette sculpture pourrait correspondre à une stèle funéraire (voir notice).

L’espace qui a livré le plus de vestiges (UP 70) coïncide avec un bosquet situé sur une rupture de pente, au sud du bois, au milieu d’une prairie. Cette localisation qui intrigue – le bosquet est isolé au milieu de la prairie – attire l’attention. La prospection de ce dernier a permis le ramassage de fragments de sigillée, d’un fragment de tubuli, d’un quart de rond en céramique (colonne ou pilette d’hypocauste ?), d’un fragment de meule, de céramique commune et de terra nigra. Le dernier élément découvert correspond à un bloc de granite sculpté en forme de quart supérieur d’œuf, qui pourrait être interprété comme un fragment de couvercle de coffre funéraire si l’on tient compte de la proximité d’une nécropole ayant déjà livré ce type de vestiges en grande quantité.

4.2.1.5. Ladapeyre

Plusieurs visites de terrain ont été réalisées entre 2010 et 2014 (Baret 2010a, 2011, 2013) aux abords de l’agglomération hypothétique des Montceaux à Ladapeyre (Annexe I.11 et Fig. 61). La première a permis de constater l’impossibilité de réaliser une campagne de