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Type II : les bourgs et bourgades se distinguant des villes précédentes par l’absence

1.2.5. Bliesbruck-Reinheim, le premier colloque dédié aux seules agglomérations

Deux ans après le colloque sur les villes antiques d’Aquitaine, en 1992, un troisième colloque, lui aussi fondateur pour la discipline, a lieu dans l’agglomération phare de Bliesbruck-Reinheim. Les actes sont publiés en 1994, sous la direction de J.-P. Petit, M. Mangin avec la collaboration de P. Brunella, sous le titre : Les agglomérations

secondaires. La Gaule Belgique, les Germanies et l’Occident romain. Ces actes sont

accompagnés de la publication d’un atlas, composé de notices normalisées des agglomérations de Gaule Belgique et des Germanies. Cet atlas, support du colloque, avait été mis à la disposition des participants sous formes de pré-actes (Petit, Mangin, Brunella 1994 : 8). La publication est organisée en trois parties : des synthèses régionales pour les Gaules Belgiques et les Germanies dans la première partie, des synthèses régionales pour l’Occident romain dans une seconde et une troisième partie constituée de discussions thématiques. Tous les articles ne seront pas détaillés pour ne pas alourdir le propos. Il est, en effet, préférable de mettre en avant l’évolution des réflexions générales et non de détailler les corpus. L’ouvrage débute par une introduction de M. Mangin et J.-P. Petit. Ils reviennent sur différents éléments de la recherche sur les agglomérations en posant tout d’abord la question d’une nouveauté

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pour l’Occident. Pour répondre à la question, ils divisent l’histoire des recherches sur les villes et agglomérations en trois phases : 1970-1975 (peu de publications qui mêlent colonies, capitales et vici), 1975-1985 (premiers colloques, nouvelles réflexions) et la fin des années 1980, début des années 1990 (nouvelles données de terrain, multiplication des mentions, premiers atlas). L’historique mené par les auteurs met en exergue une citation intéressante de Roland Martin, lors d’un colloque tenu en 1971 à Strasbourg, à propos des agglomérations : « À côté de la grande capitale, la petite ville ou la grosse bourgade, avec ses fonctions artisanales et commerciales, adapte ses structures et ses fonctions mêmes, en liaison avec le milieu rural dont elle n’est pas coupée » (ibid. : 7). Après avoir présenté succinctement le contenu des actes, M. Mangin et F. Tassaux introduisent véritablement la discussion en s’appuyant sur différents points de réflexion. Tout d’abord, ils reviennent sur la question du vocabulaire en réaffirmant leur préférence pour l’utilisation des termes « d’agglomérations secondaires », même s’ils en admettent l’imperfection, à celui de « vicus » qu’ils ne proposent d’utiliser que lorsque l’on bénéficie d’une inscription (ibid. : 10). Le passage en revue des différents corpus présentés montre selon les auteurs que les racines laténiennes des agglomérations sont difficiles à saisir sur le terrain (id.). Ce phénomène peut aussi s’expliquer du fait que la majorité des sites n’apparaissent qu’à partir du milieu du Ier s. ap. J.-C. (ibid. : 11). Quant à leur évolution au IIIe siècle, les auteurs rappellent les propos de P. Van Ossel qui note que les limites des connaissances ne permettent pas d’affirmer ou de mettre en doute leur pérennité (id.). Le troisième point abordé concerne la morphologie et les fonctions des agglomérations. Les auteurs mettent en avant plusieurs réflexions, notamment que de nombreuses agglomérations ont une trame urbaine articulée sur un seul axe et présentent un type d’habitat particulier qui mêle vie domestique et activités économiques. Ces fonctions économiques de production artisanale et de marché, sont pour les auteurs unanimement admises (id.). Comme le suggérait précédemment P. Leveau, les auteurs appuient l’idée de la nécessaire étude du réseau des agglomérations au sein d’un territoire, celui de la cité, malgré les difficultés que cela représente à cause de la méconnaissance générale des réseaux viaires, des limites de cités, … L’objectif est de ne pas « enfermer une réalité multiforme dans une perspective mécaniste et purement descriptive, mais d’entreprendre une analyse systémique des armatures urbaines des cités, puis des provinces » comme le souligne P. Garmy (ibid. : 12). L’idée de P. Leveau est que « la mise en évidence de réseaux d’agglomérations secondaires peut donner du territoire d’une cité une image autre que celle d’un espace polarisé par un centre urbain comme celui que donne une cartographie des villas » (id.). Cette proposition permet de toucher aux relations entre les agglomérations et la campagne,

45 notamment les liens avec les villae. À ce propos, pour G. Rapsaet, « l’idée d’une appartenance de l’agglomération au domaine est institutionnellement insoutenable » (id.). Enfin, la question controversée de la typologie, indispensable d’après les auteurs pour classer les sites d’une région, est conclue par la citation des propos de B.-C. Burnham : « Il faut une approche typologique pour répondre à la diversité des données des sites et pour assurer de bonnes bases à l’établissement des modèles géographiques et anthropologiques » (ibid. : 13). La première partie de l’ouvrage Les agglomérations secondaires de Gaule Belgique et des Germanies :

synthèses fait l’état, dans différents chapitres, de synthèses locales à partir des notices

publiées dans l’atlas. Si ces contributions apportent d’importants éléments pour la comparaison entre corpus, les méthodologies appliquées et les réflexions générales apportées ne nécessitent pas d’être développées puisqu’elles restent dans la lignée de ce qui a déjà été présenté. La première synthèse, sous la plume de M. Mangin porte sur les régions de Franche-Comté et de Bourgogne. L’auteur reprend ici sa publication de 1986, complétée par les sites de Bourgogne. Il présente une synthèse selon les tableaux définis dans le cadre du colloque et établit une typologie mêlant celle de 1990 et le classement qu’il avait déjà proposé en 1986. La deuxième étude porte sur la Suisse (D. Paunier), la suivante sur la Germanie Transrhénane (C. Sebastian Sommer), puis sur la Lorraine (J.-L. Massy) et sur la Picardie (T. Ben Redjeb). Dans le dossier sur la Wallonie et le Grand Duché de Luxembourg, R. Brulet va plus loin dans la réflexion et montre que 75% des sites sont implantés sur des axes de communications et distingue 4 types morphologiques (Brulet in ibid. : 123) : le village-rue, le plan centré sur un carrefour, le plan avec des pôles d’attraction distincts mais voisins, le plan dispersé. L’auteur propose également cinq modèles d’apparition : occupation préexistante à La Tène D1 et D2, création précoce liée au réseau routier, fondation tardive (dans le courant de la période augustéenne), fondation plus tardive (dans le courant de la période Claude-Néron), changement « d’affectation » (Brulet in ibid. : 127) ainsi que cinq modèles pour leur évolution : abandon définitif dans le 4ème quart du IIIe siècle, survivance modeste jusqu’au milieu du IVe siècle, sites fortifiés qui existent jusqu’au Ve siècle, un changement de fonction au IVe siècle, développement tardif d’une bourgade (Brulet in ibid. : 128). La dernière étude présentée par K.-J. Gilles traite de la Rhénanie. La deuxième partie – Les agglomérations

secondaires d’autres régions de l’Occident romain – se présente sous la même forme.

O. Buchsenschutz réalise une synthèse sur les habitats groupés à La Tène moyenne et finale, au sein de laquelle il définit les vici de César comme des agglomérations non fortifiées, rares durant l’Âge du Fer, qui comportent à l’origine au moins une dizaine d’unités d’habitations contemporaines sans présence d’artisanat ou de lieu de culte, ce qui n’est plus le cas à partir

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du IIe s. av. J.-C. puisque l’artisanat y occupe alors une place importante (Buchsenschutz in

ibid. : 149-150). J.-P. Morel, traite, à la suite, du cas de l’Italie péninsulaire et montre de

grandes différences avec la Gaule : les municipes et les colonies peuvent alternativement changer de statuts. De plus, Auguste divise l’Italie en onze « régions » qui n’ont pas de chefs-lieux ce qui est très différent du système pyramidal des Gaules (Morel in ibid. : 154-155). P. Maggi et C. Zaccaria s’intéressent ensuite à l’Italie septentrionale. P. Leveau présente le dossier de la Gaule Narbonnaise. Celui-ci fait également l’objet d’un article de la Revue

Archéologique de Narbonnaise en 1993 (voir infra). Il propose un retour sur la typologie

développée par M. Mangin en F. Tassaux au colloque Aquitania de 1990. P. Leveau l’applique type par type pour la Narbonnaise et propose des exemples pour chacun d’entre eux (Leveau in ibid. : 187-190). Il note que pour le type II (bourgs et bourgades se définissant comme des agglomérations d’où sont absents certains monuments caractéristiques de la ville), la plupart des sites peuvent y être classés. Pour le type III (fonctions religieuses prédominantes), P. Leveau demande si des sanctuaires ont donné naissance à une agglomération (il pose notamment la question pour Glanum) et signale qu’il n’existe pas en Narbonnaise de complexes religieux sans habitats. Pour lui, cette sous-catégorie est d’ailleurs en train de disparaître. Enfin, il n’y a en Narbonnaise que très peu de cas de stations thermales. Concernant les types IV (stations routières), dans laquelle il classe les fréquents toponymes connus le long des voies, il se demande s’il s’agit réellement d’agglomérations et V (agglomération rurale auquel P. Leveau préfère le terme de hameau), la question de son existence est la même que pour l’Aquitaine. Enfin, il propose d’ajouter un sixième type, celui des agglomérations minières. Cet exercice amène l’auteur à justifier l’emploi de la typologie pour procéder à une mise en ordre d’une documentation hétérogène même si pour lui il ne s’agit que d’une application de « principe » (Leveau in ibid. : 189) et que les recherches sur la hiérarchisation des sites, sur leur organisation en réseaux ou « systèmes » sont tout aussi importantes (Leveau in ibid. : 190). Dans sa conclusion, l’auteur qui met en avant que « les connaissances sont lacunaires et la situation souvent désespérée » milite pour l’étude des réseaux d’agglomérations avec l’objectif de donner du territoire des cités une image différente d’une simple polarisation par un unique centre urbain comme c’est le cas par la cartographie des villae. Revenant sur la question du vocabulaire, il est intéressant de souligner la réflexion de l’auteur, pour qui, afin de « comprendre la mentalité de l’époque romaine et d’écrire l’histoire de l’émergence de concepts », le chercheur est « obligé d’inventer un concept cerné négativement (ce qui n’est ni ville ni chef-lieu) et qui recouvre des réalités différentes ». De fait, pour lui, le problème est lié à l’interprétation faite de Fustel de Coulange au sujet du

47 village qui est sans importance, dans la mesure où il s’agit d’une vision juridique alors que pour le géographe, et l’archéologue, elle est différente puisqu’il met régulièrement au jour des habitats agglomérés. Ainsi, P. Leveau termine sa conclusion d’une phrase forte : « Telles sont les raisons pour lesquelles je crois au caractère opératoire du concept « flou » d’ « agglomération secondaire » » (Leveau in ibid. : 192-193). Le chapitre suivant, signé F. Tassaux, porte sur l’Aquitaine et se place dans le prolongement de l’article qu’il a écrit avec M. Mangin dans le cadre du colloque Aquitania, deux ans plus tôt. L’objectif est d’apporter un complément, notamment en ce qui concerne la morphologie des agglomérations et les réseaux urbains des cités. Auparavant l’auteur s’évertue à répondre à l’ensemble des critiques suscitées par ses précédents écrits et à réaffirmer son point de vue sur différents aspects de la question (Tassaux in ibid. : 200-202). Il débute sa réponse par la défense de la typologie en réaffirmant qu’il s’agit d’un travail préliminaire et non d’une fin en soi puisqu’il serait erroné, dans un corpus de plus de 150 sites très variés, de raisonner en considérant les sites comme homogènes et de même importance. Il s’attaque ensuite au vocabulaire et à la possibilité de dénommer « ville » des agglomérations secondaires. Ainsi, il s’interroge sur ce qu’est une ville pour les Anciens. Il s’appuie pour cela sur Varron (De Lingua Latina, V, 86) qui définit que « la ville (oppidum) se compose de quartiers (vici), eux-mêmes constitués de maisons disposées de part et d’autre de rues (viae) » et sur Pausanias (Description de la

Grèce, X, 4, 17) qui retient pour définir la ville, la notion de parure monumentale et de paysage architectural. Pour F. Tassaux, à l’époque impériale, le terme d’oppidum est le plus souvent employé dans les textes, qu’ils soient juridiques (loi d’Irni8) ou géographiques et historiques. Pour lui, lorsque les auteurs antiques évoquent un statut juridique, ils parlent de

colonia, de municipium et de civitas. Il propose alors plusieurs exemples qui attestent de

l’emploi du mot oppidum dans les textes antiques pour désigner aussi bien des chefs-lieux que des agglomérations secondaires. D’autres exemples prouvent que Ptolémée utilise le terme de

polis également pour désigner les deux types de ville. F. Tassaux en conclut que, pour les

Anciens, la définition de la ville est identique à celle des géographes et qu’il s’agit avant tout d’un paysage particulier puis d’une concentration de fonctions, au sein desquelles le politique

6 « Le troisième degré est celui où la philosophie est parvenue à s’élever, où elle s’est mise à rendre clairement raison des termes d’usage courant, à dire par exemple, ce qui explique à l’origine les termes d’oppidum (ville), de vicus (quartier), de via (rue) » (traduction de J. Collart, Paris, 1954, p. 7).

7 « Il y a vingt stades de Chéronnée à Panopée, cité phocéenne, si toutefois on peut appeler cité même celles qui n’ont ni locaux pour les magistrats, ni gymnases, ni théâtres, ni places publiques, ni fontaines alimentées en eau courante » (Clavier 1821).

8 Les édiles doivent veiller… « aux bâtiments sacrés, aux lieux sacrés et saints, à la ville (oppidum), aux rues, aux quartiers (vici), aux égouts, aux bains, au marché… » (AE 1986, rubrique 19, trad. F. Jacques, Les cités de

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n’est pas obligatoire. Pour l’auteur, seule la concentration de la population agricole permet de différencier le village de la ville. Quant à la notion de vicus, il accepte la proposition de P. Leroux, qui, lors du colloque de Salamanque, constatait que le terme ne donne pas une valeur institutionnelle ou juridique mais accorde une distinction à certains habitats groupés et les assimile alors à un quartier de la capitale. Cette distinction honorifique ne peut donc se baser que sur la forme urbaine et la parure monumentale de l’agglomération considérée. Enfin, F. Tassaux revient sur la fonction administrative dévolue aux agglomérations qu’il avait proposée dans son précédent article et nuance son propos en précisant qu’il ne s’agit pas d’une forme d’autorité sur un territoire mais d’un possible siège temporaire pour les duumvirs en déplacement dans la cité. À la suite de cet « avant-propos », F. Tassaux propose une étude sur la morphologie des agglomérations d’Aquitaine et note différentes observations (Tassaux

in ibid. : 202-209). En ce qui concerne la superficie, l’auteur dégage 4 classes : les très

grosses agglomérations (70-100 ha), les grosses agglomérations (40-60 ha), la majorité des sites (15-35 ha), et les petites et très petites agglomérations (moins de 1 ha à 8 ha). Sur leur forme, il montre qu’elle est généralement allongée et commandée par le réseau routier. Plusieurs nuances existent cependant : forme allongée de part et d’autre d’une voie ou d’un seul côté, agglutinement autour d’un carrefour ou à proximité du carrefour mais pas dessus, passages de rivières, très rares plans orthonormés. Pour les monuments, l’auteur met en avant la prédominance des édifices à vocation religieuse. Les temples, généralement de tradition celtique, frappent quelquefois par leur monumentalité et semblent être le lieu privilégié de l’évergétisme. Les théâtres dits ruraux seraient conçus pour des cérémonies religieuses (bâtiment de scène remplacé par une tribune, jeux scéniques qui se déroulent dans l’orchestra) et souvent mis en scène dans un rapport d’axialité avec un temple. Enfin, l’habitat, comme cela a déjà été mentionné, se caractérise par une forme particulière de plan rectiligne allongée avec 3 ou 4 pièces en enfilade et présentant une galerie de façade. Il est également fréquent d’observer des habitats à pièce unique. La contribution suivante est proposée par F. Dumasy-Mathieu et porte sur la cité des Bituriges Cubes. Cet article complète celui proposé lors du précédent colloque et l’auteur a choisi ici de mener une étude de l’évolution du réseau urbain de la Protohistoire au début du Moyen Âge. Elle note que peu de site d’oppida sont maintenus à l’époque romaine. La structuration urbaine de la cité est alors marquée par une nébuleuse d’agglomérations à une distance comprise entre 10 et 30 km autour du chef-lieu. Le Cher semble également être un élément d’attrait puisque six agglomérations sont installées le long de la rivière. Les abandons au IVe siècle semblent faibles, l’auteur note cependant qu’en faisant la liste des vigueries carolingiennes (une

49 vingtaine) seule la moitié correspond à des sites antiques (Dumasy-Mathieu in ibid. : 215-222). L’étude sur l’Armorique romaine est menée par P. Galliou qui refuse de proposer un quelconque classement des sites en raison de la faiblesse de la documentation (Galliou in

ibid. : 223). Ne faisant qu’un bilan global du corpus sans apporter de réflexions générales sur

les agglomérations, la présentation ne sera pas ici détaillée puisqu’une étude plus récente sur le même espace a été proposée en 2012 dans le cadre de l’Habilitation à Diriger les Recherches de M. Monteil et sert de support à un renouvellement des réflexions sur la problématique des agglomérations. Pour clore cette seconde partie, B.-C. Burnham présente l’état de la question sur les « petites villes » pour la Bretagne romaine. Cette contribution est intéressante à plus d’un titre. Elle montre un retard de vingt ans de la recherche française sur la recherche anglo-saxonne. Pour l’auteur, qui réalise un historique et un état des recherches depuis les années 1960, le débat sémantique qui a eu lieu en Angleterre dans les années 70, qui pourrait être comparé à celui qui a lieu en France depuis les années 80, n’est « qu’une perte de temps et d’énergie » même si cela a permis d’attirer l’attention sur l’état de la documentation archéologique tout en induisant le problème de rechercher des « indicateurs reconnaissables du caractère urbain » (Burnham in ibid. : 230). L’auteur liste un certain nombre de points de synthèse et d’état des lieux qui peuvent être en partie repris pour mémoire. Il explique les défauts de compréhension en raison de la découverte continuelle de nouveaux sites. L’avancement de la recherche lui permet cependant d’affirmer l’acquisition d’une importe compréhension de la morphologie interne (importance du réseau de rues avec un développement de part et d’autre d’une voie principale, présence d’un noyau central constitué de bâtiments publics, de place de marché, de temples, rareté d’un habitat sophistiqué, vastes nécropoles) mais aussi de la dimension fonctionnelle (importance générale de l’agriculture, des activités économiques, présence d’une place de marché, fonction officielle avec la présence de mansiones sur de plus en plus de sites, nombre croissant de sites à fonction principale « industrielle » ou religieuse). L’auteur met également en avant la conscience générale du caractère « fourre-tout » du groupe « petites villes » et la mise en place de trois catégories : les établissements de première importance (sites élevés au rang de chefs-lieux aux IIIe-IVe siècles, fonction économique développée et présentant un réseau interne de rues, un noyau urbain fortifié, des quartiers différenciés, une typologie des bâtiments variée, un important éventail d’artisanats, de vastes nécropoles organisées). Le second groupe correspond aux établissements d’importance moyenne dans lequel se retrouve également un certain nombre de sites aux fonctions spécialisées. Cette catégorie se caractérise par la présence de bâtiments officiels ou religieux, des activités « industrielles » à grande

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échelle, une organisation linéaire autour d’un axe principal, une capacité agricole en augmentation, peu de quartiers différenciés. Enfin, les établissements de faible importance caractérisés par une absence de défense, de fonctions spécialisées ou de constructions sophistiquées. Ils présentent une organisation linéaire autour d’un axe principal et une importance croissante de l’agriculture (Burnham in ibid. : 233-234). B.-C. Burnham poursuit sa synthèse en affirmant que les Anglais ont également acquis une conscience plus importante de la complexité des origines des « petites villes » et qu’ils remettent en cause l’idée d’une origine militaire systématique, mais que certaines sont issues d’établissements de la fin de l’Âge du Fer. De plus, il propose un schéma de développement entre le Ier et le IVe siècle : un développement lent jusqu’à la fin du Ier siècle, plus prononcé au cours du IIe siècle, la mise en place de fortifications en terre à la fin du IIe siècle, début du IIIe siècle, des bâtiments en pierre qui remplacent ceux en matériaux périssables aux IIe et IIIe siècles, une différenciation