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Type II : les bourgs et bourgades se distinguant des villes précédentes par l’absence

2.2. La cité des Vellaves

La cité des Vellaves (Fig. 11) est la plus petite cité de la zone d’étude avec une superficie de 3 107 km² (Baret 2013a : 47). Son emprise correspond à la région naturelle du Velay, délimitée à l’est par le Mézenc, au sud-ouest par la Loire, à l’ouest par l’Allier. La limite nord reste quant à elle plus floue. Elle recouvre donc les deux-tiers du département de la Haute-Loire et quelques communes du département de la Loire et du Puy-de-Dôme (Nectoux 2007 : 44 ; Rémy 1995 : 13). En appliquant la méthode régressive, puisque pour B. Rémy (1995 : 13) dans le cas des petites cités comme celle des Vellaves dont le territoire a sans doute peu varié et a été occupé par un seul évêché, le recours à cette méthode pose moins de difficultés, les limites de la cité antique se confondant avec celle du diocèse du Puy-en-Velay.

Les recherches de L. Simonet ont montré que le Velay était une région relativement peuplée et assez prospère pendant la période romaine. Les Vellaves n’ont pas vécu en circuit fermé sur leurs hautes terres et ne sont pas restés à l’écart des grands courants d’échanges. Sur de nombreux sites on retrouve la plupart des produits d’importation habituelle dont l’introduction en Velay a été grandement facilitée par le passage d’une route très importante (ibid. : 24). Les densités d’occupation les plus fortes sont signalées dans le bassin du Puy-en-Velay et de Bas-en-Basset (Rémy, Provost 1994 : 30). Fautes de travaux conséquents, le passé préhistorique et protohistorique du Velay reste mal connu. Pour la période de la Tène, de très importants gisements de plaine et de hauteur ont été découverts dans le bassin de Bas-en-Basset, à Polignac, Saint-Pal-de-Mons, et aux Souils-d’Arlempdes. À la fin de la période, comme César et Strabon le signalent, les Vellaves étaient depuis longtemps les clients des Arvernes qui avaient besoin d’eux pour s’assurer, par la route du col du Pal, le contrôle d’une des voies du Midi, entre Saint-Paulien et Aubenas. Voisins des Helviens du Vivarais, ils étaient en contact direct avec le monde romain depuis la conquête de la Narbonnaise et n’ont pas manqué de subir son influence au cours de la première moitié du Ier s. av. J.-C. Malgré, l’absence de frappe de monnaies, le peuple vellave n’est pas resté à

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l’écart des circuits commerciaux comme l’attestent les découvertes de céramiques ampuritaines et peintes du sud de la Gaule (Rémy 1995 : 11-12). Pour l’Antiquité, nous connaissons fort peu de choses des institutions de la cité qui fut très tôt détachée des Arvernes (Strabon, Géographie, 4, 2, 230). Comme la plupart des cités d’Aquitaine, la cité des Vellaves dut avoir, au moins au début de l’Empire, le statut de cité pérégrine stipendiaire, puisque Pline l’Ancien ne la fait pas figurer dans la liste des cités libres de la province (Histoire Naturelle, IV, XXXIII31). Pour A. Chastagnol, qui se fonde sur une inscription découverte au Puy (I.L.A. Vellaves, 25) et qui mentionne un praefectus coloniae, elle pourrait avoir reçu le droit latin de Claude ou peut-être dès les premières années du règne de Tibère, comme aurait tendance à le croire L. Maurin (Rémy 1994 : 20). Dans le même temps,

Ruessio, la capitale de la cité, pourrait avoir reçu le titre honorifique de colonie, plus

spécialement donné à une ville pérégrine des Trois Gaules quand celle-ci avait obtenu le bénéfice du ius Latii. Quoi qu’il en soit, la cité des Vellaves a obtenu à un moment le statut plus favorable de cité libre, puisque sur deux inscriptions du milieu du IIIe siècle, gravées en l’honneur des impératrices Furia Sabinia Tranquillina, épouse de Gordien III, et Étruscilla, épouse de Trajan Dèce, la cité se qualifie elle-même de civitas Vellauorum libera. Il faut enfin signaler la proposition de L. Maurin d’une administration de la capitale par un praefectus

coloniae et de l’ensemble de la cité par des duumvirs (ibid. : 19-22).

La vie religieuse n’est perçue que par l’existence d’un grand sanctuaire potentiel sur le mont Anis au Puy-en-Velay et à partir de 4 inscriptions consacrées aux dieux « traditionnels » : Adidon dieu local associé à Auguste au Puy, Jupiter Optimus à Brives-Charensac, Jupiter Optimus Maximus à Monlet, le Salut du genre humain et Salus à Saint-Paulien (Rémy 1995 : 25). Quelques statues ont également été mises au jour : Jupiter à Coubon, Jupiter Serapis à Paulien, Bacchus à Paulien, Mercure au Puy et à Saint-Paulien (ibid. : 26). Deux fana sont recensés sur les communes de Saint-Jean-d’Aubrigoux et du Bouchet-Saint-Nicolas (Rémy, Provost 1994 : 34).

Les axes de communications terrestres connus sont peu nombreux. Comme pour la cité arverne, le réseau est en cours d’étude par M. Dacko (2013). Le principal axe correspond

30 « Τὰ δὲ μεταξὺ τοῦ Γαρούνα καὶ τοῦ Λείγηρος ἔθνη τὰ προσκείμενα τοῖς Ἀκουιτανοῖς ἐστιν Ἐλουοὶ μὲν ἀπὸ τοῦ

Ῥοδανοῦ τὴν ἀρχὴν ἒχοντες͵ Οὐελλαούιοι δὲ μετὰ τούτους͵ οἳ πρσωρίζοντό ποτε Άρουέρνοις͵ νῦν δὲ τάττονται καθ ἑαυτούς · εἶτα Ἀρούερνοι καὶ Λεμοουίκες καὶ Πετροκόριοι : Quant aux peuples situés entre la Garonne et la Loire

et rattachés à l’Aquitaine, ce sont d’abord les Eluéns, dont le territoire commence au Rhône, puis après eux les Vellavii, autrefois rattachés aux Arvernes, aujourd’hui autonomes, ensuite les Arvernes, les Lémovices et les Pétrocoriens » (Strabon, trad. Lasserre 1966 : 147).

31 « À l’Aquitaine appartiennent […] puis les Bituriges libres, appelés Cubes ; les Lémovices, les Arvernes, libres ; les Cabales ; d’un autre côté, les Rutènes, qui sont limitrophes de la Gaule Narbonnaise ; les Cadurques, les Antobroges et les Pétrocores, séparés des Toulousains par le Tarn » (Pline l’Ancien, trad. Littré 1848-1850).

113 à la voie Bolène de laquelle R. Gounot fait se détacher une voie secondaire en direction de Clermont-Ferrand suite à son étude de la voie médiévale qui aurait repris le tracé antique (Rémy, Provost 1994 : 32). Deux voies relieraient la capitale des Vellaves à celle des Helviens, Alba. Un premier tracé franchirait le col du Pal, Le Puy-en-Velay, Taulhac, Le Mont Jonet, Coubon, Le Monastier, Présailles, Le Béage, Les Usclades, Rieutord. Le second passerait par Saint-Agrève en Ardèche en provenance du Puy-en-Velay (ibid. : 32-34). Dix-neuf bornes milliaires, actuellement connues, jalonnaient la voie Lyon – Bordeaux en territoire vellave (Dacko 2013 : 114).

2.2.1. Ruessio

Le chef-lieu de la cité, Ruessium (Saint-Paulien), est une station de la voie Lyon-Bordeaux. Son nom nous est parvenu par Ptolémée (La Géographie, II, 7, 2032), par l’Anonyme de Ravenne (Cosmographie, IV, 2633) et par sa mention sur la Table de Peutinger (Seg. I, B4). Sa localisation a été calculée à partir des distances mentionnées sur les bornes milliaires de la voie Bolène qui sert de cardo à la ville antique (Nectoux 2007 : 87 ; Rémy, Provost 1994 : 31). Cette importante voie du sud du Massif central traversait la cité du nord-est au sud-ounord-est. Elle unissait Lyon à Bordeaux par Feurs, Saint-Paulien, Javols, Rodez, Cahors et Agen en passant du bassin de la Loire à celui de l’Allier (Rémy 1995 : 25).

Les données disponibles sur la ville sont lacunaires jusqu’en 1980. Depuis, plusieurs travaux universitaires se sont succédé afin de compléter les connaissances : M.-C. Pin, D. Barras et É. Nectoux (thèse en cours). La ville antique est située à l’emplacement d’une occupation laténienne et à proximité de l’oppidum de Marcilhac. D’après M.-C. Pin, la ville antique se développe à l’époque augustéenne. La superficie est d’environ 28 à 30 ha ce qui en fait une petite ville. Elle est organisée selon une trame viaire définie par un cardo mis en place à l’époque tibérienne. Si aucun édifice monumental n’a été localisé, des blocs lapidaires, des dédicaces au culte impérial, de grands murs laissent supposer l’existence de grands bâtiments. Plusieurs tronçons d’aqueduc sont principalement connus par tradition orale (Barras 2004 : 476).

L’occupation couvre une période comprise entre le règne d’Auguste et le IVe siècle. Aucune nécropole n’a été repérée. À partir du IIIe siècle, la ville périclite au profit de

32 « En-dessous des Ausci sont les Velauni qui ont pour ville : Ruessium » (Nobbe 1843).

33 « Item iuxta super scriptam civitatem Genua est [civitas] quae dicitur : Obelonon, Dibialimon, Bidana,

Matiscum, Lucdonon, Scatianorum, Aquis, Icutmageon, Ribision, Codare, Andereton, Ugernon » (Schnetz

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l’agglomération d’Anicium où siège, d’après Grégoire de Tours, l’évêque Aurélius en 591 (Dartevelle, Nectoux 2010 : 206).

2.2.2. Les agglomérations vellaves, état des recherches

Cette cité, de taille réduite, ne bénéficie que de rares travaux en raison du faible nombre d’occurrences d’agglomérations potentielles. En effet, hormis la publication de M. Mangin et F. Tassaux aucune synthèse ou liste n’existe. La Carte archéologique de la

Gaule du département de la Haute-Loire est totalement muette sur la question. Seule

É. Nectoux (2007) dans son mémoire de master sur Le Puy-en-Velay, propose dans un paragraphe l’existence de 4 possibilités : Le Puy-en-Velay, Usson-en-Forez (Icidmago, dans la Loire ; Anonyme de Ravenne, Cosmographie, IV, 2634), Bas-en-Basset et Saint-Bonnet-de-Montauroux (Nectoux 2007 : 87-88). Cette dernière agglomération est cependant localisée dans la cité des Gabales (Fiches 2002). Peu de travaux peuvent être signalés hormis ceux d’É. Nectoux sur le Puy-en-Velay (de 2006 à nos jours), J. Verrier (depuis les années 1990) sur Usson-en-Forez et L. Lauranson (2007) sur Bas-en-Basset. Des travaux d’archéologie préventive ont d’ailleurs été mis en œuvre plus fréquemment sur cette commune sans pour autant permettre d’abonder l’hypothèse de l’agglomération en raison de la fréquence des diagnostics négatifs (information orale de René Liabeuf35).