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Type II : les bourgs et bourgades se distinguant des villes précédentes par l’absence

1.3. Les premiers corpus

1.3.4. L’expérience lorraine

Un nouveau corpus régional est publié en 1997 sous la direction de Jean-Luc Massy. Celui-ci couvre la Lorraine dite romaine. Contrairement à la Côte-d’Or, l’introduction permet

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à J.-L. Massy de proposer des justifications techniques, méthodologiques et terminologiques. L’atlas se compose de notices types, développées à partir du modèle du CICA, afin de permettre à des auteurs différents, choisis pour leur connaissance d’un ou plusieurs sites, d’avoir la même présentation. Ici aussi, l’auteur préfère l’utilisation du terme d’agglomération secondaire en s’appuyant sur l’argumentation proposée par M. Mangin (1986) et le choix des limites administratives de la Lorraine pour s’affranchir des difficultés liées aux limites de cités qui sont mal connues (Massy 1997 : 12). Le cadre chronologique est centré sur l’Antiquité romaine tout en prenant en considération les « périodes transitoires […] essentielles pour la compréhension de ces sites » (ibid. : 13). Les notices (Fig. 9) sont organisées par ordre alphabétique selon deux catégories : les Monographies (20) et les Notes

sur quelques agglomérations (18). En guise de conclusion, J.-L. Massy fait ressortir quelques

traits généraux à propos de la faiblesse des sources antiques mentionnant des agglomérations de Lorraine (Table de Peutinger, Itinéraire d’Antonin, Cosmographie du Ravennate, Ptolémée, Ammien Marcellin) tout comme l’apport limité des inscriptions. En effet, même si elles sont nombreuses sur certains sites, elles correspondent souvent à des fragments de stèles funéraires et n’apportent aucun renseignement sur l’agglomération. De plus, l’auteur souligne le poids de l’érudition du XIXe siècle et du début du XXe siècle mais surtout l’absence de renouvellement des données depuis ces dates. Ainsi, la quantité de petits articles ou de notes « d’un intérêt pas toujours évident et d’une qualité fort inégale » n’offrent qu’une documentation limitée et souvent redondante. Cet état de fait met également en lumière l’absence de programmation nationale et d’efforts, hormis quelques initiatives personnelles, pour l’étude de ce type d’occupation (ibid. : 409). L’analyse de l’implantation des sites d’un point de vue géographique fait ressortir trois situations : des implantations difficiles d’accès sur des hauteurs dominant le paysage (parfois succédant à une occupation laténienne), en fonds de vallée ou sur des terrasses alluviales le long de cours d’eau navigables (les plus nombreux), enfin sur des plateaux dominants des zones marécageuses (ibid. : 410-411). Le lien avec le réseau viaire est plus difficile à affiner en l’absence de données suffisantes sur le réseau secondaire. L’absence de chronologie ne permet pas d’appréhender son implication dans l’implantation des agglomérations (ibid. : 411). Enfin, la géologie des sites ne semble pas avoir eu d’impact particulier sur une installation privilégiée (ibid. : 412). L’organisation interne des agglomérations est liée à l’effet structurant des voies routières sur lesquelles elles s’installent. Dans plusieurs cas, des venelles ou des ruelles perpendiculaires à l’axe principal attestent d’un développement en profondeur. La forme des agglomérations reste cependant fortement contrainte par l’espace laissé libre par le relief et les cours d’eau (id.). L’auteur met

59 en exergue la difficulté d’évaluer la superficie des sites et met en garde contre des propositions anciennes souvent extravagantes. La reprise des superficies lui permet de distinguer trois classes : les plus nombreux cas, avec un noyau urbain de moins de 10 ha, ceux entre 10 et 20 ha et enfin les quelques cas de grande dispersion, entre 60 et 80 ha (ibid. : 414). L’apparat monumental des agglomérations paraît limité mais reste surtout très mal connu. Il en va de même pour les nécropoles qui restent souvent non localisées et la majorité des sites ne semblent offrir que quelques stèles funéraires. L’étude de l’habitat doit beaucoup au site de Bliesbruck qui permet de mettre en avant un type de construction déjà décrit de bâtiments rectangulaires, perpendiculaires à la voie, souvent mitoyens avec un espace domestique et un espace artisanal (ibid. : 416-417). L’artisanat est ici aussi principalement représenté par la métallurgie du fer (quasi systématique au sein des agglomérations), mais souvent perçu sans être réellement connu (ibid. : 417). La production de céramique est fort représentée dans ce corpus qui inclut de grands centres de production mais même les agglomérations les plus modestes semblent disposer de quelques fours. La diversité artisanale est marquée par l’extraction de pierres et la sculpture, le travail du bois, le tissage, la production de sel, la meunerie et boulangerie même s’il s’agit souvent de cas isolés (ibid. : 418-419). La tentative d’approche des relations avec la campagne amène J.-L. Massy à proposer l’existence de « centres ruraux » (ibid. : 421) ayant pour rôle de transformer, stocker et redistribuer les productions agricoles en raison de quelques découvertes de greniers, silos, halles, macella, pressoirs à vin, moulins, grilloirs à céréales, fours de boulanger, fumoirs ou séchoirs à viande,… Cette synthèse rapide permet à l’auteur de proposer à son tour un classement composé de 4 catégories. La première correspond aux groupements liés à l’exploitation rurale (10 à 25 ha et environnés de nombreux établissements ruraux), la seconde aux sites liés à la circulation routière (4 à 10 ha), la troisième à l’habitat groupé avec une fonction de production artisanale forte (superficie difficile à établir car souvent très éclatée) et enfin la quatrième aux centres à fonction cultuelle dominante avec notamment les grands centres religieux (60 ha, monumentalité importante). Enfin, chronologiquement, les traces protohistoriques restent difficiles à percevoir et interpréter. C’est à partir de la période tibéro-claudienne que la majorité des agglomérations deviennent perceptibles. L’auteur précise qu’il est encore délicat d’apprécier les évolutions des IIe et IIIe siècles mais tend à nuancer l’idée de destructions massives en 275 car ce phénomène n’est pas perceptible en Lorraine. À l’époque de Constantin, l’ensemble des sites, ou presque, est réoccupé (ibid. : 423). L’ouvrage se termine par les tableaux de synthèses qui sont maintenant systématiques dans les publications de corpus régionaux.

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