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Type II : les bourgs et bourgades se distinguant des villes précédentes par l’absence

1.3. Les premiers corpus

1.3.1. L’atlas de Côte-d’Or

Sous la direction de J. Bénard, M. Mangin, R. Goguey et L. Roussel, l’ouvrage, intitulé Les Agglomérations antiques de Côte-d’Or, est publié par l’université de Besançon en 1994. L’ouvrage se décompose en trois parties : une introduction sur l’espace géographique sélectionné et un historique des recherches, une suite de monographies de sites suivie d’une synthèse thématique des connaissances. L’introduction de l’ouvrage sert à justifier et replacer l’étude dans son contexte. Les auteurs commencent par expliquer le choix du cadre du département actuel, lié à l’absence d’études suffisantes sur les limites des cités concernées et l’état des recherches dans le département. Ils justifient également la présentation des monographies selon trois catégories : les villes (organismes à fonctions multiples et à apparat monumental plus ou moins développé), les bourgades (organismes à fonctions différenciées et dont l’apparat monumental est limité ou inexistant), les villages (groupements à fonction primaire, agricole ou minière) et un plan laissé libre aux contributeurs qui ne devaient respecter que la simple consigne de prendre en considération la bibliographie, la situation, la description archéologique, la chronologie et l’interprétation. Après la présentation géologique et géographique, l’historique des recherches fait ressortir la Côte-d’Or comme une région privilégiée et un modèle du genre dans l’étude des petites villes, « largement négligée dans le reste de la France » (Bénard et al. 1994 : 18). Pour les auteurs, le dossier de la Côte-d’Or est exceptionnel au sein du Centre-Est car les sites étudiés permettent de constater de façon générale l’existence de plan topographique et non « à la romaine », d’une quantité considérable de monuments publics, d’un nombre suffisant d’habitats fouillés pour établir une typologie de la maison, la présence d’îlots organisateurs, la place essentielle de l’artisanat et des échanges avec la campagne, le rôle du réseau hydrographique principal, une mise en place précoce après la conquête (Auguste, Tibère ; peu de sites prennent naissance à la fin de l’époque gauloise). Si les trois catégories de sites sont illustrées par plusieurs exemples, l’essentiel des sites relève des bourgs et bourgades (ibid. : 19-20). Le choix terminologique

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« d’agglomération secondaire » est ensuite justifié dans la lignée des débats précédents : il est préféré en raison des « confusions entretenues par l’utilisation du terme antique de « vicus » qui recouvre de multiples acceptions dans les textes latins » (ibid. : 21). Le terme d’agglomération est privilégié à celui de ville afin d’englober les « bourgs, bourgades et villages » et celui de secondaire précise uniquement le statut juridique sans préjuger de l’extension, de l’apparat monumental ou de l’importance de la population (id.). L’atlas se compose donc de 5 « villes », 13 « bourgades et sites à fonctions différenciées », 6 « villages », 5 « autres sites », soit 29 sites. Au sein de ce corpus, seul 23 sites sont assurés être des agglomérations. La comparaison du nombre de sites retenus avec les régions présentées au colloque de Bliesbruck9 montre l’abondance des sites en Côte-d’Or (ibid. : 213). Malheureusement, comme le précise l’auteur, l’état des recherches ne permet pas une exploitation au même niveau. La synthèse présentée en fin d’ouvrage est organisée en différentes parties dont l’une traite des paysages urbains. Les auteurs mettent en avant deux systèmes de voiries : les systèmes régularisés et ceux qui ne le sont pas, avec trois étapes d’évolution : la fixation du groupement sur une voie ou un carrefour (13 cas), l’installation d’une desserte interne avec la prospérité de l’agglomération, un remodelage urbain avec la création de « quartiers » dans la troisième phase si la prospérité progresse encore (ibid. : 218). Pour les « bourgs et villages », les auteurs précisent que le réseau des rues reste irrégulier. D’autre part, ils notent que pour toutes les agglomérations, la voirie est externe, c’est-à-dire que le site s’est installé sur une voie préexistante. La parure monumentale et l’équipement urbain sont ensuite abordés point par point. Les auteurs remarquent la pauvreté en équipement puisque seuls deux aqueducs sont connus et un seul égout. Les nécropoles sont mal connues et les installations de stockage ne le sont que par photographie aérienne. Quelques places publiques ont été relevées à Alésia, Nuits-Saint-Georges, Vertault et Mâlain et seulement 8 ensembles thermaux et 3 théâtres. Il faut cependant noter l’existence d’un macellum à Alésia, peut-être à Vertault et d’un amphithéâtre à Mirebeau (ibid. : 219-221). Les sanctuaires, très nombreux, sont majoritairement de type indigène (27 sur 47). Les connaissances sur l’habitat ne reposent que sur peu de sites : Alésia, Vertault, Mâlain et Nuits-Saint-Georges. Celui-ci présente généralement un portique ou une galerie en façade, l’un et l’autre pouvant être représentatif d’une chronologie particulière (les portiques sont surtout construits au Ier siècle même s’ils peuvent perdurer jusqu’au IIIe siècle alors que les galeries correspondent plutôt aux IIe et IIIe siècles). L’habitat est également caractérisé par la présence de boutiques, soit

9 23 sites pour la Suisse, 36 pour la Lorraine, 36 pour la Wallonie, 18 pour l’Alsace, 12 pour la Flandre, 11 pour les Pays-Bas, 4 pour la Nièvre, 7 pour la Saône-et-Loire, 12 pour l’Yonne.

55 directement sur la rue, soit en arrière des portiques/galeries (ibid. : 226). La forme des propriétés est principalement rectangulaire et allongée, perpendiculaire à la rue. Les maisons d’artisans présentent deux plans types : un côté pour l’habitat et l’autre pour une cour artisanale ou la succession d’une cour artisanale, puis de l’habitat et d’une cour domestique/jardin (ibid. : 227). Les auteurs notent que les habitats des commerçants présentent des plans plus complexes (ibid. : 228). Si aucun plan d’agglomération n’offre de réels îlots, ils observent dans certains cas, des regroupements d’habitats en « blocs » organisés. Deux autres possibilités existent : des « quartiers » inorganisés ou un état intermédiaire. Après la synthèse morphologique, les auteurs classent les sites en fonction des activités. Ils montrent l’existence de « villages et bourgs » relevant de fonctions primaires (cinq exemples auraient des fonctions uniquement rurales (villages de paysans), deux seraient liés à des carrières et deux autres à l’extraction minière et à la réduction du minerai). Les sites à fonctions secondaires offrent différents artisanats : travail de l’argile (2 cas), travail du fer (14 cas), travail du bronze (4 cas, toujours au sein d’agglomérations présentant aussi de la métallurgie du fer), tabletterie (2 cas), sculpture (4 cas). L’étude du rayonnement de la production permet de distinguer des sites d’intérêt local et des sites avec une diffusion plus large (ibid. : 238). Pour le secteur tertiaire, les auteurs mettent en avant l’existence de rôles administratifs locaux (id.) et internes pour la gestion de l’agglomération (ibid. : 239) mais surtout un quasi systématisme de la présence de la fonction religieuse dans les agglomérations avec des pôles dont la dotation en monuments laisse envisager un rayonnement plus large que la seule population de l’agglomération (id.). Les auteurs poursuivent par une étude de la société des « vicani ». En raison du caractère principalement interrogatif et incitatif de ce chapitre, il ne semble pas pertinent de s’attarder sur cette question difficile à percevoir. En conclusion, les auteurs justifient leur classement en « villes », « bourgades » et « villages ». Pour eux, les « villes » présentent un « système viaire interne plus ou moins régularisé, avec un regroupement en leur centre d’un certain nombre de bâtiments publics formant un véritable centre monumental, et une organisation de l’habitat en îlots relativement réguliers ». Les « bourgs ont un système viaire inorganisé ou une implantation du bâti simplement accroché à une voirie externe, ils ne disposent pas d’un véritable centre public mais tout au plus d’une place, et leurs habitats, sauf exception, ne sont pas regroupés en îlots ». Les « villages, au contraire, ne développent que des activités primaires, agricoles ou minières » (ibid. : 261). Les auteurs tentent d’affiner leur classement en proposant 6 niveaux : le niveau 1 correspondant au chef-lieu, le niveau 2 uniquement pour Alésia, le niveau 3 pour les agglomérations à fonctions plus ou moins complètes et rayonnement large avec 4 cas, le niveau 4 pour les

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bourgs, le niveau 5 pour les stations routières et le niveau 6 pour les villages (ibid. : 264-265). Cependant, l’étude cumulée du réseau des agglomérations avec le relief et le réseau viaire les amènent à simplifier cette hiérarchie qui après avoir exclu le chef-lieu ne comprend plus que les villes, les bourgs à fonction spécifique et les villages à fonctions uniquement primaires (ibid. : 277).