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autres parties de l’appareil neuro psychiques (Ferenczi, 1916 : 90) Il observe des hypersensibilités des organes de sens, des états de tensions excessifs (comme des sursauts au

moindre bruit ou vision, éveillé ou endormi…), qui servent à évacuer le trop d’excitation, et tentent de rééquilibrer ainsi, naturellement, le corps et l’esprit.

L’approche du corps est tri dimensionnelle. Ferenczi tenait compte de l’effet mécanique mais différenciait une origine organique et/ou psychique : il est impensable de ne s’occuper que de la réalité corporelle du sujet. La psychanalyse va s’attacher à ne pas dissocier, mais à faire lien entre corps et esprit.

Comment respecter le symptôme, et trouver les signifiants qui s’y rattachent ?

Il ne s’agit pas que d’écouter et de recevoir, mais de recevoir et trouver les signifiants, les clairs et les cachés, les conscients et les inconscients, et tenter de faire faire au sujet le chemin vers ses signifiants… Il s’agit de trouver ce qui de l’ordre de l’absence n’est pas admis, pose problème : Quel est cet objet perdu dont la perte n’est pas intégrée ?

1.5.5/ Le processus traumatique autonome

Le traumatisme est donc étudié depuis longtemps par la psychanalyse, son étiologie, ses conséquences négatives ou positives, sa nécessité et son universalité. Le collapsus psychique relate des dysfonctionnements identiques aux urgences physiques. Un langage typique d’un paradigme sur le psychotraumatisme, la traumatologie et la traumatophilie s’est développé.

Coup

,

après coup

,

collapsus

,

noyaux chaux et froids

,

proton princeps

… la liste n’est pas exhaustive.

Elaboration du symptôme traumatique

Le

choc rompt la sensation d’unité et de continuité

(effraction, faille, brèche). Le traumatisme vient percer la psyché, et vient

faire Trou et bloquer (thanatose

). Le sujet subit alors cet excès en toute impuissance comportementale ou mentale. Il y a débordement (les flux d’énergie sont modifiés) (trop tôt, trop dur, trop violent, trop intense …). En psychanalyse, on parlera d’un excès d’excitation, que le sujet ne pourra gérer, ne pourra intégrer. Le sujet est lesté et se trouve en paralysie et bradypsychie (le processus est conscient et verbalisable mais non maîtrisable) couplées à une douleur qui s’impose omniprésente. En état de

latence

(Brette, 2005 : 72), le traumatisme est localisable et verbalisable par autrui.

La plupart du temps, le processus de clivage (qui demeure un processus inconscient, à la différence de la dissociation qui est un processus conscient) s’amplifie : l’ancien

Moi

veut revenir, le nouveau

Moi

le refuse car il est le protecteur de la psyché, plus fort, plus expérimenté, formé par le traumatisme, l’ancien

Moi

fuit, et le traumatisme est intériorisé, conservé, séquestré.

Alors se génère l’automatisation du processus traumatique qui petit à petit se collant à la psyché, la transforme en névrose : Mise en place du régime économique du

Moi,

instinct de préservation, qui prend une place psychique importante réelle, obsessionnelle et consciente (obnubilation) ou inconsciente (refoulement, déni). Il interdit l’introduction d’une nouvelle réalité, et maintient le vécu passé dans le présent par un système de répétition... interdisant dès lors toute liberté et créativité et amplifiant le risque de désadaptation sociale et professionnelle, et de

dépendance masochiste

(Roussillon). Le traumatisme est une

représentation en lui-même auquel l’individu s’accroche. Perdre cette représentation

Organisation et désorganisation

Tous les traumatismes primaires ne sont pas forcément remémorés, ou insurmontables. Un traumatisme postérieur peut par contre provoquer un séisme psychique et faire symptôme. Il y aurait donc une chaîne et un enchaînement des traumatismes, à considérer.

La conséquence pathogène d’un traumatisme refoulé ou forclos rend le souvenir présent et à la fois absent et lancinant : il ronge le sujet. Ainsi, peut naître le bénéfice secondaire du traumatisme : s’affliger sur soi même, s’auto-fasciner, s’auto-enfermer jusqu’à l’exclusion sociale vers, au pire, la forclusion et le délire, la mélancolie, la psychose.

Lever le bénéfice secondaire, affronter le traumatisme initial amène à un effondrement pour reconstruire, ou aggraver l’enfermement. Le traumatisme s’évalue avec précaution mais obligation. Il est difficile de mesurer l’éventuelle capacité du sujet à refaire cette traversée vers ce traumatisme et l’élaborer. Pourtant, il faut tenter d’avancer à petits pas. Il se joue un conflit entre le

Moi

avant le traumatisme et le

Moi

après le traumatisme : l’ancien

Moi

veut revenir mais le nouveau

Moi

le refuse, s’estimant protecteur de la psyché, plus fort, plus expérimenté, formaté par le traumatisme. L’ancien

Moi

fuit, la névrose s’ancre, avec ses peurs, ses répétitions. Le traumatisme est intériorisé, l’ennemi devient intérieur.

Enfin, et surtout, l’expérience traumatique est toujours subjective, c'est-à-dire propre au sujet.

Le traumatisme et le rapport à la mort

Si dans la perspective freudienne, la névrose se génère d’un désir inconscient, la névrose de guerre se construit bien souvent à partir d’un traumatisme, extérieur, mais aussi à partir de l’effondrement d’une illusion, donc d’un objet abstrait. Freud parle de désillusion, notamment dans

Actuelles sur la guerre et la mort, La désillusion causée par la guerre

, écrit en 1915. Le traumatisme génèrerait la névrose, la gravité de l’un n’ayant pas d’incidence, à priori, sur l’importance de l’autre.

« Personne au fond ne croit à sa propre mort, ou, (…) chacun de nous est convaincu

de son immortalité »

(Freud, 1915 : 19). Si d’aucun sait que la mort est inévitable, personne ne la perçoit comme nécessaire. Or, lors du traumatisme, elle frôle le sujet telle une entité extérieure, intrusive et rappelle son évidence ou apporte un bénéfice (soulagement de souffrance, apport matériel par héritage…) qui agrémente une sensation de culpabilité et de redevabilité. Car

« chacun de nous est en dette d’une mort »

(Freud, 1915 : 18). Et lorsque la mort se prononce et nous coupe d’un être, l’absolue destinée de tous mourir un jour se ravive.

La mort œuvre en ce qu’elle amène à tenter de la comprendre, la rejeter, la repousser, la prévenir, l’éviter, par tant et tant de techniques, de formations, d’entraînements. Mais lorsque l’œuvre de la mort se fait corps mort, nous

« ravalons la mort du rang de nécessité au rang de

hasard »

(Freud, 1915 : 19). Ainsi, la mort nous oblige. La mort oblige96 culturellement à respecter le mort,

« paix à son âme »,

à ne retenir de lui, non pas la vérité, réalité, mais ses bons côtés. La mort oblige à respecter un sujet qui ne le demande plus, alors que parfois moins d’attention est portée pour les êtres vivants.

Ainsi, le traumatisé entretient un rapport intense à la mort. Il semble qu’elle le côtoie. Les ombres se font permanentes, et le sujet se réjouit inconsciemment de cette morbidité latente qui nourrit sa vie. Cela le stimule et le ramène tout à la fois à ce qu’il a évité, la mort. Une fascination morbide se génère souvent à partir de l’événement, et se régénère dans l’entretien d’une vie teintée de gris, de noir, de rouge. Cette mise en place d’un système de répétition est un générateur d’énergie.

Avec et après la guerre, il est impossible de rejeter la mort. Elle est quotidienne. Elle est œuvre de l’homme. Elle donne l’espoir d’être épargné. Mais l’accumulation de morts autour de soi pendant la guerre réduit l’espoir jusqu’à l’amoindrir et le tarir. Reste alors la fatalité, et l’attente du moment fatidique. Pèse alors le sentiment d’évidence et se réveille les sensations de menace, de persécution, et d’angoisse, liées à l’attente impuissante d’une mort obligée, contrainte, nécessaire. La mort n’est plus conventionnelle, elle est intentionnelle. La mort n’est plus pathologique ou sénescente, elle est violente, brutale. Avec la guerre, notre propre mort nous échappe encore davantage.

Freud pensait que l’humain par peur du manque s’est imaginé tout un scénario de vie après la mort, soit la mort comme un début d’une autre phase de vie. Ses avis étaient très tranchants à ce sujet :

« ces existences ultérieures (…) avaient le caractère de lamentables

expédients »

(Freud, 1920 : 41). La mort amènerait une

conscience de la culpabilité (Freud,

1915 : 42),

qui entretiendrait une relation mentale et funeste avec l’être perdu (l’ancien

Moi

, ou un être proche,) pour entretenir une identité mémorielle, alors qu’autrement acceptée, la mort laisse davantage de place aux personnes restantes, et que cette place permet de développer encore plus son identité.

Ainsi, de cette

conscience de la culpabilité

seraient issus les fondements de l’éthique judéo- chrétienne couplés aux fondements de la civilisation : les règles appliquées aux proches s’appliquèrent aussi aux autres inconnus (Commandements bibliques). Toutefois, Levis

96 Exception faites de certaines têtes politiques, intellectuelles, qui ramènent ces morts à des dommages collatéraux, des nécessités minimales pour assurer la paix

Strauss démontraient que les peuples ont tous un pacte social qui leur est propre : des peuplades moins « civilisées » ou moins « développées » (dans le sens actuel, civilisation a souvent une consonance de pays développé, voire vient marquer un sentiment de « supériorité ») sont animées de leurs propres éthiques.

Selon Freud, l’inconscient n’a pas de conception de la mort, alors que le conscient peut en avoir une idée qui serait la plupart du temps négative. L’inconscient construit par strates successives d’où viennent les pulsions est neutre :

« rien de pulsionnel en nous ne

favorise la croyance en la mort »

(Freud, 1915 : 27). Naturellement, il n’y aurait pas de pulsion de mort, dans le sens où la pulsion émanerait d’une forme de primarité animale qui développe l’instinct de survie. La pulsion de mort, serait, en fait, un résidu d’une pulsion

de vie, ou de désir, atrophiée. La pulsion de mort serait un appendice de la pulsion de vie mal

jouée et se métaphore par

La peau de chagrin

que Freud lit sur son lit de mort. L’inconscient ne peut pas se représenter

la mort propre

(Freud, 1915 : 30) mais peut être source de pulsions de désirs de mort. La mort génère donc déjà un conflit psychique, une ambivalence de sentiments. De retour de mission, incompréhension et bonheur de rester vivant contrastent : émotions complexes,

syndrome de Lazare

. Enfin, de la mal-gestion de ces ambivalences de sentiments, de la mal-gestion de cette culpabilité liée à la mort, découlerait l’émergence d’une névrose.

La répétition mortifère, séquelle du phénomène traumatique

Manger, se laver, nous sommes tous dans la répétition. Elle fait partie du quotidien. La répétition est un acte connu de tous. Elle instaure les repères, structure la vie courante. Mais elle peut venir signifier autrement un phénomène mal vécu, traumatisant… La répétition peut devenir enfermante, voire pathologique.

La répétition est liée au conflit interne de l’individu, le

même

, bloquant. La névrose traumatique fusionne le réel et l’imaginaire : le réel passé étant omniprésent dans le présent et dans l’imaginaire, laissant impossible l’accès à une dimension symbolique. Il répète sans cesse le phénomène traumatique par défaut de possibilités de représentation.

L’être construit un nouveau mode de défense, inefficace97 : la répétition. Elle concentre toute

l’énergie de l’individu vers une fissure pour la colmater sans la réparer. Ce

contre

investissement

ralentit, voire paralyse98, toutes les autres fonctions :

« L’individu meurt de ses

97Ibid, page 4.

Le Moi est ce mur de défense abimé. « Le moi dispose du contrôle des mouvements volontaires. Il assure l’auto conservation. (…). Il est

guidé par la prise en considération des tensions provoquées par les excitations du dedans et du dehors ».

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