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n’y a pas d’institutions sans fiction et la répétition est au cœur des systèmes juridiques »

(Dezeuze : 64).

Quelques définitions théoriques sur Le père

On peut entendre par père : la Genèse (Dieu), la naissance (procréation), l’évolution (éducation).

Selon Freud, la mère est une certitude (elle porte l’enfant et le fait naître), le père est une hypothèse. Mais, le père a une fonction de construction libidinale pour ses enfants. Il est le moteur, l’origine de la séduction. Il a une fonction d’articulation et de représentation. Selon Lacan, le père est symbole de la séparation, de la construction par la différenciation. Le père fixe l’idée de temps, et d’intemporalité58, d’ordre et d’autorité. Selon Catherine Alcouloumbré59, le père est un référentiel, il donne du sens. Cette idée d’appropriation est reprise par Jean Daniel Causse60 : la relation au père déterminerait le fondement du lien entre les individus61. Le père représente une juxtaposition dans le temps (succession historique), et une juxtaposition dans l’espace (Dezeuze : 3). Il maintient la notion d’Entre deux (Sibony) : entre son père et son enfant, et entre deux parents (père et mère). Il fait dialectique. Etre père, c’est naviguer entre ce qu’on nous a transmis (valeur, traditions, souffrances…) et ce qu’on voudrait transmettre.

Du père comme référence à l’Interdit

Dans Totem

et Tabou

62, Freud symbolise l’image paternelle sur le totem et évoque deux

tabous fondamentaux : la prohibition de tuer le totem, et d'épouser une femme appartenant au

même totem.

Ces tabous se retrouvent dans la composition familiale européenne. Ainsi, si l’inceste est transformé par la religion en Péché, dans la religion, le principe de la Loi, est porté par la règle des

Dix commandements.

58 En 1963, Lacan, dans Des noms du Père explique que le père permet une identification, qu’il soit absent ou présent. Il permet à l’individu, et à la société de se construire au-delà du temps.

59 Catherine Alcouloumbré, psychologue clinicienne, exerce la psychanalyse à Paris et est chercheur au centre de recherches et d’accompagnement en psychanalyse.

60 Causse JD., In Les mythes bibliques au regard de la psychanalyse : étude de quelques grands récits, Masters communauté et identité en psychanalyse, Concept fondamentaux psychanalyse, 54 pages, page 10, ligne 13.

« L’inscription dans la filialité, (…) être fils ou fille veut dire ne pas venir seulement de ses parents mais d’une procédure symbolique qui passe certes par quelqu’un, mais qui reste une opération en excès de soi ou de ses parents ».

61 « L’inscription dans la filialité, (…) être fils ou fille veut dire ne pas venir seulement de ses parents mais d’une procédure symbolique qui

passe certes par quelqu’un, mais qui reste une opération en excès de soi ou de ses parents » (Causse : 10).

62 Freud publie Totem et tabou, en 1913, dans lequel il étudie la psychologie de groupe grâce à la psychanalyse. Freud, à partir de ses observations et des analyses, introduit le mythe de la horde primitive et du meurtre du père, suivi immédiatement de la formation d’une communauté fraternelle qui serait la forme originelle de notre culture. Dans Totem et tabou, Freud exploite dans sa démonstration l’archaïsme des hommes sauvages supposé proche de celui de nos ancêtres. Freud postule qu’il y a des comportements, des composantes de la vie psychique qui subsistent au travers du temps et au travers du monde entre tous les peuples (généalogie).

L’homme est donc pris dans un conflit entre ses envies et les interdits de la communauté, que le père fera respecter.

Des rôles symboliques du père ? La hiérarchie

La Nature, par le biais de la généalogie63 crée une hiérarchie de génération, repère essentiel à la place de chacun. Donc le Père, lien entre l’Etre et le Néant, lien de toutes choses, reconstitue un puzzle (passé, présent, futur), il permet d’être et de devenir. Il est un médiateur ancré dans une généalogie, il éclaire et guide son enfant.

Viennent ici se poser les questions de généalogie et de permutation symbolique des places. Le père est là pour aider l’enfant à se différencier de lui-même, selon un long processus de mimétisme, identification, puis séparation

comme une négociation ou un duel, dans la

réciprocité

64 (Dezeuze : 73).

Le rôle symbolique du père est de permettre à l’enfant le détachement. Le processus de réciprocité, d’identification est réel, et non fantasme. Il ne peut être constructif que s’il trouve une limite (différenciation). La généalogie soutient ces processus. Elle pose un ordre chronologique, donc une limite (qui est qui, qui représente qui). Cette temporalité ramène l’individu d’être en devenir (enfant), à être en position (adulte), puis être en transmission (père), et être en fin de vie.

Des rôles symboliques du père ? Le pilier du groupe

Pour Freud, le père est fondateur de la communauté. Freud rattachait le besoin d’appartenance à une communauté au besoin de la protection du père, que l’être va rechercher toute sa vie65 (on trouve là la causalité psychologique de choix d’une profession).

Dans la société, l’individu est reconnu deux fois, par sa naissance naturelle et par le droit civil : reconnu par ses parents et les autres, il fait donc dès sa naissance partie intégrante de

63 (Dezeuze : 74)

« La généalogie ne fonctionne pas par accumulation de places, mais à coup de perte, par permutation symbolique du sujet à travers les places juridiquement désignées, sur la base de relation œdipienne. C’est le sujet qui doit déménager : il doit apprendre à perdre quelque chose ; mais pour gagner quoi ? La permutation symbolique nous enseigne en quoi consiste l’échange, ou si vous préférez, le changement de registre des identifications, dans l’espace subjectif de l’Ego»

64 La réciprocité s’exerce dans le sens où la différentiation s’exerce mais ne peut être totale de par le lien de transmission : le jeu du miroir, de réciprocité aura toujours lieu dans les deux sens.

65 (Freud, 1938 : 4)

Freud, le Moi/ et le sentiment primaire

Freud pense que c’est dans l’individu lui-même, dès son enfance, que se crée le besoin, d’être aidé. En effet, les parents ont des lacunes et ne créent pas un sentiment de sécurité suffisant pour subvenir aux besoins d’indépendance de leur enfant. Le moi primaire est mis à mal. Ainsi, le moi produit donc le désamour, la haine, car il désire un objet qu’il hait aussi car il ne sera jamais Moi, totalement à Moi (l’enfant désire son père ou sa mère). L’écart entre l’envie et l’assouvissement de cette envie ne peut être baissé, ni anéanti et génère un mauvais vécu, une frustration, une haine, de l’agressivité.

« Le moi assure l’auto conservation : pour ce qui concerne l’extérieur, remplit sa tâche en apprenant à connaître les excitations, en

accumulant (dans la mémoire) les expériences qu’elles lui fournissent, en évitant les excitations trop fortes (par la fuite), en s’accommodant

des excitations modérées (par l’adaptation), enfin en arrivant à modifier de façon appropriée et à son avantage, le monde extérieur (activité) ».

groupes (famille, cité). Ce groupe lui transmet les règles, leur respect et la répartition des rôles. Il ne peut en être autrement. Refuser, c’est sortir de l’ordre social, s’opposer à la volonté de

masse

(Freud , 1929 : 24)66 :

« L’état exige de ses citoyens le maximum

d’obéissance et de sacrifices, tout en faisant d’eux des sujets mineurs par un secret excessif et

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