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QU’EST-CE QUE LA PÉDAGOGIE ?

2. La pédagogie et ses milieux

Les grands pédagogues sont des repères en pédagogie. Devenus légendes, ils sont héritages.

Phares dominants, ils permettent de s’inscrire dans une histoire éclairant notre présent. Une phrase, une anecdote, une image suffisent parfois. Autant de signes qui donnent racines aux pédagogues d’aujourd’hui. Et disent ce qui fait l’essentiel de la pédagogie : l’explicitation de moyens pour réaliser une mission impossible : transmettre un « vrai » savoir qui n’est pas chose qui se transmet. Le « vrai » savoir varie d’un pédagogue à l’autre, il est teinté suivant les époques et les hommes de mythe, de religion, de philosophie, de politique, de sciences. Mais le dénominateur commun de chaque pédagogie est de présenter, pour la transmettre, sa manière d’accomplir cette mission impossible dans le milieu qui est le sien. En fondant ses moyens sur ses croyances-savoirs et les finalités de son action. Ainsi Socrate dit déjà la mission impossible :

Quel bonheur se serait, Agathon, si le savoir était chose de telle sorte que, de ce qui est plein, il pût couler dans ce qui est vide, pourvu que nous fussions en contact l’un avec l’autre ; comme quand le brin de laine laisse passer l’eau de la coupe la plus pleine dans celle qui est plus vide. (Banquet 175d)

Tous les pédagogues montrent cet aspect qui est à la source de l’invention pédagogique : la nécessité de chercher encore et toujours de nouveaux moyens pour dépasser les dilemmes, les tensions, les paradoxes rencontrés pour éduquer. Ils le font en disant les difficultés rencontrées, les obstacles dépassés dans leurs milieux.

Pédagogues de l’Antiquité, du Moyen Âge, de la Renaissance, de la Modernité : ces périodes sont définies aujourd’hui de manières diverses, y compris sur le plan de la temporalité, le tout étant lié. Elles sont qualifiées telles aussi aujourd’hui pour parler des discours publics portant sur l’éducation. Fortement influencés par les contextes dans lesquels ils sont élaborés, ce sont des discours marqués par la vie des hommes qui les ont tenus. C’est la première caractéristique de toute pédagogie : on est toujours pédagogue de son époque. Quelques exemples suffisent pour le rappeler. Et les figures les plus connues permettent de le faire sans pour autant devoir nous y attarder pour notre recherche. Socrate, Augustin (référence bibliographique placées sous Saint Augustin), Vives vont nous y aider.

74 Précisions épistémologiques

Les apports de la recherche de Jean Houssaye et de ses collaborateurs sur les pédagogues de l’Antiquité à nos jours sont ici nos sources de référence (1994, 1995, 1996, 2002, 2007). Nous leur empruntons leurs analyses, et bien souvent leurs propres mots.

L’ambition de la série d’ouvrage publiés sous la direction de ce chercheur est de souligner et de justifier l’existence et la permanence en éducation de cette catégorie des pédagogues au sein de l’histoire de l’éducation et de la philosophie de l’éducation.

Ces références me permettent de souligner la difficulté qui perdure tout au long de l’histoire de faire reconnaître la pédagogie en tant que telle.

2.1 Socrate ou la pédagogie confondue avec la philosophie

C’est sur la base de l’étude proposée par Solère-Queval (2002, p. 38-59), que nous nous intéressons à Socrate14.

Socrate connut la grandeur d’Athènes dans sa jeunesse. Sa maturité coïncide, en revanche, avec la crise politique et militaire de la guerre du Péloponnèse contre Sparte, et l’essentiel de sa vie adulte se déroule sur fond de guerres et de drames : il voit mourir Périclès en 429 et la peste décimer la ville. Il voit les rêves d’empire athénien s’effondrer. Quand Athènes capitule devant Sparte, il assiste à l’instauration d’un gouvernement oligarchique : trente tyrans exercent un pouvoir répressif, beaucoup de démocrates doivent fuir Athènes. Socrate refuse de coopérer avec ce régime et ne doit sa survie qu’à la chute des tyrans (403 av J.C).

Le dernier tiers du 5e siècle avant J.C a été une période de grandes innovations pédagogiques. Marrou15 (cité par Solère-Queval, p. 39) montre les modèles éducatifs en débat :

- la vieille éducation aristocratique valorisant encore la formation militaire et sportive ; - une éducation cherchant à la dépasser pour former la jeunesse à vivre en démocratie. Les enfants fréquentent les écoles qui se sont multipliées, y apprennent à lire, écrire, compter.

Avec, pour prolonger cet enseignement élémentaire, une formation supérieure proposée par les Sophistes contre rémunération. Et qui vise à développer les compétences requises par la vie démocratique : l’habileté oratoire, l’art d’amener un auditoire à partager un point de vue.

14 Cet auteur se réfère dans le livre de Jean Housaye aux études de : - Brun, J. (1998). Socrate. Paris : PUF. 12e éd.

- Sauvage, M. (1997). Socrate et la conscience de l’homme. Paris : Le Seuil. 2e éd.

- Wolf, F. (1987). Socrate. Paris : PUF.

Et aux écrits d’Aristophane (Les Nuées), de Platon (Œuvres complètes), de Xénophon (Œuvres complètes).

15 Henri Irénée Marrou (1904-1977) a écrit des livres sur la culture intellectuelle et religieuse de l'Antiquité tardive, ses travaux sur les Pères de l'Église, particulièrement sur saint Augustin, ses réflexions sur la « connaissance historique » et la « Théologie de l'histoire », lui valurent une réputation internationale et lui attirèrent de nombreux disciples. Cet homme a fait lui aussi œuvre de pédagogie. Lire Pierre Riché (2003) Henri Irénée Marrou, historien engagé. Paris Cerf Histoire.

Une réaction fait face à ce courant : les anti-sophistes qui reprochent aux sophistes que la vertu qu’ils prétendent enseigner n’a rien à voir avec la vertu héroïque de l’âge aristocratique : elle n’est plus ce talent naturel que la fréquentation des anciens cultivent, mais une simple habileté technique accessible à tous pourvu qu’on l’achète.

Refusant l’une et l’autre de ces vertus, Socrate se fera des ennemis de part et d’autres. Avec l’ignorance du maître comme procédé pédagogique, il ouvre la voie à nos pédagogies modernes du problème. Socrate n’est pas un Jacotot (1770-1849), un maître ignorant capable de faire apprendre ce qu’il ignore. Il sait où il veut conduire l’autre : à découvrir son ignorance. La science est l’action juste. Se savoir ignorant est utile à l’action juste.

En se déclarant lui-même ignorant, Socrate enseigne que le vrai savoir n’est pas une chose.

Sa pédagogie est disqualification des savoirs-objets, de ces savoirs qu’on possède pour les avoir entendus, mais qui ne deviennent pas des plus-values d’être. Il ne prêche pas l’ignorance systématique, mais recommande de n’apprendre que ce qui est indispensable à sa vie pratique.

Socrate veut libérer, dégager de tout ce qui entrave la pensée, et d’abord des opinions préformatées, véhiculées sans réflexion, répétées mécaniquement ou dans le souci de se conformer à une majorité. La discussion socratique met en évidence l’asservissement au grand nombre et à ses préjugés. Ce que veut Socrate à défaut d’informer, c’est former (Wolff, 1987, p. 40). La forme d’humanisme de Socrate n’est pas l’humanisme des sophistes qui fait de l’homme «la mesure de toute chose », mais un humanisme qui fait de l’homme le seul et unique objet d’intérêt. C’est le savoir exister qui est le seul savoir véritable.

Ce que Socrate enseigna, c’est que la vertu est un savoir sans objet (Wolf, 1987, p. 57), la connaissance de soi qui se découvre au-dedans de soi. Socrate a ouvert à la « conscience morale » (Hadot, 1995, p.63). En déplaçant la vertu du dehors au-dedans, de la sphère politique à la sphère morale, Socrate conserve l’idée grecque selon laquelle elle est l’art de commander.

Mais Socrate fait comprendre qu’avant de songer à gouverner les autres hommes et la cité, il faut être capable de se gouverner soi-même. Avec Socrate, et pour la première fois, la question de la liberté devient un problème moral (Jaerger 1943).

Socrate ne fut pas un maître. Il ne tint pas école. Il n’eut pas de classe. Il ne se fit jamais rémunérer pour son enseignement. Et Platon (Apologie 33 a-b) lui fait dire : « Des discours à vrai dire, je n’en ai jamais eu un seul. Si quelqu’un désire m’écouter quand je parle… je n’en refuse le droit à personne… je suis à disposition du pauvre comme du riche sans distinction, pour qu’ils m’interrogent ou, s’ils le préfèrent, pour que je les questionne et qu’ils écoutent ce que j’ai à dire… » (Solère-Queval, p. 44).

On peut dire que l’activité pédagogique de Socrate a consisté tout simplement à vivre la vie de ses concitoyens, à faire ce que chacun faisait à l’heure et au lieu où il le faisait. Socrate éduque en existant. En discutant. Le dialogue est le maître-mot de la pédagogie socratique. Et le dialogue, c’est l’examen mené en commun des actes et des croyances de chacun. L’art du questionnement de Socrate, c’est celui de la question qui accule l’interlocuteur à regarder ce qu’il ne pouvait pas voir, ses inconséquences et incohérences. Cet art du questionnement porte un nom « la maïeutique » , « l’art de la sage-femme ». Socrate rappelait que sa mère était accoucheuse de métier. Il dit qu’il en vint à poser l’équivalence entre la pratique des accoucheuses et ses propres pratiques.

Socrate, en utilisant le vocabulaire d’aujourd’hui prône l’égalité des chances, mais pas celles d’une égalité de réussites ou des acquis… Il n’est pas dans une logique de « socle commun de connaissances », de « bagage culturel commun », il accepte les avortements spontanés, les stérilités, les fausses couches. L’art maïeutique est dit aujourd’hui être un art sélectif en raison

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de ces acceptations. Mais peut-on le qualifier tel sans le contextualiser dans le milieu de son émergence? L’époque pouvait-elle permettre à Socrate d’aller plus loin ?

La pédagogie antique, dont parlera Platon, explicite le sens des lois, considère l’enfant à partir de ce lien de citoyenneté qui l’unit à la cité. Une citoyenneté athénienne qui n’était pas attribuée à tout le monde. Le principal mode d'accès à la citoyenneté était la naissance.

Néanmoins, le droit de cité pouvait être accordé à des hommes libres qui n'étaient pas nés Athéniens. Cette faveur fut octroyée plus ou moins généreusement en fonction des époques, mais elle fit toujours l'objet de la plus grande circonspection. À titre exceptionnel, la citoyenneté athénienne était attribuée à l’individu qui pouvait faire état de parenté susceptible de lui ouvrir un tel droit ou en récompense de services rendus à la cité. Elle faisait toujours l'objet d'une délibération publique à l'Assemblée et, chose rare, d'un vote à bulletins secrets.

Les néo-citoyens ne jouissaient pas pour autant de tous les droits d'un citoyen de naissance. Ils ne pouvaient exercer de magistrature ni de fonction religieuse à caractère civique. Enfin, leur citoyenneté n'était transmissible aux enfants mâles que si ceux-ci étaient issus d'un mariage légitime avec une femme athénienne.

Le pédagogue éduque dans une époque. Il exerce et propose des pratiques de formation en fonction des finalités et des croyances qui sont les siennes dans les milieux qu’il traverse.

Qu’il peut par conséquent exposer ou pas. Avec risques ou pas. Depuis l’Antiquité, le discours du pédagogue dépend de sa philosophie, du regard qu’il a sur l’homme et ses libertés. Certaines figures sont aujourd’hui devenues marquantes, influentes, éclairantes sur le plan sociétal. Parce qu’on les a repérées. Et conservées comme repères.

Au carrefour de deux époques, de deux siècles, de deux idées, le nom d’un pédagogue ainsi surgit parfois dans l’histoire des hommes. Parce que la pédagogie et la politique d’une époque participent aux virages pris par une société en exercant toujours ensemble une influence, y compris à travers leurs contradictions, une influence sur la liberté de l’homme.

Coiffé souvent d’une autre étiquette le caractérisant tout aussi justement : le pédagogue traverse alors le temps sous une seule de ses étiquettes. A en oublier parfois qu’il a été pédagogue. Il s’agit pour notre propos de ne pas confondre ces étiquettes. Sans oublier de les relier. Socrate a bien été philosophe et pédagogue. La pédagogie étant au cours des siècles précédents la Renaissance incluse dans la philosophie. En 399, quand Socrate boit la cigüe, il est l’un et l’autre et par cette alliance, il bouscule la politique. Si il est condamné à mort parce qu’accusé de ne pas reconnaître les dieux de la cité et de corrompre les jeunes gens, il meurt parce que les cicatrices de la guerre civile qui ramène la démocratie à Athène ne sont pas fermées.

2.2 Augustin ou la pédagogie confondue avec la mystique

Parmi les finalité et les valeurs du pédagogue philosophe, la mystique peut occuper une grande place.

L’exemple d’Augustin nous permet de voir comment pédagogie et religion s’acoquinent pour s’occuper de la liberté de l’homme. La doctrine pédagogique d’Augustin est inséparable, là encore, de son expérience vécue dans ses milieux. Celle-ci est connue grâce aux Confessions.

Augustin a vécu dans la période de l’Antiquité tardive. Profitant toujours de la recherche de Jean Houssaye et de ses collaborateurs sur les pédagogues de l’Antiquité à la Renaissance (2002), nous reprenons ici l’analyse de Jean-Marc Lamarre (2002, pp. 124-149). Il nous fait

découvrir Augustin installé dans une période où l’Empire romain est dans une situation difficile :

Augustin est le contemporain d’un événement capital par son retentissement dans tout l’Empire : en 410, Rome, la ville qui se croyait invincible et éternelle, est mise à sac par les Wisigoths d’Alaric. Vingt ans plus tard (430), en Arique, Augustin meurt dans Hippone (Annaba en Algérie) assiégée par les Vandales.

Augustin n’est pas seulement le témoin de la fin d’un monde, il est aussi l’acteur principal en Occident, de l’épanouissement d’une culture nouvelle, celle du christianisme. Avec la conversion de Constantin (313), l’Empire est devenu chrétien. Augustin vit l’heure du triomphe de la nouvelle religion : en 380, Théodore établit le christianisme comme religion d’Etat et en 391, il interdit le paganisme (fermeture des temples). Pareillement, la pédagogie médiévale, d’inspiration chrétienne, envisage l’enfant dans le cadre de sa relation à Dieu.

Né en 354 en Algérie, dans la province de l’Afrique romaine de parents d’origine berbère, citoyen romains, père païen, mère chrétienne, Augustin est élevé dans le catholicisme. Reçoit l’éducation traditionnelle des jeunes gens aisés de 7 à 19 ans. Devient un représentant de la culture lettrée de l’Antiquité. Culture oratoire et littéraire. Il s’éloigne de la religion de sa mère, se livre aux plaisirs des spectacles et de l’amour. Devient père. Et professeur de rhétorique. Il enseigne en Afrique puis en Italie, à Rome et Milan. Il devient un maître excellent et un rhéteur réputé. Il a de l’ambition et une brillante carrière s’offre à lui… Sa vie va être bouleversée par sa conversion au Christianisme qui passe par une formation à la philosophie… Il lit un ouvrage de Cicéron qui l’exhortait à philosopher (à avoir l’amour de la sagesse). Comme il ne peut suivre un enseignement régulier à Athènes ou Alexandrie, c’est en apprenant seul (« seul avec moi-même » comme il l’écrit), qu’il acquiert une culture philosophique. Cette période est probablement la source de la doctrine du Maître intérieur. Tenaillé par une inquiétude existentielle et une quête de Vérité, à travers de nouvelles rencontres avec des livres et des hommes, il est séduit par les manichéens et adhère pendant 10 ans à leur religion. Puis il passe à des livres néoplatoniciens pour revenir à un Christianisme compris à la lumière de la philosophie. Mais cette conversion philosophique et religieuse de l’intelligence attise son inquiétude. C’est en proie à la détresse, qu’Augustin se retira dans la solitude d’un jardin de Milan. Abandonnant le professorat et renonçant à ses projets de carrière et de mariage, il veut suivre l’idéal chrétien ascétique de la vie parfaite. Il ne renonce pas alors à enseigner. Mais il met le savoir au service de Dieu. Avec ses disciples, il crée sa propre école : une communauté philosophique et religieuse. Il devient évêque en 396.

La conception de l’éducation est inséparable de sa réflexion sur sa propre expérience : celle de l’impuissance de l’homme qui ne compte que sur l’homme, et celle de la délivrance par le Christ. Le problème de l’éducation chez Augustin est un problème insurmontable : l’éducation humaine est trop humaine. Et l’enfant est marqué dès sa naissance par le péché d’Adam et par des éducateurs qui agissent mal. Augustin ne dénonce pas l’école en tant que telle, mais les éducateurs, la tromperie des adultes qui se jouent de l’enfant. La différence entre le dire et le faire : on élève les enfants dans la foi chrétienne et, en même temps on les pousse à briller et à rechercher la gloire.

Augustin est l’homme du passage de la culture antique, dont il est un héritier, à la culture médiévale dont il construit en Occident les fondements.

À la fin du Moyen Âge, les systèmes de pensée et d’action visent avant tout à étendre la catholicité. L’unité spirituelle est projetée dans une réalité métaphysique néoplatonicienne, qui reste conciliable avec l’idée de la création et un pouvoir temporel intégré au pouvoir spirituel.

Mais cette aspiration à l’unité va échouer dès le 14e siècle.

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Retenons ce lien fort chez Augustin entre mystique et pédagogie. Mais à nouveau sans confondre l’une et l’autre. Et sans oublier l’importance de la période, du milieu dans lequel naît sa pédagogie.

La fin du Moyen Âge est marquée par des perturbations démographiques et sociales, qui entraînent des crises morales et religieuses qui vont transformer la pédagogie. Le Moyen Âge aura marqué un élargissement du regard de l’homme sur lui-même et sur le monde. Et provoqué en Europe, la scission avec tous ces soubresauts, entre une raison dirigée par l’expérience qui commence à connaître les lois naturelles des choses, et un mysticisme qui va directement à Dieu sans passer par la nature.

2.3 Dès le 14e siècle : la pédagogie face à la réalité

La guerre de 100 ans (1337-1453) va ravager l'Europe. Et provoquer la naissance des nations. L’idée de nationalité va faire disparaître l’idée d’une politique de la chrétienté. Et d’une chrétienté unie. Ce sont les finalités de l’éducation qui sont alors touchées : il ne s’agira plus désormais d’une réflexion et d’une pratique consistant à former l’homme pour vivre sous la domination d’un prince ou d’un dieu, mais de le former à vivre dans le monde réel. Toujours à travers une transmission d’un « comment faire au mieux » ?

Le milieu du 14e siècle est la scène d'une succession d'événements dramatiques. La « Mort noire » qui a ravagé l’Europe à partir de 1347 a atteint de plein fouet un continent déjà éprouvé par des grandes famines. Jusqu’au milieu du 15e siècle, la peste coûte la vie au tiers de la population européenne ; des villages entiers sont décimés ; des régions fertiles sont laissées en jachère. La consommation connaît une chute brutale. Nombreux sont les paysans qui se réfugient en ville pour échapper à la crise. Pour endiguer l’exode rural, les propriétaires des terres lient les paysans à leurs terres, si bien qu’ils perdent le peu de liberté qu’ils avaient.

Dans les villes, les conflits s’aggravent en raison de la famine et la surpopulation. La crise du Moyen Âge tardif accroît l’incertitude morale, le doute religieux, et simultanément le besoin de jouir d’instants que l’on sait mesurés. La misère rend le désir d’une âme libérée dans l’au-delà.

La conception populaire de Dieu et de l'au-delà, se trouve marquée par la peur de Satan, des sorciers, du jugement et de l'enfer. On trouve un refuge (de façon excessive) dans le culte de la Vierge et des Saints, dans la foi au purgatoire, les pèlerinages, les confréries, les indulgences.

La conception populaire de Dieu et de l'au-delà, se trouve marquée par la peur de Satan, des sorciers, du jugement et de l'enfer. On trouve un refuge (de façon excessive) dans le culte de la Vierge et des Saints, dans la foi au purgatoire, les pèlerinages, les confréries, les indulgences.