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Les outils de mesure de l’impact de ces facteurs sur l’emploi des seniors

Dans le document Emploi des salariés âgés  (Page 124-127)

4. La position des salariés âgés

4.2. La prégnance des conditions de travail et de la santé pour l’emploi des salariés âgés

4.2.1 Les outils de mesure de l’impact de ces facteurs sur l’emploi des seniors

Les différentes études et enquêtes menées sur l’impact des différents facteurs évoqués sur le maintien dans l’emploi des seniors, notamment l’enquête SHARE sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe129, mais également l’enquête décennale de santé réalisée par l’INSEE en 2002-2003130 utilisent à la fois des critères objectifs et des critères subjectifs. Certaines autres études ont recours à des critères différents qui combinent les critères classiques et d’autres plus originaux, afin d’affiner leur diagnostic.

4.2.1.1 Les indicateurs classiques

A- Les indicateurs objectifs

Pour évaluer l’état de santé et la pénibilité, les accidents de travail, la maladie professionnelle et l’absentéisme sont couramment utilisés et font l’objet d’un recensement national via les CRAM.

D’autres indicateurs sont usités pour mesurer l’impact des conditions de travail sur la santé : - la morbidité ou la mortalité c'est-à-dire notamment l’incidence de pathologies ou de

mortalité par diverses causes (le cancer par exemple) ;

- l’écart d’espérance de vie avec ou sans incapacité pour réaliser les actes de la vie courante.

Ils sont pris en compte, en particulier, dans les différents rapports sur la pénibilité réalisés au cours de ces dernières années.131

Il s’agit d’éléments de comptage dénués de toute appréciation subjective ou ressentie de la population qu’ils concernent.

B- Les indicateurs subjectifs : état de santé et pénibilité perçus : pertinence et limites L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) décrit la santé comme un sentiment de bien-être total physique, moral et social. Aurélia ORTIZ dans son étude « trajectoire professionnelle et

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Enquête publiée par Institut de recherche et documentation en économie de la santé n°137 – Claire Barangé, Violaine Eudier, Nicolas Sirven – décembre 2008

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Etude DARES n°03.1 réalisée à partir de cette enquête « Pénibilité du travail et sortie précoce de l’emploi » - janvier 2008

131

Rapport STRUILLOU « Pénibilité et retraite » remis au Conseil d’Orientation des Retraites (COR) en avril 2003 – Rapport d’information parlementaire POISSON sur la pénibilité au travail – Mai 2008

état de santé déclaré des salariés seniors en activité »132 rappelle que « plusieurs études ont par ailleurs montré la validité de cette mesure en soulignant la convergence des indicateurs objectifs et subjectifs. » Les indicateurs subjectifs sont donc des indicateurs pertinents.

La définition de l’OMS montre également la large part de la subjectivité dans l’état de santé. De même, l’évaluation de la pénibilité, son degré d’acceptabilité varie d’un individu à l’autre. Il peut être affectée par l’état de santé ressenti par la personne ou par des facteurs externes liés aux conditions de travail, comme ceux utilisés par le questionnaire de Karazek133 pour évaluer le fait de travailler sous pression (soumission à une forte pression dans son travail, absence de marges décisionnelles, faible de soutien social) ou encore ceux retenus par Siegrist (modèle déséquilibre/ effort récompense).

Ainsi, le fait de travailler dans un environnement soumis à une demande forte sans bénéficier de marge décisionnelle suffisante et en ayant peu de soutien social augmentera le sentiment de pénibilité et accélèrera la volonté de sortie précoce de l’emploi. De même, le fait d’avoir le sentiment de s’investir beaucoup dans son travail sans avoir en retour de récompense proportionnelle génèrera un mal-être qui sera également déterminant dans le souhait de partir en retraite le plus rapidement possible.

Le fait de se référer à des indicateurs basés sur la subjectivité expose à des biais et en particulier aux biais culturels, et aux différences linguistiques, ce qui pourrait rendre les comparaisons internationales délicates. 134

Ainsi, les Danois se déclarent beaucoup plus souvent en « très bonne » ou « excellente santé » que les Belges et les Néerlandais pour des niveaux de bonne santé à peu près équivalents.

Pour éviter cet écueil appelé « Differential Item Functioning » (DIF), on utilise des vignettes étalon. L’enquêté va ainsi évaluer, par exemple, l’état de santé d’une personne à partir d’un scénario fictif qui lui est exposé. Il évaluera ensuite son propre état de santé, sur la même échelle. La première donnée servira de valeur d’ancrage commune à toutes les personnes interrogées qui permettent de rendre comparables les évaluations subjectives entre les pays.135

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Etude CAIRN – Aurélia Ortiz, Trajectoire professionnelle et état de santé déclaré des salariés seniors en activité, page 369- février 2009

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Le questionnaire de Robert Karasek est un questionnaire d’évaluation collective du bien être au travail qui permet d’évaluer globalement la santé mentale au sein d’une entreprise

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi - Santé et pénibilité en fin de vie active : une comparaison européenne – Catherine Pollak – Juin 2009

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D’autres biais tels que celui du niveau d’éducation ou de l’âge ont été également vérifiés. Enfin le biais d’item, selon les réponses proposées ou la place de la question dans le questionnaire est avéré. Ainsi, pour mesurer l’état de santé déclaré, on utilise généralement les modalités Rand « US Scale » ou Europ « EU Scale ». On constate que la part des personnes se déclarant en bonne santé est plus faible avec l’échelle Europ qu’avec l’échelle Rand qui propose en plus la modalité « excellente santé ». Quant à l’impact de la place de la question dans le questionnaire, on constate que les individus déclarent des niveaux de santé supérieurs après avoir répondu à un questionnaire détaillé sur leur santé.136

4.2.1.2 L’importance de la combinaison des indicateurs

L’ensemble des études et enquêtes visant à observer l’incidence des facteurs économiques, des facteurs de santé et de conditions de travail sur l’emploi des seniors croise les différents indicateurs pour parvenir à une évaluation plus fine des facteurs ayant une incidence sur la sortie précoce des seniors du marché du travail.

Ainsi, l’étude d’Aurélia ORTIZ précitée s’est attachée à explorer les liens entre trajectoires professionnelles et possibilité de maintien dans l’emploi. En s’appuyant sur le modèle Siegrist et la notion de qualité de trajectoire professionnelle, elle souligne que le départ en retraite n’est pas uniquement déterminé par des choix individuels et rationnels mais également par l’état de santé perçu lui-même en lien avec les conditions de travail.

Quant aux travaux du Centre d’études de l’Emploi (CEE)137, ils ont combiné des variables actives et des variables illustratives. Les variables actives sont celles liées aux conditions de travail et à l’état de santé des individus. Elles ont été regroupées selon les trois dimensions des conditions de travail inspirées par Karasek, Theorell138 et Siegrist139, à savoir :

- la pression ressentie ou demande psychologique (exigence physique du travail, pression temporelle due à la charge de travail, temps de travail effectif) ;

- la latitude décisionnelle (liberté d’effectuer son travail comme on le souhaite et possibilité de développer de nouvelles compétences) ;

136

Clark, Vicard 2007 dans étude CEE juin 2009 précitée. Note de bas de page 129 137

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi - Santé et pénibilité en fin de vie active : une comparaison européenne – Catherine Pollak – Juin 2009

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1990 - Job Strain model 139

- la récompense reçue (sentiment de soutien reçu dans les situations difficiles, reconnaissance pour le travail effectué, adéquation du salaire aux efforts fournis, perspectives d’avancement, sécurité de l’emploi).

Vient compléter ces données un groupe de quatre indicateurs de santé que sont : l’état de santé déclaré, le risque de dépression, la présence de limitations physiques pour les activités quotidiennes et la présence de maladies chroniques. Puis s’ajoute, une variable relative aux perspectives liées à un emploi (crainte que la santé limite la capacité de travail, souhait de prendre sa retraite le plus tôt possible).

Les variables illustratives sont le pays, l’âge, le genre, le niveau d’éducation, le statut marital, la CSP, le secteur d’activité, et la responsabilité de supervision d’autres employés.

A travers les méthodologies utilisées, ces différentes études démontrent que le maintien dans l’emploi des salariés âgés dépend, au niveau individuel, comme au niveau macro- économique, d’un faisceau d’éléments étroitement imbriqués et contingents. Nous touchons ici du doigt la complexité de la problématique du vieillissement actif. Ainsi, même si nous constaterons dans nos développements ci-après que les résultats de ces études convergent et permettent de dégager de grandes tendances, il ne faudra pas perdre de vue cette complexité dans les propositions d’actions que nous pourront envisager.

4.2.2 Les conditions de travail et l’état de santé : facteurs prégnants du maintien

Dans le document Emploi des salariés âgés  (Page 124-127)

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