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Les incidences de la panne de croissance économique sur l’emploi des seniors

Dans le document Emploi des salariés âgés  (Page 35-37)

l’environnement commercial et technique. La recherche d’une plus grande flexibilité dans l’organisation et les modes de gestion a amené son lot de restructurations et a remis en cause le rôle de l’ancienneté dans le positionnement au sein de l’entreprise.

L’usage de la sortie d’activité était la solution retenue pour lutter contre le chômage et l’idée selon laquelle les départs massifs à la retraite permettraient de créer assez d’emplois pour absorber le chômage a émergée.

La crise financière et le ralentissement économique depuis 2008, ont pu être un effet d’aubaine pour les plus grandes entreprises, qui ont engagé des ajustements importants en termes d’organisation et d’effectif. De même, aux vues du retard pris sur le calendrier de Lisbonne, les gouvernements ont mis en place des politiques publiques afin d’accélérer les réformes difficiles des retraites et de favoriser l’emploi des seniors.

L’OCDE prévoit que le taux de chômage devrait encore s’accroître au cours des 18 prochains mois et culminer à 7.3 % au deuxième trimestre de 2010. Le nombre de chômeurs passerait de 34 millions en 2008 à 42.1 millions en 2010, soit la plus forte progression du chômage enregistrée dans les pays de l’OCDE depuis le début des années 90.

Les salariés vieillissants, mais également les jeunes, les salariés les moins qualifiés, les immigrants sont, en période de difficultés économiques la variable d’ajustement. Depuis début 2009, les plans sociaux et les plans de départ volontaire comprenant un volet « très favorable » incitant au départ des salariés âgés, remplacent les mesures de mise à la retraite anticipée.

Dans les pays développés, c’est une destruction de 5% des emplois qui est actuellement évoquée par les prévisionnistes42.

2.3.1 Bug des retraites anticipées non créatrices d’emploi jeunes et précarisation de la fin de carrière

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Etude Census bureau Américain, 08/2009. 42

Les entreprises n'ont eu de cesse depuis le début des années 80, encouragées en ce sens par l'État et soutenues par les syndicats, de développer les préretraites pour se séparer de leurs salariés vieillissants. Et cela, encore plus depuis le début de la crise où les seniors avec les jeunes, sont les premières victimes des plans sociaux.

Par le passé, les mesures de départ anticipé ont été légitimées par le remplacement des anciens par des jeunes, afin de faciliter le passage d’une période industrielle à une économie orientée vers les services, par l’adaptation de la force de travail aux évolutions de l’appareil productif.

Au nom de la sauvegarde de l’emploi, la plupart des pays européens ont encouragé la sortie anticipée du marché du travail des salariés âgés. En conséquence, la participation au marché du travail des actifs de 55 à 64 ans a connu un déclin entre 1975 et 1995 avec une amplitude moyenne de -25% pour la France. L’activité de cette tranche d’âge n’était plus la norme jusqu’en 2001, mais a continué dans les faits jusqu’en fin 2008.

De plus, l’usage de ces mesures a engendré une dépréciation et une nouvelle vulnérabilité dans l’emploi pour ces catégories d’âge, sans pour autant avoir l’effet de substitution espéré entre les groupes d’âge. Il les a précipité vers un chômage de longue durée et diminué leur chance de retour à l’emploi, les sorties du chômage étant plus liées à la dispenses de recherche d’emploi.

Un des autres effets de la sortie précoce de l’activité est la précarisation de la fin de la vie active pour la tranche d’âge précédente des 50-54 ans avec une progression de leur taux de chômage.

2.3.2 Bug du papy boom ou une pénurie de la main d’œuvre aux effets limités pour les seniors

La solution au chômage devait venir du départ massif en retraite des générations issues du baby-boom.

La cessation d'activité des générations du baby-boom va marquer les cinquante prochaines années en Europe. Une évolution qui va entraîner de nombreux changements sur le plan socio-économique, mais pas forcément ceux auxquels on pourrait s'attendre, selon une étude rendue publique par l'Institut national d'études démographiques (Ined)43. Les premières générations de baby-boomers, nées juste après 1945, atteignent aujourd'hui l'âge de la retraite, ce qui suscite des interrogations concernant notamment le renouvellement de la population active. Si le nombre de jeunes en âge d'être en activité va progressivement devenir inférieur à celui des personnes atteignant l'âge de la retraite, la réduction du

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Publication INED du mardi 20 février 2009, Comment corriger les inégalités de retraite entre hommes et femmes, n°453, population et sociétés,

chômage ne sera pas nécessairement mécanique. Rien ne garantit en effet le remplacement systématique des départs en retraite, ni l'adéquation entre les emplois laissés vacants et les profils des demandeurs. Beaucoup de départs ne seront tout simplement pas remplacés, les entreprises voulant améliorer leur productivité et le contenu des postes étant aussi amené à évoluer : moins de niveaux hiérarchiques, tertiarisation….

L'incidence du papy boom sur l'emploi est un « bug », car les organisations face au départ des papys boomers ont réagit non pas par leur remplacement mais par des délocalisations, des changements organisationnels évitant ainsi le remplacement.

Toutes les prévisions sont alors remises en cause. D’ailleurs, si les entreprises se sentaient menacées, elles feraient tout pour conserver leurs employés entre 57 et 60 ans. Or, elles les laissent facilement partir.

Dans certains pays européens, l'ampleur de l'écart entre entrants sur le marché du travail et sortants du fait des départs massifs des générations issues du baby boom (autour de -40% en Allemagne et en Italie) pourrait constituer un problème majeur. En l'absence de migrations, les jeunes générations ne suffiront pas à remplacer les anciennes.

La situation en France est un peu différente de celle de l'Italie et de l'Allemagne, le volume des départs en retraite des baby-boomers devrait en effet correspondre à peu près à celui des entrées de jeunes sur le marché du travail.

Initialement annoncée autour de 2010, le « phénomène de contraction des ressources en main d’œuvre » ayant pour conséquence de donner lieu à une pénurie de main d’œuvre s’est trouvé atténué par les effets de la crise économique. L’ampleur du phénomène est à analyser selon les secteurs d’activité. Certains secteurs tels que le BTP, le transport et l’hôtellerie restauration connaissant des difficultés récurrentes de recrutement, ont pourtant choisi de tenter de séduire des candidats femmes plutôt que des salariés plus âgés et cela bien que des qualités positives leurs soient attribuées.44

Dans le document Emploi des salariés âgés  (Page 35-37)

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